Avec plus de 130 000 employés, Apple n'est plus et depuis longtemps une petite start-up qui turbine dans un garage. Il est donc inévitable que l'organisation de l'entreprise soit sujette aux mécontentements et à la grogne. C'est le cas chez Apple comme chez d'autres multinationales. Sur Hacker News, le témoignage d'un employé du constructeur jette une lumière crue sur le fonctionnement du groupe.

Ce témoignage est anonyme, mais il semble crédible au vu des expériences relatées dans la suite du fil par d'autres employés. « Snapples » travaille donc depuis 4 ans chez Apple et il se dit épaté par le fait que malgré les dysfonctionnements structurels qu'il a pu observer, la Pomme soit toujours en mesure de livrer des logiciels fonctionnels. Le plus gros problème selon lui réside dans la communication, ou plutôt son absence, entre les différentes équipes.
Il pointe ainsi du doigt la « tonne » de paperasse nécessaire pour pouvoir communiquer avec quelqu'un qui travaille sur un projet différent ; les équipes de quatre personnes qui bossent en silo et qui ne vont jamais voir ce que font les autres ; l'absence de prise en compte par les managers des propositions des ingénieurs. « Si un ingénieur réalise qu'il y a un problème à grande échelle, il est impossible de le corriger. C'est impossible de réunir plus d'1,5 équipe à la fois pour faire le travail ».
Les fonctions développées par les uns et par les autres peuvent ne pas s'imbriquer correctement entre elles car « on ne parle jamais aux autres équipes et autres organisations sur la manière d'intégrer nos produits ». Différentes équipes travaillent sur les mêmes produits et services, chacune tentant de concurrencer l'autre, ce qui au passage « gâche » le talent et le temps des ingénieurs.
« La culture du secret signifie que rien ne peut être fait correctement », déplore-t-il encore. Les ingénieurs peuvent travailler ensemble, mais uniquement ― selon ce témoignage ― pour corriger des bugs critiques. Cette culture du secret est dans l'ADN d'Apple, et les critiques ne sont pas nouvelles (lire : Travailler pour Apple : passion, secrets, et frustration ou encore "Inside Apple" : la culture du secret à Cupertino).
Ce témoignage acide sur les coulisses de Cupertino apparaît alors que le lancement des nouvelles versions des systèmes d'exploitation d'Apple ― en particulier iOS 13 et macOS Catalina ― est assez rock'n roll : bugs en pagaille corrigés petit à petit par des mises à jour multiples, fonctions repoussées aux calendes grecques…
La lourdeur de la technostructure chez Apple explique sans aucun doute les errances constatées par Snapples (et aussi les utilisateurs). Et pourtant, le tableau n'est peut-être pas aussi sombre qu'il y parait. Car sans vision globale ni concertation entre équipes, comment expliquer des fonctions transversales comme Sidecar, la fonction Temps d'écran élargie à macOS, la passerelle Catalyst pour adapter des apps iPad sur macOS, le service Connexion avec Apple, etc.