Apple n'aurait pas dit non à Flash sur iPhone, s'il avait marché

Florian Innocente |

Apple n'a pas rejeté d'un bloc l'idée d'avoir Flash sur iPhone, a clarifié Scott Forstall, l'ancien responsable du développement d'iOS, la Pomme a même apporté son assistance technique à Adobe mais les résultats furent jugés catastrophiques.

Témoignant dans le cadre du procès entre Apple et Epic Games, Scott Forstall a expliqué qu'il n'y avait pas eu une opposition de principe à l'idée d'avoir la technologie d'animation de contenus et de gestion de médias d'Adobe sur iOS, toutefois les utilisateurs n'y auraient pas trouvé leur compte :

Nous n'avons pas sorti Flash. Nous avons essayé de faire fonctionner Flash. Nous avons aidé Adobe. Nous étions vraiment intéressés. Encore une fois, c'est un domaine dans lequel j'ai pensé que si nous pouvions aider à le faire marcher, ça pouvait être formidable.

Flash a été un gros problème par la manière dont il s'intègre aux systèmes, ça a été un cauchemar pour les virus sur Windows, même sur Mac.

Et quand nous l'avons fait fonctionner sur iOS, les performances étaient tout simplement épouvantables et gênantes, il aurait été impossible d'arriver à obtenir quelque chose qui offre une valeur ajoutée aux consommateurs.

Kevin Lynch, Directeur technique d'Abobe qui fustigea en son temps le refus d'Apple. Consciente néanmoins de la valeur de l'individu, Apple l'embaucha après une première tentative ratée de Jobs. Depuis 2013, Lynch pilote le développement de watchOS

Flash sur iPhone fut un long feuilleton qui opposa Apple et Adobe, deux partenaires de toujours. En mars 2008, un peu plus d'un an après l'annonce de l'iPhone, Steve Jobs repoussa l'idée de voir ce player arriver sur son nouveau système mobile au motif que Flash y affichait des performances insuffisantes et qu'il ponctionnait trop la batterie.

Quelques jours plus tard, confiant dans ses capacités, Adobe assura de son intention de créer une version iOS en prévision de l'ouverture de l'App Store à l'été de la même année. Tout en admettant que l'aide d'Apple était aussi indispensable que souhaitée. En octobre 2008, une version iOS du player Flash était opérationnelle chez Adobe mais les portes d'Apple et de l'App Store restaient fermées.

Face à un Adobe qui distribuait des player Flash à tout vent sur les autres plateformes — non sans se heurter aux critiques sur leurs performances — et s'époumonait à critiquer l'intransigeance d'Apple Steve Jobs mit un terme au débat en avril 2010.

Avec le lancement de l'iPad en 2010, Steve Jobs publie ses « réflexions sur Flash » en page d'accueil du site d'Apple. Un réquisitoire contre la technologie d'Adobe

Il publia la fameuse lettre ouverte dans laquelle il alignait les nombreux arguments d'Apple à l'encontre de la technologie d'Adobe (lire aussi Steve Jobs avait bien essayé de recruter Kevin Lynch en 2010). Les mauvaises performances de Flash y étaient à nouveau citées, mais ce n'était plus le seul problème.

En deux ans, l'App Store était monté en puissance et tout le potentiel des apps sur iPhone avec lui. Flash n'était plus seulement vu comme un sucre jeté dans le réservoir de l'iPhone mais comme une plateforme logicielle à part entière, de nature à concurrencer le développement d'apps natives. Adobe ayant tout intérêt à pousser les développeurs vers son SDK plutôt que vers le kit de développement d'Apple.

Depuis ce 12 janvier, Adobe a enterré Flash sur toutes les plateformes et les navigateurs zappent par défaut tous les contenus encore en ligne.

avatar fte | 

@IceWizard

"Ah bon, dans ce cas j’aimerais qu’on m’explique comment Apple a bloqué l’utilisation de Flash sur Android, Windows, Linux et Web ?"

Pas bloqué. Mais pas outil multiplateforme du coup, en plein boom de l’iPhone. Aujourd’hui avec des parts de marché bien moindres, peut-être que le résultat serait différent. Mais pas multiplateforme quand-même, du coup.

Le web par contre… mais Apple fait un job efficace pour brider les apps web.

On se demande pourquoi.

avatar pocketalex | 

@IceWizard

"pourquoi est-ce que ce système génial n’a pas connu un succès tonitruant sur Android ?"

La réponse est très simple : aujourd'hui Android truste le marché et pour avoir été 2 ans sur un smartphone Android à 250 boules, je peux affirmer sans trop d'inquiétude sur la pertinence de mon propos qu'un iPhone à 1000 boules est même pas mieux. Pas dans la globalité en tout cas, mais sur quelques points (qui seront surement prioritaire aux yeux de certains) comme la cohérence avec l'écosystème, et une gestion plus "sure" des datas perso, et plus de sécurité.
Mais niveau design, niveau fonctionnalités, niveau ergonomie ... aucun n'est mieux que l'autre.

Bon

Mais il n'en a pas toujours été ainsi, et pendant les 5 à 6 premières années des smartphones, c'était pas ça du tout.

Les smartphones Android étaient moches, lent, l'OS était à la rue au regard de ce que proposait iOS, et Apple trustait les ventes de smartphone

Bref, le temps qu'Android émerge Apple avait tué Flash depuis belle lurette, c'est aussi simple que cela.

avatar IceWizard | 

@pocketalex

Mouais, je ne suis pas convaincu par cette argumentation, ne tenant pas compte de la catastrophe technologique qu’était Flash sur les systèmes mobiles (aussi bien iOS qu’Android).

avatar pat3 | 

@pocketalex

"Bref, le temps qu'Android émerge Apple avait tué Flash depuis belle lurette, c'est aussi simple que cela."
Je suis d’accord avec ça. Flash était moribond quand Android a commencé à être mature.

avatar pat3 | 

@pocketalex

"Certains sites étaient de vraies expériences immersives et interactives, il y a avait une réelle émulation créative entre agences et entre talents"

Oui, certains sites; mais dans très grande majorité des cas, les sites en falsifiant étaient de sombres daubes bouffeuses de bande passante et de données.

"Adobe a trop poussé cet outil vers un environnement de dev complexe, au lieu de privilégier la légèreté et la sécurité avant tout, ça leur a pété à la gueule au final."

Adobe a racheté macromedia et s’est ingénié à péter tout les outils que Macromedia avait créé.
Politique de la terre brûlée, rachat de la concurrence, et progressivement innovation freinée des qu’elle s’est trouvée en position dominante sur son secteur.

"C'est con, c'était vraiment un bon outil
Et concernant Apple, on pourra dire ce qu'on veut, la seule et unique raison qui fait qu'Apple a refusé, et donc tué, Flash, c'est la concurrence avec l'App Store"

Apple a refusé Flash sur iOS, Flash a continué à vivre sur PC (longtemps dominant sur le web). Ce n’est pas Apple qui a tué Flash, mais les piètres performances de Flash sur mobile, l’incroyable accueil des virus, et l’impossibilité de référencement des sites web en Flash : en gros Flash emmerdait Apple et Google sur deux marchés émergents à forte croissance, et Microsoft dans sa lutte anti-virus. Mais seul Jobs a ouvertement claqué la face d’Adobe, dans son inimitable style « c’est moi qui ait toujours raison ».

avatar jmquidet | 

Ayant supprimé Flash de tous mes Macs depuis près de dix ans, j’ai pas mal ramé sur certains sites d’Archives Départementales (je suis généalogiste amateur) dont certaines n’ont pas encore réalisé qu’il a été supprimé cette année et sont toujours inaccessibles. Mais on arrive à s’en sortir avec quelques astuces…
Bien content que Flash ait été … flashé🤣 (je sais, c’est trop fastoche…)

avatar free00 | 

Il y a bien Flash sur iOS mais c’est par contre il est dans l’application Appareil Photo.

avatar Furious Angel | 

La dernière victoire de Steve Jobs...

avatar morpheusz63 | 

@Furious Angel

Ou la dernier vision prémonitoire?

avatar occam | 

@Furious Angel

À ce sujet, il vaut la peine de relire l’interview de Charles Geschke, co-fondateur d’Adobe dont on déplorait ici le décès il y a peu.
http://digitaldaily.allthingsd.com/20100514/chuck-geschke-on-adobe-flash-apple/

Geschke défendait mordicus son produit ; il est intéressant de le voir déployer la même mixture d’enthousiasme et de mauvaise foi que Steve Jobs, afin de suggérer que, par la force des choses, le sens de l’histoire ne pouvait être qu’un : le sien. (Cet aspect de sa personnalité : homme d’affaires aguerri, parfois acariâtre, n’a été que peu relevé dans les hommages posthumes.)

Enfin,cet échange entre l’intervieweur John Paczkowski et Geschke :

JP: Any thoughts on Steve Jobs’s claim that “Flash was created during the PC era–for PCs and mice”?
CG: What do you think an iPhone is? It’s a personal computer.

avatar morpheusz63 | 

L'informatique évolue très très vite, la mort de flash à permis à certains de ramener des vrai solutions de developpements web, exit les cliquereurs fou du flash,et cela à permis d'éliminer les imposteurs qui penser que flash c'était le graal pour créer des sites interactifs. J'espère que cela à servi à adobe pour améliorer la suite adobe en terme de performance, et de conso mémoire, et niveau refroidissement

avatar cdubaldo | 

Mais tout est faux ! L’iPhone dispose de flash depuis le modèle 4. Pour ceux qui ont encore ce modèle, prenez le en main, et regardez le dos de l’appareil. Que voyez vous à côté de capteur photo ? Oui c’est bien un flash ! Heureusement que je suis là pour rétablir la vérité 👌

avatar eastsider | 

@cdubaldo

Ca fait 15 x qu elle a été dites mais merci !

avatar occam | 

@cdubaldo

"Que voyez vous à côté de capteur photo ? Oui c’est bien un flash !"

Sauf que ce n’est pas un flash, mais une diode électroluminescente.
Autrement dit, une LED.
Du fait de sa nature mobile et dirigeable, ce type de LED est désigné Zeppelin. (Plus formellement, Plant-Page LED Zeppelin, d’après les noms de ses co-inventeurs.)

avatar oomu | 

@occam

:)

avatar r e m y | 

Le contexte dans lequel ces "explications" sont données ne doit pas être oublié pour évaluer le degré de confiance qu'il faut leur accorder.
Reecrire légèrement l'histoire est une tendance naturelle quand on doit se présenter sous son meilleur jour. Et puis quand celui qui pourrait apporter la contradiction sur la façon dont cet épisode a été vécu du côté d'Adobe, est désormais votre salarié, ça aide...

avatar oomu | 

@r e m y

oui.

avatar Dziga_Vertox | 

😂

avatar fte | 

« de nature à concurrencer le développement d'apps natives »

Ah ouai, pas bon du tout. Raison bien meilleure qu’économiser la batterie, sans comparaison possible. ça explique tout.

avatar EricBM1 | 

Flash sur iPhone était une vrai (a)dobe. Ceux qui avaient les 1er iPhones jailbrakés ont pu installer le plugin et constater que c’était lent, que ça pompait toute la batterie… inutilisable. Résultat je désactivais par défaut ce plugin. C’est une très bonne nouvelle que flash ait disparu. Et pour ça merci Apple. Et pourtant j’en ai fait des sites en flash

avatar Boboss29 | 

Flash m'a permis de monter ma SARL avec 2 associés pour créer un jeu de gestion de ferme en ligne qui à l'époque était assez connu sur le Web Francophone 😀 d'ailleurs, les retours des joueurs étaient assez élogieux sur l'interface, vu ce qui existait en face en HTML (bon si je retrouvais des images je trouverai ça super moche aujourd'hui je pense). Malheureusement, notre dev de l'époque avait des problèmes pour optimiser le code, et c'était d'une lourdeur sans nom... En tout cas, c'était un chouette logiciel, et bien utilisé, il y avait de magnifiques sites sur la toile. Evidement, ça fait ringard maintenant, mais fut un temps où c'était classe (comme les rouflaquettes, ou les moustaches, tout est question d'époque 😀 )

Disont que Flash c'était pas un logiciel clé en main que t'apprenait en 10 min, fallait mouiller sa chemise, se bouffer des tas de docs (les tutos youtubes ça existait pas à l'époque 😀 ) apprendre le langage de prog du soft (action script), en plus de ça si tu voulais intégrer une base mySQL dans le site (tu devais aussi connaitre le PHP pour le faire cohabiter avec action Script). C'était assez complexe au final 😀

avatar math65 | 

Une très bonne chose d'écarter cette BOUSE des terminaux Apple!
Et aujourd'hui, cette horreur a enfin disparu!

avatar melaure | 

On ne va pas regretter Flash, un puit a faille de sécurité, mais Apple est très doué pour trouver des excuses bidon.

Flash tournait parfaitement sous WebOS, sur une Touchpad de HP, qui était l’équivalent en perf d’un iPad 2. Steve a bien noyé le poisson, mais effectivement, on a pu rapidement le remplacer par des choses mieux faites.

avatar ech1965 | 

Trop tard ! il fallait dire oui ... avant !

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