Julie Larson-Green : Windows 8, le tactile et Sinofsky

Florian Innocente |


Julie Larson-Green, nouvelle responsable du développement de Windows, parle dans une interview à MIT Technology Review de l'adoption de Windows 8, de l'importance du tactile et brièvement de son prédécesseur.

Windows 8, explique Julie Larson-Gree, est le reflet d'un changement profond survenu dans la manière dont on utilise aujourd'hui les outils informatiques :

« Lorsque Windows a été créé il y a 25 ans, les hypothèses sur le monde, sur ce que l'informatique pouvait faire et comment les gens allaient l'utiliser étaient complètement différentes. On avait un bureau avec un moniteur. Avant Windows 8, l'objectif était d'aller dans une fenêtre, puis on la mettait de côté et on en ouvrait une autre.

Mais avec Windows 8, tout ce que vous pourriez vouloir faire est là, visible d'un coup d'œil avec les vignettes dynamiques. Au lieu de devoir aller regarder dans plein d'endroits, vous avez une sorte de tableau de bord unique avec tout ce qui se passe et toutes les choses qui sont importantes pour vous. Vous êtes plus près des choses que vous devez faire. »


Les écrans tactiles sur les portables et les PC de bureau font encore débat sur leur intérêt, mais pour la responsable de Windows, cette interaction est en réalité « très naturelle ». Il n'y a pas lieu de condamner la souris et le clavier qui resteront utilisés, mais elle assimile leur emploi à une sorte de « jeu de marionnettes » à l'inverse du tactile, plus direct :

« Si vous avez un portable avec un écran tactile, votre cerveau réagit spontanément et vous touchez l'écran, vous faites les choses plus vite. Vous utiliserez la souris et le clavier, mais même sur un PC de bureau classique, vous allez vous retrouver à toucher l'écran pour des choses qui se feront plus vite ainsi »


À la question de savoir si l'avenir du PC va se conjuguer exclusivement autour d'écrans tactiles, elle ne va pas jusque-là, mais tout de même. Elle parle de ventes aujourd'hui qui privilégieraient ces modèles, et ajoute « Je ne peux plus imaginer un ordinateur sans tactile. Une fois que vous avez essayé, il est très difficile de revenir en arrière ».

Sur l'engouement de Microsoft pour le tactile, elle réfute l'idée d'une stratégie décidée en réponse à iOS et Android. Le projet Windows 8 a commencé en juin 2009, avant la sortie de Windows 7 et alors que l'iPad n'était qu'une rumeur, dit-elle :

« On était emballés. Nombre des choses qu'ils faisaient autour des mobiles et du tactile allaient dans le même sens que ce à quoi nous réfléchissions. On avait aussi nos différences. On ne voulait pas simplement des icônes figées, mais dynamiques ; qu'elles soient un tableau de bord de votre quotidien ; on voulait que vous puissiez faire les choses par rapport à un contexte et les partager au sein des applications, on était très axés sur le multitâche et la possibilité de faire deux choses en même temps. » (lire aussi Une semaine avec Windows 8)


La cohabitation entre la nouvelle interface de Windows et l'ancienne peut déstabiliser, mais à nouveau c'est l'antienne du "zéro compromis" que répète la responsable de Microsoft. Le tactile n'est pas aussi précis qu'une souris et taper sur un clavier reste plus confortable que sur une dalle en verre. Le choix d'un double environnement a été fait en toute connaissance de cause et de manière à ce que les gens n'aient pas à choisir.

Ensuite, c'est une question d'habitude, explique-t-elle. De la même manière qu'avant « les choses n'étaient pas homogènes, lorsque vous étiez dans un navigateur web c'était très différent par rapport à Excel ». Des gens se plaignent de la courbe d'apprentissage, mais sur la longueur ces griefs tendraient à disparaître. Une situation avec Windows 8 qui lui rappelle exactement celle d'Office 2007 lorsque fut étrenné son ruban.

« Certaines personnes qui le testent [Windows 8] pendant une courte période ne peuvent se rendre compte à quel point c'est riche. Il faut aller au-delà des 20 premières minutes. Nous avons observé que plus vous étiez familier avec l'ancienne approche, plus difficile était la transition, c'est dommage parce que c'est ce qui est d'abord ressorti dans les médias techniques. Ce sont ceux-là dont on savait qu'ils auraient le plus de difficultés. »


Entre 2 jours et 2 semaines, c'est le délai d'adaptation qui avait été constaté pour la refonte d'Office et que Microsoft estime nécessaire aussi pour Windows 8.

Julie Larson-Green en veut aussi pour preuve les résultats d'une étude - "Vivre avec Windows" - menée sur plusieurs mois avec des utilisateurs chez eux. Elle aurait démontré que cette transition se faisait sans mal chez beaucoup d'entre eux. Au vu des remontées de données envoyées par les utilisateurs qui ont installé Windows 8, il y a un point d'inflexion au bout de six semaines où ils commencent à utiliser davantage les toutes nouvelles fonctions du système. Autre chiffre, 90% des utilisateurs trouvent le remplaçant du menu Démarrer et utilisent le volet d'actions (les charms/talismans en français) dès leur première session d'utilisation avec le système.



À propos de la naissance de Surface en format tablette, elle la présente comme un produit de long terme pour Microsoft, mais d'abord conçu pour valider quelques hypothèses et impulser et donner une direction. Elle n'oublie pas cependant de ménager les partenaires Microsoft « Nous savons qu'ils apporteront d'autres idées et d'autres innovations. C'est quelque chose qui a toujours été bien avec Windows - vous n'êtes pas enfermé dans un seul format, une seule forme, une seule couleur, une seule version ».

Enfin, ayant remplacé Steven Sinofsky à la faveur d'une réorganisation qui a pris tout le monde par surprise, elle laisse très clairement entendre le problème qui se posait avec son prédécesseur « Steven est un chef extraordinaire, une intelligence remarquable et une personne formidable, mais un individu ne peut pas tout faire, tout seul. Le plus important c'est l'équipe que nous avons constituée et la culture que nous avons mise en place pour innover ».
avatar manu1707 | 
@jeepspirit38 : J'ai mis 4 jours !! 4 JOURS ! A trouver la manip ... Dingue... Et comme l'appui sur le bouton on/off le met en veille...
avatar manu1707 | 
@nogui : Parfaitement d'accord avec toi ! Encore faut-il que mabeille sache le sens du mot travailler ... Quand on voit le nombre d'intervention ici...
avatar marc_os | 
Au sujet de Windows 8, est-ce qu'il sait désormais gérer corretement le multi-tâches ? Exemple : Sous Windows XP, une requête dans MS-Access qui le fait mouliner à fond occupe 100% d'un core, et le resete de Windows devient difficilement utilisable. Sous 7, la même requête donne du travail à tous les cores, et Windows devient 100% inutilisable. On n'a même plus accès au Gestionnaire de tâches via Ctrl-Alt-Suppr ! Quand on essaye, il ne se passe rien. Il faut attendre qu'Access ait finit de mouliner pour que le Gestionnaire de tâches s'affiche enfin. (Mais si on a essayé 2 fois, on se retrouve avec... 2 fenêtres du Gestionnaire de tâches ! J'vois pas à quoi ça peut servir). Bref, il est _impossible_ de killer Access pendant qu'il pédalle dans la choucroute. Je râlais sous XP, sous 7 c'est pire. Quid de Windows 8 ?

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