Foxconn : l'ordinaire ouvrier

Anthony Nelzin-Santos |


Après plusieurs suicides relayés par la presse occidentale, Foxconn est sortie de l'anonymat. Avec près d'un million d'employés, dont plus de 450 000 à Shenzhen, Foxconn est le plus grand employeur privé de Chine et assemble un nombre incalculable des appareils électroniques que vous utilisez tous les jours. Cette affaire a fait naître un certain nombre de discussions sur les conditions de travail chez le sous-traitant chinois, mais quelle est la réalité du quotidien chez Foxconn ?

Une « vague » de suicides ?
Pour mieux comprendre Foxconn, il faut revenir à ses racines. La société est créée sous le nom de Hon Hai Precision Industry en 1974 à Taipei (Taiwan) par Terry Gou : à l'époque, la société compte 10 employés et fabrique des parties en plastique pour les téléviseurs. Au début des années 1980, elle fabrique certains composants de l'Atari 2600 ; en 1988, elle ouvre sa première usine en Chine continentale, à Shenzhen, une zone économique spéciale à quelques encablures de Hong Kong.

Foxconn a longtemps été la marque commerciale de Hon Hai, et est aujourd'hui une filiale détenue à 100 % par Hon Hai. La société taiwanaise compte aujourd'hui près d'un million de salariés (c'est le plus grand employeur privé de Chine), et son usine originale de Shenzhen est aujourd'hui une ville dans la ville de 450 000 personnes (l'équivalent d'une ville comme Lyon). Une ville assez secrète, plutôt fermée (lire : Foxconn, le Fort Knox d'Apple), et ayant connu près d'une vingtaine de tentatives de suicide en 2010.

Avec 14 morts par suicide en 2010, le taux de suicide moyen chez Foxconn à Shenzhen est plus de quatre fois inférieur à la moyenne chinoise (3 pour 100 000 contre 14 pour 100 000 — la moyenne française est de 16,2 pour 100 000). Le problème est la fréquence de ces actes (11 tentatives entre mars et mai 2010) et surtout leur mode opératoire, toujours le même, par défenestration. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase après le scandale de la mort de Sun Dan-yong le 16 juillet 2009, après une enquête de Foxconn suite à la perte d'un prototype d'iPhone 4 qui était en sa possession. D'où la question de Joel Johnson de Gizmodo, qui écrit pour Wired : « mon iPhone a-t-il tué 17 personnes ? ».

Un campus cerné de filets de sécurité
Le journaliste a visité la ville-usine de Shenzhen et en est revenu avec une description de la réalité du quotidien chez Foxconn. Ses guides ont, tout au long de sa visite, filé la métaphore du campus universitaire, et il y a du vrai. L'usine de Shenzhen n'est pas une cité ouvrière : on n'y vient pas avec sa famille, mais seul, au sortir de l'adolescence. On ne choisit pas ses voisins et colocataires : c'est Foxconn qui attribue les chambres, qui sont parfois de minidortoirs comptant un maximum de huit occupants. Les bâtiments sont disposés le long d'avenues et de boulevards rappelant les campus américains, à un détail près : « tout chez Foxconn est un peu décati : des mauvaises herbes font leur chemin à travers les crevasses des trottoirs, les panneaux de signalisation sont parfois rouillés ou passés. […] Mais c'est la plupart du temps propre ».



L'impression générale est en effet au retour à la réalité face aux deux images fantasmées s'affrontant pour décrire ces gigantesques villes-usines que l'on connaît bien peu en Europe et aux États-Unis, certainement par oubli, voire rejet, de notre propre passé industriel. Non, cette usine ne se résume pas à des salles blanches déshumanisées où des robots virtuoses assemblent jour et nuit des composants microscopiques. Et non, ce n'est pas non plus un atelier de misère où s'entassent des ouvriers surexploités et sous-payés dans des conditions de salubrité douteuses. Non, le site de Foxconn à Shenzhen est une usine comme il en a toujours existé et comme il en existera toujours : une usine où l'on revêtit son uniforme pour accomplir des tâches répétitives jusqu'à l'abrutissement.

« Voilà ce que c'est de travailler chez Foxconn : vous entrez dans un bâtiment de béton de cinq ou six étages, passez une veste et un chapeau de plastique, enfilez des surchaussures » : comme toutes les usines, celle de Foxconn à Shenzhen est conçue autour du concept de chaîne — on est assigné à un poste où l'on reste toute la journée (elles durent jusqu'à 10 heures en Chine), et l'on change de poste tous les quelques jours pour devenir un ouvrier interchangeable et dispensable. « Peut-être que votre travail se résume à prendre des composants dans une boîte et les placer sur des circuits imprimés au fur et à mesure qu'ils défilent sur le tapis roulant […] ou vous pourriez être assis au côté d'autres techniciens à placer les cartes-mères complètes de téléphones dans des boîtes blindées ressemblant à de petits fours, testant les interférences électromagnétiques de chaque pièce ».

« Si vous devez aller aux toilettes, vous levez la main jusqu'à que l'on puisse vous remplacer à votre poste. Vous avez une heure pour manger et deux pauses quotidiennes de dix minutes […] Cela semble extrêmement ennuyeux — comme tout travail en usine dans le monde développé ». Les faits sont là : quelque part, l'usine de Foxconn, comme beaucoup d'autres usines, est un atelier de misère, mais de misère humaine où les hommes et les femmes au long de la chaîne ne sont pas grand-chose de plus que des mains exécutant la même tâche encore et encore, jusqu'à que la fin de la journée soit sifflée.

Le paternalisme à la chinoise
Terry Gou, le fondateur de Hon Hai, a clairement pensé l'usine de Shenzhen avec une vision paternaliste, où certains avantages sociaux et de confort sont proposés en échange de l'abandon d'une certaine forme de liberté et la résignation à une certaine soumission. Certains s'en exclament longuement, oubliant que la deuxième révolution industrielle, notamment en Europe, a été fondée sur ce paternalisme : l'industrie textile, l'industrie minière (Corons du Nord) ou l'industrie sidérurgique (Schneider au Creusot) en ont fait leur mode de fonctionnement.

La ville-usine de Shenzhen est l'archétype même du triomphe paternaliste : « c'est parce que Terry Gou se préoccupait de leur bien-être qu'il a promu le logement sur place des employés » expliquent ainsi les représentants de Foxconn. Après une journée de travail, une navette raccompagne les employés dont le logement est le plus éloigné des chaînes d'assemblage : les chambres comptent jusqu'à huit occupants, qui possèdent chacun un lit en mezzanine sous lequel un trouve un petit espace de vie. Sous les fenêtres, des filets. Ils ont été installés en mai 2010, et sont le témoin un peu macabre des suicides : « ils transmettent un message : vous pouvez vous jeter de n'importe quel bâtiment, tant que ce n'est pas [un des nôtres] ».



Il est bien dur d'avoir un semblant de vie privée à Shenzhen : si vous voulez regarder la télévision, c'est dans une salle commune ; si vous voulez jouer à un jeu vidéo ou écrire quelques courriels, il vous faut vous rendre à un des cybercafés du « campus », sachant qu'il n'y suffisamment d'ordinateurs que pour 5 % des employés ; si vous avez un de vos collègues est aussi l'élu de votre cœur, vous pouvez vous retrouver dans des espaces semi-privés. Pensez internat de lycée, à la différence près que vous avez 10 heures d'usine dans les pattes, ce qui passe l'envie de faire des blagues potaches la nuit venue.

« En matière d'infrastructure, Foxconn est de loin la meilleure usine de Chine » explique un Taïwanais servant de guide aux sociétés cherchant des composants et qui a travaillé chez Foxconn et d'autres. « Pas le pire » ou « bien, mais sans plus », c'est l'image qui ressort de Foxconn : une société qui attire les jeunes adultes venus des zones rurales de la Chine à la recherche d'un salaire certes pas forcément reluisant, mais plutôt stable. Ils découvrent alors la ville dans un environnement contrôlé, pas tout à fait ouvert, mais pas tout à fait fermé, une sorte de commune dont le maire serait Terry Gou.

En plus des chaînes d'assemblage et des dortoirs, on trouve en effet de nombreux services dans la ville-usine de Foxconn. On trouve par exemple des centres de soins, des psychologues et des conseillers. Un magasin permet d'acheter des téléphones prépayés, à deux pas de la piscine, du cinéma, ou de la galerie commerciale qui s'anime le soir. Foxconn consulte des spécialistes pour ajouter de nouveaux services, et a décidé que ses nouvelles villes-usines au cœur de la Chine seront cogérées avec les autorités civiles pour alléger l'emprise de la société sur les lieux de vie.

Foxconn : l'exemple des dérives du capitalisme ?
Ce paternalisme est poussé dans sa logique extrême, celle de la rétention des employés à qui l'on fournit un emploi, mais aussi un cadre moral, à vie. L'exemple le plus frappant réside dans un nouveau magasin, frappé du nom poétique de « Dix mille chevaux au galop » : on y achète « cuiseurs à riz, ventilateurs et téléphones », ceux là même qui sont assemblés sur les lignes de montage voisines. L'ouvrier assemble des produits pour un salaire qui lui permet ensuite d'acheter le produit qu'il vient d'assembler avec une réduction : la boucle, véritable modèle du capitalisme d'école, est bouclée.

C'est un nouveau débouché pour Foxconn, qui se lance à peine dans le commerce de détail. L'idée est que les employés des usines puissent devenir des franchisés, Foxconn fournissant même un petit capital de départ : elle l'a déjà fait avec une soixantaine d'ouvriers. Ceux-ci sont invités à ouvrier leur boutiques dans des préfectures rurales, afin d'y développer « un esprit d'entreprise » — ou plus simplement d'y faire la promotion de Foxconn qui a besoin de préserver le flux régulier de travailleurs des zones rurales centrales vers les zones côtières de production. Une autre boucle, donc, est bouclée.

Ce mouvement s'insère aussi dans le cadre d'un développement d'une imposante classe moyenne en Chine, qui peut acheter les produits fabriqués par Foxconn. Fabricant et distributeur exclusif des produits Apple en Chine, Foxconn les vend désormais dans ses propres enseignes : fabrication, distribution, vente… encore une histoire de boucles. Pour faire baisser les coûts de production et ainsi dégager une marge maximale, Foxconn commence à construire des usines au plus près de ses foyers de recrutement : « les migrants potentiels sont prêts à prétendre à un salaire inférieur pour rester avec leur famille ». La chose permet accessoirement de profiter de plusieurs milliards de dollars de déductions et réductions fiscales en tous genres.

Les droits des travailleurs sont plutôt bien respectés chez Foxconn, malgré des pratiques parfaitement cyniques. Le fabricant taïwanais a par exemple annulé le programme de compensation des familles de morts par suicide après qu'un suicide a été justifié par la recherche de cette obole. Le rapport annuel d'Apple comme les différentes enquêtes menées n'ont jamais réussi à prouver les suspicions de non-respect du temps de travail légal, les ouvriers étant de toute façon 10 heures par jour à leur poste, le code de conduite d'Apple fixant la limite à 60 heures de travail par semaine.

Lors de la mise en production de l'iPad, certains employés auraient travaillé 12 heures par jour pendant 13 jours de suite selon une ONG de Hong Kong, alors qu'un journaliste de l'hebdomadaire chinois libéral Southern Weekly qui a infiltré les rangs des travailleurs de Foxconn a été fortement invité à faire des heures supplémentaires. Il n'y a certainement pas de fumée sans feu, et les choses ne sont certainement pas toujours aussi roses que Foxconn voudrait bien le laisser croire : l'ouverture aux commanditaires comme aux journalistes se fait toujours dans un cadre plus ou moins contrôlé, l'auto-censure étant certainement prégnante.

Bref, l'usine de Foxconn à Shenzhen, comme beaucoup d'autres usines, n'est ni le paradis du travailleur décrit par ses représentants, ni l'enfer de l'esclave moderne conspué par certains. C'est à la fois un pur produit et un pur exemple de notre système économique : ce que l'on faisait autrefois dans le Nord de la France se fait maintenant sur les rives de la mer de Chine méridionale. Si l'on voulait se faire cynique, ou simplement d'un réalisme froid, on pourrait remarquer qu'à la faveur du durcissement progressif des lois du travail en Chine et de l'émergence d'une classe moyenne, un nouveau transfert pourrait s'effectuer — c'est en fait déjà le cas, vers l'intérieur des terres, dans certaines zones de l'Inde, au Viêt-nam, etc.



Foxconn est à notre image, avec ses spécificités chinoises, ses bons points et ses pratiques parfois douteuses, son paternalisme que l'on ne tolérerait plus en Europe, son gigantisme monstrueux. C'est un conglomérat intégré dans les deux sens, ayant réussi ce que les Américains ou les Européens n'ont fait que rêver. Si Foxconn est un monstre, nous l'avons créé. Le meilleur résumé est celui de Joel Johnson : « 17 personnes se donnent la mort, mes désirs les ont-elles blessées, même un peu ? La réponse est bien sûr un inévitable et incommensurable oui. Juste un peu. »

image : Tony Law
Tags
avatar noedz | 
Excellent article, comme d'habitude. Je ne sais pas si les journalistes de MacG sont payés ( mais je le pense), mais une offre in app sans pub à 0.79 ou 1.59 cts serait la bienvenue. Encore bravo à MacG et IG.
avatar tritor | 
Très bon article ! J'y vois déjà un peu plus clair.
avatar jujuv71 | 
C'est bien triste tout cela... Rien que pour notre petit confort occidental... Je suis pour payer un appli macge sans pubs...
avatar oomu | 
je n'ai pas créé la "chine" ni "foxconn" ni j'ai créé les "corons" ni même j'ai créé "apple". Il y a des gens pour avoir voulu cela, des gens pour avoir favorisé cela et des gens pour s'y être vendus. et pire : parfois c'est dans leur intérêt. Ils le font sciemment parce que c'est mieux que mourir au village et surtout c'est une transition. y a un au-delà l'usine. - qu'une chose soit claire : la Chine dans son ensemble, et surtout son gouvernement, n'a pas comme idéal glorieux d'être une usine géante en blouse blanche : la chine a sciemment décidé de se vendre à l'industrie pour l'absorber et un jour devenir les USA 2. "la première étape du communisme est l'exploitation du peuple" que disait un politicien du Parti, avec un air très sérieux. (zero goutte d'ironie, parfaitement conscient du paradoxe dans son propos). - plus la chine va se créer sa classe moyenne, plus l'inde deviendra la nouvelle chine (à moins que l'Inde, super-maligne saute une étape... )
avatar Silverscreen | 
Quelque chose me tarabuste dans l'article : outre qu'il reprend quasi intégralement l'article de Wired, le ton est nettement plus négatif. Là où il est dit "La ville-usine de Shenzhen est l'archétype même du triomphe paternaliste : « c'est parce que Terry Gou se préoccupait de leur bien-être qu'il a promu le logement sur place des employés » expliquent ainsi les représentants de Foxconn", l'article d'origine mentionne que les conditions de travail attiraient initialement tellement de jeunes venus des campagnes qui s'installaient dans les logements de fortune insalubres que Terry Gou avait, à la suite de l'apparition de ces bidons-villes nés de l'exode rural, décidé de fournir des logements décents à tout employé qui venait travailler pour Foxconn. Dans l'article d'origine, d'ailleurs le terme et de paternalisme est totalement absent (même si la notion est induite par les pratiques de la direction). Enfin j'aime pas du tout le côté "ces pauvres chinois qui bossent comme des esclaves à la chaîne comme on le faisait chez nous avant" : pour votre information, le travail à la chaîne existe toujours en France et fonctionne exactement de cette manière. En version 35 heures, peut-être, mais avec les mêmes impératifs liés au travail à a chaîne (pause pipi sur remplacement de poste, pauses sommaires en dehors de la pause repas, encouragement à consommer les produits qu'on fabrique plutôt que ceux de la concurrence, management qui encourage les heures sup plutôt que d'embaucher. Les employés de MacDo et autres anciennes Moulinex confirmeront…
avatar oomu | 
@jujuv71 [07/03/2011 12:59] via MacG Mobile "C'est bien triste tout cela... Rien que pour notre petit confort occidental..." non, tout cela rien que pour le confort futur de la chine. Les usa, l'europe , le japon ne sont pas venu avec des mitraillettes forcer le gouvernement Chinoinsà faciliter tout cela et obliger les jeunes à travailler. nonononon. La Chine a été ravie d'avaler l'industrie du monde et les pays de vendre leur savoir faire en échange d'un retour arrière sur le coût du travail et tout cela est possible grâce à un mirage temporaire : la quasi-gratuité du transport mondial grâce à un pétrole bon marché.
avatar oomu | 
"Je suis pour payer un appli macge sans pubs..." je paierais volontier macgen pour me débarrasser de toute forme de pub. je le fais pour Ars Technica.
avatar grogeek | 
@Oomu on dit aussi: - "le communisme est l'exploitation de l'homme par l'homme" - et le capitalisme ? - Le contraire
avatar oomu | 
@grogeek [07/03/2011 13:03] oui, sauf que c'est très sérieux. Coluche a fait cette blague avec le Syndicalisme. Le Parti Communiste Chinois lui ne plaisante pas.
avatar dambo | 
@oomu Ce n'est pas parce que "la Chine" a décidé d'avaler l'industrie du monde qu'il faut cautionner les pratiques ! Le raisonnement est un peu simple et permet de se dédouaner de toute responsabilité ! Stop à l'hypocrisie... Un vision éthique du travail ne fait pas de mal, derrière "la Chine", il y a des hommes et des femmes, comme toi et moi ! Faudrait pas l'oublier ...
avatar Ali Baba | 
@ noedz : +1 Moi aussi je veux bien payer pour supprimer la pub.
avatar denjipe | 
Surprenant que Macge se fasse l'écho de si peu de chose. Les chinois sont à féliciter ! : Il y a environ 10.000 (dix mille) suicides en France par chaque année (pour 65 millions d'habitants). Faîtes le ratio. Bravo APPLE. ON se suicide moins en Chine chez Foxcoon qu'en France !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
avatar Anthony Nelzin-Santos | 
@ Silverscreen : "l'article d'origine mentionne que" : il est une de mes bases, pas la seule, et c'est un sujet que je rumine depuis longtemps.
avatar Almux | 
Si la Chine arrive à "gober" toute l'industrie, c'est parce que nous sommes en train de devenir tellement pourris- gâtés, que nous préférons pouvoir tout acheter à moindre prix là où d'autres peuvent travailler à moindre prix... Le résultat final sera: Nous ne serons plus capable de rien faire et donc, nous ne gagnerons plus rien pour pouvoir se payer ce que les autres feront. ...Et la boucle sera bouclée: les USA et l'Europe seront le plus gros réservoir de workingpoors du monde... et se sera bien fait pour noszigues!
avatar Joël Pierre (non vérifié) | 
Foxconn, ça ressemble à ça : http://www.youtube.com/watch?v=OYecfV3ubP8
avatar nayals | 
Bravo pour cette excellent article ! Je n'ai peut-être pas vu, mais vous les avez trouvées où vos citations ? En tout cas moi aussi je suis prêt à payer pour une app sans pub...
avatar nayals | 
*cet excellent article pardon
avatar ce78 | 
Bel article. On ne serait pas étonné de le lire dans Le Monde. Ca me fait penser au livre de Soljenitsyne : "Une journée d'Ivan Denisovitch", chef d'œuvre méconnu en France pour cause de gauchisme enseignant dans les années 70...
avatar ddong | 
"Avec 14 morts par suicide en 2010" Oo
avatar ckfd | 
Merci Macgé. bel article. BRAVO!!!! Maintenant, lorsque l'on fait les ratios, ces vagues de suicides, tristes et qu'il faudrait à tout prix éviter, prennent une autre tournure. Nous avons eu beaucoup plus de suicide de part nos contrées. De plus, c'est grâce ou a cause? de Apple si toute cette publicité sur les suicides de FOXCON fait le buzz. Foxcon est un sous traitant pour les plus grandes marques de l'informatique mondiale, pas seulement Apple. Si Apple permet de conscientiser le public et oblige un sous traitant à améliorer les conditions de travail dans son entreprise/ville alors tant mieux....
avatar LossId | 
La Chine sera les USA numéro 2 ? Tu rigoles ? Ils vont passer numéro 1 dans quelques années. Même Airbus tombe dans le panneau. Ok, on vous envois nos ingénieurs, on monte nos usines chez vous pour fabriquer nos Airbus chez vous et en plus on va vous donner NOS connaissances et NOS compétences. Et quand on interroge Abribus sur l'avenir et que l'on s'inquiète de la perte lié au risque que la Chine ce lance à son tour, ils répondent : mais nous garderons de l'avance avec NOTRE innovation... Mon cul, comme si la Chine était incapable d'innover... Aujourd'hui la Chine est notre usine du monde, demain, elle aura tout ce dont elle à besoin. Plus besoin de faire la guerre, elle aura le monde à ces pieds. 1 parce qu'elle génèrera tellement d'argent qu'elle pourra faire ce qu'elle veut et 2 elle fabriquera (ce qui es déjà le cas) tout ce que l'on consomme autour du monde. Certes, quelques entreprises reviennent en France mais pour le moment c'est trop peu. Certes, il y'a l'Inde, mais bon pour le moment ce n'est qu'une décharge à ciel ouvert. On les fais travailler à distance mais c'est un modèle qui pourrait bien s'arrêter, parce que pour les faires bosser, faut ce lever tôt. Bref, ce n'est pas gagné pour la Chine mais c'est quand même bien partie.
avatar sams | 
On fait faire pas uniquement parce que c'est moins cher du côté du soleil levant mais peut être aussi parce que je ne suis pas certain que l'on trouverait sous nos cieux suffisamment de personnes prêt à travailler à la chaine pour un smic. A moins de relacher la pression au contrôle de nos frontières ...
avatar geneosis | 
Bon article. On voit qu'Anthony a pris le temps de la rédaction. Quand il dit que ce n'est pas l'enfer décrié par certains, c'est une affaire de point de vue... Même si je comprend bien l'idée, ce n'est pas comme en Europe au XIXème siècle où les ouvriers mourraient à la chaîne dans la misère. Pour moi ça reste un enfer tout de même, ou tout du moins une forme aiguë de purgatoire. Voilà à quoi ressemblait l'ouvrier français dans les cités-ouvrières à la fin du XIXème siècle: "Languissant et énervé dans les filatures Vosgiennes; usé... Déformé dans la métallurgie parisienne; chétif, malingre, énervé encore à Castres, l'ouvrier des manufactures porte les stigmates de la dégénérescence. Les canuts Lyonnais? Des petits bonhommes rabougris, les jambes cagneuses.Les ouvriers Lillois? Des individus pâles, maigres à la chair molle et flasque, estropiés de toutes les manières. Quant aux enfants croisés dans les rues ouvrières, ce sont de petits vieillards ridés, mous, flasques, édentés, au ventre proéminent et dur, à la poitrine en carène de vaisseau, dont l'ossature fait saillie, les jambes grêles, le rictus douloureux. Non vraiment, cette population n'est pas belle." Murard et Zylberman C'est pas de la Somalie dont il est question, mais de la France il y a un peu plus d'un siècle.
avatar geneosis | 
C'est rare de trouver un article parlant de la réalité sur un site d'actualité d'informatique (technologie aussi et une touche de Geek).
avatar Manulus | 
Un des meilleurs articles que j'ai pu lire sur MacGé et toute la presse Mac confondue d'ailleurs (je pense de toute manière que vous êtes le seul site d'actu Mac à pouvoir écrire aussi bien, de manière aussi intéressante) D'autant plus appréciable qu'Apple est un des plus gros clients de Foxconn, votre article est objectif et non partisan, ce qui est d'autant plus appréciable. J'arrête mes lancers de fleurs. Reste que c'est aussi à nous, consommateurs, de consommer intelligemment. Un ordinateur n'a pas vocation à être remplacé tous les 6 mois. Un téléphone fonctionne très bien 2 ans après. Le développement durable, c'est aussi ça, de pas acheter le moindre gadget à sa sortie. C'est être responsable. Comme disait Coluche "Quand on pense qu'il suffirait que les gens arretent d'en acheter pour que ca se vende plus"
avatar Switcher | 
Le paternalisme existe aussi dans les PME/TPE et grosses entreprises Françaises, il ne faut pas se leurrer. Et celui là est beaucoup plus hypocrite puisqu'issu de notre [i]"grande tradition française que le monde nous envie"[/i]. Par exemple, mon ancien patron se mêlait ouvertement de ma vie privée, me conseillant de manière répétée de [i]"changer de femme"[/i]. Vous voyez le niveau ? Le poster qui illustre l'article pourrait parfaitement convenir à Renault ou France Télécom, deux entreprises publiques (ou semi-publiques) il n'y a pas si longtemps. Je ne dis pas qu'il nous faut des Foxconn en France (il faudra réindustrialiser le pays, c'est certain), mais ceux qui poussent des cris d'orfraie m'étonneront toujours.
avatar harisson | 
Très bon article ! Concernant le paternalisme en Europe, il existe toujours et est parfois nécessaire.
avatar bassaris | 
Je ne renoncerai pas acheter un iPhone et je crois toujours qu'une économie sociale de marché est le meilleur moyen de créer de la richesse. Cela étant, je trouve cela une très bonne idée de consacrer un article à la fabrication de nos joujoux et aux conditions de travail des ouvriers chinois. J'espère qu'il y en aura encore.
avatar Orus | 
Ce n'est pas à mon image, et je ne l'ai pas crée ! Je n'aime pas du tout cette manière de nous impliquer dans les pratiques plus que douteuses de nos amis les dirigeants d'entreprises capitalistes. Rien de tout cela ne nous plais et nous le rejetons. Et c'est aussi pour cela que je ne vénère plus en aucune façons un objet industriel, même un Mac. Quel monde pathétique.
avatar LossId | 
De toutes façons, faut arrêter de ce leurrer... On ne peut pas tout avoir. Industrie, Ecologie, dernier Cri, et prix rikiki... Et en plus faudrait faire attention au pauvres ouvriers ??? Dans ce cas, il faut faire le choix que font certains et devenir régressif... Enfin vous voyez quoi, dépressif. Ah non, c'est pas ce mot... Décroissant... Ouais, c'est bon les croissants le matin mais je préfère les pains au chocolat. Et quand la Chine aura atteint son plus haut niveau c'est l'Inde ou l'Afrique qui explosera, comme dis dans l'article ce n'est qu'une histoire de roue...
avatar Zouba | 
Je lis très souvent MacG et suis en suis très satisfait. Par contre, la reprise intégrale de l'article de Wired avec un misérable lien en milieu de 1ere page me déplait fortement ! [NDLR] : il ne s'agit pas d'une reprise "intégrale" de l'article wired. C'est bien plus que cela. lisez-les deux vous verrez
avatar relaxx | 
La question de savoir si nous sommes ou non co-responsables de ces situations ne se posent même pas : nous le sommes du fait des très haut degré d'interdépendance de nos sociétés. La vrai question est qui a le plus de responsabilité dans cette situation et donc le comportement qui s'il changeait pourrait vraiment changer cette situation. Je ne suis pas en mesure de proposer une liste de noms mais je peux expliquer comment la composer : dans un état-nation donné toute personne physique cherchant des croissances de marge de profits nets supérieur à la croissance du PIB et toute personne physique leur portant concours en ayant eux même une croissance de leurs revenus supérieur à la croissance du PIB en retirant toutes les personnes physiques dont le revenu est inférieur au revenu médian. Ceci constitue une première liste des responsables au sens large. On peut la restreindre en resserrant le critère : toute personne cherchant à avoir une croissance des marges de profits nets supérieure à la croissance mondiale et toute personne physique leur portant et concours en ayant eux-même une croissance de leur revenu supérieur à al croissance du PIB mondial. Par ailleurs ce type d'usines est au sens sociologique une institution totale (ou totalitaire) Goffman explicite un critère assez simple pour les définir depuis 50 ans : si les lieux de travail, de repas, de loisir et de repos sont les mêmes. Ces institutions sont des aberrations civilisationnelles et non rentables économiquement en freinant les développements des marchés intérieurs et circuits courts dans la capacité à assurer des consolidations de développement sauf pour les gens de la liste évoquée ci-dessus.
avatar LossId | 
@ relaxx : pour faire plus simple, virer les actionnaires déjà serait un bon début :) Ensuite, pour ceux que ça interresse, regardez Zeitgeist. Un peu utopiste mais finalement pas tant que ça... Et oui, nous sommes formater, si demain on à plus de travail, certains en crèverais d'ennui... Et pourtant, la technologie est là pour nous aider, enfin en théorie car pour le moment nous en somme très dépendant, voir même esclave pour les cas les plus graves...
avatar HAL-9000 | 
Déçu. Sur un sujet qui traite des conditions humaines, 3 pages d'écrits, et pas un témoignage, ni même une seule photo d'un chinois travaillant dans cette usine. MacGe choisit de nous mettre des images "Travailleur Corporate", des images de locaux vides (oui et alors ?). Pour un sujet qui doit traité de l'homme, votre travail fait très amateur... Même Le Figaro se démerde d'interviewer des syndicalistes et mettre des photos de manifs lors de sujets sur les grèves...
avatar relaxx | 
non justement, ce serait le coups classique : la capitalisme inhumain ou rien. Le problème ce n'est pas le profit en soi mais son ampleur et sa justification dans la durée. Les vrais assistés des sociétés riches ce sont grosso modo les 5% les plus riches en patrimoine et revenus réels. D'une part parce qu'ils captent trop de ressources et s'en servent mal et d'autres part car cela induit des effets involutifs sur l'ensemble du système sociétal. Ils ont besoin d'une petite fessée et nous avons besoin de rééquilibrer cela. Je rappel juste que pendant la plus belle croissance économique (60) les USA avait un statut fiscal confiscatoire à partir de certains seuils (pas l'urss hein, les usa ...) : c'est juste logique. Cela peut se passer sur une période longue et en douceur ou vite et violemment. Je préfère l'option 1.
avatar kinon2 | 
Le renchérissement du prix du pétrole est sans doute un mal qui permettra de limiter la fuite en avant commerciale de la chine. Une augmentation régulière mais lente leur laissera le temps de se diriger vers des productions plus qualitatives et technologiques ne conservant ces productions cheap pour leur marché intérieur, en nous laissant reprendre des fabrications plus basiques trop pénalisées par le cout du transport, qu'ils nous avaient confisquées précédemment... Mais si les couts du pétrole flambent durablement, nous en souffrirons mais eux seront morts économiquement très rapidement. La première option sera très dure pour nous mais permettra à la chine d'améliorer la vie de ses citoyens.
avatar Toximityx | 
Excellent article Anthony comme à ton habitude, tu prouves à quel point une analyse peut être poussée dans les couloirs d'une surface émergée par les médias. Intéressant de voir le dessous du couvercle.. Du très bon boulot ! @HAL : troll :)
avatar joneskind | 
@ Kinky : Dis moi kinky, tu l'as écrit avec quoi ton commentaire? Il est construit où ton ordi ou smartphone d'après toi? Tu t'es déjà demandé comment les constructeurs arrivaient à fabriquer des ordinateurs à 200€? Ce n'est malheureusement pas une question de prix, c'est une question de politique. Les occidentaux sont des méchants qui cautionnent en achetant ces produits, mais j'aimerai bien qu'on oublie pas que la Chine est une nation autonome, et que ses citoyens sont responsables de leur sort. Comme chacun d'entre nous d'ailleurs. L'oublier c'est se montrer méprisant à leur égard.
avatar HAL-9000 | 
@ Toximityx Même pas.
avatar Anonyme (non vérifié) | 
17 suicides sur 1 million de travailleurs c'est tres faible, et surement rien à voir avec leurs conditions de travail. Il y a beaucoup plus de suicides sur 1 million en Europe ! Et si ces gens avaient aussi des soucis personnels en dehors du travail , non pas possible ? Article bidon façon "VOICI" pour faire le buzz
avatar HAL-9000 | 
"17 suicides sur 1 million de travailleurs c'est tres faible, [b]et surement rien à voir avec leurs conditions de travail.[/b]" Car c'est le nombre qui fait preuve ? Qu'est ce que t'en sait que c'est pas lié ? Tu es devin j'imagine...
avatar LossId | 
@ Kinky : Trop clinquant la Rolex (ou alors la Daytonna de 'base') mais je préfère une Hublot :) Que ce soit l'Inde, l'Afrique ou ailleurs, c'est la même chose. La Chine ne pourra pas tenir sa progression insolente éternellement (longtemps peut être mais pas plus). Bien qu'elle risque elle aussi d'avoir sa révolution (mais pas encore gagné), on délocalisera ailleurs la production. Le problème de la 'fric' c'est de les faire bosser... Il y'a aussi le problème des guerres civiles quasi incessante... Mais quand je parle d'Afrique c'est en terme de continent, donc on peut y inclure les pays Arabes, au nord... Qui après leurs révolutions, pourront gagner en crédibilité et stabilité et donc accueillir les industriels. Leur niveau de vie est faible, donc pourquoi pas ?
avatar Digger | 
Eh bien a lire tout ça on comprend mieux le résultat du sondage qui donne la Le Pen première au premier tour des prochaine présidentielle. Comment? Vous ne voyez pas le rapport? C'est pas grave........
avatar GillesB | 
Pour votre information, il suffit d'aller voir dans une usine agro alimentaire en France, pour voir que les conditions faites aux ouvriers de Foxconn, n'ont pas grand chose d'exceptionnel, malheureusement. J'ai vu des gens passer leurs journées à mettre des saucissons dans les alvéoles du tapis d'un machine d'ensachage, ou bien des gens dont le boulot consiste a vérifier des fruits avant mise en barquettes, debout dans le froid et l'humidité. Et je vous passe les conditions de travail dans certaines PME qui sont sous traitantes des grands groupes industriels, ou bien qui sont à la merci de la grande distribution voir en sont carrément des filiales. L'alimentaire français est un très gros pourvoyeur de rentrée de devises (part importante de nos exportations) et cela se fait au prix de la santé de beaucoup de travailleurs. Le pire étant que ces travailleurs sont souvent des femmes, auxquelles on impose des conditions plus dures car elles n'ont pas vraiment le choix, habitant dans des régions économiquement sinistrées, avec mari au chômage, et enfants a nourrir... Bienvenue dans notre beau pays avec ses paysage et sa gastronomie...
avatar Anthony Nelzin-Santos | 
@ HAL-9000 : ce que tu ne veux pas voir parce que tu es borné, c'est ce qui est dit dans cet article : que 5 ou 6 médias américains aient accès à Foxconn, c'est parce qu'il y a une opération de communication, une espèce de journée portes ouvertes. C'est un énorme biais qui pose problème : Foxconn montre ce qu'elle veut bien montrer, et rien d'autres. Ces médias US n'insistent pas assez sur ce point à mon goût, et ont un ton assez différent de ce que l'on trouvait il y a quelques mois (j'ai commencé à compiler des articles et sources sur la question l'été dernier). Enfin, pour ceux qui trouvent la tonalité plus noire que l'article de Wired que je cite beaucoup, mais aussi des 4 ou 5 papiers sortis sur d'autres médias dans le même temps. C'est en effet le cas, parce que je tourne la thèse autour de la question du paternalisme, complètement absent des articles américains si la question, peut être parce que c'est un mécanisme économique plus digéré par les Américains (c'est une idée assez américaine au passage). Et puis encore une fois, je 'lai ruminé ce papier...
avatar LossId | 
@ Kinky : tu parles à l'heure actuelle, si tu avais bien lu mon commentaires je parlais de l'avenir... Et ce n'est qu'un 'exemple', je ne me prétends ni économiste ni devin !!! Le monde bouge beaucoup en ce moment, et ce qui ce passe actuellement dans les pays du Maghreb seront lourds de conséquence dans les années qui viennent.
avatar HAL-9000 | 
@ Anthony Je le conçoit tout à fait. Donc cet article est unilatéral. Le principe thèse/anti-thèse/synthèse est ici loin d'être appliqué. On en est à thèse, point barre. Ce qui me faire dire "Déçu". Après je ne reviens pas sur le fond de cette thèse, mais bien sur la forme de l'article (et donc le fond en est pour une grande parite vidé de son intérêt).
avatar richarre | 
http://www.ladepeche.fr/article/2010/09/11/904656-Cinq-nouveaux-suicides-chez-Orange.html
avatar richarre | 
http://www.google.fr/search?hl=fr&q=%22suicide%22+%22orange%22+%22france%22&aq=f&aqi=&aql=&oq=
avatar HAL-9000 | 
@ Kinky Je parlais du triptique : Ce que Foxconn veut bien nous montrer/la réalité telle que racontée par les ouvriers/Conclusions. Et personnellement je ne nie pas les faits, au contraire même...

Pages

CONNEXION UTILISATEUR