Instant Articles : Facebook devient un journal

Nicolas Furno |

Comme les rumeurs l’annonçaient, Facebook a lancé un nouveau service à destination des créateurs de contenus. Instant Articles permet à tous les sites qui publient des articles régulièrement d’héberger le contenu sur les serveurs du réseau social. Quand ces sites veulent partager l’article en question, ils ne publient plus un lien vers leur site, mais le contenu complet, lisible au sein des services de Facebook. Pour le moment, ce service est réservé à quelques sites et à l’application iPhone, mais il devrait s’ouvrir plus largement dans les mois qui viennent.

Pour Facebook, l’objectif est évident : en hébergeant le contenu, le réseau social garde ses utilisateurs plus longtemps sur ses serveurs et il évite d’en perdre via des liens. Mais quel est l’avantage pour les créateurs de contenus ? La réponse de Facebook est plutôt bien vue : Instant Articles apporte beaucoup aux éditeurs, à commencer par la rapidité, mais aussi des interactions enrichies. Et quand on teste cette fonction, déjà disponible sur quelques liens, on doit bien reconnaître que c’est intéressant pour les lecteurs.

Les articles qui exploitent ce nouveau service ne sont pas chargés à partir d’un autre serveur, et surtout ils sont mis en forme avec du code natif au lieu d’être affichés comme une page web. Pour toutes ces raisons, ces contenus chargent nettement plus vite, la différence saute aux yeux. Facebook évoque des temps de chargement divisés par 10, ce qui est peut-être exagéré, mais même avec une très bonne connexion, on voit la différence. Sur un iPhone relié en Wi-Fi, le temps de chargement est presque immédiat, mais c’est surtout l’expérience de lecture qui change.

L’interface d’Instant Articles a été créée par les mêmes designers qui ont fait Paper, l’application alternative que le réseau social n’a jamais sortie des États-Unis. Les vidéos se lancent automatiquement quand on défile l’article, les photos peuvent être visionnées intégralement uniquement en tournant le téléphone. Il y a des cartes interactives, des extraits audio associés aux photos : on n’a plus vraiment l’impression de lire un article sur le web, plutôt un livre numérique bien fait.

Les articles disponibles aujourd'hui (le dernier lien sur la page du National Geographic est un bon exemple) ont probablement été conçus spécifiquement pour cette nouvelle fonction. Instant Articles ne sera pas toujours aussi impressionnant, puisque le service est destiné à publier n’importe quel contenu, à la seule condition qu’il s’agisse de HTML. Facebook permettra même d’automatiser totalement le processus en utilisant un flux RSS : un blog, ou un site comme MacGeneration, pourrait ainsi « générer » des Instant Articles à chaque nouvelle publication.

Pour séduire les éditeurs, Facebook a fait de nombreuses concessions. Pour commencer, Instant Articles n’est pas exclusif, au contraire même : le contenu doit aussi être publié et avoir une URL spécifique. Quand un lien sera partagé, on aura soit le site web original, soit l’article hébergé par Facebook selon les cas. Ce qui est utile pour le moment, puisque seul l’iPhone est capable d’afficher le contenu enrichi.

Par ailleurs, le réseau social n’impose rien en matière de publicités. Le créateur du contenu peut y placer les siennes et conserver tous les revenus associés, mais le site qui choisit d’adopter Instant Articles peut aussi demander à Facebook d’y placer ses propres publicités. Dans ce cas, la majorité des revenus revient au site original, mais le réseau social en récupère une partie. Outre les publicités, les statistiques de comScore sont disponibles pour comptabiliser le nombre de lecteurs.

Facebook a signé des accords avec neuf médias, essentiellement anglo-saxons : The New York Times, National Geographic, BuzzFeed, NBC News, The Atlantic, The Guardian, BBC News et deux publications allemandes : Bild et Spiegel. Pour tous les autres créateurs de contenus en ligne, un formulaire de contact est mis à disposition, mais le programme reste fermé pour le moment.

Dans la F.A.Q. associée à Instant Articles, Facebook entend rassurer tous ceux qui craignent pour leur indépendance. Cette fonction devrait être ouverte à tous, mais elle devrait rester optionnelle. Le réseau social fait le pari que la rapidité de chargement et l’interface incontestablement plus agréable plairont tant aux utilisateurs, que plus personne ne voudra lire autre chose sur Facebook. Si c’est le cas, les créateurs de contenus n’auront probablement pas d’autres choix, s’ils ne veulent pas perdre leur lectorat.

Le même article avec Instant Articles (gauche) et sur le site web (droite). Sans même parler du fait que l’image, à gauche, est en fait une vidéo, la différence en matière de lisibilité est indéniable.

Difficile de savoir, à ce jour, si Instant Articles aura le succès espéré par Facebook. Mais on peut noter, malgré tout, que le réseau social a fait des efforts pour séduire les médias en ligne : il n’y a presque rien à faire pour créer ces contenus spécifiques et le créateur du contenu conserve les bénéfices des lectures. La fonction semble aussi avantageuse pour les utilisateurs, qui obtiendront le contenu plus rapidement et avec une meilleure interface. L’avenir dira si ces efforts paieront…

avatar TimeMachine | 

J'ai essayé. Assez bluffant si l'on compare la page web et la mise en page de Instant Articles. C'est rapide, beau. Tout ce que Facebook n'était pas jusqu'à maintenant (A part sur Paper). J'espère que ça prendra vite.

avatar Nicolas Furno | 

@TimeMachine :
C'est logique, ce sont les mêmes équipes derrière Paper et Instant Articles. Ils ont expérimenté des choses avec le premier, je suppose que l'heure est venue d'alimenter l'application officielle à nouveau.

avatar nono68200 | 

Bah du coup je préfère 100x l'application Paper visuellement...
Je ne comprend toujours pas pourquoi ce n'est pas devenu l'application officielle. Beaucoup plus simple, plus jolie, avec des gestes, et y'a notifications, demande d'amis intégrées, et un bouton vers Messenger. Donc il y a tout pour en faire une app officielle sympa.

avatar Giloup92 | 

À quand Facebook News, l'agence de presse de Facebook ?
Je serais un médium de presse, je serais inquiet, si les lecteurs lisent les nouvelles sur Facebook, plus de raison de naviguer sur mon site. Le lien est entre Facebook et mes lecteurs ; rien de plus facile pour Facebook que de le rogner ( avec les revenus afférents) voire de le couper à terme.

avatar Yanouss | 

C'est vrai que ça a l'air pas mal même si je ne suis pas pro Facebook

avatar Orus | 

Facebook devient une prison. Facebook va pouvoir encore mieux vous analyser selon les articles que vous lirez.

avatar Nicolas Furno | 
@ Orus : Facebook n'a pas attendu cette fonction pour le savoir. Vous pensez vraiment qu'ils n'enregistraient pas le fait que vous cliquiez sur telle ou telle URL ?
avatar Strix | 

@Orus :
Tu crois qu'ils ne le faisaient pas avant ?

avatar Toketa | 

@Orus :
Une prison dont l'entrée et la sortie sont libres alors.

Tu penses qu'ils ne savent pas déjà ce que tu les quand tu cliques sur un lien ? Vraiment ?

#parano

avatar MiniMac | 

@Orus :
Bien vu …!

avatar Strix | 

Concept intéressant notamment si ça se base sur un flux RSS

avatar Nesus | 

C'est un très beau rendu et une très belle technologie, mais c'est surtout un cadeau empoisonné. C'est juste faire en sorte de devenir dépendant de Facebook, ce qui est très loin d'être une bonne idée. J'espère que les éditeurs sauront avoir l'intelligence de ne pas céder à ce très beau cadeau empoisonné.

avatar Strix | 

@Nesus :
C'est la plus grosse "difficulté", ne pas se reposer sur un réseau social.

Il en était de même à l'époque de MySpace.
Tu voulais des infos ? MySpace.
Tu veux des infos aujourd'hui ? Facebook

Oui c'est un très gros réseau social.
Oui tu peux faire passer des infos.

Se reposer dessus ? Surtout pas

avatar relfa | 

@larédac :
Juste pour être sûr, ces articles ne sont dispo que sur l'app FB classique, et pas sur Paper ?
Si c'est bien le cas, c'est dommage.

avatar Nicolas Furno | 

@relfa :
Je confirme, seulement Facebook sur iPhone. Paper est plus ou moins abandonné, à mon avis.

avatar minijul (non vérifié) | 

Intéressant de voir comment petit à petit Facebook réalise le rêve des grosses majors et groupes de communication des années 2000 : la notion de portail internet, le web dans le web... A terme, les recherches de contenus se feront aussi sur Facebook, en lieu et place de Google. Ils déploient intelligemment, on peut évidement le regretter, leurs différents services dont certains s'imposent par leur redoutable efficacité dans la vie de tous les jours (messenger et les Événements par exemple, j'imagine que ce dernier sera aussi décliné en appli tout comme les groupes récemment). L'aspect réseau social est l'élément qui manquait dans les années 2000 pour que la mayonnaise prenne sur des projets de portails comme Vizavi.

avatar iPaulo | 

Et y a toujours pas de notifications interactives pour IOS 8. Genial :(

avatar albert-a-l-ouet | 

@Nesus exactement !

J'ai encore l’impression que c'est pour nous espionner un peu plus et un peu mieux. ^^

Ils y en a pour qui sa ne dérange pas, mais moi, savoirs que pour Facebook nous somme rien d'autre que des statistiques et qu'ils se fonts de l’argent avec nos donnés personnelle sa me donne envie de vomir.

Ce service va le faciliter encore plus la tache pour vendre encore plus de donne personnel.

Je boycott =P

avatar eVolution | 

Cette évolution laisse présager un sombre avenir... tout entre les mains de Facebook ou google...

Je suis effaré du manque de réactions négatives... décidément très pessimiste quant à l'avenir de l'Internet,
facebook n'offre que des sucreries et les gens gobent, demain... tous addictes, tous obèses!

Réagissez bordel, dites non à facebook! Dites non à google... le pouvoir est encore un peu entre vos mains, demain ce sera trop tard!

avatar albert-a-l-ouet | 

Dire non a google et tout ses services devient de plus en plus difficile car il faut reconnaître leur supériorité dans certain domaine.

Cependant Facebook et ses services sont loin d'êtres vraiment indispensable, ils existent bien des façons de partager des informations media, inviter des "amis" a un événement, leur parler ou bien poster une photo de soi.

Et tout sa sans avoir besoin d'accepter d'être suivis et vendu a des entreprises tierce.

Moi je vous invite a utiliser Ghostery, (Il détecte les mouchards de google et Facebook)

Et pour finir j'aurais aime que MacGen (malgré ce très bonne article) ai un regard ou une note un peu plus subjectif sur le sujet.

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