Après le MacBook Air et le MacBook Pro 13", c'est au tour du MacBook Pro 15" d'être mis à jour en ce milieu d'année 2015. Une mise à jour particulière, puisque pour une fois, le processeur reste le même, la faute à des puces Broadwell qui ne sont pas encore disponibles pour ce type de machine. Sur le modèle d'entrée de gamme qui fait l'objet de ce test, les changements portent uniquement sur le trackpad, le SSD et la batterie. Est-ce suffisant pour en faire une évolution intéressante ?

Configurations et prix

La gamme 2015 de MacBook Pro 15" est toujours articulée de la même façon. Le modèle d'entrée de gamme à 2 249 € intègre un processeur Core i7-4770HQ quadricœur à 2,2 GHz (Turbo Boost jusqu’à 3,4 GHz), 16 Go de mémoire vive à 1 600 MHz, un SSD PCIe de 256 Go et une carte graphique intégrée Intel Iris Pro.

Pour 550 € de plus, le modèle haut de gamme a un processeur plus rapide (2,5 GHz / 3,7 GHz), deux fois plus de stockage et une seconde carte graphique, une AMD Radeon R9 M370X avec 2 Go de mémoire GDDR5 qui remplace une Nvidia GeForce GT 750M.

Sur le modèle de base, il est possible de choisir en option un processeur plus puissant (Core i7 à 2,5 ou 2,8 GHz) et jusqu'à 1 To de stockage. La carte graphique dédiée reste, elle, l'apanage du modèle à 2 799 €.

Ces deux machines étaient vendues l'année dernière respectivement 1 999 et 2499 €. La hausse de prix, qui est intervenue un peu en avance, en mars, et qui est la conséquence de la baisse de l'euro, est donc substantielle.

Ce qui ne change pas

En raison d'un nouveau processus de fabrication en 14 nm (contre 22 nm précédemment) qui a posé quelques problèmes, Intel a pris du retard sur ses processeurs Broadwell. Ceux-ci sont arrivés par vague : fin 2014, les Core M que l'on retrouve dans le MacBook ; début 2015, les Core U qui équipent les MacBook Air et MacBook Pro 13" ; et depuis... plus rien. Les autres gammes de processeurs Broadwell, dont celle du MacBook Pro 15" (Core H), ont pris tellement de retard qu'il se dit qu'Intel pourrait faire l'impasse dessus et passer directement à la prochaine génération, Skylake, qui arrivera officiellement au second semestre et peut-être même dès la rentrée.

Conséquence : Apple a sorti de nouveaux MacBook Pro 15 pouces sans changer leur processeur. Avec ce modèle d’entrée de gamme sans carte graphique supplémentaire, on a exactement le même processeur et la même carte graphique que l’an dernier.

Les performances

Sans surprise, puisque le processeur ne change pas, les performances restent quasiment les mêmes par rapport au modèle de l'année dernière. Geekbench 3, qui teste les capacités globales de la machine, attribue le même score à quatre points près : 13 212.

Dans les tests applicatifs, on note quelques variations certainement imputables aux mises à jour logicielles intervenues depuis l'année dernière.

Le non-renouvellement du processeur ne change rien à la place du MacBook Pro 15" dans la famille des portables Apple. Il reste le plus puissant, et de loin, grâce à son processeur Core i7 quadricœur et sa carte graphique Intel Iris Pro. Il offre des performances équivalentes à un iMac 27" (non Retina), avec l'avantage de la portabilité.

L'absence de carte graphique dédiée sur ce modèle d'entrée de gamme fera surtout tiquer ceux qui font un usage intensif du GPGPU ou les gros joueurs. L'Iris Pro gère sinon très bien toute seule l'écran Retina. OS X est quoi qu'il arrive rapide et fluide — une précision pas si anodine que ça quand on voit qu'Apple sort cette année des machines (couteuses) sujettes à des ralentissements.

Se passer de GPU dédié, c'est aussi éviter les petits aléas de la gestion pas toujours au point de la seconde carte graphique (certaines applications l'activent pour rien). L'Iris Pro reste devant la nouvelle Iris 6100 du MacBook Pro 13", même si l'écart se réduit.

Quasiment tout le reste

Le MacBook Pro 15", c'est aussi un superbe écran Retina de plus de 5 millions de pixels. La définition native est de 2 880 x 1 800 pixels et la surface d'affichage par défaut de 1 440 x 900 (les éléments sont tracés avec quatre fois plus de pixels, c'est ce qui donne l'effet « Retina »). On peut monter la surface utilisable jusqu'à 1 920 x 1 200 px tout en conservant des éléments très bien définis.

Cet ordinateur dispose également d'une connectique complète avec deux ports Thunderbolt 2, deux ports USB 3.0 (pas d’USB Type C), un port HDMI, un lecteur de carte SDXC, une prise casque et un port MagSafe 2. En bref, tout ce qu'il faut pour voyager sans adaptateur. Le design et la fabrication ont quant à eux fait leur preuve.

Ce qu'il y a de nouveau

Un trackpad Force Touch ingénieux

Pas de speed bump processeur et des performances similaires, donc, mais tout de même quelques nouveautés dignes d'intérêt. À commencer par le trackpad Force Touch dont a déjà eu l'occasion de dire tout le bien que l'on pensait dans de précédents articles (voir la prise en main, le test du MacBook et les explications techniques).

Ce trackpad n'est plus mécanique mais restitue toujours très fidèlement la sensation du clic physique grâce au Taptic Engine, un actuateur linéaire composé de quatre électroaimants. Cette technologie permet également d'aller plus loin : le clic est uniforme sur toute la surface du pavé, il est possible de régler la sensibilité du clic « physique », de faire un clic « forcé » pour réaliser diverses actions, de faire défiler plus ou moins rapidement une vidéo selon la pression qu'on exerce et d'avoir un retour physique pour certaines actions.

En résumé, le trackpad Force Touch apporte du confort d'utilisation et ajoute une nouvelle dimension aux interfaces. Néanmoins, il est encore très sous-exploité à l'heure actuelle. On espère que la prochaine version du système et que les applications tierces vont mieux en tirer parti. À ce titre, il est un peu dommage qu'Apple ne l'ait pas agrandi pour en profiter plus pleinement — et renforcer l'aspect tablette graphique d'appoint. Le trackpad du MacBook Pro 15" est moins long d'un centimètre que celui du MacBook. Ce n'est pourtant pas la place qui manque sur ce grand portable.

Un SSD ultra rapide

À l'instar du trackpad Multi-Touch qui représentait le nec plus ultra des pavés tactiles jusqu'à ce que l'on découvre le Force Touch, Apple a jugé bon de faire évoluer le SSD du MacBook Pro 15" auquel on n'avait rien à reprocher.

Sur le MacBook Pro 15" de l'année dernière, les SSD de 256 et 512 Go dépassaient les 700 Mo/s en écriture et frôlaient les 800 Mo/s en lecture. Le SSD de 1 To franchissait, lui, le cap du Go/s.

Les performances du SSD du nouveau MacBook Pro sont carrément doublées. Le débit de 2 Go/s promis par Apple se vérifie bien en lecture. Une performance ébouriffante qui en fait le SSD le plus rapide jamais intégré à un Mac. À titre de comparaison, le stockage flash du Mac Pro est « limité » à 1,3 Go/s en lecture.

En écriture, le maximum se situe autour de 1,25 Go/s. C'est un peu moins rapide que le SSD du MacBook Pro 13" 512 Go début 2015, mais ça reste tout bonnement excellent.

En usage concret, toutes les opérations de lecture et d'écriture sont donc extrêmement rapides. La copie d'un gros fichier de 8,76 Go ne prend que 14 secondes. Avec l'iMac Retina à disque dur, qui est vendu quasiment le même prix, la même opération prend 2 min 28 s...

Le SSD de notre MacBook Pro 15" est fourni par Samsung. Contrairement au SSD du MacBook, il n'utilise pas le nouveau protocole NVMe ni même un contrôleur fabriqué par Apple, mais cela ne l'empêche pas d'être plus de deux fois plus rapide.

Une autonomie supérieure... sur le papier

Autre amélioration que l’on n'attendait pas forcément, mais qui est toujours bonne à prendre, une autonomie supérieure d'une heure, selon Apple. La capacité de la batterie est passée de 95 Wh à 99,5 Wh. D'après la Pomme, le MacBook Pro 15" tient maintenant jusqu'à 9 heures en navigation web sans fil et 9 heures également en lecture de films sur iTunes.

Nos différents tests n'ont toutefois pas montré d'amélioration par rapport à la génération précédente. Il faut préciser que le système n'était alors pas le même, il s'agissait encore de Mavericks. Avec son lot de dysfonctionnements, Yosemite a rendu les tests d'autonomie parfois très aléatoires.

Si l'on n'a pas constaté de hausse de l'autonomie, celle-ci reste toutefois assez stable — à l'exception du test 0 %, mais Yosemite nous a joué de mauvais tours pour celui-ci (déconnexions Wi-Fi, plantages à répétition de Safari qui ont conduit à le remplacer par Firefox, Mail qui s'affole). En utilisation polyvalente, la machine est capable de tenir un peu plus de 8 heures, un résultat très satisfaisant. Oublier son chargeur pour un déplacement d'une journée n'est pas une catastrophe, la batterie peut assurer le boulot.

Pour conclure

Au bout du compte, cette mise à jour est mi-figue mi-raisin. Le trackpad Force Touch et le SSD ultra rapide sont très appréciables, mais ils ne font pas complètement oublier la hausse de prix de 250 €. La pilule serait sûrement mieux passée avec un nouveau processeur en plus, mais voilà, Apple n'est pas maître du calendrier d'Intel.

Les performances (hors SSD) et l'autonomie font du surplace, ce qui n'est pas catastrophique en soi, le MacBook Pro 15" d'entrée de gamme reste toujours bien plus puissant que les autres portables et endurant, mais cela peut freiner l'achat en fonction de la machine que l'on possède actuellement et de ses nouveaux besoins. Une décision d'achat d'autant plus compliquée que les processeurs Skylake vont arriver d'ici la fin de l'année, sans qu'on n'ait toutefois l'assurance qu'Apple les adoptera rapidement.