Les dirigeants d'Apple poussent la porte de conseils d'administration profitables

Christophe Laporte |

Il fut une époque où Steve Jobs interdisait à ses collaborateurs de siéger au conseil d’administration d’une autre entreprise. Le cofondateur d'Apple, qui avait été membre du CA de GAP entre 1999 et 2002 pour apprendre l'univers du retail, n’avait fait qu’une exception à cette règle : il avait autorisé Tim Cook à siéger chez Nike. Par contre, il interdisait (ou presque) à Scott Forstall de mettre le nez dehors.

Là où Apple était relativement repliée sur elle-même sous Jobs, elle est de plus en plus ouverte depuis que Tim Cook a pris la direction du groupe.

Tim Cook portant un FuelBand de Nike avant la présentation de l'Apple Watch

D’ailleurs, Tim Cook est en quelque sorte un cumulard, puisqu’il siège dans quatre conseils d’administration différents. Outre celui d’Apple et de Nike, il est membre du CA de l'université Duke en Caroline du Nord — celle-là même où il a étudié — ainsi qu’à la National Football Foundation.

Plusieurs de ses plus proches collaborateurs apportent depuis quelque temps leur expertise dans d’autres sociétés, dont :

  • Eddy Cue qui distille depuis 2012 ses bons conseils chez Ferrari ;
  • Phil Schiller qui est tout récemment rentré au conseil d’Illuminia, un spécialiste de l’ADN ;
  • Bruce Sewell qui a été nommé en 2013 chez Vail Resorts, une entreprise américaine basée au Colorado spécialisée dans le tourisme.

Si l’on met de côté le cas de Bruce Sewell, il est intéressant de noter que les dirigeants siègent dans des conseils d’administration de sociétés dont les activités intéressent Apple au plus haut point : l’automobile avec Ferrari, la santé avec Illumina, et le fitness et la mode avec Nike. Ce n’est sans doute pas désintéressé, c’est une manière de prendre le pouls de secteurs que la Pomme est en train d'explorer.

Attention toutefois, dans ce genre d’histoire, le conflit d’intérêts n’est jamais loin. Tim Cook avait été attaqué sur ce point quand les premières rumeurs relatives à l’Apple Watch ont fait surface. L’objet pouvait potentiellement faire de l’ombre à Nike qui disposait avec le FuelBand d’un tracker d’activité. Mais la marque à la virgule a préféré se retirer de ce segment en 2014 pour se concentrer sur le logiciel. Cela a sans doute dû simplifier les choses, puisque depuis Tim Cook a encore pris du galon au sein du CA de Nike.

Dans ce domaine, l’histoire est d’ailleurs assez douloureuse pour Apple. Alors qu’elle développait l’iPhone, la firme de Cupertino avait au sein de son conseil d’administration Eric Schmidt qui était alors le patron de Google.

Bien qu’il évitait d’assister aux réunions relatives au projet iPhone, Eric Schmidt était de par ses responsabilités plus ou moins au courant de ce qui se tramait. La suite est connue de tous : Steve Jobs devint fou de rage quand il découvrit qu’Android était une pâle copie de l’iPhone. Dès lors, les relations entre les deux hommes devinrent glaciales. Et tout cela donna lieu à une gigantesque bataille judiciaire avec les principaux fabricants de smartphones concurrents, Apple prenant soin de ne jamais attaquer directement Google.

avatar CNNN | 

Tu fais quoi dans la vie ? Bah je suis chez Ferrari et Apple. Et toi ?
Euhhhh....

avatar r e m y | 

Une TestaRossa avec une pomme à la place du cheval cabré... je ne sais pas si ca fait le même effet :-(

avatar LittleSushi | 

Comment affirmer que le tourisme n'intéresse pas Apple?
Les magna du pétrole achètent bien des clubs de foot!

avatar Pas-un-philosophe (non vérifié) | 

Ça explique donc pourquoi Ferrari était la première marque à proposer une voiture CarPlay...

avatar r e m y | 

Quand Apple aura racheté Ferrari, on peut espérer en voir une offerte pour les opérations Back to school? (Personnellement, ca m'interesse plus qu'un casque Beats)

avatar jb18v | 

vous aurez un porte clé Ferrari offert... et encore :)

avatar iPop | 

@r e m y :
La paire de gants Farrari offerte.

avatar Link1993 | 

@r e m y :
Ca sera plutôt l'inverse...
Un Macbook pour l'... pardon, ya pas CarPlay.
Un iPhone pour l'achat d'une Ferrari ! ;)

avatar smaxintosh | 

"les dirigeants siègent dans des conseils d’administration de sociétés dont les activités intéressent Apple au plus haut point"

En même temps, tout intéresse Apple du moment qu'il y a de l'argent à se faire...

avatar Orion | 

"Steve Jobs devint fou de rage quand il découvrit qu’Android était une pâle copie de l’iPhone."

?

avatar oomu | 

Android au début reprenait l'ergonomie des téléphones symbian ou windows pocket/ce. Mais quand l'iphone a commencé à prendre corps, android fut totalement repensé et singea ios 1

C'est cela qui, selon les histoires, mis en rage Jobs.

avatar Rigat0n | 

@oomu :
J'ai l'impression de lire un vieux conte :')

"L'histoire raconte que le roi Steve entra dans une colère noire, lorsqu'il appris que son dauphin, le prince Schmidt avait donné à son carrosse numérique Android les mêmes atours qu'au sien. «miroir miroir, demanda le roi, ai-je toujours l'OS le plus beau et le plus intuitif du royaume ?» «ton OS est magnifique, grand roi Steve, mais il en existe un plus beau, qui gambade dans les lointaines prairies de Moutain View». Fou de rage, ivre de colère, le roi Steve promit de pourfendre le prince renégat, et fit jurer à son plus fidèle avocat de lui ramener la tête verte de l'Android."

avatar CNek | 

Tu m'as tué xD

avatar ergu | 

Quand j'ai lu le titre de l'article, j'ai cru que la "profitabilité" était en terme de jeton de présence pour ces joyeux cumulards.

Il y a quelques années, une enquête révélait que, en France, 1.000 postes dans les CA des plus grosses boîte étaient tenus par une petite centaine de personnes.
Je ne sais pas si c'est le même phénomène aux states

Comment y sont trop forts pour occuper chacun 10 emplois en moyenne !
Et comment je me sens une larve à côté de ces géants...

avatar moon21 | 

ils sentent le vent tourner ?

avatar occam | 

Deux hypothèses, l'une opportuniste, l'autre optimiste :

1. Dès que les vents tourneront nous nous en allerons...

2. The tide is high but I'm holding on / I'm gonna be your number one

avatar N1kod | 

Job fictif. Argent réelle.

avatar harisson | 

"Par contre, il interdisait (ou presque) à Scott Forstall de mettre le nez dehors."

Qui avait-t-il derrière le presque ? Pauvre Scott :'(

Je comprends mieux le décalage de perception que j'ai concernant Eddy Cue...

avatar melaure | 

C'est comme pour l'endettement, depuis que Steve, les rats s'engraissent ...

L'héritage a été pillé ...

avatar occam | 

Il y a encore beaucoup à piller dans cette héritage…

Après la capitulation britannique à Saratoga, le jeune statisticien écossais Sir John Sinclair (le premier à employer le terme statistics en anglais), écrivit à l'économiste Adam Smith :
« If we go on at this rate, the nation must be ruined. »

Smith répliqua calmement :
« Be assured, my young friend, that there is a great deal of ruin in a nation. »

(Adam Smith, Correspondence of Adam Smith, 1977 : p 262, note 3, from Sinclair, Corr., i. 390-1)

avatar enzo0511 | 

Quand on voit que les services sous la responsabilité de Cue deconnent à intervalles réguliers j'ai du mal à imaginer quels conseils stratégiques il peut apporter à une grande maison qu'est Ferrari

avatar Mike Mac | 

Ce que ne met pas du tout en valeur cet article, c'est que ces participations croisées des membres des conseils d'administration est l'une des véroles du capitalisme actuel.

Cela fait un espèces de méga club de copains qui ponctionnent jusqu'à plus soif l'argent des entreprises.

Tu votes mon nouveau super salaire de PDG, je ferais de même dans ta boîte à mon tour.

On trouve facilement sur Internet qui siège au conseil d'administration des entreprises du CAC 40. Une sympathique famille de profiteurs en tirs croisés dans une nébuleuse qui donne le tournis. Le graphique suffit à mesurer l'ampleur du mal.

Pas étonnant que le gazier qui dirige Peugeot ait pu doubler ses revenus pour dépasser la bagatelle de 5 millions d'euros cette année. Doubler, oui, oui !

Des revenus stratosphériques et scandaleux pour ces époques de crise qui voit ces gougnafiers favoriser, entre autres, la montée des populismes qui rêvent parfois de voir des têtes accrochées au bout de piques.

Non au cumul des mandats, en politique, comme dans les grandes entreprises.

Et vive l'engagement de personnalités comme Larry Lessig pour tenter de transformer cette pseudo démocratie que sont les USA. Relire aussi les propos sur la spoliation des démocraties par le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz

avatar popeye1 | 

@ mike mac

Les loups ne se dévorent pas entr'eux

avatar BlueVelvet | 

... «cette pseudo démocratie que sont les USA».

Waow. Tu écris cela de France?

avatar FollowThisCar | 

Bref, la pomme est devenue une entreprise comme une autre, dirigée par des millionnaires qui s'empiffrent.

Quand je pense aux années de bénévolat passées à aider cette boîte pendant la période noire, et les milliers de Macs vendus grâce au dévouement de certaines bonnes âmes ...

Aucune aigreur non, c'est juste l'Histoire qui continue son chemin.

Par contre désormais si je trouve moins cher et mieux ailleurs, aucune hésitation, et plus aucune raison de soutenir la sacrée-sainte marge, surtout pas pour engraisser Eddie Cue ou le cul de Phil.

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