Lightroom se dote à son tour d’une gomme magique

Stéphane Moussie |

La « gomme magique » popularisée par Google est en passe de devenir un outil incontournable dans les applications photo. Adobe a ajouté à Lightroom une fonction similaire permettant de supprimer facilement des éléments indésirables sur les images. Le logiciel professionnel disposait déjà d’un outil pour supprimer de petites choses, comme des poussières, mais la différence ici vient de la possibilité d’effacer de gros éléments.

Le nouvel outil Suppression générative exploite le modèle Firefly Image 1 pour combler efficacement le vide laissé par l’objet ou la personne effacée. Comme souvent avec ce type d’outil, la qualité du résultat dépend beaucoup de la complexité de la scène. Néanmoins, si on ne cherche pas la petite bête ou à berner le logiciel, la gomme magique d’Adobe fait souvent bien son travail.

Sélection de l’élément à supprimer. Image MacGeneration.

La définition des retouches est limitée à 2 048 x 2 048 pixels, ce qui signifie qu’en cas de suppression d’un élément très large, une perte de définition peut se faire remarquer sur le contenu généré. Trois variantes de remplacement sont à chaque fois proposées et un mode permet de faire ressortir les éventuels défauts.

La Suppression générative est disponible dans toutes les versions de Lightroom, aussi bien Lightroom Classic que Lightroom « Cloud », ainsi que sur mobile. Elle nécessite une connexion internet et sera liée à terme à un système de crédit mensuel. Chaque suppression coûtera un certain nombre de crédit, sachant que les abonnements au Creative Cloud incluent jusqu’à 1 000 crédits génératifs mensuels. Le nouvel outil de Lightroom étant pour l’instant en accès anticipé, il est utilisable en illimité et sa tarification n’est pas connue. D’après une rumeur, Apple préparerait sa propre gomme magique pour iOS 18.

Le drapeau effacé par la Suppression générative. Image MacGeneration.

La retouche aussi profonde et facile d’images dans un logiciel utilisé par des professionnels a de quoi soulever des interrogations. Quelle crédibilité accorder aux images passées par Lightroom ? C’est pour répondre à cette question que des Content Credentials seront automatiquement ajoutés aux photos retouchées avec cette fonctionnalité. Les Content Credentials sont des métadonnées censées être infalsifiables qui pourront être vérifiées par un large panel d’acteurs. Elles s’inscrivent dans l’initiative Coalition for Content Provenance and Authenticity (C2PA) qui rassemble entre autres Adobe, Google, Intel, Microsoft, OpenAI, Sony, Intel et la BBC.

En plus de ce nouvel outil, l’écosystème Lightroom a reçu des améliorations. La fonction qui permet d’appliquer un effet Bokeh à n’importe quelle photo a été perfectionnée, en particulier. Concernant Lightroom Classic précisément, la navigation des images dans le module Développement est plus fluide et les performances pour la Réduction du bruit par l’IA sont accélérées sur les Mac Apple Silicon grâce à la prise en charge du Neural Engine.

Les applications Lightroom sont disponibles dans des abonnements à partir de 11,99 €/mois.

avatar wilfried50 | 

Moi aussi j’ai une gomme magique 🤣🤣🤣

avatar TrollMan06 | 

@wilfried50

🤣🤣

avatar Biking Dutch Man | 

L'outil rêvé du KGB, mais en ce temps là les photographies n'étaient pas digitales, tout se passait dans des chambres noires!

avatar nomatech | 

@Biking Dutch Man

Et de la CIA… entre autre 😌

avatar raoolito | 

"La retouche aussi profonde et facile d’images dans un logiciel utilisé par des professionnels a de quoi soulever des interrogations.”
la retouche de photo est par definition du trucage. On va plus vite qu’avant c’est bien tout.

avatar Furious Angel | 

@raoolito

Il y a quand même une nuance entre « développer » (le rôle de Lightroom) et « retoucher » (le rôle de Photoshop) une photo.

Développer étant éditer des paramètres de colorimétrie, luminosité etc, chose en partie faisable à l’époque du développement « à l’ancienne » selon les bains utilisés. C’est un peu finir la photo, celle prise par l’appareil n’était pas terminée, en lui appliquant un style.

Et retoucher est plus une transformation de l’image, en ajoutant un dragon ou supprimant un élément.

L’air de rien ces deux démarches qui peuvent un peu se marcher dessus (genre effacer un bouton sur le nez de quelqu’un) sont différentes, une est purement artistique et l’autre vise à transformer l’image (ce qui peut aussi être artistique… mais pas seulement)

avatar Boboss29 | 

@Furious Angel

Pour effacer des détails c'est le top l'IA d'Adobe, pour sauver des photos. Quand sur un paysage tu as dans le fond des objets indésirables (ou des personnages), au lieu de passer 3 plombes avec le tampon, en quelques secondes ça te gomme le tout. Certains vont dire que c'est truqué etc... Mais même en argentique, ça n'empêchait pas des mises en scène ou du trucage à la prise de vu ou au développement. Mais c'est un gain de temps énorme et d'une grande accessibilité. Par contre ça ne remplacera jamais l'œil du photographe, son sens du cadrage etc...

avatar smog | 

@Boboss29 : certes, mais en argentique, c'était quand-même une autre paire de manches... Pas accessible à M. Tout-Le-Monde.
Par ailleurs, l'œil du photographe... Certes, mais je m'interroge aujourd'hui sur l'impact d'une "belle" photo auprès d'un public qui se contente (lire "est nourri à") très souvent de truc générés automatiquement (Canva, etc.) Je constate que très peu de personnes autour de moi "créent", mais utilisent plutôt des trucs tout faits (pas forcément moches au passage, mais on sait qu'il n'y a qu'en mettant la main à la pâte qu'on aiguise son sens critique...)

avatar iPop | 

@Boboss29

L’argentique avait son charme. Le site 500px est un bon exemple de photos artificielles et sans saveur.

avatar Boboss29 | 

@iPop

C'est pas vraiment le débat 😊

avatar Deroxil | 

@Furious Angel

On ne modifie pas la "colorimétrie" avec Lightroom. La colorimétrie est la mesure physique de la perception de la couleur, cela n'a RIEN à voir avec la photographie.

On peut parler de modification de la couleur d'une photographie, mais arrêtez de parler de colorimétrie par pitié...

avatar lll | 

@Deroxil : Modification/choix de l'espace colorimétrique ?

avatar Deroxil | 

@lll

Oui, les écrans sont calibrés dans un espace colorimétrique selon leurs capacités d'affichage avec des outils basés sur la mesure de la perception de la couleur (colorimétrie). On parle donc du matériel et des outils de mesures de la couleurs (sondes, etc...) selon le principe de la colorimétrie.

La modification de la couleur d'une photographie n'est pas de la colorimétrie, c'est juste de la modification de couleur... Alors c'est clair ça fait moins classe mais c'est ainsi.

Votre espace colorimétrique vous permet de vous assurer que la perception que vous avez de l'image à l'écran correspondra à la perception que vous en aurez à l'impression (pour autant que tous les périphériques soient correctement calibrés, de l'écran jusqu'à l'imprimante).

avatar lll | 

@Deroxil : Merci pour la clarification. Ça m'a fait penser à "problématique" qui a remplacé "problème" chez beaucoup, dans un esprit d'hypercorrection.

avatar sebas_ | 

@raoolito

Tu as tout à fait raison. Mais Lightroom jusqu’à la, ne proposait justement pas de faire de la retouche. Juste du développement (comme dit plus haut). Donc oui, on avait des outils tampons (pour effacer des poussières sur son capteur), mais aucun de retouche.
Le bruit et le bokeh passent encore +/-, mais la, carrément effacer une partie de l’image ce n’est plus du tout le rôle de Lightroom… pour ça il y a Photoshop (qui fait de la retouche ou création)…
Une ligne a clairement été franchie la

avatar iPop | 

@sebas_

« Le bruit et le bokeh passent encore +/-, mais la, carrément effacer une partie de l’image ce n’est plus du tout le rôle de Lightroom… pour ça il y a Photoshop (qui fait de la retouche ou création)…
Une ligne a clairement été franchie la »

C’est tout le souci chez Adobe: construire des usines à gaz.

avatar sebas_ | 

@iPop

C’est le principe des boites de tech qui vivent sur leur rente de produits « legacy » malheureusement. Pour avoir été head of product qq années chez une de ces boites (top 20 en dépense R&D en Europe), je connais bien: on segmente, on invente des limitations, on recueille des req clients (les clients ont tjs pleins d’idées à la con pour « améliorer » le produit) et ça devient un truc impossible à piloter 🤷🏻‍♂️

avatar iPop | 

@sebas_

Merci de ton témoignage.

avatar lll | 

C'est vrai qu'on perd en clarté. Cela dit, devoir ouvrir Photoshop quand j'utilise Lightroom est comme une défaite pour moi, donc je vois d'un bon œil les menus ajouts de ce genre dans ce dernier. C'est un logiciel spécialisé qui fait bien ce qu'on lui demande.

D'ailleurs, j'ai une question aux spécialistes : Lighroom est-il un Photoshop allégé de fonctions ? Partagent-ils un moteur d'origine commun ?

avatar sebas_ | 

@lll

Oui et non. C’est surtout le module « caméra RAW », qui est en commun, c’est celui qui permet de dematricer les fichiers bruts (RAW, donc).
LR est une autre gamme de produits, destiné (a la base du coup..) a dematricer dans une UI et dans un workflow plus adapté aux photographes.
PS est à la base un outil de création d’images, que certains ont détourné à l’epoque pour le développement de fichier RAW, vu qu’il n’y avait ps d’offres sur le marché.
Ça ne m’étonnerait pas que les indiens 🇮🇳chez Adobe soit pr contre en train d’unifier ce qui est possible, et des développer des API ou des modules qui soient « universels », ou au moins en grande partie réutilisables dans la suite CC.
Pour résumer comme une brute: c’est comme l’homme et le singe, des cousins d’un même ancêtre: on a des racines communes mais l’un ne descends pas de l’autre

avatar Furious Angel | 

Les Content Credentials sont un peu un concept absurdes. Tu fais une capture d’écran et tu repars d’une image sans aucune metadonnée…

avatar irep | 

@Furious Angel

Pas certain du tout de ça. Il existe depuis longtemps des techniques qui altèrent imperceptiblement toute l’image pour qu’elle contienne un code visuel lisible uniquement par décryptage logiciel.

avatar Brice21 | 

@irep

Cela s’appelle la steganographie.

https://en.wikipedia.org/wiki/Steganography

avatar calotype | 

@Furious Angel

A ce propos ça me serait utile de savoir s’il y a une manière de faire une capture d’écran d’un contenu avec DRM, enfin c’est la déduction.
Car l’autre jour je pense que je mattais un film sur une appli de vod ou autre et toutes mes captures étaient noires j’étais fou c’était juste pour envoyer par sms a un pote. Je trouvais cela tellement ridicule.

avatar Furious Angel | 

@calotype

Oui ça fait quelques années que les apps peuvent activer ça

avatar calotype | 

@Furious Angel

Peut on contourner ?

avatar Brice21 | 

@calotype

"je mattais un film sur une appli de vod ou autre et toutes mes captures étaient noires"

Prends la photo depuis l’écran de ton Mac, iPad ou téléviseur avec ton iPhone.

avatar Boboss29 | 

Testé ce matin, c'est pas mal ! Le tampon de Lightroom montrant vite ses limites, obligeant à faire des aller-retour dans photoshop.

Bon par contre truc rigolo c'est que pour tester, j'ai pris une photo où il y avait ma compagne à table et j'ai voulu effacer une assiette, une serviette et un objet derrière. Il m'a bien effacé la serviette et l'objet au fond. Par contre, il m'a remplacé l'assiette part une sorte de gâteau difforme et immonde... Bon à tester plus en profondeur, mais ça s'annonce plutôt pas mal !

avatar Dr. Kifelkloun | 

@Boboss29
J'ai cru un instant, mais un instant seulement, que tu voulais effacer la compagne.

avatar Boboss29 | 

@Dr. Kifelkloun

Tiens à tester 😊

avatar TrollMan06 | 

@Dr. Kifelkloun

Idem

avatar smog | 

"La retouche aussi profonde et facile d’images dans un logiciel utilisé par des professionnels a de quoi soulever des interrogations. Quelle crédibilité accorder aux images passées par Lightroom ?"

Plus généralement par n'importe quel outil numérique, et ça ne date pas d'hier. Ça fait longtemps que les photos des magazines sont retouchées et ne sont pas "sorties du capteur", et le HDR en particulier a beaucoup faussé la donne (pour celui qui essaie de faire des photos avec un appareil j'entends !)

avatar lll | 

D'où l'intérêt des DRM garantissant l'authenticité d'une photo. Cela dit, je vois mal comment on pourrait ne pas falsifier ça...

avatar smog | 

Oui, ça me paraît perdu d'avance... Et en plus il y aura de vrais faux DRM je suppose !

avatar lll | 

C'est dur à accepter, mais en informatique, je pars du principe que tout est falsifiable. Cela dit, ça s'applique sûrement dans une certaine mesure à la réalité : rien ne me garantit que je vois les couleurs ou le contraste de la même façon qu'un autre être humain.

avatar bitcoinmypocket | 

@lll

Une simple capture d’écran suffit a le faire sauter

avatar Dr. Kifelkloun | 

Je viens d'essayer dans Lightroom et ça me troue le 😈
Je prends une photo au pif d'un oiseau sur une branche. En 5 secondes LR me vire le piaf, reconstitue la branche et l'arrière plan.
C'est terrifiant mais techniquement ça me troue... J'ai beau m'arracher les yeux en zoomant à 1600%, l'image à l'air impeccable. Avec tous ces trucs, la notion même de "photo" est totalement perturbée dans ma petite tête...

avatar horuseye | 

L'avantage avec tous ces algorithmes, c'est qu'il vont nous obliger à "être au monde" de manière proprement humaine. Pour le photographe, retour à la mécanique analogique pour retrouver l'authenticité de son rapport au monde. Effacer ce qui est inesthétique, non. Le prendre en photo et en faire un élément esthétique, oui. C'est dans ce geste qu'on laisse l'empreinte de son humanité.

avatar Labsyb | 

Pour un outil de retouche paramétrique c’est plutôt fort. Rappelons que Lightroom (sauf si ça a changé dernièrement) ne modifie pas l’image retouchée : il enregistre une série de paramètres de retouches qui est rejouée à chaque fois qu’on affiche l’image. Le raw est intact et on peut revenir à l’image initiale à tout instant même des années après la retouche. D’ailleurs un raw lui même n’est même pas une image : pour obtenir une image il faut le dématricer et chaque dématriceur a sa propre technique et offre des résultats différents avant même toute retouche.

Pour ceux qui s’offusqueraient de la « tricherie », il s’agit peut être de se rappeler que la photographie n’a jamais été le reflet de la réalité, mais celui d’une « réalité » (selon la volonté ou non du photographe). Avant même que la photo soit tirée, il y a belle lurette que les photographes s’arrangeaient avec la « réalité » du moment photographié (mises en scène etc).

Je trouve ça très bien que Lightroom offre un outil supplémentaire aux photographes (pour ma part je n’ai jamais réussi à adhérer au mode de fonctionnement de Photoshop, alors que Lightroom m’est apparu intuitif dès les débuts).

avatar DG33 | 

« Le drapeau effacé par la Suppression générative. Image MacGeneration. »
Reste à effacer l’ombre, non ?

avatar Alex56 | 

On l'avait déjà dans Photoshop, très content de l'avoir dans LR, ça évite un aller-retour. Cet outil est redoutablement efficace , sans comparaison avec la gomme magique. Je fais beaucoup de paysages et n'ai aucun scrupule à éliminer les &@#ù$ qui font des égoportraits un peu partout.

avatar CyanFragileBobolink | 

le problème c'est q'il faut l'abonnement

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