LDLC négocie l’acquisition de Rue du Commerce

Anthony Nelzin-Santos |

LDLC annonce être entrée en négociations exclusives avec ShopInvest pour reprendre Rue du Commerce. La marque pionnière de la vente en ligne était sortie du giron du groupe Carrefour en avril 2020 pour rejoindre la maison-mère des 3 Suisses, qui l’avait depuis recentrée sur la distribution de produits high-tech, avec l’ouverture d’un « French Lab »1 mettant en avant les produits des petites entreprises françaises. Une cible de choix pour LDLC, qui veut conforter sa position de leader du secteur.

La page d’accueil du site de Rue du Commerce en décembre 2023. Image MacGeneration.

Depuis sa fondation en 1999, Rue du Commerce a connu des hauts et des bas. Après son entrée en bourse en 2005, elle s’était lancée dans une succession d’acquisitions, reprenant sa concurrente Top Achat et la boutique Alapage de France Télécom. D’abord reprise par le promoteur Altarea Cogedim en 2011, avec l’ambition de prolonger la vente en ligne dans les centres commerciaux, la boutique tombe finalement dans l’escarcelle du groupe Carrefour en 2016, qui la fusionne avec sa plateforme Carrefour Online.

Karine Schrenzel et Olivier Gensburger, associés sous la bannière de ShopInvest, ont passé plus d’une décennie à engranger des marques de cosmétiques et de prêt-à-porter. À peine avaient-ils repris les 3 Suisses qu’ils faisaient une offre sur Rue du Commerce. Malgré un recentrage sur les produits high tech, il faut bien dire que la marque détonait aux côtés des bijouteries Bijourama et Lookéor, des boutiques de lingerie Fitancy et Lemon Curve ou encore des marques de cosmétiques MenCorner et Comptoir de l’homme.

Mais c’est bien ce recentrage qui attire aujourd’hui l’intérêt du groupe LDLC, qui n’est plus seulement une boutique de matériel informatique, mais aussi le sponsor du prestigieux club de basketball ASVEL et d’une grande salle dans l’« OL Vallée ». Longtemps associée au monde PC, LDLC est devenue une actrice de premier plan de la distribution des produits Apple en France avec son réseau de seize APR, notamment issu des acquisitions de Bimp et d’Actimag. La reprise de Rue du commerce, soumise à l’autorisation de l’Autorité de la concurrence, est envisagée au plus tard au 30 juin 2024.


  1. Ça doit faire plus frenchie que « laboratoire français ».  ↩︎

avatar Yohmi | 

Il me semble que LDLC c'est aussi des pionniers dans la qualité de vie au travail, avec la semaine de 4 jours par exemple, vraiment l'exact opposé d'Amazon sur ce sujet. Du coup, je les vois vraiment d'un bon œil 🙂

avatar Florian Innocente | 

@Yohmi

Oui. Laurent DLC a sorti un bouquin sur le sujet.

avatar Kenny31i | 

@Yohmi

Clairement.
J’espère que cette philosophie du travail va se démocratiser dans le futur !
D’après ce que j’ai entendu, le patron aurait constaté une meilleure productivité, moins d’arrêt maladie etc.

avatar bonnepoire | 

@ Kenny31i
Productivité? Et satisfaction client. Je n'ai que des problèmes avec eux. Plus jamais pour ma part. Ils prennent les clients pour des cons!

avatar Kenny31i | 

@bonnepoire

De mon côté c’est plutôt une valeur sûre et en plus j’ai une boutique à 10min de chez moi.

avatar bunam | 

@Kenny31i

Tu peux facilement aller leur casser la gueule, je comprend qu'ils soient gentil avec toi ;p

Je pense que ça dépend, je suis content de mon coté de la boutique de Saint-Martin-d'Hères

avatar Lightman | 

@bunam

Ah bon, il y a une boutique à Saint-Martin-d'Hères, en plus de celle de Victor Hugo dans le centre de gre ?

Ah ouais ! Tu me fais découvrir le LDLC Saint-Martin-d'Hères que je ne connaissait pas, à 2 pas de l'ARPEJ et Condillac B où j'ai habité pendant des années (maintenant rasé). Cool.
Merci à toi.

avatar iftwst | 

@bonnepoire

Le meilleur SAV pour l’instant.
Échange cordial et remplacement rapide du matériel.

avatar marc_os | 

@ Yohmi

> Il me semble que LDLC c'est aussi des pionniers dans la qualité de vie au travail

Va dire ça à leurs employés qui parcourent des milliers de kilomètres pour voir leurs clients PRO et qui n'ont pas d'heures de travail fixe — et pas d'heures sup par exemple si ils doivent quitter le client à 21h et rentrer chez eux à plus d'une heure de route. Sans parler des petits chefs qui peuvent bien pourrir la vie de leurs subalternes.

avatar hartgers | 

La semaine de quatre jours c’est que du bluff alors ? Mon avis est neutre sur la question mais en face il y a qui ? Boulanger = Mulliez, Amazon=Bezos. Des idées de magasin en ligne pas trop sale dans le domaine ?

avatar yod75 | 

Tu peux faire plus d'heures en 4 jours que d'autres en 5.
La semaine de 4 jours ne fait pas tout. L'ambiance au travail, la bienveillance entre collègues et entre les hiérarchies, la pression sur les résultats comptent autant que le nombre de jours dans la semaine.
Pour un commerce de grande taille proposer une semaine de 4 jours permet des journées plus longues, et générer une hausse de productivité en fonction des horaires d'ouverture

avatar hartgers | 

Ok, mais vous avez des éléments supplémentaires par rapport à cet article de mediapart ? Les salariés sont passés aux 32h...
https://www.mediapart.fr/studio/portfolios/la-semaine-de-4-jours-meme-des-patrons-sont-ravis

avatar nykk | 

En plus, c'est un groupe 100 % français, ce qui est très bien, même si ce n'est pas à la mode dans les commentaires de ce site.

avatar marc_os | 

@ nykk

> En plus, c'est un groupe 100 % français, ce qui est très bien,

Oui, les entreprises françaises sont les championnes d'Europe pour la délocalisation.
Ce qui est très bien pour Pôle Emploi.

avatar iftwst | 

Quel groupe LDLC ! Bravo !

avatar iaddiction | 

« Prestigieux club… », ça va les chevilles? Ce n’est pas parce que vous êtes de Lyon qu’il faut en faire des caisses…

avatar Pattedechat | 

@iaddiction

Oui c’est un club prestigieux ne t’en déplaise :

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/ASVEL_Lyon-Villeurbanne

« Cette longévité exceptionnelle au plus haut niveau lui permet ainsi de détenir un nombre record de 21 titres de champion de France.

L'ASVEL est d’ailleurs le seul club français (avec le CSP Limoges) à avoir remporté 3 titres de champion de France de rang à deux reprises.

L'ASVEL détient également le record de victoires en coupes de France avec 10 trophées conquis et s’impose ainsi comme le club français le plus titré au niveau national. L'ASVEL a remporté tous les trophées nationaux majeurs.

Le club s'est également illustré en coupe d'Europe lorsqu'il termine finaliste de la Coupe des coupes en 1983, le club ayant joué 8 demi-finales dans les compétitions européennes majeures depuis sa création. »

avatar oomu | 

@iaddiction

une guerre de sportifs, une guerre de sportifs !

avatar Fredouille14 | 

Côté prix LDLC est rarement compétitif mais la garantie de 3 ans est appréciable

avatar loupgarou22 | 

LDLC rachète tout, c'est pas possible ! 🤬

Après "matériel.net", les magasins "bimp" (revendeurs agréés Apple) avec une belle augmentation des prix pour les prestations SAV, maintenant c'est "rue du commerce"... 🤦🏻‍♂️

Ok LDLC c'était bien y'a 20-25 ans à tout les niveaux, mais depuis 10 ans la qualité du SAV a bien baissée... 😕

Ça fait bien longtemps que je n'achète quasi plus rien chez eux (à part si je n'ai vraiment pas le choix). Ils sont hors de prix et ça ne justifie même pas leur SAV qui est devenu minable. 🤬

avatar marc_os | 

@ loupgarou22

Mes amis en Rhône Alpes m'ont toujours dit que BIMP était très bien.
Avant son rachat par LDLC.

avatar loupgarou22 | 

@marc_os

Je confirme. (j'habite aussi en Rhône-Alpes)

avatar Almadweb | 

@loupgarou22

Totalement en phase avec toi. Un disque dur de 12To que je paie 250€, il est à 359€ chez LDLC and co. Il ne reste plus que Rue du commerce sachant qu’ils ont aussi racheté l’ancienne brique de Rue du commerce à savoir Top achat. En espérant que les autorités de la concurrence y mette un terme…
Qu’ils aillent racheter Cybertek / GrosBill ça sera pas une grosse perte vu la gestion depuis le rachat par Cybertek.
Par ailleurs la garantie 3 ans c’est du bluff ça a été démontré et la politique soit disant orienté du salarié n’est pas forcément si bénéfique qu’on le dit.

avatar idhem59 | 

C’est une bonne chose que le groupe LDLC prospère, mais leur main mise sur tous les acteurs de la vente de produits informatiques a quand même pas mal de conséquences pour les consommateurs en terme de concurrence et de prix.

TopAchat par exemple, autrefois très agressif sur les prix et bien plus intéressant que LDLC (malgré un service un peu inférieur, compromis à faire) n’est absolument plus intéressant aujourd’hui puisque simple marque annexe de LDLC, avec les mêmes pratiques tarifaires.

avatar bouh | 

LDLC la dernière fois que j’ai acheté chez eux c’était y a plus de quinze ans.
Leur prix, c’est abusé. Même avec leurs articles en promo ils sont toujours plus chère qu’Amazon (dont le SAV est génial).

Quant à RdC j’ai eu tellement d’ennuis avec eux lors d’une commande, que plus jamais je n’achèterai chez eux. Donc s’ils sont repris par LDLC ça ne me changera pas. 🙂

avatar TheDeepShadow | 

Super, la mafia LDLC s'agrandit pour le malheur de tous

Déjà qu'ils ont annihilé la concurrence sur le marché des composants PC (TopAchat, Materiel.net)

Une belle hausse des prix en perspective

avatar marc_os | 

À que c'est beau le capitalisme !
La concurrence, il n'y a que ça de vrai nous disent les médias.
Sauf, que la concurrence, c'est en vérité le terme marketing de guerre économique. Et quand une entreprise peut éliminer toute concurrence, par exemple en rachetant cette concurrence, elle le fait.
Et même si l'entreprise rachetée n'est pas un concurrent direct, comme les actionnaires veulent une croissance infinie permanente, en veulent toujours plus, quand le marché cible de l'entreprise est saturé, alors il faut se "di ver si fier".
Donc acheter d'autres entreprises sur un nouveau marché qui n'est pas encore saturé. Et comme on a grossi, on y a des chances de pouvoir faire couler la nouvelle concurrence.
L'idéal, étant le monopole où on peut fixer les prix qu'on veut.

Ce qui rappelle une stratégie classique quand on est gros - très gros :
➔ Casser les prix, quitte à perdre de l'argent. — La vente à perte est interdite, mais pas la production. C'est même la règle dans les Startup qui peuvent mettre des années à être rentables.
➔ Attendre que la concurrence qui n'a pas d'autres débouchés se casse la gueule.
➔ Ensuite on peut monter les prix et engranger.
➔ Idéalement, à la fin il n'en reste plus qu'un — À moins qu'une commission étatique quelconque contre les monopoles dise niet.

avatar Matlouf | 

Enfin, casser les prix en parlant de LDLC, c'est un peu exagéré, non ?

avatar jb18v | 

Jamais été déçu par LDLC, c'est ma référence en magasin physique. Alors oui c'est un peu plus cher que chez Bezos, mais souvent les produits sont dispos en boutique. Quoiqu'on en dise, venir en rayon, regarder différents produits et échanger un peu avec un humain, c'est pas négligeable :)
Et leur extension de garantie à 3 ans au lieu de deux est intéressante aussi.
RDC ne m'a jamais tenté outre mesure, juste une impression visuelle liée à leur site. Bon j'ai probablement acheté un truc ou deux sur une promo ponctuelle, mais c'est tout.
Je souhaite aux salariés de RDC de ne pas se faire avoir si l'opération se fait.

avatar Presidents01 | 

@nikk
100% français mais qui doit vendre probablement 1% de produits fabriqués en France

avatar cherbourg | 

Ce qui est sûr, c’est que quiconque a connu voire a été client de RueduCommerce lorsque cette enseigne était a son apogée ne peut que rester interdit face à ce qui faisait jadis sa force et sa fierté, et qui est devenu une pauvre chose moribonde : je veux parler de son site web.

Quel(le) féru(e) d’informatique et de multimédia n’a pas franchi avec excitation le seuil de leur immense boutique avenue Daumesnil dans le 75012, conçue comme un bateau de pirates (ces derniers étant le coeur de leur stratégie d’image et de communication. À ce sujet, jamais le terme de « Flagship » n’aura le mieux correspondu à un commerce !).

Elle aura connu peu ou prou le même sort qu’une autre société qui avait la cote au même moment que RueDuCommerce : je veux parler de GrosBill. Pourtant, ce dernier s’était montré innovant sur bien des points. Ainsi, il avait ouvert des mini-boutiques de proximité dans Paris et avait été l’un des précurseurs du ClickAndCollect. Je me souviens de celle du Marais. J’habitais alors à 2 rues et c’était à la fois pratique et fun de passer commande sur leur site et de descendre dans la rue 1 heure plus tard pour la récupérer (quand ils l’avaient en stock sur place, of course).

Pour Grosbill, pour qui s’intéressait un peu à la vie et au développement de cette entreprise, c’est rapidement devenu «Chronique d’une mort annoncée » :

1998 : Création
2005 : Rachat par Auchan
2015 : Rachat par Mutares
2017 : Rachat par Luc Boccon-Gibod
2018 : Rachat par le Groupe Cybertek

🤷🏻‍♂️

avatar Yotsuya | 

@cherbourg

L’excitation de passer sur Paris 12, Avenue Dausmenil et ses ruelles avec les petites boutiques remplies de matos jusqu’au plafond et des prix imbattables, des nouveautés… belle époque, je m’en souviens

avatar cherbourg | 

@Yotsuya

Yes ! Merci pour ta réponse : je me sens moins seul et/ou moins vieux haha

avatar Almadweb | 

@cherbourg

Pareil j’adorais le Grosbill rue du Plâtre jusqu’au rachat par Cybertek. Mais depuis c’est n’importe quoi, n’y allez plus.

avatar cherbourg | 

@Almadweb

Merci pour ton commentaire : c’était effectivement rue du Plâtre (dans mon souvenir c’était rue des Blancs-Manteaux 🤷🏻‍♂️).
Tu te souviens que la boutique ne faisait pas que Click&Collect mais qu’elle avait aussi des produits en stock que l’on pouvait acheter sur place en 5 min via leurs écrans de commande tactiles genre MacDo ?
GrosBill avait vraiment une longueur d’avance…
Je pense que cette boîte a été trop revendue par des gens qui pensaient se faire un max de thunes.
Ex : « GrosBill change de mains pour renaître de ses cendres » (MiniMachines.net 01/08/2017)
puis l’année d’après :
« GrosBill : c’est CyberTek qui reprend la marque » (Hardware.com 19/12/2018) etc etc

Je viens de trouver une explication détaillée (ancienne mais bien documentée je trouve) sur Minimachines :

« Une croissance mal mesurée
Et Auchan investit de manière importante dans la structure, le nombre de magasins physiques évolue à toute vitesse : Un GrosBill est ouvert à Colombes en 2006 puis ce sont quatre autres ouvertures qui s’échelonnent très rapidement : En un été en 2007, les magasins de Lyon et Lille ouvrent leurs portes. En Octobre 2008, c’est Marseille qui voit débarquer l’enseigne suivi rapidement par Toulouse.

Si le magasin de Toulouse ne fera pas long feu, l’enseigne décide de continuer à s’étendre en Région Parisienne avec un rideau qui se lève un an plus tard Octobre 2009 à Noisy-le-Sec. En 2011, la marque programme une ouverture dans le cœur de Paris puis en Mars 2013 à Villeparisis. Ces ouvertures successives se passent plus ou moins bien. Outre Toulouse, le magasin de Marseille ferme également ses portes assez vite. Qu’importe, Auchan tient à son plan quinquennal et en 2014 Grosbill continue ses ouvertures avec une boutique à Boulogne-Billancourt.

Petit problème, si on imagine que ces ouvertures sont liées à une croissance d’activité et de chiffre d’affaires en rapport avec le nombre de magasin, ce n’est pas tout à fait exact. Les ventes des différentes boutiques de la marque ne sont pas toutes aussi brillantes que les premières, celles qui ont motivé le rachat par Auchan. L’opération mathématique consistant à multiplier le chiffre d’affaires par le nombre d’ouvertures ne fonctionne pas. Les magasins historiques de Grosbill ont mis du temps avant de connaitre leur résultats et les ouvertures ne se font donc pas au même rythme que la croissance du chiffre de la marque.

Le premier réflexe de tout investisseur dans ce genre d’entreprise serait de consolider les ouvertures existantes au lieu de les multiplier si le résultat ne suit pas. Ce n’est pas forcément le point de vue d’Auchan qui ne semble pas pouvoir se permettre de décevoir avec son aventure Grosbill. Cela explique pourquoi les ouvertures se succèdent même quand les rentrées ne suivent pas. On parle bien de plan quinquennal et de tout l’aveuglement que cela peut supposer.

Tout cela amène à une situation qui devient de plus en plus bancale, de moins en moins rentable. Et, en 2015, personne n’est vraiment surpris quand Auchan décide finalement de jeter l’éponge en cédant Grosbill. Le nouvel acquéreur n’est rien d’autre que Mutares, la holding allemande qui a déjà repris Pixmania. Le montant de la transaction n’est pas indiqué mais ce n’est pas Mutares qui achète Grosbill à Auchan, c’est Auchan qui garnit les comptes de Grosbill avant de céder ses parts à Mutares pour une offre symbolique. Avec 150 salariés et de nombreux sites, Auchan ne veut pas avoir à gérer la fermeture de l’enseigne qui accuse désormais de lourds déficits.

Le groupe français explique donc l’inverse de son argumentaire d’achat, Grosbill serait trop spécialiste pour Auchan, trop technophile. L’exacte raison de la décision d’acquérir Grosbill est devenu en quelques années la raison se leur séparation.

En 2015, Mutares entre dans la danse. Le groupe Allemand a déjà récupéré Pixmania en 2013 dans des conditions similaires auprès de l’Anglais Dixons et a commencé à salement sabrer ses liquidités, son personnel et ses stocks. En Janvier 2016, Pixmania est dans une situation catastrophique et Mutares ne fera rien pour le sauver. Malgré une sonnette d’alarme bien tirée, la configuration d’un Grosbill est déjà dans une situation intenable et l’enseigne court alors à la catastrophe. Il aurait fallu réduire la voilure, changer d’optique et surtout arrêter la course aux tarifs les plus bas. Course qui monopolise trésorerie et personnel pour des gains minimalistes. Rien n’est fait pour sauver l’entreprise qui continue à accumuler des pertes.

Heureusement, si les fondateurs sont quasiment tous partis, il reste une poignée de membres historiques du Grosbill d’origine. Membres qui vont tout faire pour tenter de sauvegarder l’enseigne de la faillite.

2017, un plan de sauvegarde pour faire le point chez Grosbill
Fin Juin, on apprend que Grosbill est en procédure de sauvegarde afin de pouvoir opérer les changements nécessaires à sa survie. Mutares ne semble plus motivé à suivre cette boite exsangue. Un des fondateurs, Luc Boccon-Gibod, fait une offre de rachat en fonds propres à la holding Allemande pour reprendre le groupe. Mutares valide, Grosbill revient à un des cinq gars des débuts qui assume le risque de se planter en reprenant l’ensemble.

Premier réflexe évident que permet le plan de sauvegarde, fermer les boutiques déficitaires et dénoncer les très coûteux contrats de location de celles-ci. Beaucoup tombent et Grosbill passe de neuf boutiques ouvertes à trois seulement : Paris 13, le magasin historique. Colombes dans le 92 et Thiais dans le 94. Chacune de ces enseignes est rentable avec plus de 20 millions de CA chacune soit 70% du chiffre de la marque. Bien entendu la structure de VPC ne bouge pas pour continuer à assurer un service de vente en ligne. Les éléments qui ont fait le succès de la recette de la marque à ses débuts persistent : Possibilité de commander en ligne et de venir chercher le produit bloqué en magasin. SAV unique pour les commandes en ligne qui peuvent être déposés en boutique…

Grosbill revient quasiment à son point de départ d’avant l’acquisition par Auchan, quand la marque fonctionnait bien. Seule différence, la boutique de Colombes est conservée en plus des deux d’origine. Toutes les autres ferment leur rideau. Leur personnel est remercié et si beaucoup de départs sont volontaires, le mystère de l’état de santé de la boite n’était pas invisible aux salariés, il reste quand même pas mal de monde sur le carreau.

Une mutation en profondeur
J’ai pu rencontrer longuement Luc Boccon-Gibod la semaine dernière suite à mon précédent billet sur la santé de Grosbill. L’homme est doux, souriant et semble d’une évidente bienveillance. Grosbill est clairement son bébé et si depuis 22 ans, il gère la société à différents niveaux jusqu’à devenir son DSI, son implication et les risques encourus pour en reprendre la direction semblent tout à fait calculés.

Depuis la fin du mois de Mai, il a repris les rênes de Grosbill et s’active comme un forcené à redresser la barre. Le constat est fait suite à un accident qui l’empêche de travailler, il prend alors le temps de faire ses calculs, d’étudier les chiffres et d’éplucher le marché. Depuis 2015, c’est la Bérézina. Le chiffre d’affaire a baissé de 20 millions d’euros avec Mutares. Il est passé de 100 à 80 millions avec une dette qui a pris le chemin inverse en grimpant de 7 à 9 millions…

Pour Luc Boccon-Gibod, l’entêtement de la direction de Grosbill de se développer à outrance en se positionnant sur un marché ultra compétitif axé sur le prix n’était pas tenable. « Nous étions reconnus comme des spécialistes », l’arrivée d’Auchan ayant semble t-il totalement dilué cette image de la marque dans le grand bain de la grande distribution. L’ouverture de boutiques nécessite énormément de formation pour tenir un niveau d’expertise technique et ne se positionner que grâce à des comparateurs de prix en jouant sur les derniers centimes du prix d’un produit n’attire pas les gens avides de conseils mais plutôt des acheteurs très volages.

Pour Luc Boccon-Gibod, il faut revenir à cette image de spécialistes pour retrouver un public de technophiles, de geeks et de clients exigeants qui demandera plus de conseils et d’expertise mais qui en retour achètera des produits plus haut de gamme avec des marges plus confortables. Vendre des produits d’appel sur lesquels on ne gagnera absolument rien a peut être du sens dans une grande surface qui propose également des produits alimentaires et autres ventes de textiles où les marges sont autrement plus confortables. C’est beaucoup moins pérenne dans un magasin informatique où certains clients ne viennent pas faire « leurs courses » mais font parfois un détour de plusieurs heures sur leur transport pour acheter un produit quelques euros moins cher qu’ailleurs…

Au lieu de monopoliser sa trésorerie pour faire des « coups » sur des produits à prix cassés, cela permettrait également de mieux se positionner sur les produits susceptibles d’intéresser une clientèle experte. Proposer par exemple des PC overclockés d’usine avec une garantie équivalente à une offre classique accordée directement par l’enseigne. De se positionner sur des produits plus experts. « Pendant longtemps, ce sont les fournisseurs qui nous disaient ce que nous devions référencer » assure le nouveau PDG de Grosbill, « aujourd’hui nous pouvons reprendre la main ». L’idée est de proposer un catalogue plus en rapport avec sa clientèle experte, des produits pas forcément axés grand public et des solutions spécialisées.

Cela ne veut pas dire qu’il y aura moins de références, elles seront seulement différentes : L’offre sera ainsi plus vaste qu’auparavant : « On va passer de 2000 à 4000 références disponibles en magasin ». Le site, quant à lui, offrira un catalogue de 30 000 produits. La proximité géographique des boutiques permettra en outre de faire fonctionner à plein un service de navette pour « dépanner » une boutique en cas de rupture de stock sur des références abondantes dans un autre stock. Grosbill veut rapprocher le produit de ses clients et non pas l’inverse.

L’enseigne veut privilégier certains aspects désormais mis de côté de l’informatique personnelle, comme la possibilité de mettre à jour sa machine ou de la maintenir à flot. Des ateliers de montage pour permettre aux clients de venir faire des mises à jour de leur PC en magasin sont à l’étude. Des endroits où les particuliers pourraient bénéficier de conseils pour mettre à jour leurs machines.

Un des gros chantiers de la nouvelle structure est de retrouver des moyens de négociations auprès des marques et grossistes. « Nous n’avons aucune dette et tout le monde accueille cette transition avec bienveillance ». Les grossistes et marques ont en effet tout à gagner à retrouver sur le marché un spécialiste pour distribuer leurs produits. Entre la concentration actuelle des enseignes avec le rachat de Materiel.net par LDLC, le rapprochement de la Fnac et de Darty et la disparition de plus en plus criante de magasins spécialistes, l’informatique haut de gamme a de plus en plus de mal à trouver des ambassadeurs.

L’essentiel de l’information à retenir pour moi est que Mutares a été éjecté de Grosbill, le site est à nouveau entre les mains d’un technophile. Un élément important car je n’aurais pas supporté de donner un centime à la holding Allemande après l’aventure Pixmania. A l’inverse, je trouve la nouvelle direction de Grosbill courageuse et aventureuse. Outre le fait que son plan de fonctionnement semble tenir debout et répondre à un véritable besoin sur Paris d’une concurrence de spécialistes informatiques, le fait de voir quelqu’un parler de décapsulage de processeur et d’overclocking avec aisance me change beaucoup de mes rencontres habituelles avec les directions de ce type d’enseignes.

Si Grosbill entre à nouveau dans une course de qualité de services, de spécialisation et de compétence technique, il m’est avis que la marque peut arriver à redorer un blason qui a été mis de côté par des années d’errance dans une grande distribution qui ne comprend pas toujours ce qu’elle fait sur ce marché. »

avatar tiboug974 | 

Autrefois une référence pour nous les dom, mais les frais de port sont devenus exorbitants, bien plus que la concurrence. Dommage

avatar CorbeilleNews | 

Le seul point noir pour moi est de ne pas pouvoir échanger un produit (rétractation sous 14 jours) si on est pro

Du coup je n’achète plus rien chez eux en pro depuis plusieurs années !

Dommage non LDLC ?

avatar oomu | 

@CorbeilleNews

c'est assez commun non ?

avatar CorbeilleNews | 

@oomu

Non il y a plein de sites pro qui permettent de renvoyer et se faire reprendre des articles qui ne conviendraient pas

avatar MGA | 

Une grosse interview de Laurent de la Clergerie qui date date un peu mais ce n’est pas inintéressant :

https://podcasts.apple.com/fr/podcast/g%C3%A9n%C3%A9ration-do-it-yourself/id1209142994?i=1000565243330

avatar Dimemas | 

La fin des promo…. Noooooon

avatar Cric | 

« Quel(le) féru(e) d’informatique et de multimédia n’a pas franchi avec excitation le seuil de leur immense boutique avenue Daumesnil dans le 75012 »
Cela me fait penser à l’enseigna Surcouf que j’ai connue dans les années 90 et disparue aujourd’hui.
Une vraie caverne d’Ali Baba !

avatar yod75 | 

Bons souvenirs également rue Montagallet... c'était à une autre époque, tout pouvait se négocier... à partir de prix publics délirants ;)

CONNEXION UTILISATEUR