Kim Dotcom... Si ce nom ne dira pas grand chose aux plus jeunes, ceux qui ont connu toute la grande époque du piratage massif, des films en téléchargement, des albums par milliers auront une petite lumière dans l’esprit. Et si le personnage était plutôt discret depuis plusieurs années, cela n’empêchait pas pour autant la justice de continuer son œuvre, et la dernière nouvelle risque d’être un choc pour l’ancien créateur de MegaUpload : après 13 ans de lutte, il semble avoir grillé ses dernières cartouches pour éviter l’extradition aux USA, comme rapporté par LeMonde.

Le roi du piratage
Kim Dotcom, ou Kim Schmitz de son vrai nom, est le créateur original de MegaUpload en 2005. Si la plateforme a énormément perdu de sa superbe, elle a été pendant longtemps synonyme de piratage, même si son objectif affiché était le simple « partage de fichiers ». Il faut dire qu’elle permettait à n’importe qui d’uploader n’importe quel fichier, que ce soit du texte, mais bien entendu aussi des musiques ou des vidéos, et de diffuser le lien vers celui-ci à n'importe qui.
Sept ans après sa création, la justice finit par lui tomber dessus : le FBI ferme les sites, et un raid spectaculaire est mené sur le manoir de Kim Dotcom en Nouvelle-Zélande. Il faut dire que la justice est relativement agacée, la RIAA et les ayants-droit du monde entier ayant tenté pendant des années de lui mettre la main au collet, sans grand succès. Le site était hébergé à Hong-Kong, le patron était en Nouvelle-Zélande : deux territoires bien loin des prérogatives US.
Une longue bataille judiciaire
Une fois Kim Dotcom arrêté en 2012, et une bonne partie de ses biens confisqués, les États-Unis d’Amérique ont commencé une procédure d’extradition. Malheureusement pour la justice américaine, Kim Dotcom se retrouve libéré sous caution, ses avocats multipliant les recours au tribunal, invoquant des irrégularités dans la surveillance qu’il a subie pendant plusieurs années, ainsi que dans la procédure d’arrestation de 2012.
De nombreux allers-retours devant la justice néo-zélandaise plus tard, l’étau a commencé à se resserrer autour de Kim Dotcom en 2021 : la Cour suprême du pays a fini par valider le principe d’extradition vers les USA. Mais le temps judiciaire est long... très long. Et en août 2024, surprise ! Alors que le ministre néo-zélandais de la justice vient de signer l’ordre d’extradition, Kim Dotcom conteste à la dernière minute, invoquant ses conditions de santé, l’homme ayant fait un AVC en 2024.
Fin de la partie ?
Malheureusement pour Kim Dotcom, la juge Christine Grace a décidé de maintenir son extradition vers les USA, où il pourrait passer sa vie derrière les barreaux : accusé de violation de droits d’auteur à grande échelle, blanchiment d’argent, racket (MegaUpload étant considéré comme une organisation criminelle permettant le piratage massif) et association de malfaiteurs, la justice a de quoi réclamer 60 ans de prison. À 51 ans et un AVC au compteur, les chances qu’il revoit la liberté s’il est extradé aux USA sont très minces.
I can and I will. By the time the appeals are done, if ever, the world will be a very different place.
— Kim Dotcom (@KimDotcom) August 13, 2024
Un dernier recours pourrait être porté à la Cour d’appel néo-zélandaise par ses avocats. Ils ont jusqu’au 8 octobre pour le porter. Si celui-ci venait à échouer, il y a fort à parier que s’ouvrirait un procès très attendu par les médias, mais dont l’issue est quasi connue d’avance.