Disney change à nouveau de Bob et replace Iger à sa tête

Nicolas Furno |

Début 2020, Disney annonçait un changement à sa tête : Bob Iger cédait alors sa place de CEO du groupe à Bob Chapek, qui était jusque-là à la tête des parcs d’attraction. Le géant américain a annoncé un nouveau changement et le retour de Bob Iger à la tête du groupe. Il devrait rester à ce poste pendant deux ans et a comme mission d’établir sur cette période une stratégie pour un retour à la croissance du groupe.

Bob Iger, à gauche (photo Inside the Magic (CC BY-NC-ND 2.0)).

Bob Iger est un nom bien connu au sein de Disney, il en a été le CEO pendant 15 ans et c’est lui qui a mené les acquisitions qui ont permis à son entreprise d’avoir connu un tel succès, de Pixar à Lucasfilm, en passant par Marvel et 21st Century Fox. C’est aussi lui qui a lancé le groupe sur la voie du streaming et créé Disney+. Son départ en 2020 n’était pas une surprise après une telle carrière, mais son retour si soudain l’est nettement plus. Il faut dire que Bob Chapek a connu quelques difficultés et de nombreuses oppositions internes dans ses plans pour réorganiser le groupe et le focaliser encore davantage sur le streaming.

Les résultats financiers du dernier trimestre 2022 ne sont pas à la hauteur des attentes, avec des estimations inférieures aux attentes, ce qui pourrait avoir provoqué la décision. Disney+ continue de gagner des abonnés, mais le service accumule les pertes et ne semble pas capable jusque-là de redresser le tir. La transition est en tout cas soudaine, Bob Iger reprend sa place immédiatement et le communiqué de presse qui l’accompagne ne laisse même pas la parole à Bob Chapek. On ne sait pas, à ce sujet, s’il a un avenir au sein du groupe Disney.

Accroche : Thomas Hawk (CC BY-NC 2.0)

avatar Dwigt | 

Oui, ça n'est pas un secret, Iger espérait de Lucasfilm une sorte de Marvel bis, avec au moins un film par an. Sauf que Marvel Studios adaptait des comics qui existaient depuis des décennies, avec quelques grands arcs narratifs marquants qui pouvaient être transposés à l'écran, et une équipe de production qui tournait déjà à plein régime au moment du rachat.
À l'inverse, Lucasfilm avait toujours mis en chantier des films reposant sur des histoires originales et n'avait pratiquement plus aucune activité ou d'auteurs travaillant sur de nouvelles histoires au moment du rachat par Disney. Lucas avait pondu des synopsis pour une nouvelle trilogie, Dave Filoni et quelques auteurs bossaient sur une nouvelle saison de Clone Wars, mais c'était à peu près tout, même du côté de l'univers étendu.

C'est Iger qui a demandé à Kathleen Kennedy de faire un nouvel épisode de la trilogie tous les deux ans, ce qui était beaucoup trop à la merci du premier grain de sable. Et c'est lui qui avait validé le concept des Star Wars Stories les années sans nouvel épisode. Et ça s'est en partie retourné contre le résultat et le box office, quand les choix de réalisateurs ou de scénaristes de Kathleen Kennedy ont dû être changés en catastrophe.
- sur l'épisode VII, le scénariste Michael Arndt travaillait apparemment trop lentement et il a été remplacé par Lawrence Kasdan et JJ Abrams. Sortie repoussée de plusieurs mois, mais gros succès public.
- sur Rogue One, Gareth Edwards n'arrivait pas à cerner la fin, et il a accepté (contre un gros chèque) de laisser le scénariste Tony Gilroy (qui s'occupe maintenant d'Andor) retourner un bon tiers du film (d'où le fait qu'il y a plein de plans dans la bande-annonce qui ne sont pas dans le film). Retard de sortie, mais succès public et critique.
- le projet de Star Wars Story sur Boba Fett confié à Josh Trank (Chronicle) a capoté quand Disney a eu vent de ce qui se passait sur le tournage du reboot des Quatre Fantastiques
- Solo a été repris à la dernière minute des mains du duo Lord et Miller (21 Jump Street, La Grande Aventure Lego) parce qu'ils déviaient trop du script, que l'acteur principal n'était pas assez à l'aise et que ça prenait du retard. Kennedy les a remplacés par Ron Howard, qui a dû ensuite retourner en vitesse certaines scènes pour être sûr d'avoir fait plus de la moitié du film et donc d'empêcher Lord et Miller de superviser le montage. Curieusement, le film est cependant sorti à la date prévue, en mai, trop peu de temps après Les Derniers Jedi, et a essuyé un échec financier.
- L'épisode IX était confié à Colin Trevorrow (Jurassic World) mais lui et Kennedy n'étaient jamais tombés d'accord sur le script (la mort de Carrie Fisher a de plus beaucoup compliqué l'écriture), et il a été au final débarqué du projet, et remplacé par JJ Abrams. Ce qui a bien sûr provoqué un retard de sortie et un résultat pour le moins décevant.
- Le Star Wars Story sur Obi-Wan que devait réaliser Stephen Daldry (Billy Elliott) est abandonné pour être transformé en une mini-série, suite à l'échec commercial de Solo et à la priorité donnée à Disney+.

Paradoxalement, d'ailleurs, le seul film dont le développement s'est fait sans trop de conflits ou de difficultés (en dehors d'un report de quelques mois de la sortie pour fignoler les effets spéciaux), ça a été Les Derniers Jedi, celui-la même que certains "puristes" conspuent.

avatar vince29 | 

Je suis le seul pour qui il est impossible de modifier ses posts a posteriori ?

avatar laraigneegypsymontealagouttiere | 

Généralement quand on débarque le PDG il est peu probable qu’il ait un autre poste dans le groupe

avatar iPop | 

J’ai lu l’article avec en tête cette fameuse blague de Vuillemin « c’est qui BOB ? », pour ceux qui connaissent. 🤣

avatar Dwigt | 

Grosso modo, Iger, qui a 71 ans, va faire son Sean Connery sur Les Diamants sont éternels. Il va rester en place le temps qu'il trouve un successeur plus durable, après la parenthèse Bob Chapek/George Lazenby.

Iger et Chapek étaient à la tête de l'ensemble du groupe Disney (donc avec aussi plein d'autres divisions et un paquet d'actifs immobiliers), mais le fait que Chapek était à la tête de la division parcs d'attraction n'en faisait pas forcément un bon choix. On a vu ça chez Warner Bros, où le chef de la production, du studio cinéma, entre 2013 et 2019 était Kevin Tsujihara, lui aussi un ancien responsable des parcs d'attraction de Time Warner.
Ces gens sont habitués à des programmes planifiés et bien huilés sur plusieurs années, avec des tranches successives (construction d'une nouvelle attraction, d'une nouvelle aile, etc.), là où la production ciné demande beaucoup plus d'attention parce qu'un projet peu capoter à tout moment. C'est Tsujihara qui avait lancé d'un coup dix nouveaux projets DC en 2014, alors que tout ce qu'il y avait comme base pour un "DC Extended Universe", c'était Man of Steel, le reboot de Superman. Ce qui a donné Batman V Superman, Suicide Squad, Justice League et le futur The Flash, qui va être compliqué à vendre en raison des problèmes d'Ezra Miller.
Chapek a dû avoir de son côté du mal à adapter sa stratégie aux circonstances. Iger était d'ailleurs déjà revenu donner un coup de main pendant la pandémie. Deux ans plus tard, il a suffi de quelques trimestres "décevants" pour que le CA perde confiance en Chapek pour le long terme.

avatar r e m y | 

Mouais... moi je reste fidèle à Bob Ricard 😎

avatar dontregister | 

Et si les séries de films s'épuisent, n'est-ce pas un peu normal ?

Suis-je le seul à trouver lassants ces 1, 2, 3, etc., ces spin-off TV remachés et mal dégurgités ?

Disney et Hollywood semblent être frileux à se lancer dans la production d'oeuvres originales et préfèrent nous ressasser les mêmes univers, les mêmes histoires avec les mêmes personnages.
Exploiter les licences qui ont bien marché jusqu'à l'usure.

C'est au final très triste et surtout sans saveur.

.DR.

avatar oomu | 

@dontregister

CHAQUE tentative récente de Disney de sortir des clous ont été des échecs catastrophiques

A la rigueur « Ralph » (bon succès) est « original » si on omet les 12O00 références aux jeux vidéo…

Mais au fil des années 2000 les Atlantide, fantasia 2000, nouveaux héros, a Wrinkle in time, etc, sont des échecs. Pixar est recadré en second couteau de Disney+ et ne convainc plus à part ses suites de ses propres classiques.

J’exagère le propos: zootopie a été un étonnant succès et probablement que Disney a chois de sacrifier pixar face au confinement et lancement de disney+ et non une pure réponse de public.

Mais honnêtement le public est lui même très souvent conservateur.

avatar Dwigt | 

La décision de ne pas sortir trois Pixar coup sur coup pour les réserver à Disney+ (Soul, Luca, Alerte rouge), c'était une idée de Chapek, qui n'a évidemment pas plu aux équipes de Pixar. Sinon, créativement, ils ne sont pas au creux de la vague. Lightyear devait être leur habituel cacheton franchise façon Cars, mais le film était assez moyen et surtout il est sorti en plein milieu de la campagne anti-Disney républicaine, avec "l'horreur" de voir pendant trois secondes deux femmes s'embrasser.

Faut voir que c'est Pixar qui a sauvé Disney au milieu des années 2000. La Renaissance des studios d'animation Disney a plus ou moins pris fin avec Le Roi Lion, le studio avait ensuite été largué par Pixar et Dreamworks niveau box-office (même s'il y a eu des trucs sympas pendant la période style Kuzco ou Lilo et Stitch), et avait décidé sans trop de recul de basculer dans la 3D avec Mes voisins les Robinson ou Chicken Little.
Quels que soient ses travers, quand John Lasseter a pris la tête des studios d'animation Disney avec le rachat de Pixar, il a su limiter la casse, puis remettre dans le droit chemin quelques projets mal engagés (style Raiponce, qui a été refait de zéro une ou deux fois, était à un moment le film le plus coûteux de l'histoire, mais a remis tout le studio sur les bons rails, avec un premier succès en 3D, une transposition de leur esthétique traditionnelle, etc.) avant que ça soit de nouveau des cartons style La Reine des neiges, Zootopie ou Vaiana. Et ses successeurs chez Disney ou chez Pixar ne sont pas non plus des manches.
Et contrairement à ce que tu dis Les Nouveaux Héros, sorti sous Lasseter, a été un succès public, c'était même le film d'animation qui a le mieux marché l'année de sa sortie.

Disney a sinon des difficultés avec ses films en prise de vue réelle hors Marvel et remakes des films d'animation : John Carter, À la recherche de demain, The Lone Ranger, Casse-noisettes et effectivement Un raccourci dans le temps ont tous été des échecs cuisants.

avatar dontregister | 

Quand je dis Disney, j'inclue Marvel et l'univers Star Wars, où les suites et spin-off sans saveur voire carrément ridicules, s'enchaînent.

.DR.

Pages

CONNEXION UTILISATEUR