Après avoir abordé de nombreux sujets, et qu’il en reste encore bien d’autres que nous pourrons couvrir si cette série vous a plu, il est temps d’aborder le moment le plus difficile : quitter Apple.

Quand le corps ne suit plus
Le travail de Genius reste un renouvellement permanent : les machines changent assez souvent, il y a toujours de la nouveauté, jamais vous n’avez le temps de vous ennuyer. S’il est certain que les dernières années ont vu de plus en plus de réparations être envoyées en centre de service à l’étranger, il n’en reste pas moins que cette position vous permet d’être au cœur de toutes les nouvelles technologies créées par Apple. Pour un fan d’informatique « abonné » à la pomme depuis des années, c’est sûrement la meilleure place dont vous puissiez rêver sans parler d’un inaccessible poste d’ingénieur, beaucoup plus rares et difficiles à décrocher.
Apte à lancer le portage d'OS X sur Intel, il est recalé au Genius Bar
Malheureusement, des soucis peuvent arriver dans la vie, et c’est ce qui m’est arrivé depuis maintenant un peu plus de dix ans : petit à petit, j’ai senti arriver les symptômes de plus en plus prenants de la maladie de Crohn, qui m’ont fatigué de plus en plus. Ceux connaissant cette maladie, ou en étant atteint vous le diront : maintenir un travail à temps complet est déjà compliqué, mais la région parisienne est quasiment invivable avec les limitations physiques imposées par cette atteinte.

Arrivé à un point de rupture, qui pesait à la fois physiquement et moralement sur mes épaules, j’ai préféré quitter l’entreprise, ne trouvant pas de solution réaliste à mon équation : être transféré dans un autre Apple Store n’était pas envisageable rapidement, et la motivation avait laissé sa place à une grande fatigue, amplifiée par les trajets quotidiens.
Que faire après avoir quitté Apple ?
Reste une grande question : une fois les soucis de santé (à peu près) maîtrisés, que faire ? Tenter d’entrer dans un APR comme technicien ? Pour avoir tenté l’expérience, la chose est plus difficile qu’on ne le pense pour un ancien Genius : un Apple Premium Reseller n’a pas forcément les mêmes capacités qu’un Apple Store, et vous le fera rapidement savoir, vous indiquant dans un premier temps qu’ils ne pourront vous donner un salaire équivalent à celui que vous aviez chez Apple (ça s’entend), mais chez certains directeurs techniques vous pourrez aussi sentir une certaine inquiétude les amenant à refuser l’embauche.
Voir arriver un ancien Genius n’est en effet pas des plus agréable pour certains responsables d’équipe, ceux-ci s’inquiétant de leur niveau technique face au nouvel arrivant. Bien entendu, cela reste une expérience isolée, et ne peut être représentative de la totalité des APR... mais après en avoir fait deux, et observé la même réaction dans les deux, ça donne une tendance.
Une famille plus qu’une équipe
Quitter Apple n’est pas synonyme de rupture totale avec l’équipe qui vous a entouré en Apple Store, bien au contraire, et c’est sûrement le meilleur final que je pourrais donner à cette série : plus qu’une équipe, c’est une famille que j’ai connue, et que je connais encore. Revenir à l’Apple Store dans lequel j’ai passé plus de cinq ans me met à chaque fois de bonne humeur, parce que je sais que j’y retrouverai des amis plus que des collègues.
Alors certes, le turn over est ce qu’il est, et le nombre d’employés avec qui j’ai travaillé diminue au fil des ans, certains étant mutés, d’autres ayant eux aussi quitté Apple, mais il reste toujours une bande d’irréductibles ayant fait l’ouverture du Store, et qui tiennent bon la barre. Et il y a bien sûr les réseaux sociaux.

Quant à moi, après avoir pendant 25 ans lu les billets de MacG, y compris quand j’étais employé Apple (et il arrivait au moins une fois par an d’apprendre une nouveauté par MacG avant de le savoir par les notes internes, si si !), je suis donc passé de l’autre côté du miroir. D’autres anecdotes viendront encore ponctuer le fil des actus, et qui sait, d’autres anciens collègues viendront peut-être nous faire part de leur expérience... Mais ça, ce sera pour... une autre année !

















