Apple a livré le rapport 2015 sur la responsabilité sociale de ses fournisseurs, tout en reflétant les nouveautés sur le site web consacré à ce sujet. Il s’agit du neuvième rapport d’Apple, souligne Jeff Williams le vice-président des opérations, en charge de la chaîne d’approvisionnement du groupe. Apple investit des « millions » de dollars pour son programme de formation, qui compte 48 classes (équipées de Mac et d’iPad) dans 23 usines; depuis 2008, 861 000 travailleurs y ont eu accès (379 000 en 2014). La Pomme a également fait connaître leurs droits à 2,3 millions de travailleurs (6,2 millions depuis 2007). Un programme éducatif pilote disponible sur iPad a été développé (il comprend 70 cours) et est disponible sur 10 sites.

L’aspect environnemental n’est pas oublié : Apple a enrôlé 632 cadres et dirigeants représentant 900 000 salariés, au sein de l’« académie EHS » (environnement, santé et sécurité) mise en place par le constructeur. « Nous avons fait des progrès significatifs », conclut Williams, « mais il existe toujours des problèmes, et il y a encore du travail à faire. Nous savons que les travailleurs comptent sur nous. Nous n’arrêterons pas tant que chacun ne sera pas traité avec le respect et la dignité qu’il mérite ».
Et ce travail passe par des audits réalisés dans les usines des sous-traitants : en 2014, 633 enquêtes (un record depuis 2006, +40% par rapport à 2013) ont ainsi été menées chez 459 fournisseurs de 19 pays, recouvrant 1,9 million de salariés. Apple a passé 30 000 coups de fil à des travailleurs pour savoir si leurs droits étaient préservés. La Pomme a aidé au règlement de 700 infractions liées au droit du travail, à la législation, à l’environnement, à la gestion des produits chimiques.

Chaque audit est l’occasion pour Apple de vérifier le respect d’une centaine de règles édictées par le code de conduite. Les usines où ont été menées deux audits ont connu une hausse de 25% de leur « score » par rapport aux usines visitées pour la première fois (de 31% pour les entreprises où ont été menées 3 audits). Les enquêteurs d’Apple ont aussi procédé à 40 visites surprise.
La limite des 60 heures de travail par semaine est globalement respectée. 92% des semaines de travail chez les fournisseurs font ainsi 60 heures ou moins (les heures supplémentaires doivent être « strictement volontaires »), un chiffre obtenu auprès de 1,1 million de travailleurs. En moyenne, chez les fournisseurs d’Apple, la semaine de travail dure 49 heures. Les salariés à plus de 40 heures travaillent en moyenne 55 heures par semaine; 94% de tous les employés bénéficient d’au moins un jour de repos tous les sept jours. Apple a aussi repéré l’an dernier 16 cas de travail de mineurs dans 6 usines, ce qui est toujours trop mais qui ne représente que 0,001% des effectifs des fournisseurs.
Pour éviter que certaines usines exploitent des stagiaires, Apple s’est alliée au programme Rural Education Action Program de l’université de Stanford et avec Dell, qui suit les formations de plus de 12 000 étudiants issus de 130 écoles. Apple, avec d’autres partenaires (dont l’université du Henan en Chine) a aidé à la création d’une formation pour aider les écoles à mieux surveiller les entreprises où ils envoient leurs stagiaires. Apple tient aussi à ce qu’il n’y ait pas plus de 20% de stagiaires par usine (en moyenne, le taux tourne autour de 1 à 2%).

Un des problèmes auquel s’est attelé Apple l’an dernier ressemble à une version moderne de l’esclavage. Dans les cas d’effectifs trop limités pour répondre aux commandes, certains sous-traitants font appel à des intermédiaires qui fournissent une main d’œuvre étrangère contre monnaie sonnante et trébuchante. Ces usines, qui rémunèrent ces intermédiaires, exigent ensuite des employés qu’ils remboursent leurs frais d’embauche; ces derniers se retrouvent donc dans la situation où ils sont redevables de leur employeur, avant même qu’ils soient embauchés.
Apple a obligé ses fournisseurs à rembourser 3,96 millions de dollars en frais excessifs à plus de 4 500 travailleurs étrangers, soit un total de 20,96 millions à 30 000 travailleurs depuis 2008. Pour mettre un terme à cette pratique toxique, Apple a mené des audits chez la plupart de ses 200 fournisseurs susceptibles de succomber à un tel système. En 2015, aucun sous-traitant d’Apple ne devra compter sur ses lignes de production de travailleurs devant payer des frais de recrutement. Apple a également lâché quatre des fonderies avec lesquelles l’entreprise travaillait pour ses besoins en métaux. Ces dernières ont refusé de se plier aux audits tiers (autres que ceux d’Apple) pourtant exigés par le constructeur, qui enquête sur son réseau de sous-traitants en fonderies depuis 2011.

Rappelons que pour travailler avec Apple, un fournisseur doit s’engager à respecter le code de conduite édicté par le constructeur de Cupertino, « un des plus durs de l’industrie ». En cas de violation sérieuse, Apple se réserve le droit d’en référer aux autorités locales, et elle met en place une période de probation jusqu’à ce que le sous-traitant se mette en règle. Apple a cessé de travailler avec 18 fournisseurs dans le cas de faute lourde.