Starmac, un revendeur face à Apple

La redaction |
Après cette année de vaches maigres pour l'informatique et plus particulièrement pour Apple, nous nous sommes intéressés à un petit revendeur agréé bordelais qui, en établissant un partenariat avec GoldWay pour la distribution sur internet, compte s'adapter aux changements de politique de vente de la part de la firme de Cupertino. David Stevens répond aux questions de MacGeneration.




- Depuis combien de temps et pourquoi avoir choisi de vendre du Mac ?


- J’évolue dans l’univers Mac depuis une dizaine d’années, jusqu’à me mettre à mon compte avec l’ouverture de STARMAC en 1998. Les raisons sont simples : je suis "tombé dedans depuis tout petit", au lycée je bricolais déjà sur un Apple IIc ; de plus, pour moi le monde Mac a toujours eu un temps d’avance. Il y a eu bien sur de brefs passages dans le monde PC, et à l’époque déjà c’était un curieux dilemme que de choisir entre le Dos sans souris de Microsoft et le Mac OS 6.07 en version française… Fasciné par ce sentiment d’avancer à grands pas dans ce que serait l’informatique de demain, je n’aurais rien voulu faire d’autre ! C’est un style de vie qui me convient tout à fait, avec une clientèle très sympa, et particulière, composée essentiellement de créatifs (maquettistes PAO, professions libérales, musique…).


- La clientèle Mac est elle particulière ? Etes-vous obligés d’expliquer les originalités d’Apple en matière de marketing et de stratégie à vos clients ?


- Nous avons deux clientèles : une clientèle "du prix" sur le web, et une clientèle "services" fidèle au magasin, ce qui nous permet de dégager plus de temps et de services pour les clients. La clientèle Mac est ouverte mais pas forcément experte en informatique, c'est une clientèle auprès de laquelle nous devons régulièrement nous justifier de la stratégie et des nuances marketing gérées par Apple. Ça a été l’horreur avec le G4 Cube d’expliquer que ce n’était rien d’autre qu’un iMac avec un écran externe alors qu’Apple le faisait passer pour un super calculateur. Ne parlons pas du système de SAV complètement désorganisé géré par des prestataires agrées de type Asia Maintronic, où il faut compter en moyenne trois interventions pour régler un problème sous garantie, ceci ternissant l’image d’Apple et bien sûr celle de STARMAC.


- Quel est votre avis de professionnel dans ce domaine, et quelles sont vos relations avec la maison mère ? Par exemple, l’exclusivité Apple Store de certains produits ?


- Par contre dans le domaine de la distribution Apple en tant que professionnel, je le dis franchement : changeons de métier ! D’ailleurs Apple ne nous contredira pas ! Avec par exemple l’Apple Store, qui a été la source principale d’une baisse conséquente de la marge sur les machines. L’Apple Store c’est l’instrument qui tire tout vers le bas : anti marge, anti business. Il faudrait qu’Apple nous explique pourquoi la grande distribution (pousse cartons) fait des opérations Apple Store –6 ou –8 sur certains produits alors qu’un revendeur tel que STARMAC achète chez des grossistes tel que Techdata à Apple Store –5 ? Tout cela nous prouve qu’un jour, de toute façon, Apple finira par vendre en direct comme Dell…


Nous n’avons volontairement aucun contact officiel avec Apple France c’est à dire, en gros, que nous n’avons rien signé. En revanche, Apple France revendique notre existence et nous convie de temps en temps à leurs réunions. Tant qu’Apple France ne propose pas de politique de distribution qui ne se retourne pas contre le revendeur, nous resterons longtemps les Moudjahiddines du Mac.




- Vous avez récemment établi un partenariat avec le groupe GoldWay France. Avec ce site de vente en ligne, êtes-vous en mesure de proposer des prix plus compétitifs ?


- Notre partenariat avec GoldWay France est basé sur une exploitation optimisée des compétences de nos deux équipes. Nous avons une bonne connaissance du net et de la création de boutiques en ligne. Notre maîtrise technique dédiée Apple nous permet d’assurer le support technique téléphonique. En revanche GoldWay, VPCiste de son état, maîtrise la logistique, le marketing et surtout le prix !


- Ceci signifie l’abandon de la vente directe au magasin ?


- Dans notre désir de changer de métier, la vente en ligne nous paraissait être une bonne solution. Privilégier la vente "on line", c’est privilégier le service au magasin. Seules les ventes à valeurs rajoutées sont acceptées en magasin. Ce qui renforce notre philosophie de départ, restée intacte depuis 5 ans : privilégier avant tout le service plutôt que la vente de matériel.




- Vous représentiez un genre de revendeur Mac, une petite enseigne et un magasin hospitalier qui ne se contente pas que de vendre du matériel. Avez-vous, par force, dû abandonner cet esprit Mac au profit de la survie financière ?


- Pas du tout, l'accord avec GoldWay ne concerne que les prix et nos anciens clients ne voient pas de différences dans notre contact avec eux. Au contraire, cette façon de procéder avec nos clients nous est vitale, il est très important de nous différencier avec les grandes enseignes, moins accessibles.


- La vente d’articles PC est elle d’actualité ?


- Hors de question pour l’instant de toucher au PC avec une enseigne nommée STARMAC ! On nous brûlerait sur un bûcher en nous traitant d’hérétiques (!!!), mais qui sait, pourquoi pas un STARPC un jour…


- Après le succès des Apple Store ouverts sur le territoire des Etats-Unis, comment accueillez vous l’idée de l’ouverture de ces magasins en France ?


- Tout dépend de la formule de ce genre de magasin, s'il s'agit uniquement d'une vitrine pour le design de la marque, nous ne jouerons pas sur le même tableau. Je m'interroge d'ailleurs sur leur réaction si un client leur rend visite avec un PowerBook 530 défectueux.


- Comment s’est passée cette Apple Expo 2002 ?


- Apple Expo 2002 s’est très bien passée, aux cotés de GoldWay, et ça a été un succès ! Ce salon nous a aussi permis de communiquer avec nos clients qui pouvaient enfin mettre un visage sur une voix. C’était une première, avec des petits soucis d’organisation et de logistique, mais globalement on a fait un gros carton !


- Avez vous pu mesurer la proportion de “switcheurs” ? Est-ce un phénomène qui prend de l’ampleur ?


Depuis l’arrivée de Mac OS X, il est clair que le phénomène des "switcheurs" prend de plus en plus d’ampleur : beaucoup de gens quittent Windows, et après un bref passage sur Linux, sont conquis par Mac OS X. Une bonne excuse pour lâcher Bill Gates ! Vive la liberté !

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