Il y avait un éléphant dans la pièce lorsqu'Apple a annoncé hier ses nouveaux MacBook Pro Touch Bar : leur clavier. Au milieu des différentes améliorations apportées à ces portables, il n'a heureusement pas été oublié. Au point qu'Apple parle d'un « clavier 3ème génération » mais pour ajouter aussitôt « amélioré pour une frappe encore plus silencieuse ».
Depuis 2015 où ce modèle papillon a fait ses débuts sur les MacBook, on aura eu quasiment une génération par an. Les plus optimistes diront qu'il s'agit d'un design par itération : le premier design était bon mais il pouvait être amélioré par petites touches. Les plus sceptiques jugeront qu'il y a décidément un loup : le premier design était mal fagoté, il a fallu le corriger de la moins mauvaise façon possible.
Aux journalistes américains qui avaient été réunis pour voir ces portables, Apple s'est bornée à dire que leur clavier permettait une frappe plus silencieuse et différente dans la sensation de retour des touches. Par quels moyens y est-elle parvenue ? En quoi le mécanisme papillon qui a été tant vanté par le passé par Jonathan Ive a-t-il été amélioré ? Pas un mot.
Plusieurs journalistes ont trouvé que la promesse de ce silence accru était justifiée. Ils n'ont pu essayer chacun ce clavier qu'un instant, le temps de taper quelques phrases, mais le gain en discrétion est apparemment bien réel.
Pour le reste, sur ce qui a motivé un gros programme de réparation dans lequel 3 années de portables sont éligibles, Apple a affirmé à CNET qu'aucun changement technique ou petites modifications n'avait été opérées. Autrement dit, il n'y a pas de problème structurel mais des incidents ponctuels. Les clients qui ont rencontré ces problèmes ne représentent qu'un faible pourcentage, aux dires de ces représentants de la Pomme. Dès lors, pourquoi changer quoi que ce soit ?
C'est l'excuse fétiche des grands groupes dès lors qu'un problème survient dans une gamme de produits pesant pourtant plusieurs dizaines de millions d'unités, sinon plus : "le pourcentage est faible". Chez MacG nous avons 1 MacBook et 2 MacBook Pro à claviers papillon, personne ne fume ni ne mange dessus. Les deux modèles Pro sont affligés de problèmes variés avec leurs claviers. Un faible pourcentage, donc.
Si Apple n'a réellement rien modifié sous son clavier, on ne voit pas ce qui pourrait empêcher certaines de ces nouvelles machines de rencontrer un jour les mêmes déboires. Seuls l'avenir et des mois d'utilisation le diront.
Pour autant, est-ce qu'Apple pouvait confesser que, oui, ses deux précédentes générations sont bien plus susceptibles de connaître ces problèmes de touches bloquées ou au comportement aléatoire (quand elles ne se détachent pas soudainement) ? En le faisant elle apporterait du grain à moudre aux multiples actions en justice ouvertes à ce sujet et elle rendrait un bien mauvais service aux deux MacBook Pro 13" d'entrée de gamme qui conservent la deuxième génération. Sans parler de tous ceux quotidiennement en vente sur le refurb.
Comme le dit aussi John Gruber sur Daring Fireball : « Même s'ils ont essayé de résoudre le problème de fiabilité en même temps que celui du bruit, je pense qu'ils diraient la même chose aujourd'hui : juste qu'ils ont rendu le clavier plus silencieux. » En somme, mieux vaut garder sous le tapis certains secrets gênants.
Une première réponse à cette question viendra du démontage d'iFixit, il sera possible de voir de près la manière dont ont été dessinées ces versions Touch Bar 2018 et l'organisation de leur intérieur.
Entre une puce T2 qui rend inutile la présence de certains composants et une batterie plus grosse pour compenser la dépense électrique des barrettes mémoire DDR4, il a pu y avoir pas mal de mouvements. Toutes proportions gardées, l'iMac Pro est (presque) jumeau de l'iMac mais l'intérieur des deux machines n'a rien à voir. Plus encore que pour les modèles qui l'ont précédé, l'intérieur de ce MacBook Pro sera très intéressant à découvrir.
[MàJ] : une source d'AppleInsider au sein d'Apple a affirmé que le compte-rendu de CNET sur l'absence de changements techniques « n'était probablement pas exact », mais ce contact n'a pas souhaité en dire plus, ce qui ne fait guère avancer le Schmilblick.