iPod 10 Go

Vincent Absous |
Le 28 avril dernier, depuis le Moscone Center de San Francisco, Steve Jobs écrivait une nouvelle page de l'histoire d'Apple en présentant l'iTunes Music Store, le service de téléchargement musical payant dont on ne cesse de parler depuis. Pourtant, ce jour-là, le CEO d'Apple ne présentait pas que l'IMS. Il en profitait pour lancer la troisième génération d'iPod, le baladeur, l'un des produits vedette de la maison. En fait, c'est un nouvel iPod, totalement revu dans son apparence extérieure, qu'Apple mettait en vente aussitôt. Trois modèles sont ainsi proposés et c'est le premier d'entre eux, le modèle 10 Go que nous avons testé.

Premiers contacts avec l'iPod



Comme toujours, Apple cherche à soigner les petits détails qui font la différence et, une fois encore, cela commence par la boîte dans laquelle l'appareil est protégé des vicissitudes du monde extérieur. Cette boîte est très proche de celle des anciens iPod. Cubique, elle offre désormais un jeu de contraste sur les noirs et les blancs, contraste qui s'inscrit dans la campagne de communication d'Apple pour le lancement du produit. Pour le reste, le coffret reprend le principe des générations précédentes : la boîte s'ouvre en deux, évidemment comme un écrin, dans lequel est niché l'iPod, le câble FireWire, l'adaptateur secteur et les absents dans le cas du modèle 10 Go, le fameux dock et la télécommande. Un morceau de carton s'essaie à cacher l'espace où une certaine pingrerie empêche ces accessoires d'être présents. Ni dock ni télécommande donc mais pas de housse protectrice non plus et le sachant, on a de fortes réticences à retirer le film plastique qui protège l'appareil.



En effet, comme ses prédécesseurs, l'iPod nouveau offre un dos dans lequel on peut se mirer mais qui s'avère être extrêmement sensible et aux rayures et aux traces de doigts. On se surprend donc, pour peu que l'on soit maniaque, à l'astiquer très régulièrement. La façade de l'appareil reprend le blanc nacré des anciens iPod. L'écran offre des dimensions similaires. Mais les ressemblances s'arrêtent là. Les différences ont été largement commentées ici et là, on ne s'attardera donc pas : le nouvel iPod est sensiblement plus petit, plus léger et plus fin que son prédécesseur. Les quatre boutons de navigation qui encerclaient la roue dans les éditions précédentes la surplombent désormais. Ils étaient saillants, ils sont désormais comme enfoncés. Ils ne sont d'ailleurs plus mécaniques mais tactiles et pour qui avait l'habitude de l'ancien système, cela s'avère quelque peu déroutant au début tant ils sont réactifs. Autre différence sensible : les arêtes de l'appareil sont désormais très arrondies. Pour le reste, le plastique est toujours aussi facilement marqué et deux jours ont suffi, malgré toutes les précautions prises, pour qu'y apparaissent de très fines rayures qui agacent tant. Certes l'iPod est beau, très beau même mais c'est un avant tout un baladeur et devoir passer la peau de chamois dès qu'on le manipule finit par fatiguer. Et l'on n'est pas au bout de ses peines. En effet, répondant certainement en cela aux directives d'un texte de loi, Apple a pris soin de placer sur la tranche de l'appareil un très disgracieux autocollant rappelant la nécessité d'écouter la musique à un volume raisonnable. Las ! l'autocollant, qu'on a vite fait d'enlever, laisse une très vilaine colle une fois qu'on l'a retiré. Nous en sommes venu à bout avec un chiffon doux et du produit pour faire les vitres. Il n'empêche, cela nous a offert un joli moment de panique.




Le baladeur est livré avec les mêmes écouteurs que les modèles présentés en juillet dernier. Blancs, ils permettent assurément de distinguer un autre utilisateur dans la rue et d'ainsi tenir un compte qui n'a rien de scientifique des parts de marché d'Apple. Malheureusement, au fil du temps, le fil devient grisâtre et les inscriptions sur les écouteurs tendent à s'effacer. Apple n'y peut rien mais c'est tout de même ennuyeux. Désormais, c'est au bas de l'iPod qu'on trouve le connecteur où brancher le câble FireWire. On le sait, ce connecteur est très différent de celui qui équipait les précédentes générations. La raison est à chercher dans l'utilisation du baladeur avec sa station d'accueil. Un cache est d'ailleurs fourni pour le protéger tant il semble en effet plus fragile. Au sommet, le verrou, qui empêche une manipulation malheureuse lorsque l'iPod est, par exemple, dans une poche, le verrou donc change une fois encore. Il tend à se faire plus discret puisqu'il offre lui aussi un aspect métallique ; ainsi, lorsque l'appareil est bloqué, l'orange qui le symbolise n'en ressort que mieux. Apple a également modifié sensiblement la prise casque et le connecteur pour la télécommande. Désormais, ils sont désolidarisés. Le remaniement a une incidence regrettable pour ceux qui ont fait l'acquisition de certains accessoires. Dans certains cas, l'iTrip par exemple, ces derniers ne peuvent plus fonctionner.

L'iPod au quotidien

À l'utilisation, la molette tactile qui permet de naviguer dans les menus s'avère bien plus agréable que sa grande soeur mécanique qui équipait le premier modèle. En revanche, la prise qu'on enfonce pour recharger l'iPod ou pour le synchroniser avec le Mac offre une impression de fragilité certaine. Fine, elle est d'ailleurs équipée d'un système de sécurité pour empêcher qu'on n'abîme le connecteur du baladeur.



Le rétroéclairage existait déjà sur les anciennes versions mais il s'accompagne ici de l'illumination des touches de l'iPod. Ce n'est pas nécessairement très utile et on veillera à réduire au minimum l'utilisation de cela si l'on veut économiser sa batterie (on ne l'enclenchera donc que manuellement ou on définira un temps très court après lequel il s'arrête). Il n'empêche, c'est assez spectaculaire et l'effet est superbe. En revanche, le rétroéclairage est indispensable dans certaines conditions d'éclairage ambiant, tant l'écran est parfois difficilement lisible. Le réglage du contraste ne nous a pas donné entière satisfaction. Alors que nous n'avions jamais véritablement l'occasion d'enclencher le rétroéclairage sur notre ancien iPod, il est très fréquemment sollicité sur ce nouveau modèle.

En ce qui concerne la qualité du rendu sonore, nous ne disposons pas des outils nécessaires pour en juger. Pour autant, on ne remarque aucune différence dans ce domaine entre les deux générations d'iPod.

L'aspect logiciel

L'iPod fonctionne avec une version 2.0 du logiciel interne. Cette différence (les anciens iPod sont passés, eux, à la version 1.3) se traduit par quelques nouveautés propres à la nouvelle génération. Passons rapidement sur les jeux proposés. En plus du traditionnel casse-briques, Apple fournit désormais un Solitaire, assez laid, qui se joue à la molette essentiellement. L'autre jeu, Parachute, est un shoot-them-up amusant certes mais évidemment d'un autre temps et qui serait nettement plus jouable si les accès intempestifs au disque dur ne venaient pas, de temps en temps, figer à l'écran tous les éléments. Ce n'est d'ailleurs pas très jouable dans la mesure où sur notre iPod, il faut enclencher le rétroéclairage si l'on veut pouvoir parfois jouer dans de bonnes conditions. De toute façon, on n'achète pas un iPod pour jouer, du moins pas encore. Sinon, on achète un GameBoy.



La version 2.0 du logiciel, comme d'ailleurs la version 1.3, permet à l'utilisateur de mieux personnaliser les menus. C'est une nouveauté très intéressante. Il suffit alors de définir les éléments qu'on veut voir accessibles directement depuis le menu principal, sans avoir à rentrer dans les méandres de la hiérarchie. Si l'on utilise par exemple l'iPod comme gestionnaire de rendez-vous, on placera le module Calendrier dans le Menu principal. Si l'on a l'habitude de naviguer dans la liste des genres, on placera également le menu "genres" dans le Menu principal. Apple permet également d'utiliser l'iPod pour consulter des textes, des textes entre lesquels il est d'ailleurs possible de naviguer comme on le fait entre des pages Web. Pour transformer le baladeur en vade-mecum, il suffit de glisser les documents dans le dossier "Notes" qui apparaît lorsque l'appareil est monté sur le Bureau. Pour autant, n'espérez pas vous servir du baladeur durant vos exposés ou vos keynotes, le seul format reconnu le txt, ce qui signifie qu'il faut faire une croix sur toute mise en forme particulière du texte. C'est certes un pas vers un iPod-PDA mais c'est un tout petit pas. La fonction sera utile "au cas où".

L'iPod est depuis un certain temps équipé d'une horloge. Le voici désormais capable de vous réveiller (avec la liste de lecture de votre choix), à supposer que vous l'ayez relié à un système sonore ou que vous dormiez avec les écouteurs. À l'inverse, l'iPod sait s'arrêter tout seul (les mauvaises langues diront que la batterie était déjà là pour cela). Il est en effet désormais possible de définir un temps (15, 30, 60, 90 ou 120 minutes) au-delà duquel le baladeur cessera son activité. Dans ce cas, le compte à rebours s'affiche au sommet de la fenêtre de lecture. Autre nouveauté séduisante, la possibilité de placer l'horloge en haut de l'écran, même quand une chanson est jouée. Tout cela, additionné, s'avère être dévoreur d'énergie.

La vraie nouveauté est plutôt à rechercher dans une nouvelle fonctionnalité, d'ailleurs plus en phase avec la vocation musicale et première du baladeur : la possibilité de créer, à la volée, et sans passer par iTunes, une liste de lecture qui s'effacera à la prochaine synchronisation. Pour glisser un élément dans la liste "On-The-Go", il suffit tout simplement de maintenir le bouton central de sélection jusqu'à ce que le nom du morceau, celui de la playlist, celui de l'album ou celui de l'artiste, se mette à clignoter. C'est redoutable. C'était demandé depuis longtemps par les utilisateurs des premiers iPod qui, en vacances, en déplacement, etc., n'avaient pas nécessairement un iTunes pour recréer une liste de lecture plus en relation avec leur goût et leurs envies du moment. Cette nouveauté-là, Apple s'est bien gardé de la proposer avec la version 1.3 du firmware. C'est dommage.

Parlons des choses qui fâchent

L'iPod que nous avons pu tester pendant une semaine a présenté deux dysfonctionnements surprenants. Le premier s'est produit alors que la machine était verrouillée. La batterie, pourtant chargée totalement, s'est complètement vidée, en moins d'une heure. Une chaleur certaine se dégageait alors de l'appareil. C'est surprenant, ennuyeux et, avant tout, inquiétant. Le second problème n'est pas nouveau mais on aurait pu espérer qu'avec l'expérience, il se produirait moins souvent : l'iPod plante, il plante même relativement souvent. Dans le meilleur des cas, on s'en sort aussitôt avec un appui simultané sur les touches "menu" et "lecture". Dans certains cas, on ne s'en sort qu'après des minutes et des minutes d'énervement, au coin d'une rue, le manche du parapluie coincé entre le menton et l'épaule, le cartable irrémédiablement trempé.

L'autonomie annoncée par Apple est de huit heures. Dans les faits, en mettant de côté les problèmes évoqués ci-dessus, l'iPod ne tient pas ses sept heures. On est plus proche des six heures, d'ailleurs. Évidemment, il vaut mieux éviter d'utiliser le rétroéclairage, les fonctions diverses de l'horloge, et jouer au Parachute, si l'on veut voyager longtemps en musique. Le nouvel iPod fait donc moins bien que son prédécesseur sur ce plan. Après plus d'un an d'utilisation, notre iPod de 5 Go tenait encore six heures sans souci.



Faut-il acheter le nouvel iPod ?

Dans ces conditions, cela vaut-il la peine d'acheter un iPod ? Oui, pour qui n'en a pas déjà un. L'iPod est un très bon baladeur, un disque dur externe très pratique (lors d'une restauration complète du système, il s'avère un auxiliaire précieux), un objet esthétique réussi, une nouvelle icône Apple donc. En revanche, à nos yeux, l'achat d'un iPod ne s'impose pas si l'on en possède déjà un. Certes, les capacités ont globalement augmenté mais, sauf cela, un iPod 2003 n'apporte rien de véritablement essentiel que n'offraient déjà ses prédécesseurs. Affaire de goût personnel, nous préférions l'esthétique des premiers modèles avec ses boutons encerclant la roue centrale. Évidemment, dans les mois à venir, on peut penser que l'écart entre les versions logicielles des générations va continuer de se creuser. On le sait, le nouvel iPod serait déjà capable, dans certaines conditions, d'enregistrer. Pour le moment, Apple n'a pas encore communiqué sur cette possibilité et, pour l'heure, ce ne sont pas les jeux, ni même les quelques fonctionnalités, pas obligatoirement superfétatoires pour autant, qui doivent pousser à l'achat. Quant aux prix pratiqués par Apple, ils restent toujours relativement (et nous insistons sur cet adverbe) dissuasifs. Certes, en un an et demi, l'entrée de gamme s'est musclée tandis que son prix baissait, cela n'empêche pas qu'à près de 400 euros, le baladeur d'Apple demeure un objet réservé aux passionnés ou à une frange de la population plus aisée. Quand on sait qu'en plus, pingrerie de sa part, Apple ne fournit ni dock, ni télécommande, ni housse avec le premier modèle, on préférera dans de nombreux cas le modèle de milieu de gamme, à 15 Go, si l'on a besoin d'une télécommande un peu trop "pastique", au fil beaucoup trop long, d'une housse à l'esthétique discutable. Reste le dock, l'objet dont certaines rumeurs disent qu'il pourraient connaître un petit frère plus évolué et qui serait vendu à part.

avatar moi | 
Est-ce que ca vaut la peine d'en acheter un, même si il a des bogues(est-ce que qq1 apart le test a eu un bug?) Et est-ce que Apple sort des appareils iPod à toutes les années avec quelque chose de changé, ou des bugs corrigés? Merci de me répondre par e-mail: grosse_fritte@hotmail.com

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