Bonne nouvelle pour l’électrification du parc de véhicules particuliers en France : le dispositif actuel d’aides à l’acquisition d’une voiture électrique sera reconduit en 2026 et même amélioré. C’est ce que le ministre de l’Économie Roland Lescure a annoncé ce matin au micro de France Inter, en indiquant qu’« on prolonge le bonus automobile l'année prochaine » et en ajoutant qu’il « sera même augmenté : si vous achetez un véhicule électrique fait en France, fait en Europe, vous avez jusqu'à 5 700 euros de primes ». Tant mieux pour les futurs clients, même si la complexité de ce dispositif rend la déclaration plus opaque.
Le ministre parle encore de « bonus automobile », preuve que ce nom reste ancré alors que le dispositif a changé. En effet, il ne s’agit plus du bonus écologique que l’État français a financé pendant des années grâce au malus appliqué sur les voitures thermiques les plus polluantes. Depuis l’été dernier, on parle d’un « coup de pouce véhicules particuliers électriques », un changement de nom qui trahit une nouvelle philosophie sous-jacente. Les différents gouvernements successifs d’Emmanuel Macron ont tous cherché à réduire le budget de l’État et c’est pourquoi les aides sur l’achat d’une voiture électrique sont passées sous la responsabilité d’acteurs privés. En effet, ce sont les Certificats d’économie d’énergie (CEE) qui servent désormais à aider les ménages français.
Ces CEE sont payés par les fournisseurs d’énergie pour compenser la pollution de ce qu’ils produisent et vendent. On parle d’énergie au sens large, cela concerne autant les entreprises qui distribuent de l’essence destinée aux véhicules que celles qui fournissent du fioul pour le chauffage, en passant par tous les pétroliers qui commercialisent les matières premières. Tous ces acteurs privés sont contraints par l’État français de financer la transition écologique des ménages, ce qui a longtemps consisté en des aides à la rénovation. Si vous changez une vieille chaudière au fioul par une pompe à chaleur, les CEE permettront d’adoucir la facture. De même, la rénovation globale d’une maison mal isolée peut être couverte en partie par ces aides.
Depuis l’été, les CEE concernent aussi la mobilité avec le financement d’une partie des voitures électriques. Néanmoins, ce n’est pas aussi simple et systématique que l’ancien bonus écologique, qui s’appliquait à l’origine à tous les ménages et à toutes les voitures à batterie. Le gouvernement a choisi de cibler en priorité les ménages les moins aisés, ce qui est parfaitement logique, mais aussi d’éliminer du dispositif les voitures électriques qui ne sont pas produites en Europe. Cette mesure protectionniste qui ne porte pas ce nom, même si elle vise clairement à limiter l’arrivée des constructeurs chinois, complique la situation et oblige l’Ademe à calculer un « éco-score » selon de nombreux critères.
Si cela ne suffisait pas, le montant du coup de pouce varie aussi selon la provenance de la batterie, avec un bonus supplémentaire pour les véhicules équipés d’une batterie produite en Europe. Ces voitures sont encore très rares et cela ne dépend pas seulement d’une marque, pas même d’un modèle, mais bien souvent d’une variante précise d’un modèle. Chez Renault par exemple, seule la Scenic E-Tech avec la grosse batterie de 87 kWh est éligible d’après le constructeur, alors même qu’il a bien d’autres modèles à son catalogue qui sont produits en France.
Ce n’est pas fini ! La somme indiquée par l’État est le minimum prévu par le dispositif, le montant exact varie d’un constructeur à l’autre, car chaque entreprise va signer des accords spécifiques avec des fournisseurs d’énergie. Si le coup de pouce actuel monte officiellement à 4 200 € pour les ménages modestes, vous aurez 4 770 € en commandant chez Renault, alors que Tesla ne vous donnera que le montant requis sur la Model Y produite à Berlin et qui est ainsi éligible.
Grâce aux aides, la Model Y Standard tourne autour des 37 000 € en France et devient une excellente affaire
Ceci posé, qu’a annoncé exactement Roland Lescure ? Que le dispositif ne s’arrêtera pas au 31 décembre 2025 comme c’était prévu lors de sa création en juin dernier, ça c’est très clair. En revanche, le passage à 5 700 € concerne probablement les voitures électriques à moins de 47 000 €, de moins de 2,4 tonnes, produites en Europe et dont la batterie est également européenne, uniquement pour les ménages les plus modestes. C’est une situation exceptionnelle qui ne touchera que très peu de dossiers et on ne sait pas si la somme payée par la majorité, 3 100 € aujourd’hui, sera modifiée.
Il faudra attendre l’officialisation de l’extension du dispositif pour avoir tous les détails. Quoi qu’il en soit, si vous pensiez devoir vous dépêcher de signer le bon de commande avant la fin de l’année, sachez que vous avez du temps pour réfléchir. Ce coup de pouce payé par des entreprises semble bien parti pour durer.


















