Apple : retour sur Eddy Cue et Bob Mansfield

Florian Innocente |
Le jeu de chaises musicales survenu à la direction d'Apple continue d'alimenter la chronique en anecdotes sur ceux qui restent et celui qui part (Scott Forstall seul puisque le sort de John Browett ne suscite qu'indifférence). Dans la première catégorie, il y a Bob Mansfield. AllThingsD revient sur son annonce de départ à la retraite, soudainement transformé en un maintien puis confirmé pour une durée de deux ans.

L'actuel Senior Vice President Technologies n'aurait pas fait du départ de Scott Forstall la condition du prolongement de sa présence chez Apple, affirme le site. Pour autant, d'après un observateur, il semble que Mansfield était plus enclin à prolonger son bail chez Apple en sachant que Scott Forstall sortirait du tableau. Un Forstall qui, depuis le 29 octobre, a officiellement hérité du titre de "conseiller spécial du CEO" Tim Cook.

Autre figure importante qui reste, Eduardo 'Eddy' Cue, le Senior Vice President Internet Software and Service. Un titre qui recouvre de nombreux territoires chez Apple et pas des moindres : les App Store, l'iTunes Store, l'iBookstore, iCloud, Siri, Maps et iAd. Excusez du peu.

Cue est moins connu que d'autres dirigeants d'Apple, mais il fut un intime de Jobs, convié à des moments importants de la vie personnelle du PDG disparu (son mariage) jusqu'à son décès où une poignée de ses lieutenants étaient présents lors des funérailles : Eddy Cue, Tim Cook, Jonathan Ive et Katie Cotton (responsable de la communication mondiale de l'entreprise), d'après ce qu'en dit Adam Lashinsky dans son livre 'Inside Apple'.

Dans une autre vie, Eddy Cue sera peut-être pompier, puisqu'il a hérité de Plans, de Siri et avant eux de MobileMe, lorsque Steve Jobs eut besoin de quelqu'un pour remettre de l'ordre dans le prédécesseur d'iCloud.

C'est aussi lui qui fit l'interface entre le patron d'Apple et les maisons de disques et les studios lors des négociations pour obtenir des contenus pour iTunes. Un rôle de "bon flic" à côté du "méchant flic" alias Steve Jobs, comme le raconte CNET dans un portrait qu'il consacre à ce vétéran d'Apple (23 ans d'ancienneté).

Bob Bowman, qui gère les droits de la ligue de baseball, décrit Cue en des termes flatteurs, mais souligne aussi un tempérament acéré « Eddy est un génie, il est brillant, éclairé et ferme. Quoi qu'on leur ait demandé il ne se sont jamais contentés de répondre : Ok. » On lui prête d'avoir déminé il y a cinq ans des relations entre Apple et les maisons de disques, devenues explosives.

Une anecdote est racontée, remontant à 2006. Cue était l'invité d'un séminaire interne de Warner Music, rassemblant les personnes s'occupant du catalogue des artistes et d'autres fonctions artistiques. Eddy Cue devait y faire une allocution. Une heure avant qu'il ne prenne la parole, les responsables de Warner lui firent part de leurs nouvelles exigences alors que le contrat liant le label à Apple arrivait bientôt à expiration.

Ils réclamaient une flexibilité sur les prix au prétexte que tous les artistes n'impliquent pas les mêmes investissements. Ils désiraient aussi qu'iTunes s'ouvre à d'autres baladeurs que l'iPod. Eddy Cue écouta jusqu'à la fin et répondit immédiatement et calmement, sans en référer à Jobs, qu'Apple n'accéderait pas à leurs demandes et qu'en cas d'expiration du contrat sans qu'une solution soit trouvée, les contenus de Warner Music seraient simplement retirés de l'iTunes Store. Puis il alla faire son discours comme prévu. Le renouvellement du contrat fut signé pour trois ans, sans changements.

ADWEEK, dans un article de 2011, donne un autre éclairage, avec un Cue présenté comme changeant dans ses positions, affirmant une chose et la niant peu de temps après. Laissant à penser que Steve Jobs était entre temps intervenu.

Les contacts de CNET le décrivent comme quelqu'un qui évite la condescendance à l'égard de ses interlocuteurs chez les labels. Qui a instauré des réunions trimestrielles avec les maisons de disque pour discuter des moyens d'améliorer les ventes et resserrer les liens entre elles et Apple. Une pratique adoptée depuis par la concurrence.

En 2007, Universal Music puis Sony menacèrent Apple de se retirer d'iTunes si plus de contrôle sur les prix ne leur était pas donné et si le service ne s'ouvrait pas davantage. Universal souhaitait aussi arrêter de reconduire des contrats sur plusieurs années et privilégier une base mensuelle. Deux ans plus tard, Cue accéda à la demande sur les contrats qui pourraient être rompus au bout de 30 jours. Mais pour mieux faire comprendre à ses interlocuteurs que cette situation s'apparentait à une confrontation nucléaire où chacun peut réduire tout le monde en poussière. Au lieu de cela, il plaida pour une approche plus raisonnée. La même année, les prix finirent par gagner en flexibilité sur iTunes et en échange Apple obtint que les DRM soient supprimées.

Sur le même sujet :
- Eddy Cue dit qu'il n'y aura pas de TV Apple dans un avenir proche
- Eddy Cue : 100 000 actions sur quatre ans
avatar jiheme | 
Fascinant . Je dois dire que je suis assez admiratif de ces types qui gèrent des contrats aussi importants . Qu une seule de leur décision peut influer sur l avenir de l entreprise qu ils représentent , et de celle en face , donc . Le " chef" est souvent critiqué dans nos boîtes en France , mais a ce niveau , il en faut des " corones" .
avatar helmuthelmut | 
@jiheme Il faut des corones ! Heureusement il y a aussi des femmes qui sont des leaders incontournables... corones ou pas !!
avatar BLM | 
"coRones" je ne sais pas. "coJones" sans aucun doute. Quoique "tripes" – moins sexué – convient aussi.
avatar jiheme | 
@helmuthelmut : Comme disait le curé dans ma commune auparavant , quand je dit " hommes" j embrasse toutes les femmes , hein .
avatar Picaweb | 
"Dans une autre vie, Eddy Cue sera peut-être pompier, puisqu'il a hérité de Plans, de Siri et avant eux de MobileMe" Et voilà, j'ai renversé mon café en riant !
avatar Llyod | 
Très bon article, par contre qu'es-ce les "DRM" ?
avatar mansour | 
@Llyod : Une sorte de verrou numérique qui empêche le transfert d'un morceau sur plusieurs iPods si je ne me trompe pas,...
avatar bugman | 
Digital Rights Management Gestion de droits numériques
avatar mansour | 
À propos des DRM,Steve avait écrit une lettre ouverte aussi il me semble .
avatar Trillot Bernard | 
@Llyod [02/11/2012 08:27] Très bon article, par contre qu'es-ce les "DRM" ? Ce sont les "verrous numériques" qui empêchent la copie et l'utilisation sur des lecteurs non autorisés. Ils avaient été imposés par les majors et Jobs avait écrit une lettre ouverte en demandant leur suppression. Il a fini par avoir gain de cause et tout le monde aujourd'hui s'en félicite, y compris les concurrents et les consommateurs.
avatar San_Pellegrino | 
Lorsque j'étais étudiant en Californie, j'ai eu une brève relation avec Katie Cotton : je confirme que c'est une forte femme, mais avec une grande douceur quand il le faut. Un de ses défauts à l'époque : parler beaucoup.
avatar gto55 | 
Source: mac4ever Apple a-t-elle viré son plus grand inventeur ? Aujourd'hui à 09h51 Si Scott Forstall n'était apparemment pas un bon manager, l'homme n'était pas arrivé là par hasard. Croyez-le ou pas, son nom apparait sur 166 brevets déposés par Apple, c'est plus que tous les autres employés de Cupertino. Jonathan Ive, qui reprend le flambeau, n'y apparait que sur 51. Mais il ne s'agit que de brevets relatifs au design des produits, et non à des fonctionnalités au coeur d'iOS, comme c'est le cas pour Forstall. MDB Capital, à l'origine de la trouvaille, indique toutefois que Forstall ne serait pas forcément l'inventeur de tous les brevets sur lesquels sont nom apparait, l'homme ayant la réputation de piquer certaines idées et de se les approprier.
avatar joneskind | 
@helmuthelmut : +1 évidemment !
avatar joneskind | 
@Llyod : Vaste sujet. Les DRM sont des verrous qui t'empêchent d'utiliser les fichiers que tu achètes sur d'autres machines. Ces verrous ont sauté sur les MP3 mais persistent sur les films et les livres. Il est intéressant de rappeler que c'est bien Apple qui a tout fait pour faire sauter ces verrous, pour que ses clients puissent écouter leur musique sur n'importe quel périphériques, y compris donc ceux de la concurrence. Quand on entend qu'Apple fait tout pour gagner encore et toujours plus de fric, ça remet les choses en perspective. Je ne doute d'ailleurs pas que les DRM des eBooks achetés sur l'iBookstore ainsi que les DRM des Vidéos finiront elles aussi par sauter.
avatar karting1234 | 
@San_Pellegrino : Photos sinon fake :3

CONNEXION UTILISATEUR