Des anecdotes sur la conception de l'iPhone
D'anciens membres d'Apple ont raconté à Fast Company quelques anecdotes sur la genèse des iPhone et iPad, en particulier l'illustration des niveaux de confidentialité qu'Apple imposait à ses employés, même lorsqu'ils devaient travailler sur le même produit. Des témoignages qui sont extraits du petit livre, "Design Crazy", vendu 1,49€ sur l'iBookstore.
L'article rappelle d'abord quelques éléments connus. Le fait notamment qu'Apple a d'abord travaillé sur une tablette puis a décidé de s'orienter vers un téléphone, avant de revenir sur son projet initial, une fois l'iPhone sorti. Ou encore, que l'une des deux équipes assignées à la conception de formats possibles pour cet iPhone, avait testé un iPod mini doté d'une roue tactile servant de cadran de numérotation.
Nitin Ganatra, ancien directeur de l'ingénierie d'iOS (aujourd'hui directeur exécutif chez Jawbone), se rappelle le prototype initial de l'iPhone : « Ça ne ressemblait pas à un téléphone. C'était un appareil de la taille d'une tablette, avec ce gros câble qui allait se brancher à un Mac. Dans un coin de cet écran, il y avait l'interface du téléphone ».
En 2003, avant ces travaux sur un téléphone tactile, Apple réfléchissait à la manière d'intégrer un PC dans une tablette, explique Doug Satzger, ancien de l'équipe de design industriel. Lors d'une réunion, ils discutèrent des usages possibles du multitouch, comme de simuler une page que l'on tourne ou de faire un zoom dans une image. Un prototype fut réalisé une quinzaine de jours plus tard. Son collègue, Duncan Kerr, avait appliqué « une surface tactile à un écran posé sur une table et relié à une tour ». Cet "iPad branché à un PC" était riche de promesses, mais difficile à concrétiser à ce moment-là, surtout d'une manière qui réponde aux critères d'Apple.
« C'était à la fois un iPad sans être un iPad » résume Jon Rubinstein « C'était très cool, mais insuffisant. Du coup, cette technologie s'est retrouvée dans l'iPhone ».
Le véritable développement de l'iPhone débuta en 2005, conduit par une petite et discrète équipe. L'utilisation d'un écran tactile n'était pas à l'époque une évidence, comme l'ont montré les expériences menées dans l'équipe de Tony Fadell à partir d'un iPod mini. Puis, Apple acheta la société FingerWorks spécialisée dans le multitouch et Scott Forstall conduisit la seconde équipe ("P2") chargée de réfléchir aussi à la forme que pourrait prendre ce téléphone.
Apple aime le secret, elle l'impose à ses employés, avec des niveaux d'accréditation différents, même à l'intérieur d'un groupe. Plusieurs participants au projet iPhone n'ont ainsi découvert le produit dans sa plénitude qu'à son lancement par Steve Jobs. Pendant que le studio de Jonathan Ive oeuvrait sur les formes de l'iPhone, les équipes logicielles de Scott Forstall travaillaient avec toutes sortes de simulateurs grossiers.
« On savait que l'on n'aurait pas le véritable matériel avant longtemps » raconte Ganatra « Nous avions développé un simulateur qui tournait sur un Power Mac G5, et isolé autant que possible les parties logicielles qui pouvaient fonctionner sans le reste de Mac OS.
Lorsque ça fonctionna, nous nous sommes dits : 'prenons le Mac le plus merdique qu'on puisse trouver', parce qu'on savait que nous aurions des problématiques de performances qui étaient occultées par cet ordinateur avec son super processeur. »
Pour simuler autant que faire se peut un iPhone, les ingénieurs choisirent le Power Mac G3 blanc bleu, le plus ancien à pouvoir faire fonctionner OS X. Plus tard, l'équipe reçut les composants destinés à l'iPhone, mais pas encore dans leurs (petites) tailles définitives. Ce kit de développement matériel, un Freescale MX-31 occupait la moitié d'une table avec une antenne modem et un écran relié.
À ce stade, les connaissances sur le produit étaient extrêmement compartimentées entre les équipes de Forstall et de Ive. « On s'est retrouvés à faire deux interfaces utilisateur » se souvient Andy Grignon, le manager du projet iPhone. « Il y avait cette interface incroyable que l'on pouvait avoir si l'on avait été adoubé par Steve Jobs et une autre, pourrie, utilisée pour les tests. C'est cette interface avec des boutons rouge et bleu affreux qui vous permettait de passer des coups de fil ou d'envoyer des messages. »
Pour accéder à la vraie interface, il fallait signer un document validé par Steve Jobs puis aller voir Scott Forstall qui intimait aux heureux élus l'ordre de n'en parler à personne pas même à leurs épouses. Cette chape de plomb confinait parfois à l'absurde, concède Ganatra. Des ingénieurs se plaignaient de ne pas avoir les mêmes droits d'accès que certains de leurs collègues alors qu'ils devaient collaborer.
« J'allais dans une pièce où l'interface définitive était préparée, puis j'allais voir l'autre équipe d'ingénieurs pour qui je dessinais sur un tableau un croquis avec les proportions de l'interface. On a procédé ainsi pendant plusieurs jours, jusqu'au moment où Scott est allé dire à Steve que ce serait certainement mieux si les personnes chargées d'intégrer la fameuse interface pouvaient la voir en vrai… »
Le secret sur ces développements ne fut pas complètement levé pour autant entre les membres de l'équipe de Forstall. Grignon raconte un cas extrême où deux ingénieurs travaillaient côte à côte pour déboguer le code, tout en étant séparés par un rideau, l'un avait le prototype grossier, l'autre un iPhone dans une forme plus aboutie…
"si apple avait eu un autre dirigeant moins mégalomane et moins pingre ils auraient fait un produit accessible et ouvert .... apple prenait la place de Ms .... "
Impossible, le coût de production du Macintosh est bien supérieur à n'importe quel compatible MS-DOS produit en bien plus d'exemplaires.
Le système était en ROM, ce qui coutait nettement plus qu'un système chargé depuis une disquette.
D'autant que cette ROM devait être mise à jour régulièrement (chaque nouvelle machine) et partiellement (les enabler de la partie chargée). Quand Microsoft s'est imposé, après avoir pillé quelques concurrents, ils n'avait aucune interface graphique, pas besoin d'un OS en Rom pour avoir les routines pré-cablées.
Mais surtout Microsoft et son partenaire IBM venaient mettre de l'ordre dans un monde bouillonnant, mais brouillon.
Le constructeur qui dominait à l'époque (Tandy !) avait des machines bi-processeurs Z80 avec deux OS et un Unix pour son Motorola 6800 (Tandy Modèle 16). Donc pas des charlots, il y avait juste un léger écueil, claver Qwerty, codé sur 7 bits (pas d'accentués !). Et Microsoft a amené des claviers Azerty accentués, Tandy a pris le virage de MS DOS, ce qui a fait disparaitre toutes ses spécifités et avances (écran 6400 x400 qui repasse en 320 x 200, quel retour en arrière).
Apple a maintenu son cap avec le Mac, grâce aux ventes encore solides des Apple II.
Jobs avait énormément d'avance sur le matériel qu'il était possible de fabriquer, surtout à un coût raisonnable.
Il a tenté de convaincre son conseil d'administration de faire une ligne de Macintosh équipé de mémoires flash, au milieu des années 80, quelle projection d'avenir !
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