L’inconstance des éditeurs : des applications à durée de vie limitée

Christophe Laporte |

L’inconstance, c’est le grand mal qui frappe nombre d’éditeurs de logiciels ou de services. On ne connait pas (encore ?) les détails de l’histoire, mais la mort annoncée de Mailbox est un gigantesque gâchis.

Il fallait faire la queue pour pouvoir utiliser Mailbox
Il fallait faire la queue pour pouvoir utiliser Mailbox

Lorsqu'elle a été lancée, cette application iOS avait repensé de fond en comble le concept de mail en y intégrant des idées issues des gestionnaires de tâches. Le succès avait été foudroyant. Autant que le montant de l'acquisition par Dropbox : entre 50 et 100 millions de dollars ! Le tout alors que l'application avait été lancée depuis seulement 36 jours.

L’argent comme seul leitmotiv ?

Que les personnes ayant de bonnes idées et qui les réalisent gagnent beaucoup d’argent, c’est tant mieux ! Le problème actuellement, c’est que ces grandes idées finissent assez rapidement à la poubelle. En ce qui concerne le Mail, on l’a vu avec Mailbox, mais l’histoire ne fait que se répéter. Pour les utilisateurs Mac, cette histoire a un goût de déjà vu avec Sparrow. Au passage, la réaction d’un des cofondateurs de Sparrow suite à l’annonce de l’arrêt de Mailbox est pleine d’aigreur.

Faut-il y voir un signe de jalousie, car Mailbox a connu beaucoup plus de succès que son prédécesseur et a été vendu nettement plus cher ? Ou s’agit-il seulement d’un constat de dépit ? Après tout, il est déjà passé par là et il sait comment les grands groupes dépossèdent les créations originales rachetées à prix d’or, sans investir derrière pour assurer un avenir à ces applications innovantes.

Quoi qu'il en soit, pour l'utilisateur final, c'est retour comme toujours à la case départ. On peut se consoler en se rappelant que les bonnes idées de Mailbox et de Sparrow ont été reprises dans Outlook pour iOS, Airmail et même Mail d'Apple.

Un des meilleurs clients Mail sur iOS : Microsoft Outlook

Avec le logiciel, des sociétés comme Apple ou Microsoft voulaient changer le monde. L'approche peut paraitre romantique et cela n'a pas empêché ces deux sociétés de réaliser des centaines de milliards de dollars de bénéfices, mais il y avait l'idée de marquer les gens et son époque. De nos jours, cette vision de « changer le monde » parait beaucoup plus secondaire : combien de start-ups se sont créées dans la Silicon Valley dans le seul espoir d’une acquisition par plus gros que soi ? Il y a, et c’est heureux, encore des exceptions. On peut aimer ou détester Mark Zuckerberg, mais combien de jeunes entrepreneurs n'auraient pas déjà cédé Facebook ? Et il en va de même pour Twitter, Snapchat (pourtant courtisé de toutes parts), ou encore Dropbox.

Brent Simmons, développeur pour Omni et en solo, a eu le mot juste hier après l’annonce assassine de Dropbox : « Les applications qui se font racheter ne durent pas longtemps. Les applications qui ne se font pas racheter ne durent pas longtemps non plus. Les exceptions sont rares ». Le milieu des apps mobiles est une jungle où les plus gros dévorent les plus petits, parfois pour des raisons aussi triviales qu’éliminer un concurrent potentiellement dangereux.

La mort programmée de Mailbox est donc l'occasion de se rappeler que les logiciels ne sont pas éternels. Ceci est vrai aussi bien chez les petits éditeurs que les gros. On rappellera qu'Apple a récemment abandonné Aperture et iPhoto, qui tous deux étaient au cœur de sa stratégie logicielle il y a encore quelques années. Autre exemple à l'opposé : Realmac qui semble changer de stratégie comme de chemise en témoigne l'abandon récent d'Ember et Typed.

Quelle est la durée de vie moyenne d’un logiciel ?

Les logiciels ont des durées de vie de plus en plus réduites. C'est un fait. D'un certain point de vue, les App Store, qui ont permis de faire beaucoup baisser les prix, ont inventé la notion d'application jetable. Les logiciels vendus dans ces boutiques sont tellement bon marché qu’il est économiquement très difficile, voire suicidaire, de justifier le coût d’un suivi sur le long terme.

Le modèle économique de l’App Store est ainsi fait qu’il valorise peu le soutien au long cours : pour gagner sa vie, un développeur aura plutôt tout intérêt à multiplier les applications pour en vendre le plus possible. À moins d’imaginer en amont des micro-paiements voire un système d’abonnement, un modèle qui a le vent en poupe mais qui n’est guère apprécié par les utilisateurs. Quant aux mises à jour payantes, Apple ne veut pas en entendre parler malgré les innombrables appels des développeurs.

Les applications s’éteignent sans doute beaucoup plus vite qu’auparavant. Allez voir votre liste d'achats d'applications payantes sur le Mac App Store et l'App Store, et regardez celles que vous utilisez encore.

Mail est l'une des plus vieilles applications livrées avec OS X
Mail est l'une des plus vieilles applications livrées avec OS X

Je me suis livré à un autre exercice, que je vous invite à effectuer. Quelle est l’application la plus vieille sur votre ordinateur ? Mettez bien évidemment de côté les logiciels livrés avec le Système.

En ce qui me concerne, l’application la plus « ancienne » est Antidote, le célèbre logiciel de correction grammaticale et d’aide à la rédaction, qui a commencé sa carrière en 1996. Le podium est complété par TextMate et SuperDuper! qui ont vu le jour tous les deux en 2004. À quelques exceptions près, toutes les autres apps installées sur mon Mac ont moins de dix ans, et souvent même moins de cinq ans.

Il y a les logiciels morts trop jeunes (Mailbox, Sparrow) et ceux pour qui l’âge n’a pas de prises (enfin presque). On pense à Photoshop, Illustrator, Word ou Excel. Des franchises qui sont en quelque sorte les exceptions qui confirment la règle.

La longévité : un critère trop souvent ignoré ?

Parmi les vieux logiciels sur Mac qui continuent d’être développés, on ajoutera à cette liste BBEdit, Nisus Writer, RagTime (que l’on a redécouvert grâce au dernier résumé de la semaine), Stuffit Deluxe (qui a longtemps été un incontournable sur Mac) ou encore DragThing.

L’idée n’est pas de ressortir à tout prix les anciennes gloires, mais peut-être de prendre conscience lors de l’adoption d’un logiciel de sa longévité. Lorsqu’une application s’appuie sur des standards comme un client Mail, un abandon n’est pas très gênant. Dans d’autres cas, comme celui d’Ember, cela peut vite devenir embêtant. Vous voilà pris au piège avec vos données stockées dans l’application.

Ember est un gestionnaire d'images qui avait un certain succès chez les créatifs
Ember est un gestionnaire d'images qui avait un certain succès chez les créatifs

Il y a une alternative : ce sont les logiciels libres. Mais, ce n’est pas non plus la sécurité absolue. Il faut que la communauté qui l'appuie soit suffisamment forte et dynamique et qu’elle poursuive le même but. Les scissions sont fréquentes. Bref, faire les bons choix en matière de logiciel n’est pas chose aisée !

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avatar nova313 | 

Article intéressant. Il est vrai que je connais quelques personnes qui ont créer leur startup en espérant ce faire racheter. Bon comme buisness plan, c'est merdique, mais je peux comprendre. Certains entreprises vont te snober, et là seul façon d'attirer leurs attentions est de créer quelque chose dont ils ont besoin. J'ai moi-même eu cette idée, et je suis en train de réfléchir à un client mail maison, car j'en ai marre de devoir réapprendre à utiliser un nouveau client chaque année (Bon, j'ai jamais aimé Mailbox).

Durant mon petit séjour chez Google à Mountain View, j'ai pu rencontrer de nombreuses personnes qui se sont fait racheter. L'avantage de ces gens par rapport à de simple employés qui ont postulé: Ils ont du fric (grâce à ce rachat). Ils ne sont plus obligé de travailler, mais les conditions de travail chez Google sont assez génial pour y rester. Et quand Google, Facebook, Microsoft te font de l'oeil, ben les actionnaires qui ont investi dans ta boîte te prennent la tête pour vendre, car tout ce qui les intéresse, c'est le profit.

Et puis ne soyons pas dupes, qui n'a pas envie d'être multi-millionaire, bosser dans un cadre de no-stress, bien payé (en plus), sur des projets cools et innovants ?

avatar debione | 

Qui n'a pas envie? Toutes personnes préférant la liberté à l'argent par exemple? Toute personne qui pense qu'il est complètement indécent et ignoble d'être MULTI-millionaire dans un monde ou simplement en Hongrie, les gens ne mangent pas à leurs faims? (plus loin c'est encore bien pire)...

Bref toutes personnes, qui pour une raison ou une autre, pensent que le monde dans lequel on vit est complètement à côté de la plaque?

avatar poco | 

Ma plus ancienne application (et application fétiche) est FileMaker.
Amusant que ce soit un soft Apple (mais filialisé) qui soit aussi pérenne…

A mon avis, pour ce qui est du reste, le choix d'un soft doit absolument se faire à partir de sa capacité à stocker vos données sous un format ouvert ou documenté et exploité par d'autres softs.

avatar occam | 

+1 pour FileMaker, depuis 1986.

Il faut cependant préciser que FileMaker précède même le Mac !
À l'origine, c'était un logiciel MS-DOS, et un des premiers ports sur Mac. Ma première version était encore vendue par Nashoba Systems, la mise à niveau (FileMaker Plus) sur le premier Mac Plus était distribuée par Forethought, et ainsi de suite, jusqu'à ce que Forethought vende son produit phare, PowerPoint (produit pur Mac d'origine !) à Microsoft, et que Nashoba se fasse racheter par Claris, filiale d'Apple.

Autres logiciels pérennes et ultra-costauds que j'ai toujours sur mon Mac depuis qu'ils existent :
- Graphic Converter
- BBEdit
- Nisus Writer (dans tous ses avatars)
- Mellel
- Amadeus, l'éditeur audio de Martin Hairer (mathématicien à la ville, médaille Fields 2014 — l'équivalent du Nobel pour les maths)
- Audio Hijack
- VueScan
- DataDesk (merveilleux outil d'analyse statistique exploratoire multi-variée)
- Pure Vinyl / Pure Music, de ChannelD

À noter que tous ces logiciels, ou presque, ont plus de vingt ans de maintien ou de développement continu au compteur, et qu'ils ne s'en portent pas plus mal. Tous sauf FileMaker sont l'oeuvre de développeurs dédiés travaillant seuls ou en petit groupe.

Ayant contacté personnellement la plupart de ces développeurs indépendants à un moment ou autre pour des problèmes urgents, je puis certifier un trait commun: l'éthique et la passion. Ils ont une éthique sans faille à l'égard de leurs clients, et ils sont passionnés par ce qu'ils créent.

avatar poco | 

Pareil ou presque.

avatar vdl4 | 

4D, je l'utilise depuis 1986 !

avatar poco | 

4D une belle réussite Française, même si je suis un FileMaker fan ;-)

avatar philiipe | 

Merci pour ce bel article

avatar calotype | 

Ma plus ancienne application, gratuite et extrêmement utile quand j'en ai besoin : AntRenamer
Je triche un peu car c'est une aapli windows, je la fais toutefois très bien tourner sur Mac depuis des années et ce de manière très légère avec un soft du genre "playonmac".
Pour info c'est un logiciel de renommage en masse avec beaucoup d'options.
Apparentement le soft à connu sa première release en 2000.
http://www.antp.be/software/renamer/fr

avatar YARK | 

Oui, c'est vrai qu'avec ces stratégies de requin, on peut entre autres avoir très peur pour le devenir d'Affinity qui s'avère très prometteur et risque de faire un jour de l'ombre au géant Adobe.
Adobe, qui d'ailleurs avait racheté Macromedia et son FreeHand pour rendre cette bouse d'Illustrator incontournable....

avatar oomu | 

oui c'est ma principale crainte. Mais Serif existe depuis 1987 et a pondu de multiples logiciels.

Si leur but est de développer sur le long terme une suite graphique complète, il n'y a pas de raison de s'inquiéter d'un rachat avant longtemps.

-
Il y avait des rumeurs de rachat de The Foundry par Autodesk ou Adobe, mais finalement, c'est un fond d'investissement anglais (comme The Foundry) qui a repris et refinancé l'entreprise plutôt que de la laisser être vendu à un gros.

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Omnigroup fait ses logiciels depuis les années 90.

-
Panic existe depuis 1998. J'utilise toujours Transmit. (et coda)

Il n'y a donc rien d'inéluctable.

avatar thierry37 | 

Ce que je comprends pas c'est pourquoi une nouvelle équipe de développeur ne fait pas un clone ?
S'il y a tant d'utilisateurs déçus de la fermeture de Sparrow ou de Mailbox, suffit d'en faire un nouveau.

Est ce qu'ils ont des brevets sur la gestions de tâches dans les mails ? et qu'on ne peut pas reproduire ?

Si ces Apps ont un tel succès au niveau des utilisateurs, et qu'elles vont disparaitre, il suffit pas "juste" de les faire renaitre ?

Ou alors, c'est que le succès n'est pas aussi grand qu'on veut nous le faire croire.

avatar byte_order | 

@thierry37
> pourquoi une nouvelle équipe de développeur ne fait pas un clone ?

Par que le code source est la propriété de DropBox (ou de Google dans le cas de Sparrow).
Et a moins que DropBox/Google ne publient le code source de ces 2 applications sous une licence open source, cela signifie qu'il faut *tout* réécrire depuis le début.

> Si ces Apps ont un tel succès au niveau des utilisateurs, et qu'elles vont disparaitre,
> il suffit pas "juste" de les faire renaitre ?

Parce que "juste" réécrire une application de A à Z similaire à une autre défunte, c'est "juste" comme écrire une application de A à Z tout simplement, et donc des mois de développements.

Parce que les développeurs doivent manger, payer un loyer, élever des enfants et renouveler leur Mac, et que tout cela n'est pas gratuit.

> Ou alors, c'est que le succès n'est pas aussi grand qu'on veut nous le faire croire.

Ou alors il y a plus d'utilisateurs d'applications que de gens qui savent développer des applications ?
Une théorie, comme ça, hein...

avatar thierry37 | 

@byte_order
Ouhlaaa... déjà, faut pas croire que je crache sur le boulot de développeur. Le "juste", c'est pas que c'est facile à faire, mais pour le commun des utilisateurs, ça semble une solution qui coule de source.

Quand je dis clone, je dis pas qu'il faut copier le code. Mais faire une App qui reprenne les idées.

Bien sûr qu'il faudra tout ré-écrire.
S'il y a un gros potentiel client, ça peut être un bon investissement.
Tous les développeurs n'ont pas 15 Apps qui rapportent, avant de lancer la suivante.

M'enfin, c'étaient juste des remarques comme ça.
En tant que simple utilisateur qui sait rien coder, on se pose la question de pourquoi les succès ne ressortent pas.
Dommage (pour les 2 cotés de l'AppStore)

avatar oomu | 

@thierry37

"Si ces Apps ont un tel succès au niveau des utilisateurs, et qu'elles vont disparaitre, il suffit pas "juste" de les faire renaitre ?

Ou alors, c'est que le succès n'est pas aussi grand qu'on veut nous le faire croire.
"

essentiellement parce que faire et vendre du logiciel ça rapporte rien.

Bien sur on est aveuglé par les phares délirants que sont Microsoft, IBM ou Adobe.

Mais pour 1 adobe vous avez des centaines d'éditeurs de logiciels de niches qui vendent ULTRA chers leur logiciel à leur 46 clients (parce que y en a pas de 47e clients qui a besoin du logiciel. Tout ce qui est très vertical, spécialisé à une industrie, logiciels métiers)

et des milliers d'éditeurs qui essaient de vivre de leur travail dans un monde où on leur rabâche qu'un logiciel DOIT COUTER 99 CENTIMES PAS PLUS, C'EST LA LOI DE LA JuOOOONGLE !!! (mais pourquoi je m'énerve moi ?)

Alors du coup, soit l'éditeur brade son produit couteux, essaie de se rattraper sur le buzz et le laisse tomber (car la maintenance, support technique et nouvelle version coûte encore plus cher)

Soit l'éditeur se contente de faire des applications simplistes tels un "clique le clow" ou autre programmes de filtres photos 1000 fois revus.

Sinon, y a les éditeurs de logiciels pro qui acceptent de se faire cracher dessus et pirater et qui vendent leur logiciels à un prix RAI-SON-NA-BLEUH (qui permet d'acheter des carottes et maison pour sa famille), selon l'ambition du produit, de dizaines à centaines ou milliers d'euro.

Mais c'est très difficile, car les gens refusent de considérer qu'un logiciel a une valeur.

L'App store (iOS et Os X) sont pernicieux: Apple a poussé tout le monde vers des prix faibles (ou en fixant eux même en mettant par exemple pages à 19.99, cela envoie un message aux consommateurs) mais surtout ne permet pas de facturer des mises à jours.

avatar oomu | 

@thierry37

Le succès peut être couteux: un logiciel qui a subitement des dizaines de milliers de clients va avoir des centaines ou + d'utilisateurs par semaine en besoin de support technique (bugs, besoins d'explications, etc).

Un bon support technique nécessite un investissement sur un forum qui tient la charge, une relation cliente (en clair: pas l'ingénieur qui va parler aux abr.. sympathiques clients born..passionnés qui ne saisissent pas toutes les subtilités de l'interface innovante du créatif designer), du temps, etc.

Cela peut vite devenir + cher que le développement lui même du logiciel, ce qui a planté nombre de jeunes développeurs obligés de fuir par la fenêtre ou de vendre leur produit et emplois à une société + grosse ayant déjà l'expérience et capacité.

Ainsi une des qualités principales d'un bon développeur de logiciel c'est d'avoir les employés et outils pour répondre aux utilisateurs, les faire participer au développement et corrections de nouvelles versions (beta test, retour utilisateurs, demande et usage de jeu de test, etc) et d'avoir pu écrire une tonne de documentation.

Des exemples au pif que j'ai en tête:

Le site de ZBrush de Pixologic contient de nombreuses docs et vidéos (et même ça n'est pas suffisant pour bien appréhender le produit)
Pixelmator a passé des mois à étoffer son site en vidéo soignées, preuve qu'ils veulent faire connaître leur logiciel
Affinity communique beaucoup sur son forum, ce qui est rassurant (y a de la vie la dedans).

Alors un logiciel de messagerie, ça semble si simple ? c'est pas un monstre à la 3DS Max ou Word et bien non:

- Mail de Apple est déjà suffisant (désolé mais vrai)
- Thunderbird malgré sa cohorte de volontaires et ancienneté n'arrive pas à être justifié: inquiétant.
- Outlook de Microsoft, dur de se battre contre le Gorille
- Gmail de Google anéantit toute alternative dans la tête de la génération née avec le WEB.

Que nous reste-t'il entre tout ça ? que des larmes.

avatar thierry37 | 

@Oommu
merci de remettre les choses au clair. C'est très intéressant, le "simple" utilisateur ne se rend pas compte de ce qu'il y a derrière...

Y'a plus qu'à se contenter de ce qu'il y a. et de ce que ces gros veulent bien faire dans leur logiciels.

avatar pat3 | 

@Oomu
- Mail de Apple est déjà suffisant (désolé mais vrai)
- Thunderbird malgré sa cohorte de volontaires et ancienneté n'arrive pas à être justifié: inquiétant.
- Outlook de Microsoft, dur de se battre contre le Gorille
- Gmail de Google anéantit toute alternative dans la tête de la génération née avec le WEB.

Assez d'accord avec ce constat; le maileur, c'est un outil de dinosaure ;-) Mes étudiants consultent leurs mails sur leur téléphone, dix fois plus que sur leur ordi; sur ordi, c'est le webmail (la plupart n'ont tout simplement pas configuré Mail ou Outlook).
Mais surtout, je suis heureux de constater qu'au moins une autre personne trouve que Mail remplit son office (on peut toujours lui trouver des poux dans la tonsure, ici ou là, mais quand même, globalement, ça marche et ça tient la charge)…

avatar patrick86 | 

"c'est le webmail (la plupart n'ont tout simplement pas configuré Mail ou Outlook)."

Je m'étonne aussi que les gens préfèrent se farcir un webmail pour lequel i faut à chaque fois ouvrir le navigateur, charger bidule.com, se connecter, charger l'interface web…

Plutôt que d'avoir simplement une application à ouvrir.

"c'est le webmail (la plupart n'ont tout simplement pas configuré Mail ou Outlook)."

On est au moins 3. :)

avatar thierry37 | 

@patrick86 :
Tu t'étonnes que certains utilisent le web mail.

Simplement qu'ils le laissent ouvert tout le temps et sur leur mot de passe est enregistré sur leur navigateur.

C'est aussi rapide que d'ouvrir un logiciel de messagerie.

Et la majorité des gens ont toujours le navigateur ouvert.
Pas toi ?

avatar oomu | 

@patrick86

le web est essentiellement la seule chose qui intéresse la plupart des gens. Le navigateur est omniprésent, donc il est presque l'interface principale de l'ordinateur. Faire une recherche dans google leur sert de point d'entrée à tout

"webmail "
"recette de ma grand-mère"

etc.

Ils se logguent et pouf!
Y a même pas à savoir que des "logiciels" existent et qu'on les "installe".

-
Un logiciel natif et dédié à la messagerie est toujours utile et important.
Même parmi les étudiants que j'observe, si tôt que ça commence à gérer associations, hobbys etc, ça souhaite utiliser qq chose de + fonctionnel qu'un webmail ou le téléphone.

Il y a donc toujours de l'intérêt à un programme natif mais encore faut il travailler à les rendre + accessibles.

Il y a plusieurs pistes qui pourraient être utilisées:

- configurer un compte de messagerie par url:
on donne une url au logiciel de messagerie telle que "http://moncompte.monfai-à-moi.fr" et pouf, ça demande le login et ça sait tout le reste.
Ou ça trouve simplement tout le détail (serveur imap, smtp, ssl, type d'authentification) en interrogeant votre réseau.
Cela existe mais reste encore un peu embryonnaire.

- url dans le navigateur: mail://monlogin.icloud.com et boum , ça lance mail . thunderbird:// ça lance thunderbird
- associer l'url d'un webmail d'entreprise/école au logiciel.
si le navigateur pense que c'est un webmail, il propose le logiciel installé.

Le fait est, on (administrateurs, développeurs, fai) n'en font pas assez pour simplifier tout en proposant des logiciels et outils plus efficaces. On se contente de laisser mourir et de faire les feignasses en pondant/déployant des outils "web".

A l'inverse, l'émergence des mobiles et de leurs logiciels natifs (mail d'apple, etc) oblige à se reprocher sur cette question et de pas se contenter d'un "ils n'auront qu'à se logguer sur le site web, on y a mis un truc en php, orf"

avatar BeePotato | 

@ oomu : « "ils n'auront qu'à se logguer sur le site web, on y a mis un truc en php, orf" »

Ah, ça… Le nombre de fois où on croise cette approche de nos jours, c’est incroyable.

Vive les clients natifs ! (ceux que les « webeux » osent appeler « clients lourds », montrant par là qu’ils n’ont pas bien regardé de près la lourdeur de leurs « clients légers »)

avatar oomu | 

"ceux que les « webeux » osent appeler « clients lourds », montrant par là qu’ils n’ont pas bien regardé de près la lourdeur de leurs « clients légers »

ho! oui très bien vu.
L'occupation mémoire par les navigateurs avec ses clients "léger" (toute la couche logique, les éléments graphiques, l'interprétation, la tentative désespérée de faire du asynchrone dynamique et des frameworks + ou - compressés et cools... etc) est un bon contre-argument.

avatar pismo500 | 

C'est vrai que le succès est des fois une énorme source de problèmes. J'ai un ami qui a lancé une app qui a été médiatisée trop tôt. Sans réel volonté de sa part d'ailleurs : un bête article dans la presse locale a suffit à allumer la mèche. Il a été repris par une agence de presse et c'était parti : avalanche de médiatisation. Résultat énormément de gens ont téléchargé son app mais il n'avait pas l'équipe de développeur derrière pour suivre et corriger les bugs. Son idée était forte au vu de l'intérêt vraiment énorme qu'elle a suscitée mais elle a été tuée dans l'oeuf. J'espère toujours qu'il va réussir à en faire quelque chose mais c'est très compliqué une fois que des gens ont téléchargé une app et qu'elle n'a pas fonctionné.

avatar oomu | 

oui la première expérience est vitale.

Les gens ne reviennent presque jamais dans leur historique d'achat/téléchargement voir ce qu'est devenu la vielle app décevante. L'app store ne fait pas remonter des applications anciennes même si elles ont été améliorés de fond en comble.

mieux vaut virer la vielle app de l'app store, la refaire, coller un 2 et relancer le buzz une fois prêt.

-
d'ailleurs, j'ai fait un tour dans mon historique d'apps désinstallées hier soir, et bien j'ai eu de bonnes surprises.

"Offline pages" que j'avais classé comme gadget a été mise à jour, gère toutes les nouveautés de iOS 9, est une extension et c'est pratique finalement.

avatar BeePotato | 

@ oomu : « oui la première expérience est vitale. »

D’où l’intérêt de vraiment bien soigner la première version. Lancer son application un peu trop tôt, en se disant qu’on pourra ensuite la faire évoluer grâce aux retours des utilisateurs, est une erreur qu’on voit régulièrement (même, parfois, chez de gros éditeurs comme Apple).

avatar pismo500 | 

Quand c'est un jeu oui, quand c'est une app sociale c'est un peu plus compliqué. SI on n'a pas les moyens d'avoir une armée de beta testeurs, il faut bien lancer le truc et voir comment ça réagit. Je ne vais pas donner plus de détail parce que ça n'a pas d'intérêt mais pour eux c'était juste pas de bol qu'il y ai eu un emballement médiatique. Avec leur moyens ils ne pouvaient pas plus soigner l'appli en amont, leur besoin c'était de se confronter (doucement) à la réalité.

avatar pismo500 | 

Le seul enseignement, mis à part de soigner autant qu'on peut l'app (ce qu'ils ont fait avec les moyens qu'ils avaient), c'est que quand on fait un média. Il faut faire attention à son rayonnement. Ici ils auraient probablement pu demander que l'agence de presse nationale ne reprenne pas l'article local.

avatar BeePotato | 

@ pismo500 : Pas de chance pour eux, en effet.

avatar Adrienhb | 

Cela s'inscrit dans un cycle plus large où tout se fait dans l'instant et où l'on ne pense pas au futur.
C'est une approche très individualiste qui ne intéresse pas aux autres.
Bref c'est une société de consommation: on prend, on en profite et on jette.
On commence à voir l'absurdité de ce système qui est allé trop loin, mais la route est encore longue et nous (et je m'inclue bien sûr dans ce "nous") avons encore beaucoup à faire.

avatar oomu | 

"consommer" (payer pour un travail ou un produit manufacturé) n'est pas le mal en soi

c'est toute une organisation de médiocratie, d'un seul modèle unique où tout doit se conformer (marges fortes, coûts humains à détruire, résistant à toute idée subversive qui transformerait l'industrie, etc) qui nous pousse vers l'absurdité. On pousse au buzz, à l'investissement au début puis l'abandon pour vendre et se barrer avec la plus value.

et pourtant, même ça est une illusion. Il y a des gens qui "subitement" décident de faire fi de ces histoire de "société de consommation à court terme jetable".

Ex:

- amazon. Entreprise à faible marge depuis heu.. 20 ans ? ne fait que peu de bénéfices (elle s'organise pour être à la limite de la rentabilité) et pourtant continue d'être suivie par les investisseurs (pas de soucis là)

- Uber, AirBnb et autres destructeurs de la notion même de Travail Payé se voient eux financer à coup de millards années après années alors que leur mode de fonctionnement est régulièrement contrecarré par les autorités (locales et nationales) ou en risque de voir leurs coûts exploser sensiblement (assurances, plaintes des vrai-faux employés).
Mais qu'importe les pertes et les risques, ici, les investisseurs suivent massivement et leurs dirigeants sont là pour le LONG terme.

- Tesla: petit entreprise, petit marché (la voiture électrique premium) mais qui s'en fiche d'être rentable ou de se vendre à Ford deux ans plus tard.

Cette image de la "société de consommation jetable" existe, elle est réelle cette image et elle fait des ravages, mais je pense que c'est un leurre. Un leurre au service des investisseurs.

Y en a qui s'en affranchissent très bien.

Bref, y a pas que ça.

avatar ovea | 

Soundscape

avatar byte_order | 

LaTeX
;-)

Après, notre économie mondialisée est totalement fondée sur l'incitation au renouvellement perpétuel de l'acte d'achat, et utilise de nombreuses façons pour en augmenter la fréquence : obsolescence programmé, qualité volontairement réduite, segmentation de l'offre volontairement abusive, évolutivité et maintenance volontairement limitée et/ou trop coûteuse, lobbying pour interdire le marché de l'occasion, changement unilatéral de la politique de licence, mise à jour forcée réduisant la qualité d'usage initiale, etc.

En matière de logiciel, le concept du développement durable c'est l'open source, d'une certaine manière.

Mais on ne peut forcer les propriétaires de logiciels à les rendre open source.
D'autant moins quand ils l'ont acheté d'abord et avant tout pour le tuer afin de pouvoir prolonger voir conforter la rentabilité de leur modèle économique.

avatar ovea | 

@byte_order :
LaTeX mis à l'écart quand même sur Wikipedia … sans discussion !

avatar oomu | 

Quel rapport entre LaTeX et Wikipedia ? Ils en ont discuté pour le projet ?
Il y a eu débat pour des articles de math et physiques ?

LaTeX est un outil puissant pour générer des documents académiques pour de la publication tel word, pdf, rtf (pas pour du web donc).

Wikipedia a lui besoin d'un bon éditeur de texte pour générer du code html tout beau.

Adapter Latex pour wikipedia serait le tordre et faire preuve d'obstination. Le marteau pour écraser le moustique, non ?

avatar ovea | 

@oomu :
"Quel rapport entre LaTeX et Wikipedia ? Ils en ont discuté pour le projet ? Il y a eu débat pour des articles de math et physiques ? "

On pouvait, ouvrant un compte avoir accès à des présences permettant permettant d'utiliser MathJax pour afficher du LaTeX … bon c'est un peut Sioux mais ça fonctionnait bien.

Mais voilà, c'est terminé et MathML a pris la suite car il permet plus de représentation que LaTeX … et cela n'a pas été ouvert à la discussion.

avatar oomu | 

merci pour l'explication.

avatar pat3 | 

En matière de logiciel, le concept du développement durable c'est l'open source, d'une certaine manière.

Euh… des abandons de logiciels open source, il y en a quand même un certain nombre, de longues suspensions du développement aussi; on peut dire que les modèles open source qui marchent, il y en a très peu (et c'est un abonné à sourceforge qui parle). Mais la frénésie du renouvellement des OS en rajoutent dans l'obsolescence rapide des logiciels et ça, à court terme, ça risque de vraiment poser problème à l'industrie, il me semble.

avatar oomu | 

il y a au moins un espoir avec un logiciel open source abandonné

"- ptet que quelqu'un va le reprendre..."
"- ptet que je vais trouver de l'énergie, apprendre l'api utilisée et continuer le proj..mouhahaha..."

enfin, dans l'ensemble on arrive à se débrouiller.

avatar pat3 | 

Mmmouais :-)
En tout cas, si le projet n'avait pas une grande visibilité, c'est souvent cuit ensuite, ou bien, le temps qu'il soit repris, ceux qui avaient besoin du logiciel ont trouvé une autre solution.
Je constate aussi une "mode" du passage au payant de logiciel notoirement open source (Carbon Copy Cloner, ffmpeg…). Les stratégies pour vivre de son labeur dans le développement de logiciel à base libre sont complexes…

avatar oomu | 

les projets vieillissent (les gens aussi), il n'y a pas forcément reprise par une nouvelle génération, les initiateurs du projet doivent bouger ou en faire leur source de revenue principale, et de nombreuses autres raisons.

Il y a eu de toute évidence un engouement exagéré autour de linux et des projets open source début 2000s, maintenant on est face à des projets mures, anciens ou qui essaient de passer à une étape supérieure.

Maintenant, on trouve un autre engouement autour du web. Il y a de nombreux projets jeunes et bien vivants.

avatar Average Joe | 

C'est toute la question du modèle économique, c'est-à-dire de savoir comment valoriser en monnaie sonnante et trébuchante un travail de l'esprit. La question ne se pose pas pour que pour les logiciels informatiques, mais dans tous les domaines, artistique par exemple. Comment doit-on valoriser une œuvre quelconque ? Selon quels critères ? C'est la question que révèle internet en général, par le téléchargement. Avant le ouèbe, ce genre de question était un peu cachée sous le tapis, c'est-à-dire que le coût d'un livre ou d'un disque était déterminé notamment par la notoriété et/ou le nombre d'intermédiaires qui se sucraient au passage. Le réseau avec ses possibilités nouvelles a le mérite de remettre en cause ces dérives et l'on assiste à une floraison de "modèles" où chacun essaie de s'en sortir à sa manière, sur base de "participation" financière ou d'abonnement. Par exemple, je finance un groupe que j'écoute par ce système où je paye trimestriellement sa survie (moi et tous ses followers) et obtiens ses œuvres nouvelles sans avoir à les payer à l'unité et obtiens aussi en retour la possibilité de discuter avec lui sur son site.

avatar switch (non vérifié) | 

RagTime (intègré de bureautique sorti avant 1990)

avatar patrick86 | 

"C'est marrant, mais quand on parle d'inconstance de développement, je fais tout de suite le rapprochement avec apple = i work / aperture / final cut"

Rapprochement bien étrange, étant donné qu'un seul de ces logiciels est abandonné par Apple et qu'il y a moult exemples plus pertinents dans l'histoire de cette entreprise (Apple Work, iWeb, etc.).

Ici on parle d'abandon pur et simple qui laisse l'utilisateur seul face à son problème.

iWork et Final Cut Pro ont été repris en profondeur. Vous connaissez beaucoup de développeurs qui reprennent de zéro leurs logiciels pour en fait les abandonner quelques années après ?
Il y a probablement des exemples, mais ce n'est pas la majorité et les travaux effectués sur iWork et FCPX laissent davantage présager un maintien à plus long terme — alors qu'iWork semblait être passé aux oubliettes — qu'une volonté de les lâcher à court terme.

Bref. Très mauvais exemple que ces 2 là.

avatar oomu | 

Final cut est un mauvais exemple

avatar Link1993 | 

A l'esprit, j'ai eve online qui me vient. 11ans, mais il est vrai que beaucoup de logiciels qui ont plus de 10ans sont soit passé du ppc à l'intel, soit ont été abandonnés. Ce qui a beaucoup été le cas pour les vieux logiciels datant de classic.

avatar Jean-Jacques Cortes | 

Parmi les vieux logiciels pour Mac, il y a aussi GraphicConverter, FileBuddy, Fetch, HexEdit, et VLC.

avatar BeePotato | 

Parmi les « vieux qui durent », n’oublions pas GraphicConverter.
C’est (avec LaTeX, comme signalé par byte_order)un des plus anciens logiciels que j’utilise encore, si on ne compte pas les trucs plus vieux utilisés via des émulateurs (mais généralement juste pour le fun).

avatar marc_os | 

Ne me dites pas que personne n'utilise MS-Word ou Excel sur Mac ?
Pour ma part je les ai utilisés pour la première fois vers... 1989/90.
J'ai même écrit mon mémoire avec Word 4 !
Je gérais ma base de données bibliographique avec SQL (Informix), et je m'étais fait une moulinette en C pour en extraire les références utilisées dans un texte Word et créer automatiquement la liste des références bibliographiques...

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