Des chiffres et des cycles

bferran |
Selon une dépêche de l'agence Reuters, la Banc of America Securities aurait revu à la baisse ses prévisions de bénéfice par action sur le titre Apple en raison des estimations mitigées annoncées hier par Fred Anderson sur le trimestre fiscal en cours. Les prévisions, pour la période de fin d'année qui a souvent été la plus forte d'Apple, étaient d'une progression du chiffre d'affaires de 14 % et d'un bénéfice par action de 7 cents. Le BPA est passé, après révision, à 2 cents, et la Banc of America Securities s'attend maintenant à un CA de 1.5 million de dollars (quasi stabilité). Apple reste pourtant appréciée par le secteur, notamment en raison de sa réserve de cash qui se maintient toujours, et la plupart des analystes conservent leurs orientations. Le cours du titre reflète d'ailleurs cette ambivalence.


La phase descendante que les analystes pointent du doigt appelle malgré tout une reprise prochaine. On sait qu'Apple a publié ses premières pertes depuis les 195 millions de dollars du premier trimestre fiscal 2001. C'était là encore le premier trimestre déficitaire depuis trois ans, et Apple avait su se reprendre dès la Macworld de janvier en présentant de nouveaux Power Mac et le PowerBook G4 Titanium. Avec les récentes annonces liées au processeur d'IBM, et l'arrivée en fin de vie de certaines gammes, on peut là encore s'attendre à voir débuter un nouveau cycle de mises à jour majeures sur un marché professionnel qui, même s'il ne représente que 32% du CA de l'entreprise, est surtout une vitrine technologique capable de séduire les utilisateurs, et d'alimenter en symboles forts la confiance que ceux-ci portent dans la marque. Les débats sur le PowerPC 970 montrent bien qu'Apple a besoin d'une rupture rapide, à l'image de ce qu'elle a déjà réussi à faire plusieurs fois dans le passé. L'histoire informatique pourrait elle aussi se répéter.


Ce besoin de rupture et ces craintes ne viennent pas forcément des 45 millions de pertes annoncées par Apple. Cupertino n'a en effet pas fait l'erreur de chercher à tout prix le profit, et a reporté une partie de ses charges exceptionnelles sur son troisième trimestre. Beaucoup d'autres constructeurs informatiques - à l'exception de Dell qui affiche une santé provocante - ont eux aussi joué profil bas sur ce trimestre. Rappelons aussi, comme le souligne Jean-René Cazeneuve, PDG d'Apple France, dans un IDC rendu public cette nuit, il s'est vendu 32.6 millions de machines dans le monde, soit une augmentation de 3.8 % par rapport au trimestre précédent. La rentrée scolaire, et les investissements liés à l'éducation, ne sont sûrement pas étrangers à cela. Dell, qui a su s'implanter sur ce secteur, a vu ses ventes progresser de 23 % par rapport à l'année dernière, à 5.2 millions d'unités. L'assembleur est suivi de près par un HP à 5 millions d'unités qui perd donc la première place du marché.


Selon IDC, Apple n'a pas eu la chance de connaître une telle progression de ses ventes et fait un peu moins bien que ses principaux concurrents. Sa part de marché est passée en dessous de 4 % aux États-Unis, mais Apple reste malgré tout parmi les cinq premiers constructeurs sur ce marché. Dans le monde, ce pourcentage devrait baisser encore, autour de 2.3 % (2.6 et 2.9 pour les trimestres précédents). Depuis un an, les ventes d'Apple n'ont jamais cessé de baisser, et nous n'avons pas connu les habituelles variations de trimestre à trimestre : 818 000 unités au Q2, 808 000 au Q3, et 734 000 au Q4. On pourra bien sûr regarder à nouveau du côté des matériels professionnels : IDC souligne qu'il s'est vendu 30 % moins de Power Mac G4 ce trimestre, par rapport à l'année dernière. Au-delà des bénéfices, c'est ce chiffre qui est réellement marquant.

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