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Interview : Sparrow et ses investisseurs

Florian Innocente

Monday 18 April 2011 à 15:38 • 14

Logiciels

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Fin 2010, peu après la sortie de Sparrow en version bêta, ses deux concepteurs ont sollicité et reçu immédiatement un soutien financier de Kima Ventures. Ce fonds d'amorçage pour de petites sociétés est dirigé par Xavier Niel le patron de Free, et Jérémie Berrebi qui fit ses armes à la grande époque des startups. Les investissements sont engagés sur leurs deniers personnels.

La chose est assez rare dans le monde du shareware sur Mac. Elle est d'autant plus singulière que Sparrow se présente sur un marché - celui des logiciels de courrier électronique - où la concurrence est rude. Entre les gros webmail, les logiciels fournis gratuitement dans les OS, l'Outlook de Microsoft ou encore Facebook (qui chez certains se résume à l'Internet) il paraît difficile de se faire une place au soleil. Qui plus est lorsqu'on arrive sur Mac uniquement.

Pour situer l'entreprise, Sparrow est aujourd'hui une équipe de quatre personnes : Hoa Dinh Viet, le développeur (un ancien d'Apple sur iCal et iSync), Dominique Leca qui s'occupe de la communication autour du logiciel (un ancien de Visuamobile, un important concepteur d'applications mobiles) et Jean-Marc Denis qui s'occupe de l'interface. Un second développeur, australien, vient d'être embauché.

Jérémie Berrebi et Dominique Leca, expliquent chacun de leur côté (la conversation a été menée par mail) que Sparrow va beaucoup évoluer à terme. Mais avant toute chose, à propos de l'investissement, Leca en révèle le montant “Kima Ventures a investi 200 000 € dans Sparrow. Cette somme sert quasiment exclusivement à payer les salaires.” Une somme qui est dans la fourchette haute de ce que Kima dit accorder en général. “Kima Ventures est détenteur d'une partie de notre capital. Nous sommes donc 3 actionnaires : Kima Ventures, Hoa et moi-même”.

Sur le rôle de Kima, Jérémie Berrebi décrit une action de conseil “Nous échangeons avec l'équipe tous les jours, les aidons à prendre les bonnes décisions et à bien gérer les priorités, à négocier les bons partenariats stratégiques, à évoluer dans notre monde de l'Internet où nous connaissons quasiment tout le monde.

A la question de savoir comment Sparrow peut trouver une place sur un marché déjà encombré, Jérémie Berrebi livre quelques pistes “Xavier (Niel, ndr) et moi passons 90% de notre temps de travail à répondre et envoyer des emails. Il y aura de nombreuses innovations dans ce secteur au cours des prochaines années. D'abord parce que le volume des emails à traiter est de plus en plus important, ensuite parce que les messages arrivent désormais depuis plusieurs sources.”. Il renvoie vers deux autres investissements de Kima : Rapportive qui intègre des infos Facebook, Twitter, Linkedin et Skype dans Gmail pour obtenir une vue d'ensemble dynamique sur le profil de vos correspondants et Kwaga qui analyse vos mails pour mettre en évidence les plus urgents et aider à leur gestion.

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Dans une interview à FrenchWeb en février dernier, Dominique Leca avait cité quelques exemples d'enrichissements possibles dans Sparrow. Comme de gérer la messagerie de Facebook en direct tout comme celle de Linkedin (un important annuaire de profils professionnels). Évoquée aussi, la gestion de grosses pièces jointes. Lorsqu'on les glisse dans un message, elles pourraient être envoyées dans le nuage, le mail se contentant de transmettre l'adresse de téléchargement.

Est-ce que cela ne concernera pas qu'une toute petite population d'utilisateurs ? A cette remarque, Jérémie Berrebi renvoie vers la croissance observée par Evernote, autre service spécialisé et lié au nuage. Entre 2009 et 2010, Evernote a multiplié par trois sa base d'utilisateurs, la portant à 6 millions de personnes, dont 200 000 de comptes Premium à 5$ par mois, au lieu des 35 000 comptes initialement.

Le software ne va pas disparaître, c'est clairement notre opinion.” explique Berrebi “Dès lors que les données vont être stockées dans le 'cloud', les interfaces devront être de plus en plus rapides et efficaces, surtout dans le monde professionnel. Seul le monde du logiciel permet cela pour l'instant. Concernant la plateforme, Sparrow est pour l'instant un outil Mac, mais la roadmap prévoit un portage sous iOS et même sous Windows… Il y a eu peu d'innovations dans ce secteur depuis pas mal de temps, nous sommes assez fiers de participer à cette aventure là”.

Ces deux versions cousines ne seront toutefois pas disponibles à très brève échéance précise Dominique Leca “La version iOS sera développée si Apple nous donne un signal favorable concernant l'acceptation de l'application sur l'App Store, ce qui n'est pas le cas pour l'instant. Ou bien le jour où la communauté des utilisateurs est suffisamment importante pour infléchir une éventuelle décision défavorable d'Apple.” Cette incertitude est liée au fait qu'Apple pourrait rejeter l'application au titre qu'elle duplique une fonctionnalité de Mail sur iOS. On trouve des clients mail sur l'App Store mais ils sont en général liés à un service web (Hotmail, Gmail…). “Et pour l'instant, Apple refuse de donner une réponse préalable, donc on verra en fonction de notre situation sur le marché et de notre notoriété si on tente notre chance, mais c'est une position assez risquée.

Pour la version Windows les choses sont plus simples “C'est plus lointain dans la mesure où il faut que nous nous associions ou trouvions les talents qui disposent d'une bonne maîtrise de l'interface utilisateur sous Windows.” complète Leca, car le moteur de mail de Sparrow est, lui, largement multiplateforme (lire aussi Retour sur le développement de Sparrow).

En février dernier, l'équipe de Sparrow disait avoir eu 200 000 utilisateurs de sa version bêta et engrangé quelques centaines de milliers de dollars après la sortie de la version 1.0 sur le Mac App Store (où elle n'a d'abord été disponible que dans sa version payante à 7,99€, suivie par une version Lite gratuite). 50% de ces premiers utilisateurs étaient américains.


Dominique Leca, co-fondateur de Sparrow par frenchweb

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