Pour Michael Bromwich, le pire ennemi d'Apple n'est autre qu'Apple

Mickaël Bazoge |

Michael Bromwich, le « surgé » nommé par la juge Denise Cote pour surveiller les activités de l’iBooks Store, a eu une fois de plus l’occasion de se plaindre des mauvaises manières avec lesquelles Apple traitait sa mission. Il faut bien dire que les deux parties ont tout pour se détester : Apple n’apprécie pas vraiment qu’on vienne fouiner dans ses affaires, tandis que l’auditeur dépasserait le cadre de son enquête (sans oublier des émoluments particulièrement importants).

Dans une de ses dernières déclarations avant la fin de sa mission (qui a débuté en octobre 2013 pour deux ans), Michael Bromwich a jugé que le « pire ennemi » d’Apple n’était autre qu’Apple elle-même. En cause, toujours et encore le manque de collaboration « sans bonne raison » des dirigeants du groupe, une attitude qui « jette une ombre sur les progrès notables dans l’élaboration d’un programme de conformité antitrust complet et efficace ».

Malgré les problèmes rencontrés par l’auditeur pour obtenir l’information désirée, Bromwich a aussi indiqué que le programme était devenu « substantiellement plus fort ». Apple a mis en place un ensemble de procédures antitrust et de formations, et demande des engagements à ses cadres.

Denise Cote, qui avait choisi Bromwich après avoir jugé Apple coupable de collusion dans le secteur des livres numériques, a toujours la possibilité de demander à l’auditeur de rester plus longtemps en poste. En dépit de ce jugement, Apple estime que le dossier n’est pas clos : mi-septembre, l’entreprise annonçait vouloir porter l’affaire devant la Cour Suprême (lire : Procès iBooks Store : Apple en appel à la Cour suprême).

avatar Oby1 | 

Sur la photo, je lui trouve un petit air de Steve Jobs, barbu... ;-)

avatar Hideyasu | 

@Oby1 :
Pas faux. Je comprends pas la culpabilité d'Apple sans celle d'Amazon, si quelqu'un voit une différence ça serait sympa d'expliquer. Mais vu le monopole d'Amazon et ce qu'elle impose ...

avatar rikki finefleur | 

Il s'agissait d'une entente secrète avec les éditeurs, pour faire monter le prix des livres.
De plus apple imposait aux éditeurs qu'amazon fasse aussi remonter le prix des livres, en interdisant aux éditeurs, de revendre moins cher que ce qui était proposé pour Apple.
Apple ne pouvant s'imposer dans le domaine du livre avait trouver ce moyen pour améliorer ses marges , et éliminer ou diminuer de fait un concurrent amazon..(en gros).

avatar Hideyasu | 

@rikki finefleur :
Merci de l'explication.
Mais du coup le monopole d'Amazon et les conditions imposées ce n'est pas condamnable (ou pas encore ? ^^)

avatar C1rc3@0rc | 

Non c'est en partie faux
Un ensemble d’éditeurs concurrents se sont concertés pour definir un système de régulation du prix de vente final du livre. Ce système est la norme en France.

Mais aux USA le livre est une marchandise soumise a l’économie de marché et il est illégal de constituer un cartel de concurrents s'entendant sur les prix.

De plus Amazon, le principal plaignant et en position dominante, a pour modèle d'acheter des lots négociés au plus bas prix, et de fait d'obtenir la totale propriété sur la responsabilité de vente, lui permettant d'utiliser n'importe quel moyen pour écouler ses stock au plus vite, donc sans que l'editeur puisse intervenir ni sur la méthode ni sur la limite de prix.

Apple qui a - jusqu’à l'Apple Watch - toujours voulu contrôler a la fois le prix de vente final et les méthodes de ventes s'est joint au cartel pour ponderer aussi le point de vue unique des éditeurs avec celui de distributeur numerique, non pas en tant qu’éditeur mais comme distributeur.

Suite a la plainte d'Amazon, le Département de la Justice américain a lancé une enquête qui a reconnu l’illégalité du cartel des editeurs. Les éditeurs ont préférés négocier avec le DoJ plutôt que d'aller au procès et ont subit des sanctions commerciales, fiscales et administratives.
Apple a décidé d'aller au procès, estimant que sa situation n’était pas illegale - c'est un distributeur, pas un éditeur concurrent - et estimant que le modèle de vente d'Amazon et sa position dominante devait etre sujet d'une décision judiciaire.

La juge a estimé que le poids économique d'Apple dans la distribution numérique lui octroyait un pouvoir d'influence qui engageait sa responsabilité a un niveau similaire de celui des éditeurs, et a décidé qu'Apple contrevenait aux règles de la libre concurrence. D'ou les sanctions

Apple continue a contester cette interprétation et surtout le fait que la situation de position dominante d'Amazon n'ait pas ete prise en compte.

avatar harisson | 

Je trouve sa présence au coeur d'Apple, au-delà de l'affaire iBookstore, de plus en plus intéressante.

avatar Yves SG | 

Et en France, "l'entente sur le prix des livre" a été décrété par le gouvernement du temps de Miteux sous le doux nom de "prix unique du livre", pour sauver les éditeurs et les libraires (certe, à contre courant de tous les pays qui l'on supprimé dans les années 70)...

avatar en ballade | 

@Yves SG :
Pour cette raison que nous avons encore des librairies en centre ville et des éditeurs indépendants. Tu fais parti de ceux qui préfèrent les wall Mart ou Amazon. Lire un roman sur un iPad c est juste n'importe quoi

avatar yan73 | 

@en ballade :
Tu peux argumenter stp ?

Tes yeux ont besoin de toucher du papier pour lire un contenu particulier ?

avatar tbr | 

@yan73 :
+1

Un peu comme si je disais "ta Bible imprimée, c'est portnawak mon cher Gutenberg ! Je préfère qu'on me lise son texte à partir d'un gros grimoire plein d'enluminures peintes à la main pendant de longues années de labeur parce que c'est mieux.

Je conçois qu'un livre d'art dont la texture du papier a son importance mais un roman... OSEF.

Le papier que l'on touche, quand on en parlera à nos mômes comme d'un regret, ils nous prendront pour des *** et nous taperont sur l'épaule, l'air de dire "pas grave. Va prendre ta tisane et au lit".

Il faut vivre avec son temps.

avatar C1rc3@0rc | 

@en ballade
«Pour cette raison que nous avons encore des librairies en centre ville et des éditeurs indépendants»

faut le dire tres vite, parce que les librairies ferment a grande vitesse, sont rarement indépendantes (en gros reste la FNAC et les Maison de la Presse) et les libraires ne sont bien souvent plus que des vendeurs comme dans la grande distribution.

Quant aux éditeurs indépendants, c'est une farce: il suffit de connaitre un peu l'historique de la mafia des NMPP et des la prise de contrôle des éditeurs par les grands groupes de l'industrie du divertissement pour savoir qu'il n'y a nulle indépendance depuis longtemps.

Aujourd’hui si un auteur veut diffuser une œuvre non contrainte et originale a intérêt a le faire en version numérique et en dehors du circuit commercial (en gros par son propre site internet). Et ce que tu vas trouver en librairie c'est des produits formatés pour la distribution.

avatar Moonwalker | 

Vous oubliez de signaler que le sieur Bromwich s'est fait aussi taper sur les doigts par la Cour d'appel, et s'il a été maintenu dans sa mission, c'est après avoir été sévèrement recadré.

avatar Pommeduverger | 

Enlevez lui la barbe et c'est François Mitterand !

avatar iPop | 

@Pommeduverger :
You make my day :)

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