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2012, l'année de la NFC ?

Anthony Nelzin-Santos

Thursday 29 March 2012 à 16:11 • 26

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skitchedLa NFC a été l'un des grands sujets de conversation au Mobile World Congress : l'année 2011 a vu son adoption par Google et RIM en plus de Nokia et Sony, deux des plus anciens acteurs du domaine. 2012 sera-t-elle l'année des technologies de communication sans contact ? Concepteurs de puces, fabricants de téléphones et créateurs d'applications semblent le croire.

La NFC, quézako ?
La communication en champ proche ou near field communication, plus connue sous le nom de NFC, est comme son nom l'indique une technologie de communication sans-fil à très courte portée (jusqu'à 10 cm) et à haute fréquence (13,56 MHz). Sony et Philips l'ont conçue dès 2002 et ont fondé deux ans plus tard le NFC Forum. Il réunit les acteurs du domaine, notamment Nokia, Samsung, Microsoft, NTT Docomo et Broadcom. La division semi-conducteurs de Philips, devenue NXP, est aujourd'hui le no. 1 mondial du secteur avec le système Mifare. Sony promeut quant à elle le système FeliCa, très populaire au Japon.

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Vous utilisez sans doute la NFC tous les jours, sans forcément le savoir, avec votre carte de transport par exemple. En France, plusieurs tests ont d'ailleurs été conduits pour définir les usages possibles de la NFC : l'initiative Cityzi, menée à Nice en 2010 avec 3 500 personnes, a permis de tester l'utilisation d'un téléphone comme carte de transport, billet d'accès aux cinémas et moyen de paiement. Une dizaine de villes dont Paris, Bordeaux et Marseille vont aussi déployer des services NFC. Mais force est de constater que malgré tous les usages promis, cette technologie est encore peu connue et peu utilisée.

Pour que la NFC soit utilisée, il faut en effet… qu'on sache qu'elle existe. « Les technologies existent depuis plus de neuf ans, mais il y a un véritable manque d'éducation autour de la question. », nous a expliqué NXP : « les différents acteurs commencent néanmoins à comprendre l'intérêt de la NFC : Google a travaillé avec nous pour Wallet, Visa et Mastercard se concurrencent sur le paiement, et beaucoup de fabricants incluent la NFC dans leurs produits. » Bref, puisqu'il n'y a pas de demande pour la NFC, les futurs acteurs de ce domaine vont créer l'offre, en espérant les scénarios d'usage suffiront à convaincre.



La NFC est une technologie « facilitatrice » : il n'est pas dur de lancer une recherche sur un spectacle, de changer les paramètres de son téléphone en arrivant au bureau, ou de payer avec sa carte bleue ; mais il est sans doute plus facile d'effectuer ces opérations avec un seul appareil, d'un seul geste, avec un langage commun. À l'heure où l'on parle confusément d'Internet des objets et d'interfaces naturelles, la NFC s'impose comme un élément de désintermédiation dans la relation à l'information. Chacun des modes de fonctionnement de la NFC ouvre la porte à une suite d'usages différents, mais procédant tous de ce principe premier.

Le mode lecteur
Le mode lecteur, ou actif, fait de l'appareil un lecteur de puces NFC. C'est à lui qu'on pense lorsque l'on parle d'Internet des objets, de réalité augmentée, etc. : les objets sont dotés de circuits NFC portant des informations que l'appareil va pouvoir lire. Un premier type d'usage est purement consultatif : un téléphone va par exemple obtenir des renseignements complémentaires en « lisant » un poster ou une affiche, ouvrir une page web ou récupérer un dossier de presse en tapant une borne dans les allées d'un salon, etc.

Un deuxième type d'usage est plus actif : il consiste à stocker dans le tag NFC des paramètres qui vont être prélevés par l'appareil, qui va ensuite les appliquer. On a beaucoup parlé de la possibilité de passer son téléphone à côté d'une borne Wi-Fi pour en prélever la clef de sécurité et se connecter automatiquement — Apple a même déposé de nombreux brevets dans le domaine. Sony fournit aujourd'hui des étiquettes NFC avec ses téléphones et invite par exemple à en coller un sur son bureau programmé de manière à passer le téléphone en mode vibreur, le connecter au réseau Wi-Fi de l'entreprise, à activer la boîte mail pro et désactiver la boîte mail perso et les notifications Twitter… le tout en un seul geste.

On comprend que le mode lecteur ne nécessite pas de mécanismes de sécurité particuliers, puisque chaque action nécessite la confirmation de l'utilisateur : l'ouverture d'une page web, le changement d'un paramètre, ou le téléchargement d'un contenu nécessitent tout de même, en plus de la lecture du tag, une validation manuelle. Impossible donc de soudainement effacer le contenu de votre téléphone via un tag NFC. Les étiquettes, elles, ne contiennent pas des informations cruciales, mais pour éviter tout dysfonctionnement, on peut interdire leur effacement (protection en écriture). Le but est de fluidifier au maximum les interactions : on lit l'étiquette, on confirme l'action, l'action est exécutée — toutes les couches d'interface, de mots de passe, de liens, etc., sont supprimées pour laisser place au seul objectif final.

Le mode émulation de carte
Le mode émulation de carte, ou passif, est sans doute le plus familier : c'est celui qui a concerné au premier chef l'expérience Cityzi et a donc été médiatisé, et c'est celui qui se rapproche le plus des usages actuels. Dans ce mode, votre téléphone remplace les cartes sans contact que vous avez l'habitude d'utiliser : il peut ainsi se faire tour à tour carte de transport, billet de cinéma, voire carte de paiement. Ici, la sécurité est extrêmement importante : en général, la carte SIM de l'appareil stocke les informations d'authentification sous une forme chiffrée, et sert à la fois de lien sécurisé avec le réseau et de système de validation de l'identité du porteur.

On sait faire de la NFC en France. Quant à la promouvoir…


Puisque l'accès aux transports ou à certains cinémas se fait déjà par le biais de cartes sans contact, c'est plutôt dans le domaine du paiement que les téléphones NFC ont le vent en poupe. Les téléphones Android dotés d'une puce NFC peuvent utiliser le système Mastercard PayPass, les iPhone dotés d'un accessoire spécifique peuvent utiliser le système Visa iCarte. Dans les deux cas, la procédure est similaire : une application sur le téléphone stocke les informations bancaires et gère l'authentification. On passe le téléphone près de la borne de paiement, on confirme la transaction à l'écran (avec un code secret), et on le passe une deuxième fois près de la borne pour valider. Dans certaines implémentations, l'application de paiement stocke aussi les éventuelles cartes de réduction et coupons promotionnels, qui peuvent donc être appliqués automatiquement lors de la transaction.

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Dans ce cas cependant, la technologie neutre qu'est la NFC se heurte à la violence de la concurrence dans l'écosystème de paiement : impossible de payer avec Google Wallet sur l'un des 40 000 terminaux de paiement sans contact déjà déployés en France par Visa, et inversement. On en revient à l'époque des cartes bleues incompatibles selon les réseaux de paiement, qui vont se construire les uns contre les autres au détriment de l'expérience utilisateur — c'est encore souvent le cas aux États-Unis, c'est devenu rare en Europe. Il reste à espérer que les différents acteurs finiront par s'entendre une fois le marché stabilisé et déploient des POS (point of sale, point de vente) « agnostiques » fonctionnant avec les différents systèmes de paiement. Cela semble heureusement être le cas : Vivotech a d'ores et déjà présenté un POS compatible avec les différents systèmes de paiement NFC.



Le mode pair-à-pair
Dernier mode, le pair-à-pair, là encore assez facile à expliquer : tous ceux qui ont utilisé la fonction « bump » de leur Palm pour s'échanger des fiches contact comprendront son fonctionnement. Ici, la sécurité est minimale, puisqu'à nouveau, c'est la proximité des appareils et la confirmation des utilisateurs qui assure l'intégrité des données. Il suffit d'approcher les deux téléphones pour qu'ils se connectent automatiquement et puissent alors s'échanger des données : Beam exploite ce principe pour que deux smartphones Android puissent s'échanger des données.



QR, papiers intelligents : contester la NFC
Si la NFC est donc une technologie facilitatrice supprimant des couches d'interface pour laisser place à une interaction directe dont les paradigmes sont des plus faciles à maîtriser, elle est lestée de deux problèmes fondamentaux. Le premier, on l'a vu avec le paiement, est la fragmentation des écosystèmes logiciels, qui introduit de nouvelles frictions dans un monde qui était censé en être dépourvu. Le deuxième, qui est lié, est le déploiement extraordinairement lent des applications NFC : les terminaux de paiement sans contact sont légion, mais les affiches ou les étiquettes NFC restent rares. Plusieurs sociétés se sont donc engouffrées dans la brèche et proposent des solutions alternatives : il s'agit pour elles de lutter contre l'hégémonie médiatique de la NFC et de montrer qu'il est possible de faire aussi simple et aussi fluide sans les coûts associés à l'infrastructure sans contact et avec des technologies encore plus faciles à maîtriser.

Dans le paiement par exemple, la start-up française Skimm préfère le QR-code à la NFC : tous les smartphones sont dotés d'un appareil photo, et l'iPhone n'a pas de puce NFC. Pour les commerçants, l'investissement est minimal : le point de vente est un iPad, sur lequel on génère la facture et le code à scanner. Pour l'utilisateur, le fonctionnement est simple : la reconnaissance est très rapide, et les cartes Visa comme Mastercard sont gérées, tout comme les réductions. Un mode pair-à-pair a d'ailleurs été prévu, et la sécurité est assurée par trois systèmes (session utilisateur, code de confirmation, paiement sécurisé). Dans un autre genre, Square permet de payer depuis votre mobile sans même avoir à le sortir de votre poche, par autorisation préalable et localisation du point de paiement.

Skimm



Pay with Square


Les Allemands de Touchcode explorent une technologie radicalement différente, le tatouage électronique d'une simple feuille de papier. À l'aide d'une imprimante spécifique, divers matériaux peuvent être marqués d'un code unique, similaire dans l'esprit au QR Code, mais invisible à l'œil nu. La trame de ce code est capable de guider les charges des écrans capacitifs, ce qui revient à toucher l'écran selon un motif très spécifique : une application peut en tirer parti et déclencher des actions selon l'objet posé sur l'écran. Nous avons par exemple pu utiliser une carte distribuée dans la version papier du magazine Iconist pour récupérer gratuitement la version numérique. Un meuble vendu en kit peut aussi être livré avec une brochure qui, posée sur l'écran, déclencherait la lecture d'une vidéo comportant les instructions de montage. On se rapproche ici du mode lecteur de la NFC, mais sans aucune puce supplémentaire.



La NFC, chaînon manquant des écosystèmes propriétaires
Malgré toutes les possibilités qu'elle ouvre, la NFC n'est donc pas la seule voie possible pour simplifier les interactions. Mais parce qu'elle est à la fois une technologie matérielle neutre et une implémentation logicielle pouvant être propriétaire, elle pourrait permettre de cimenter des écosystèmes : c'est l'adoption par les fabricants qui devrait lui permettre de décoller. La boucle est bouclée : Sony, l'un des inventeurs de la technologie, espère que la NFC pourra mieux faire communiquer les différents appareils de son écosystème en formation (lire : Ordinateur, mobile et services : la bataille des écosystèmes se prépare).



La nouvelle gamme Xperia intègre ainsi une puce NFC, mais, on l'a compris, cela ne sert à rien tant que Sony elle-même ne définit pas les usages. Le fabricant japonais fournit donc des SmartTags, avec chacun de ses téléphones. Ces badges sont faciles à programmer : on les approche du smartphone, et on peut alors construire une suite d'actions à déclencher. Allez vous coucher, et vous pouvez d'un geste désactiver toutes les connexions et activer l'alarme. Le lendemain, réactivez les connexions et lancez votre client mail au petit déjeuner, toujours en approchant simplement l'appareil d'un badge préprogrammé. Le smartphone n'est pas limité qu'au mode lecteur : il peut aussi servir de carte de paiement avec Google Wallet.

Dans une logique d'écosystème, les choses peuvent néanmoins aller beaucoup plus loin : « il manque un acteur majeur définissant des usages emblématiques », nous confiait NXP, imaginons donc qu'Apple se lance dans la NFC — elle possède suffisamment de brevets dans le domaine pour que cette hypothèse ne soit pas tout à fait farfelue. Vous voulez connecter votre iPhone au réseau Wi-Fi de vos amis ? Passez-le près de leur borne AirPort pour en prélever les réglages. Envie de leur montrer vos dernières photos ? Lancez AirPlay en passant votre iPad près de l'Apple TV sur le chemin entre la porte et le canapé. Vous avez commencé à écrire un document dans le bus ? Ouvrez-le, posez votre iPhone à côté du Mac, et celui-ci ira récupérer le bon document depuis iCloud, et vous le présentera, prêt à être édité. Vous n'avez plus de monnaie ? Votre iPhone est lié à votre compte iTunes, votre compte iTunes à votre carte bleue : utilisez-le comme porte-monnaie virtuel !

À chacune de ces étapes, la NFC, technologie neutre, est agrémentée d'une implémentation propriétaire de communication et d'interaction. La société qui parviendra le plus vite à réunir matériel, logiciel et services gagnera une belle longueur d'avance sur la concurrence et enfermera de manière sûre ses utilisateurs dans un univers verrouillé dans toutes ses dimensions — mais d'une simplicité, d'une rapidité et d'une fluidité d'utilisation jusqu'alors jamais atteinte. On imagine mal Apple passer à côté de cette occasion, et on sait qu'elle y réfléchit. 2012 sera sans doute l'année de la NFC. Mais 2012 sera-t-elle l'année de la NFC chez Apple ?

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