Des imitations d’orgue Hammond, il en existe depuis la nuit des temps, ou presque. L’original étant hors de prix – pour un vrai B3 d’occasion en bon état, il faut compter quelque 8000 € – les fabricants d’instruments en tout genre sont nombreux à avoir développé des clones de cette merveille. Avec plus ou moins de succès, certains étant entre-temps devenus eux aussi des légendes qui se misent avec frénésie sur eBay (le Korg CX3 en est un exemple). Il allait donc de soi que les développeurs d’instruments virtuels mettraient sur le marché leurs versions de l’orgue Hammond. Aujourd’hui, il en existe deux principales : le B4 de Native Instruments et le EVB3, intégré à la version pro de Logic. À un moment, les avis étaient partagés quant au meilleur d’entre eux et c’est vrai que le EVB3, s’il était nettement moins beau graphiquement que le B4, pouvait être un peu plus convaincant au niveau sonore. Native Instruments a riposté avec le B4 II et franchement, il met tout le monde d’accord : il est monstrueux !
La façade, plutôt la fenêtre principale, est toujours aussi réussie, à la fois très proche de l’original et bien lisible. Les touches des deux claviers et du pédalier s’enfoncent lorsque l’instrument joue. Non seulement c’est très fun, mais c’est aussi bien pratique : si les touches bougent et que vous n’entendez rien, c’est que vous devez avoir un volume à zéro quelque part ; si les touches ne bougent pas, c’est que le B4 II ne reçoit pas de signal.

Un ampli à lampe
Première nouveauté par rapport à la version précédente, le B4 II se décline en quatre écrans, plus un écran de « Setup », accessibles via quatre gros et un petit boutons en haut de la fenêtre. L’écran principal s’appelle « manual ». Le deuxième porte le nom de « organ » et donne accès à plus de paramètres. On y trouve un ampli à lampe virtuel, au travers duquel passe le son de l’orgue, avec une vraie-fausse lampe qui s’éclaire de plus en plus à mesure qu’on augmente la saturation (avec le bouton « drive »). Je n’irais pas jusqu’à dire que ça fait toute la différence, mais franchement, par rapport au B4, le son du B4 II est mille fois plus pêchu, grâce à cet ampli. Un vrai bonheur.

Juste à côté se trouvent une série de haut-parleurs : deux Leslies différentes, chacune dans sa version ouverte et fermée, ainsi que toute une série d’amplis de guitare, du Vox au Marshall (pour jouer Smoke on the Water comme John Lord). Notez que même si vous choisissez un ampli de guitare, l’effet rotatif de la Leslie reste actif, sauf si vous tournez le bouton « rotator » tout à gauche : cool. J’aime beaucoup le réglage « air », qui ajoute un peu de réflexion au son, comme si vous l’aviez enregistré avec des micros.

On trouve enfin dans ce même écran l’incontournable réglage du « key click », qui imite le bruit que font les 14 contacteurs d’un vrai Hammond lorsqu’on presse ou relâche une touche, ainsi qu’un réglage du « leakage » : le bruit résiduel des roues phoniques avoisinantes.
Si vous ne savez pas ce qu’est une roue phonique, voici une rapide explication, au risque de vexer les connaisseurs : l’orgue Hammond original, tel qu’il a été inventé par Laurens Hammond dans les années 1930, est composé d’une série de roues dentées et d’électro-aimants placés devant chacune d’elles. Le passage des dents devant les aimants crée une onde qui est le son de base de l’orgue. Plus la roue a de dents, plus le son qu’elle produit est élevé.

Un B3 – le modèle le plus abouti de Hammond – possède 91 roues et plusieurs kilomètres de fils électriques pour faire entendre le son de telles ou telles roues lorsqu’on joue sur le clavier. J’arrête là, il existe des milliers de sites web qui vous expliqueront tout ça avec force détails (notamment Wikipedia, si vous lisez l’anglais).
Entre « sorti d’usine » et « bon pour la casse »
Passons au troisième écran de notre B4 II, nommé « Expert ». On y choisit tout d’abord le type d’orgue qu’on fera jouer : plusieurs B3 sont proposés, en différents états de santé. Les versions « clean » et « classic » imitent l’instrument que l’on paie 8000 €, et dont j’ai parlé plus haut. La version « dirty » est un B3 en moins bon état, qui crachote un peu, mais qui conviendra bien pour le rock. Et si vous voulez quelque chose de plus sale, vous avez le choix entre la version « filthy » (en piteux état) et la version « trash » (genre B3 qu’on aurait jeté dans la mer et qui serait entré en collision avec un sous-marin). Ce même sélecteur vous permet aussi de choisir un son de Vox Continental ou de Farfisa, deux engins qui ont fait la gloire du rock des années 60, ainsi qu’un son d’harmonium dont je ne vois pas la véritable utilisé dans ce contexte. Enfin, il ne mange pas de pain.

Je passerai sans m’arrêter sur les autres réglages, qui vous donnent le loisir de régler en finesse les caractéristiques de la percussion, du vibrato, de la réverbe et de la Leslie. Un mot quand même concernant cette dernière : un bouton qui n’a l’air de rien permet de choisir une seule (single) ou deux Leslies (dual) : si vous voulez un son qui bouge vraiment, la position dual vaut son pesant de pommes de terre.
Et si vous ne savez pas ce qu’est une Leslie, je vous fais un rapide topo (les connaisseurs vont me détester). L’orgue Hammond a été inventé à l’origine pour imiter l’orgue d’église. Or, dans un orgue d’église, une bonne partie du son est créé par… l’église elle-même, qui le fait passer au travers de moult arches, vitraux, nefs, transepts, etc., avant qu’il atteigne les oreilles des fidèles. Pour imiter cette caractéristique dans un salon, Ron Leslie inventa dans les années 1940 une enceinte dont le haut-parleur des aigus est surmonté d’une hélice à deux cornets mue par un moteur et qui disperse le son dans toutes les directions. Le haut-parleur des graves est placé sur un tambour percé d’un côté, qui tourne lui aussi et produit le même effet.

Les moteurs de la Leslie ont deux vitesses (lente et rapide) et le passage de l’une à l’autre crée des variations sonores assez magiques. Un Hammond sans Leslie, c’est un peu une Ferrari sans pneus. Voilà, c’est tout pour la digression.
Ah oui, dans la fenêtre « expert », on peut aussi choisir entre une réverbe numérique à convolution (studio) et une réverbe à ressort (spring). Je préfère cette dernière, comme dans l’original.
Trois boutons et le B4 II joue tout seul
La fenêtre « preset » donne un aperçu rapide des présélections de sons proposées par le fabricant du B4 II, avec un détail hyper pratique : trois boutons « audition » font jouer l’instrument pour vous pendant que vous choisissez le son qui convient. Vous avez le choix entre trois morceaux répétés en boucle, pas franchement impressionnants, mais idéaux pour vous donner une idée de la manière dont le B4 sonnera avec le son choisi.
Enfin, le petit bouton « preset » active la dernière fenêtre, sur laquelle vous définirez quel contrôleur midi affectera quel réglage (on peut enfin mettre le sélecteur de vitesse de la Leslie sur la pédale de sustain ou n’importe quoi d’autre). Cet écran donne également accès à d’autres réglages de base plus ou moins utiles.
Je l’ai dit, le son du B4 II est tout bonnement incroyable. Il laisse loin derrière le B4 première version et le EVB3 de Logic. Je n’ai pas de vrai B3 sous la main pour une écoute comparative, mais il ne faut tout de même pas attendre de miracle : un vrai Hammond est un instrument que vous sentez vivre sous vos doigts ; tous les boutons « en vrai » vous donnent un contrôle immédiat et influencent votre jeu ; le toucher du clavier est lui aussi particulier. Et je ne parle pas du son ! J’ai joué une fois dans ma vie sur un B3 connecté à deux Leslies et c’est une expérience que je ne suis pas prêt d’oublier.
Toutefois, si l’on tient compte du fait qu’un tel matériel vaut le prix d’une voiture, qu’il est cher à l’entretien – les roues s’encrassent, les moteurs se grippent, les lampes de l’ampli lâchent –, qu’il est pratiquement intransportable (sauf si vous êtes en tournée avec Johnny), qu’il n’est pas MIDI, qu’il faut avoir un bon local et savoir placer les micros pour l’enregistrer correctement, eh bien finalement le choix du B4 II se révèle tout à fait judicieux. D’ailleurs si je peux m’offrir un B3 un jour (si je rédige 10'000 articles, ça doit être jouable), je pense que je ne me séparerai pas pour autant de mon B4 II.
La façade, plutôt la fenêtre principale, est toujours aussi réussie, à la fois très proche de l’original et bien lisible. Les touches des deux claviers et du pédalier s’enfoncent lorsque l’instrument joue. Non seulement c’est très fun, mais c’est aussi bien pratique : si les touches bougent et que vous n’entendez rien, c’est que vous devez avoir un volume à zéro quelque part ; si les touches ne bougent pas, c’est que le B4 II ne reçoit pas de signal.

Un ampli à lampe
Première nouveauté par rapport à la version précédente, le B4 II se décline en quatre écrans, plus un écran de « Setup », accessibles via quatre gros et un petit boutons en haut de la fenêtre. L’écran principal s’appelle « manual ». Le deuxième porte le nom de « organ » et donne accès à plus de paramètres. On y trouve un ampli à lampe virtuel, au travers duquel passe le son de l’orgue, avec une vraie-fausse lampe qui s’éclaire de plus en plus à mesure qu’on augmente la saturation (avec le bouton « drive »). Je n’irais pas jusqu’à dire que ça fait toute la différence, mais franchement, par rapport au B4, le son du B4 II est mille fois plus pêchu, grâce à cet ampli. Un vrai bonheur.

Juste à côté se trouvent une série de haut-parleurs : deux Leslies différentes, chacune dans sa version ouverte et fermée, ainsi que toute une série d’amplis de guitare, du Vox au Marshall (pour jouer Smoke on the Water comme John Lord). Notez que même si vous choisissez un ampli de guitare, l’effet rotatif de la Leslie reste actif, sauf si vous tournez le bouton « rotator » tout à gauche : cool. J’aime beaucoup le réglage « air », qui ajoute un peu de réflexion au son, comme si vous l’aviez enregistré avec des micros.

On trouve enfin dans ce même écran l’incontournable réglage du « key click », qui imite le bruit que font les 14 contacteurs d’un vrai Hammond lorsqu’on presse ou relâche une touche, ainsi qu’un réglage du « leakage » : le bruit résiduel des roues phoniques avoisinantes.
Si vous ne savez pas ce qu’est une roue phonique, voici une rapide explication, au risque de vexer les connaisseurs : l’orgue Hammond original, tel qu’il a été inventé par Laurens Hammond dans les années 1930, est composé d’une série de roues dentées et d’électro-aimants placés devant chacune d’elles. Le passage des dents devant les aimants crée une onde qui est le son de base de l’orgue. Plus la roue a de dents, plus le son qu’elle produit est élevé.

Un B3 – le modèle le plus abouti de Hammond – possède 91 roues et plusieurs kilomètres de fils électriques pour faire entendre le son de telles ou telles roues lorsqu’on joue sur le clavier. J’arrête là, il existe des milliers de sites web qui vous expliqueront tout ça avec force détails (notamment Wikipedia, si vous lisez l’anglais).
Entre « sorti d’usine » et « bon pour la casse »
Passons au troisième écran de notre B4 II, nommé « Expert ». On y choisit tout d’abord le type d’orgue qu’on fera jouer : plusieurs B3 sont proposés, en différents états de santé. Les versions « clean » et « classic » imitent l’instrument que l’on paie 8000 €, et dont j’ai parlé plus haut. La version « dirty » est un B3 en moins bon état, qui crachote un peu, mais qui conviendra bien pour le rock. Et si vous voulez quelque chose de plus sale, vous avez le choix entre la version « filthy » (en piteux état) et la version « trash » (genre B3 qu’on aurait jeté dans la mer et qui serait entré en collision avec un sous-marin). Ce même sélecteur vous permet aussi de choisir un son de Vox Continental ou de Farfisa, deux engins qui ont fait la gloire du rock des années 60, ainsi qu’un son d’harmonium dont je ne vois pas la véritable utilisé dans ce contexte. Enfin, il ne mange pas de pain.

Je passerai sans m’arrêter sur les autres réglages, qui vous donnent le loisir de régler en finesse les caractéristiques de la percussion, du vibrato, de la réverbe et de la Leslie. Un mot quand même concernant cette dernière : un bouton qui n’a l’air de rien permet de choisir une seule (single) ou deux Leslies (dual) : si vous voulez un son qui bouge vraiment, la position dual vaut son pesant de pommes de terre.
Et si vous ne savez pas ce qu’est une Leslie, je vous fais un rapide topo (les connaisseurs vont me détester). L’orgue Hammond a été inventé à l’origine pour imiter l’orgue d’église. Or, dans un orgue d’église, une bonne partie du son est créé par… l’église elle-même, qui le fait passer au travers de moult arches, vitraux, nefs, transepts, etc., avant qu’il atteigne les oreilles des fidèles. Pour imiter cette caractéristique dans un salon, Ron Leslie inventa dans les années 1940 une enceinte dont le haut-parleur des aigus est surmonté d’une hélice à deux cornets mue par un moteur et qui disperse le son dans toutes les directions. Le haut-parleur des graves est placé sur un tambour percé d’un côté, qui tourne lui aussi et produit le même effet.

Les moteurs de la Leslie ont deux vitesses (lente et rapide) et le passage de l’une à l’autre crée des variations sonores assez magiques. Un Hammond sans Leslie, c’est un peu une Ferrari sans pneus. Voilà, c’est tout pour la digression.
Ah oui, dans la fenêtre « expert », on peut aussi choisir entre une réverbe numérique à convolution (studio) et une réverbe à ressort (spring). Je préfère cette dernière, comme dans l’original.
Trois boutons et le B4 II joue tout seul
La fenêtre « preset » donne un aperçu rapide des présélections de sons proposées par le fabricant du B4 II, avec un détail hyper pratique : trois boutons « audition » font jouer l’instrument pour vous pendant que vous choisissez le son qui convient. Vous avez le choix entre trois morceaux répétés en boucle, pas franchement impressionnants, mais idéaux pour vous donner une idée de la manière dont le B4 sonnera avec le son choisi.
Enfin, le petit bouton « preset » active la dernière fenêtre, sur laquelle vous définirez quel contrôleur midi affectera quel réglage (on peut enfin mettre le sélecteur de vitesse de la Leslie sur la pédale de sustain ou n’importe quoi d’autre). Cet écran donne également accès à d’autres réglages de base plus ou moins utiles.
Je l’ai dit, le son du B4 II est tout bonnement incroyable. Il laisse loin derrière le B4 première version et le EVB3 de Logic. Je n’ai pas de vrai B3 sous la main pour une écoute comparative, mais il ne faut tout de même pas attendre de miracle : un vrai Hammond est un instrument que vous sentez vivre sous vos doigts ; tous les boutons « en vrai » vous donnent un contrôle immédiat et influencent votre jeu ; le toucher du clavier est lui aussi particulier. Et je ne parle pas du son ! J’ai joué une fois dans ma vie sur un B3 connecté à deux Leslies et c’est une expérience que je ne suis pas prêt d’oublier.
Toutefois, si l’on tient compte du fait qu’un tel matériel vaut le prix d’une voiture, qu’il est cher à l’entretien – les roues s’encrassent, les moteurs se grippent, les lampes de l’ampli lâchent –, qu’il est pratiquement intransportable (sauf si vous êtes en tournée avec Johnny), qu’il n’est pas MIDI, qu’il faut avoir un bon local et savoir placer les micros pour l’enregistrer correctement, eh bien finalement le choix du B4 II se révèle tout à fait judicieux. D’ailleurs si je peux m’offrir un B3 un jour (si je rédige 10'000 articles, ça doit être jouable), je pense que je ne me séparerai pas pour autant de mon B4 II.