Ouvrir le menu principal

MacGeneration

Recherche

Wired raconte la création de l'iPhone

Florian Innocente

Thursday 10 January 2008 à 10:44 • 25

iOS

Les articles sur l'iPhone se comptent (littéralement) en millions, mais ceux levant le voile sur quelques-uns des secrets de sa naissance sont beaucoup plus rares, à l'image de celui de Wired "Comment l'iPhone a fait exploser l'industrie du mobile".

2002 - Steve Jobs prépare l'après iPod
C'est en 2002, quelques mois à peine après le lancement du tout premier iPod (octobre 2001), que Steve Jobs aurait envisagé de s'aventurer sur le terrain de la téléphonie mobile. Il s'agissait de répondre à deux besoins. Le premier de réunir plusieurs appareils - PDA, téléphones et les baladeurs MP3 naissants - en un seul appareil pour des questions de commodité. Le second, d'être prêt pour le jour où ces tout-en-un commenceraient à venir chahuter l'iPod. Le succès rencontré à l'époque par le Palm Treo 600 puis par les Blackberry était révélateur de ce que l'avenir réservait.

Le chemin était toutefois semé d'embuches. Les réseaux d'alors n'étaient pas encore au niveau pour un appareil foncièrement orienté vers un usage de l'Internet. Le système de l'iPod, lui, n'était pas assez puissant pour remplir cette tâche et Mac OS X était beaucoup trop lourd pour être utilisé en l'état.

Il y avait enfin le passage obligé par les opérateurs, que Jobs décrit un jour en des termes fleuris "des orifices" par lesquels les fabricants de mobiles étaient obligés de passer pour vendre leurs appareils. Ces derniers étant réduits à de simples faire-valoir pour les services vendus par les opérateurs.

2004 - le fiasco du ROKR
Une manière pour Apple de contourner à la fois les opérateurs et les obstacles liés à la fabrication d'un téléphone fut de s'allier avec Motorola. Apple ne s'occuperait que de concevoir une version mobile d'iTunes. La collaboration fut difficile, tout étant sujet à discussion : la façon de transférer les chansons, leur nombre et même la présence des logos de chacun sur l'appareil. Mais le principal problème se présenta fin 2004 lorsqu’arrivèrent les premiers prototypes. Jobs espérait que Motorola aurait réédité le coup du RAZR avec son design élégant, et c'est finalement un appareil sans originalité aucune, voire moche, qui lui fut présenté. Le ROKR arriva en septembre 2005, aussitôt voué aux gémonies et aussitôt oublié.

2005 - un téléphone révolutionnaire made in Apple
Dès février 2005 et plusieurs mois avant la sortie du ROKR, Steve Jobs rencontra secrètement les patrons de Cingular à New York (avant leur rachat par AT&T) pour discuter d'un partenariat où Apple s'occuperait cette fois du téléphone, disposant dans ses labos de quelque chose "à des années lumières de la concurrence." Depuis un an la Pomme travaillait à une tablette à écran tactile et les développements réalisés pouvaient être adaptés pour un téléphone. Et l'arrivée de processeurs plus rapides, le ARM11 en l'occurrence, garantirait la puissance nécessaire à son fonctionnement.

Apple était prête à nouer un accord exclusif avec tout opérateur qui voudrait bien l'écouter mais elle se gardait la possibilité d'assurer son propre service en devenant un opérateur virtuel. Du côté de Cingular, le risque était d'accorder trop de liberté à Apple, en contradiction avec le modèle économique en vigueur. Au lieu d'être à l'origine des services proposés sur son réseau, Cingular ne ferait plus que transporter ceux des autres. Mais si Apple amenait effectivement un modèle révolutionnaire, capable de surfer sur Internet comme jamais auparavant, l'opérateur pourrait trouver son compte dans une explosion de l'utilisation des communications DATA, plus rémunératrices face aux communications vocales qui perdaient peu à peu de leur intérêt commercial.

Les négociations avec Apple ont duré plus d'un an, Jobs a également approché Verizon mais pour se voir éconduire immédiatement. En novembre 2005, huit mois avant que l'accord définitif ne soit signé avec Cingular, Jobs donna instruction à ses équipes de travailler d'arrache pied sur ce téléphone.

2006 - la création de l'iPhone
Début 2006 alors qu'Apple finissait la version Intel de Mac OS X, elle s'attaqua à la définition d'un nouveau système, cette fois pour l'iPhone. La piste de Linux aurait été étudiée de près, puisque le système fonctionnait déjà sur des téléphones. Mais Jobs refusa d'utiliser un OS de tierce partie. Un prototype fut fabriqué sur la base d'un iPod. Avec la roue tactile comme interface pour choisir un numéro de téléphone ou en composer un. Mais l'appareil ne pouvait que téléphoner, il lui manquait tous les hauts services, dont la partie Internet.

Apple dû aussi se frotter à des questions techniques nouvelles pour elle. Elle mis en place un labo de test de l'antenne de l'iPhone, fit fabriquer des mannequins pour évaluer l'impact des radiations émises par l'appareil, investit des millions de dollars dans une douzaine de serveurs pour simuler le fonctionnement de l'iPhone sur un réseau. Et Jobs, après avoir joué avec les prototypes, de demander à ses équipes de revoir la qualité de l'écran, en laissant tomber le plastique au profit du verre, pour limiter les rayures. Selon une source de Wired, Apple aurait dépensé environ 150 millions de dollars (102 millions d'euros) pour concevoir l'iPhone.

En novembre 2006 lors d'une démo faite à Steve Jobs, rien ou presque ne fonctionnait. Des bugs, des coupures incessantes dans les appels, la batterie qui ne se chargeait pas complètement, les applications qui plantaient et perdaient leurs données. Conclusion d'un Jobs, étonnement calme aux dires des participants, au point de rendre la tension encore plus importante : "On n'a rien du tout comme produit". Alors que l'iPhone était justement prévu pour être la vedette du Macworld Expo deux mois plus tard.

À force de nuits blanches et de stress pour les 200 ingénieurs impliqués dans le projet, Jobs put, à la mi-décembre, faire une démonstration de l'iPhone à Las Vegas lors d'une réunion avec le patron d'AT&T.

Un bébé tenu secret
Le secret fut maximal pendant la genèse du produit, baptisé Purple 2 (P1 étant le modèle conçu sur la base d'un iPod). Les équipes software travaillaient avec du matériel enfermé dans des boitiers en bois anonymes alors que les équipes hardware utilisaient du logiciel sans relation avec la version finale. Lorsque les employés d'Apple rendaient visite à leurs pairs chez Cingular, ils étaient enregistrés sous l'identité de salariés d'Infineon, l'un des fournisseurs de puces de l'iPhone. Au jour de la première sortie publique de l'iPhone en janvier 2007, environ 30 personnes seulement parmi les responsables d'Apple impliqués sur le projet l'avaient vu dans sa version définitive.

Rejoignez le Club iGen

Soutenez le travail d'une rédaction indépendante.

Rejoignez la plus grande communauté Apple francophone !

S'abonner