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CES 2013 : un salon pour ne rien faire

Anthony Nelzin-Santos

lundi 14 janvier 2013 à 12:30 • 30

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À l’heure où les fabricants remplacent leurs produits chaque trimestre ou presque ; où les plus grandes marques contrôlent d’un bout à l’autre leur communication ; où les logiciels et les services sont aussi importants que le matériel, si ce n’est plus ; le CES a-t-il encore sa place ?





Contrairement à ce que son nom laisse croire, le Consumer Electronics Show est un salon professionnel : il n’accueille pas le grand public, mais uniquement des membres de l’industrie et de la presse. Il est né en 1967 du besoin de créer un événement spécifique à l’électronique, alors que les principales nouveautés étaient jusque là présentées lors du Chicago Music Show. Alors qu’il avait lieu deux fois par an jusqu’en 1998, il se tient désormais chaque année en janvier, à Las Vegas.



Jusqu’à la fin des années 1990, le CES était un événement incontournable : y ont été présentés le magnétoscope (1970), le caméscope et le CD (1981), le RDS (1993), le DVD (1996) ou encore la télévision HD (1998). S’il reste toujours un très grand salon et que sa fréquentation ne cesse d’augmenter, le CES a aujourd’hui perdu de sa superbe.



Il souffre d’abord de la concurrence d’autres salons, souvent plus spécialisés. L’abandon de l’édition estivale du CES est sans conteste à mettre au crédit de l’E3, depuis devenu le plus grand salon international du jeu vidéo. Le Mobile World Congress, qui se tient un mois après le CES et augmente cette année sa surface de 30 %, cannibalise quant à lui les annonces autour de la téléphonie.




Le CES en 1967. Image CEA.


Les acteurs les plus importants du domaine rechignent de plus à s’exprimer à date fixe au milieu de leur concurrence et préfèrent contrôler leur calendrier et leur communication. Les conférences millimétrées à proximité des QG sont en train de devenir la norme : comme Apple l’avait fait avec la Macworld Expo il y a quelques années, Microsoft a délaissé le CES.



Apple, d’ailleurs, n’est pas présente au CES — bien qu’elle y soit incontournable, ses produits justifiant toute une économie d’accessoires. Facebook a lancé des invitations pour sa prochaine conférence de presse en plein milieu du salon, et Google organise sa propre Google I/O, qui a d’ailleurs été avancée, sans doute pour des raisons de calendrier. Le format rigide du CES est inadapté pour ces sociétés.



Les sociétés asiatiques pourraient paraître faire exception, mais il n’en est rien. Pour TCL /Alcatel One Touch et Hisense, qui formaient une sorte de pavillon chinois, le CES est un formidable rendez-vous sur un marché qui les ignore encore. Mais les conglomérats japonais et coréens sont présents dans tous les salons, chaque événement correspondant peu ou prou à une de leurs branches. Et ils commencent déjà à tenir leurs propres conférences, comme le fait de plus en plus Samsung par exemple.



Hapifork

Le CES profite en quelque sorte de ce désamour relatif. En n’étant plus dominé par un secteur (la vidéo, le PC) ou un acteur (Microsoft), il n’est plus le théâtre d’annonces fracassantes, mais retrouve son rôle de carrefour des innovateurs et des investisseurs. Cependant il conserve en même temps ce manque cruel de narration.



Qu’y a-t-on vu cette année ? Une nouvelle démonstration truquée d'Intel, un smartphone Android 5" vissé sur une manette de Xbox chez Nvidia, une nouvelle puce mobile sans le smartphone qui va avec chez Samsung. Une fourchette connectée, un frigo et un four connectés, une dizaine de montres connectées. Des smartphones 5", une tablette 20", un ordinateur-table 27".



En comparaison, les éditions précédentes, pourtant très « molles », semblent presque exceptionnelles. Certes, personne ne se souvient du « serveur à domicile » (2002), tout le monde se moque désormais des netbooks (2010) et un petit groupe de chercheurs en psychologie essaye toujours de décrypter la conférence de Samsung en 2011. Mais cette année, aucun territoire nouveau n’a été exploré, encore moins que l'an dernier.




L'introduction du keynote de Samsung en 2011.


L’« Internet des objets » ou le « quantified self » sont déjà de vieux concepts et sont incontestablement une tendance de fond, mais personne n’a encore réussi à les vendre comme la solution à un problème réel. Les annonces d’Intel, de Samsung ou de Nvidia donnaient quant à elles l’impression d’être une sorte de remplissage en attendant de meilleures occasions (le MWC pour Samsung) ou tout simplement la finalisation du produit. Les fabricants bégayent avec la 3D, la 4K ou l’OLED.



Le CES est un salon d’une autre époque, celle de l’électronique, celle de l’informatique, celle du matériel. Alors que nous sommes dans un monde de l’information, du logiciel, du service, toutes choses ésotériques qui se prêtent mal à des shows à l’Américaine. Cette édition 2013 a été dans ce sens particulièrement remarquable : l’espace vide laissé par les mastodontes de l’informatique a été investi par les success-stories de Kickstarter. Sauf que Kickstarter est précisément une CES au quotidien.



Beaucoup de produits extrêmement intéressants ont été présentés cette année, mais trop souvent sans prix ou sans date de commercialisation. Le CES est le salon par excellence où l’on vient présenter des prototypes, alors que les fabricants suivent de plus en plus l’exemple d’Apple consistant à programmer la présentation en fonction de la commercialisation pour un impact commercial plus grand. On en revient à la question de la pertinence d’un événement fini à l’heure d’Internet et des développements en continu.



On pouvait jusqu’ici repartir du CES avec une certaine idée des tendances de l’année, et l’on se sentait réellement fatigué chaque soir après avoir titré non pas sur la, mais sur les nouveautés de la journée. On se demande cette année ce qu’il en est vraiment sorti, et l’on se sent réellement fatigué d’avoir tant baillé d’ennui.

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