Pas de consentement de suivi publicitaire : Apple sanctionnée par la CNIL, Meta par l'Union européenne 🆕

Mickaël Bazoge |

L'absence de demande de consentement de suivi publicitaire va coûter 8 millions d'euros à Apple. La CNIL, dans sa formation restreinte (celle chargée de prononcer les sanctions), met le constructeur à l'amende, suivant en cela l'avis du rapporteur du 12 décembre dernier. Ce dernier avait proposé une douloureuse de 6 millions d'euros.

Avant iOS 15, un iPhone ou un iPad lisait les identifiants de l'utilisateur sans son consentement, lorsque ce dernier se rendait sur l'App Store. Des informations qui permettent à la régie publicitaire d'Apple d'afficher des publicités personnalisées. La Commission nationale informatique et libertés explique que ces identifiants ne sont pas strictement nécessaires à la fourniture du service, en l'occurrence ici l'App Store. Par conséquent, ces données « ne doivent pas pouvoir être lues et/ou déposées sans que l’utilisateur ait exprimé son consentement préalable ».

La CNIL a constaté que les paramètres de ciblage de la publicité présents dans les réglages d'iOS étaient cochés par défaut. L'institution a également observé qu'il était bien compliqué de désactiver ce paramètre.

France Digitale se félicite du revirement d

France Digitale se félicite du revirement d'Apple sur les pubs personnalisées de l'App Store

Apple a changé son fusil d'épaule en affichant une demande de consentement de suivi en bonne et due forme. Mais trop tard pour éviter la procédure auprès de la CNIL. À la décharge de la Pomme, les données collectées de la sorte ne sont ni partagées ni vendues à des régies extérieures. Mais il y avait deux poids deux mesures, puisque les applications tierces sont obligées depuis iOS 14.5 de demander le consentement de l'utilisateur.

Apple n'est pas la seule entreprise sanctionnée aujourd'hui pour ses pratiques publicitaires. Meta a été reconnue coupable d'infraction au règlement général pour la protection des données européen (RGPD) et devra payer 390 millions d'euros. Au-delà du montant, assez dérisoire au vu des résultats du groupe, Meta va devoir revoir sa façon de faire.

La DPC, la commission irlandaise sur la protection des données qui gère le lourd dossier de l'activité « données » de l'entreprise, a en effet estimé que Meta va devoir demander à ses utilisateurs s'ils acceptent ou pas les publicités personnalisées. Actuellement, c'est soit oui, soit il est impossible d'utiliser Facebook, Instagram ou encore WhatsApp. Meta a trois mois pour se conformer aux règles.

Mise à jour — Au Financial Times, Apple s'est dit déçue par la décision de la CNIL et surtout, l'entreprise annonce qu'elle fera appel. Elle rappelle que le programme Search Ads, qui inonde l'App Store de réclames, n'exploite pas les données des utilisateurs provenant de sites et d'apps tiers et n'utilise que des données « first party » (celles collectées directement par Apple sur ses appareils). « Search Ads va plus loin que n'importe quelle plateforme de publicité numérique en proposant aux utilisateurs un choix clair s'ils acceptent ou pas les publicités personnalisées ». Certes, mais il y a quand même eu laps de temps de quelques mois durant lesquels ce choix n'était pas des plus évidents.

avatar oomu | 

"Apple s'est dit déçue par la décision de la Cnil et surtout, l'entreprise annonce qu'elle fera appel."

cette réplique classique de société privées (la "déception") me lasse à chaque fois

on s'en fout qu'un criminel condamné soit "déçu". Ben vi, la vie est dure, et Apple aurait été moins déçue de recevoir un bisou, mais c'est comme ça! Allez, au trou le criminel !

avatar Paquito06 | 

@oomu

“on s'en fout qu'un criminel condamné soit "déçu". Ben vi, la vie est dure, et Apple aurait été moins déçue de recevoir un bisou, mais c'est comme ça! Allez, au trou le criminel !”

Le “criminel” (du moins le “rendu coupable”) ne l’est peut etre pas, d’où la deception. C’est aussi pour cela qu’il y a parfois cassation, pour “casser” le jugement precedent, erroné. Ca se saurait si tous les jugements et condamnations etaient justes. Oui, la vie est dure 🫠

avatar r e m y | 

Moi aussi je suis déçu que la CNIL n'aie pas compris que collecter les données personnelles de ses clients pour vendre des emplacements publicitaires n'est pas le business d'Apple!
Tout le monde sait, enfin ... le monde sérieux, qu'ils le font pour le bien de l'humanité !
Les sanctionner pour ça n'a aucun sens 🤦‍♂️

avatar byte_order | 

Moi ce qui me déçoit c'est qu'ils essayent de prétendre que ce qui leur est reproché est lié à qui fait la collecte plutôt qu'à l'absence d'accord préalable du consommateur.

En gros, je suis déçu qu'Apple continue à prendre les gens pour des cons, même dans un commentaire sur une décision à caractère juridique.

avatar r e m y | 

"À la décharge de la Pomme, les données collectées de la sorte ne sont ni partagées ni vendues à des régies extérieures. "
En quoi ça décharge Apple de quoi que ce soit? Ils font exactement comme Google, Amazon ou FaceBook... ils collectent des données de leurs utilisateurs pour vendre des espaces publicitaires via leur propre régie pub!

avatar byte_order | 

En rien, c'est juste une reprise involontaire ou pas, cela reste à débattre, du narratif d'Apple qui tente de prétendre que le problème est sur la façon dont la collecte est faite plutôt que si elle se fait avec le consentement préalable de l'utilisateur.

avatar r e m y | 

L'argument d'Apple pour faire appel me semble encore plus tordu que ça!
En gros ils expliquent que la vente d'espaces publicitaires ne se fait que sur la base des données collectées par Apple sur "ses" appareils sans enrichir le profilage avec des données obtenues auprès de tiers et que ça justifierait que cette collecte puisse se faire sans demande de consentement...

avatar byte_order | 

Ce ne sont pas "ses" appareils, mais de toute façon cela ne change rien, la loi se contrefoutant que l'utilisateur soit le propriétaire ou pas du matos servant à la collecte. Ce qu'elle dit c'est que si cette collecte sert à proposer un service de placement payant de publicité personnalisée, le consentement préalable explicite (opt-in donc) de l'utilisateur est obligatoire.

Apple fait appel car elle a les moyens de payer du temps pour ne payer les conséquences encore plus tard. Tout simplement.

avatar Oncle Sophocle | 

Et pendant ce temps-là, Médème VDL fait cadeau des données personnelles des citoyens de l'UE à Môssieu Biden.
Bon, je sais, c'est pas le sujet, mais c'est bien le même sac ?

avatar Aimable | 

Mais? Y’a vraiment des gens qui vont sur l’AppStore pour mater des pubs?
Si j’y vais, c’est soit pour installer une app ou faire des mises à jour, donc s’il y’a des pubs je ne les vois même pas. Par contre oui, jais désactivé le suivi, comme je me colle toutes les bannières et fenêtres figées d’acceptation des cookies pour les refuser un à un.

avatar r e m y | 

Mais il n'y a pas que sur l'AppStore!
Si tu utilises Plans, à la moindre recherche, tu as une ribambelle de suggestions publicitaires qui te bouffe la moitié de l'écran de résultats
Sur le BookStore, tu es inondé de suggestions pour des bouquins dont tu te contrefiches
Sur Météo on commence à en voir apparaître

Sans compter les notifications publicitaires qui viennent te solliciter sans même que tu aies ouvert la moindre app... et en réveillant l'écran s'il était éteint, histoire de bien attirer ton regard.

Et le sujet, ce n'est pas que tu voies ou pas les publicités, mais qu'Apple enregistre (enregistrait?) des données te concernant sur tout ce que tu fais sur ton iPhone sans te demander ton avis.

avatar byte_order | 

@Aimable

C'est pas la question de savoir si l'utilisateur est gêné ou pas par les pubs affichées via cette collecte.
La loi dit que toute collecte exploitée afin de proposer une service payant de placement de publicités personnalisées doit obtenir le consentement préalable et explicite, aka opt-in, de l'utilisateur.

La régie de pubs d'Apple n'étant pas une association à but non lucratif, le placement de pubs personnalisées de la régie d'Apple qui utilise les données collectées doit se conformer à cette obligation de consentement préalable, ce qui n'était pas le cas pendant un moment dans iOS.

avatar Aimable | 

@byte_order

Je suis d’accord. Mais je n’ai pas eu l’impression d’apercevoir de la pub. J’ouvre l’app store et je vais direct cliquer a droite sur rechercher. Probablement qu’il y’a des résultats suggérés dans la recherche.
Je n’ai pas remarqué de pub dans le service plan ou book : je ne les utilise pas.

Par contre aujourd’hui j’ai allumer un dell que j’avais mis sous win11 il y’a qq temps pour tests, là de la pub de 💩 j’en ai vu à outrance sans avoir rien demandé. Juste en survolant avec la souris le widget météo, en bas à droite.
En 5minutes, cette cochonnerie était éradiquée.

avatar byte_order | 

@Aimable
> Mais je n’ai pas eu l’impression d’apercevoir de la pub.

Les consommateurs disent souvent qu'ils ne voient pas ou ne font pas franchement attention aux publicités.
La réalité des études publicitaires démontre pourtant qu'ils les voient et que cela les influencent suffisamment pour justifier de dépenser autant d'argent dans des campagnes publicitaires.

Ou alors les études sont en fait bidonnées par les régies afin de maintenir la demande de campagnes publicitaires ;-)

Ou alors votre cerveau filtre automatiquement les pubs de votre vision. Cool ça.

Pour Windows 11 je ne sais pas, je suis encore sous Windows 10. Pas d'expérience particulière de surexposition à de la publicité directement depuis l'OS, ou même à de l'exposition.

Mais j'ai p'tet le même filtre cognitif que vous, allez savoir.

avatar MacMarc | 

Bonjour,
Que de discussions passionnées pour un sujet qui relève plus de la bureaucratie et de procédurisme ( ça se dit? ).

En pratique, pour moi, le RGPD, ce sont des promesses qui sont de la poudre aux yeux, des tracasseries administratives lourdes, propres à décourager tout secrétaire de petite association et/ou de site web interactif (surtout si bénévole après ses heures de boulot), et de la perte de temps lors de la navigation sur internet...
Des promesses sur la protection de la vie privée qui n'empêchent pas de continuer à recevoir d'innombrables messages et coups de téléphone indésirables, ni de recevoir dans ma boîte aux lettres un PV pour excès de vitesse de Hollande où ma voiture (belge) n'a jamais mis les roues...
Des contraintes qui rendent beaucoup plus lourde la simple tenue d'une liste de membres pour une petite association voire l'inscription à un repas organisé, au point de décourager pas mal d'initiatives sympa.
Dans ce cas-ci, franchement... Doit-on exiger, quand on rentre dans un magasin, que l'employé demande notre autorisation avant de nous donner un conseil?
Si je n'ai pas envie de ses conseils, je lui dis et s'il m'ennuie à chaque visite, je lui rends visite le moins souvent possible.Mais de là à lui demander un dédommagement... On n'est (heureusement) pas encore en Amérique, ou l'on porte plainte pour un oui, pour un nom. Le gérant oo l'employé fait ce qu'il veut dans son magasin tant qu'il ne me torture pas 😜.

S'il vend mes (cool)données à d'autres, là, c'est autre chose...

avatar r e m y | 

Le RGPD n'interdit pas de vous donner des conseils (à.k.a vous afficher des publicités), ce qu'il interdit c'est que le commerçant, quand vous rentrez dans sa boutique, prenne note de votre nom, prénom, date et heure de votre visite, durée de celle-ci, liste tout ce que vous avez regardé dans son magasin, les questions que vous avez posées aux vendeurs, vous colle un tracker dans le dos pour récupérer ces mêmes infos quand vous irez dans les autres magasins de la galerie commerçante.... sans vous demander d'abord votre autorisation.

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