Si l'on demandait à des clients d'Apple de citer quelques-uns de ses produits qui les exaspèrent par leur comportement aléatoire, il est probable que Siri serait dans la liste.
Pas tant chez ceux qui limitent son utilisation au déclenchement d'un minuteur ou pour enregistrer un événement, mais chez tous ceux qui prennent au pied de la lettre sa description « d'assistant personnel intelligent » et attendent de lui, quelque peu naïvement, un comportement exemplaire à presque toutes leurs questions et demandes.

Pour Norman Winarsky, qui a participé à la création de Siri, huit ans après son acquisition par Apple, l'assistant n'est pas encore à la hauteur des espoirs que suscitaient cette opération.
Il explique à Quartz qu'il s'attendait à des prouesses qui ne sont pas venues. S'inquiéter de la météo, enregistrer un rappel, envoyer un message, programmer une alarme… pour toutes ces opérations, Siri est à l'aise.
Winarsky juge toutefois qu'il lui manque la capacité de mieux comprendre les préférences des utilisateurs, d'utiliser un historique d'informations, et qu'il n'est pas assez bon pour anticiper ce dont peut avoir besoin l'utilisateur. Les progrès dans les conversations avec l'utilisateur ne sont pas encore suffisants non plus, Siri ne va guère vous « surprendre agréablement » par son aptitude à soutenir un échange.
La critique est aisée, l'art est difficile, concède volontiers Norman Winarsky, qui reprend une déclaration de Bill Gates. Celui-ci disait que l'on a tendance à surestimer les changements qui surviendront dans les deux années suivantes et à sous-estimer ceux de la prochaine décennie.
Norman Winarsky explique sa déception par la réorientation qu'a connue Siri après son arrivée chez Apple. Au départ, l'assistant avait comme priorité d'aider dans les contextes d'un voyage ou pour des activité de loisirs. Si l'on arrivait à l'aéroport et que l'avion à prendre était annulé, le temps de sortir son téléphone, Siri était déjà en train de chercher un autre vol (ou une chambre d'hôtel en l'absence d'autre solution).
Son périmètre d'action était réduit mais il était très bon dans les domaines de compétences qui étaient les siens et il les aurait élargi progressivement vers des sujets voisins.
Apple a donné à Siri des missions beaucoup plus larges et variées, ce qui rend la tâche plus ardue pour qu'il les accomplisse avec efficacité et pour réaliser des sauts qualitatifs importants.
« Ce sont des problématiques ardues et lorsque vous êtes une entreprise qui s'adresse à 1 milliard de personnes, ces problèmes deviennent plus complexes encore », dit-il, avant de se demander si l'objectif n'est tout bonnement pas hors de portée : « Ils cherchent probablement à obtenir un niveau de perfection qu'ils ne peuvent atteindre ».