Comme son nom l’indique, Antidote 8 est la huitième version du correcteur orthographie des Québécois de Druide. Depuis 1996, il n’a cessé de s’améliorer, au point que certains se demandent ce qu’une nouvelle version pourrait apporter. Réponse dans notre test.
Ce test ne s’intéresse qu’aux nouveautés d’Antidote 8. Pour son fonctionnement général, reportez-vous à notre test d'Antidote Prisme ; pour découvrir son interface, consultez plutôt notre notre test d'Antidote HD.
Un Antidote mis au goût du jour… ou presque !
Antidote HD avait inauguré une nouvelle interface bien plus claire, organisée autour de barres latérales. Antidote 8 ne la bouscule pas, mais la met au goût du jour, deux ans après son apparition. L’interface s’intègre mieux à Lion et Mountain Lion et adopte les modes plein écran et Retina. Quant à l’agent Antidote, il ne flotte plus dans une palette « so 2003 », mais est intégré à la barre de menus (on peut heureusement l’en supprimer).
Des modifications qui vous ont peut-être mis la puce à l’oreille : Antidote 8 ne prend plus en charge Mac OS X 10.4 Tiger et les processeurs PowerPC et, côté PC, Windows XP. Tourné vers Mountain Lion et Windows 8, Antidote ne peut pourtant en rejoindre les boutiques d’applications — son intégration à d’autres applications est contraire à la logique du sandboxing. Il est donc toujours livré sur CD et nécessite toujours d’entrer un numéro de série et un code d’activation.
À l’heure où la plupart des Mac n’ont plus de lecteur optique, Druide a (enfin !) allégé cette procédure en proposant le téléchargement de l’image disque d’installation depuis ses serveurs. Le contrat de licence permet toujours d’installer Antidote sur trois postes pour une utilisation familiale et il faut remarquer que Druide ne nous a jamais posé de problèmes de ce point de vue. L’équilibre entre protection du piratage et confort de l’utilisateur est donc préservé.
Un Antidote plus pratique
Au-delà de ce ravalement de façade, Druide a aussi su gommer quelques points de friction dans le fonctionnement d’Antidote. Dans le correcteur, on choisit toujours les prismes dans la barre de gauche, la barre de droite s’adaptant en conséquence. Si l’on se concentre sur la correction, la barre de droite affiche donc la liste des erreurs.
La barre de droite s'adapte au prisme sélectionné (cliquez pour agrandir).
Jusqu’ici, il fallait naviguer dans un menu déroulant pour passer d’un type d’erreur à l’autre, ce qui était d’autant plus frustrant qu’Antidote HD permettait de corriger d’un coup toutes les erreurs d’un même type. Dans Antidote 8, tous les types d’erreurs sont listés à plat dans la barre de droite, ce qui accélère d’autant la correction.
Les erreurs sont désormais listées à plat. En bas, un menu déroulant permet de choisir à la volée le niveau de langage — utile si vous corrigez un courrier administratif par exemple et devez écrire dans un registre plus soutenu.
Les erreurs typographiques ont été séparées des erreurs linguistiques — il y a de facto deux correcteurs séparés dans Antidote 8. On pourrait croire que cela ralentit la correction, mais il en va en fait tout autrement. Les innombrables erreurs typographiques ne viennent plus encombrer le correcteur linguistique. La correction typographique est ensuite immédiate : il suffit d’appuyer sur « Tout corriger », Antidote ne s’étant jamais trompé dans nos tests.
« Tout » correspond à l'ancienne méthode de correction avec toutes les erreurs. Si vous n'avez pas vérifié la typographie, Antidote vous préviendra.
On notera d’ailleurs que le LaTeX est désormais pris en charge : les balises spécifiques n’interféreront plus avec le correcteur. Et on peut toujours demander à Antidote de ne pas prendre en compte le texte inclus dans certaines balises (par exemple pour exclure de la correction d’éventuels commentaires).
Un Antidote plus personnalisable
Certains utilisateurs l’ignorent, mais on peut finement régler le moteur de correction d’Antidote, ce qui a une influence directe sur le confort d’utilisation du logiciel. Demander au correcteur de moins s’inquiéter des anglicismes que du niveau de langage, par exemple, peut faire varier du simple au décuple le nombre d’alertes. On peut aussi faire des choix typographiques, par exemple sur le type d’espace fine désirée (fine ou insécable étroite).
Quelques réglages : langage, ponctuation et typographie. On a par exemple décidé de désactiver la vérification des guillemets pour éviter le signalement des passages en HTML.
De manière générale, Antidote 8 offre un plus grand contrôle à l’utilisateur et permet une plus grande personnalisation. Il gère ainsi plusieurs dictionnaires personnels en plus d’éventuels glossaires comme le médical de Mysoft. Voilà qui permet de se constituer plusieurs jeux de vocabulaires selon les contextes, à activer et désactiver à la volée, notamment pour éviter les faux positifs.
Dans le même domaine, on peut toujours imposer la graphie traditionnelle, ou au contraire la graphie rectifiée, ou favoriser une forme plutôt que l’autre si on utilise les deux. Mais Antidote inclut désormais un détecteur d’incohérences lexicales, d’autant plus pratiques si l’on travaille à plusieurs sur un même document. Si vous avez utilisé à la fois « événement » et « évènement », Antidote vous préviendra et vous permettra de choisir.
Un Antidote plus riche
L’interface ne suffit pas à faire un bon correcteur, il lui faut aussi des données : 50 000 nouvelles corrections sémantiques ont été ajoutées. Les données des dictionnaires sont aussi mises à contribution : on note l’apparition de 1 000 nouveaux mots pour un total de 125 000 définitions, l’ajout de 3 000 nouvelles étymologies, de 1 000 nouvelles locutions ou encore de 9 000 nouveaux synonymes. Les 28 000 nouvelles cooccurrences (pour un total de 89 000 exemples de combinaisons de mots) sont sans doute le point le plus important : elles aident Antidote à « comprendre » votre texte.
L’ensemble forme un véritable outil d’aide à la rédaction, et non un simple correcteur. Les définitions, par exemple, incluent désormais les variantes orthographiques d’un mot avec leur fréquence (« litchi » est presque huit fois plus courant que « lychee »). Un nouveau dictionnaire inclut les champs lexicaux sous forme de nuages de mots, ce qui peut aider à enrichir son vocable. Antidote 8 intègre enfin la phonétique, ce qui peut sembler superflu pour l’écrit, mais permet par exemple la recherche de rimes.
La recherche, d’ailleurs, a été grandement améliorée : on peut combiner 12 critères pour trouver un mot. Entre autres choses, cette fonction permettra de « tricher » aux mots croisés ou aux mots mélangés ! On peut en effet chercher des anagrammes d’un mot jusqu’à six ajouts ou retraits de lettres ou des mots commençant par, finissant par ou contenant telles ou telles lettres.
Un Antidote plus efficace
Le résultat de toutes ces nouveautés ? Après presque deux mois d’utilisation, Antidote 8 semble beaucoup plus efficace que ses prédécesseurs. Bien sûr, il n’est toujours pas parfait : il fait toujours mûrir des paumes et frire des saules, ne détecte que rarement les mots oubliés ou laisse parfois filer des confusions entre indicatif et participe. Mais de manière générale, il permet de faire moins de fautes.
Le genre de fautes qu'Antidote ne sait pas corriger (Casio au lieu de Canon)… et les seules (ou presque) que l'on continue à faire avec Antidote 8, qui corrige sinon (presque toutes) les autres.
La séparation des erreurs linguistiques des erreurs typographiques peut sembler contre-intuitive, mais est sans doute le changement le plus profond. On a la sensation que même si le moteur n’avait pas évolué, on ferait moins de fautes : on repère plus facilement et rapidement les erreurs, on se laisse moins berner par d’éventuels faux positifs et, surtout, on prend le temps de regarder les éventuelles « ruptures ». Elles sont en général l’indication d’un problème et permettent de détecter indirectement des fautes qu’Antidote ne sait pas intercepter, notamment les mots oubliés.
Deux exemples de fautes indirectement signalées par Antidote qu'on aurait raté jusqu'ici (« ne prend plus » / « de choisir »). Un mérite de sa nouvelle interface donc.
Mise à jour après mise à jour, Druide améliore patiemment son correcteur, qui bute de moins en moins sur les phrases complexes, les constructions alambiquées, et qui sait de mieux en mieux s’adapter aux auteurs grâce à un jeu efficace d’options. Antidote 8 fait un nouveau bond qualitatif : il détecte plus de fautes réelles, signale moins de faux positifs et dispose d’une interface beaucoup plus pratique qu’avant, notamment côté dictionnaires (la recherche de synonymes est tellement plus rapide !).
Bref, il s’agit d’une excellente mouture, dont le prix est largement justifié, notamment si vous venez d’Antidote RX. Il vous en coûtera 55 € pour la mise à jour, 120 € pour la version complète.