Labo de l'iSight

Vincent Absous |
Ce fut peut-être la surprise du 23 juin. Si depuis plusieurs semaines l'ensemble des sites Internet donnait pour acquise la présentation de nouvelles machines embarquant un processeur PowerPC 970, si Apple avait lui-même annoncé la présentation de Panther, en revanche, le dévoilement d'iSight a provoqué un certain étonnement. Certes, depuis quelques minutes que Steve Jobs était sur la scène du Moscone Center, les observateurs attentifs, dans la salle ou devant leur écran, à Berlin par exemple, avaient bien remarqué une excroissance au sommet du Cinema Display de démonstration du CEO d'Apple. Pourtant, il a fallu que ce dernier finisse de présenter les nouveautés de Mac OS X 10.3 et notamment iChat AV pour qu'on sache enfin le fin mot de l'histoire. Apple présentait donc une webcam FireWire, élégante, simple d'utilisation, aux performances évidemment remarquables, sur le papier, destinée à pallier un manque certain de représentants de ce périphérique sur Mac. C'est donc l'iSight, livré huit jours après la commande passée sur l'Apple Store, que nous vous proposons de découvrir plus en détail.

Autour de l'iSight



Une fois encore, Apple fait bien, voire même très bien les choses : la boîte qui renferme la caméra rappelle évidemment celle de l'iPod. Le principe est le même : l'écrin qu'on ouvre et qui révèle d'un côté le matériel, de l'autre la documentation. L'iSight est livré démonté ; le tube qui constitue en fait le périphérique est protégé par un film plastique. À ses côtés, on trouve un autre tube, vide, en plastique transparent, dont on comprend immédiatement qu'il sert à protéger la webcam lors de ses transports. L'iBook dans sa sacoche, l'iSight dans la poche, on est donc paré pour faire de la vidéo-conférence depuis la terrasse d'un café ou la salle des pas perdus d'une gare équipée de points de connexion Wi-Fi.

Si l'on soulève ensuite cette première plaque de polystyrène, on découvre un câble FireWire et deux embouts dont on verra plus loin l'utilité. Dans l'autre partie de la boîte, sous la documentation protégée dans un étui sur lequel le mot "Enjoy" est inscrit, on découvre les trois pieds qu'Apple met à disposition de l'utilisateur pour poser la caméra.




Installation de l'iSight










Cette première découverte passée, il faut installer la chose. S'il suffit de la brancher au port FireWire du Mac pour que ce dernier la reconnaisse automatiquement, il faut en revanche "bidouiller" quelque peu pour positionner le périphérique. Steve Jobs en a fait un argument de vente : alors que les autres webcams tendent à filmer vos narines, l'iSight filme vos yeux. Cela ne va pourtant pas de soi et Apple livre l'appareil avec trois socles différents, à utiliser selon le matériel dont on dispose. Le premier permet de positionner l'iSight au sommet d'un écran plat (un Cinema Display ou un iMac), le second permet de le poser sur un bureau ou au sommet d'un écran CRT (ou encore d'un eMac), le troisième fixe l'objet au sommet d'un écran d'iBook ou de PowerBook. Les deux premiers sont équipés d'adhésif et c'est là, déjà, ce qui étonne : coller la caméra au revers ou au sommet de l'écran n'est certainement pas une solution très satisfaisante ! La documentation laisse entendre qu'on peut d'ailleurs déplacer l'objet. L'iSight est-il vraiment assuré de ne pas tomber de là où il est ? De plus, ce n'est pas sans une certaine appréhension quant à l'esthétique qu'on collera le trépied au dos de son bel écran. Seule la troisième solution est donc vraiment séduisante. C'est celle que nous avons adoptée : une molette permet d'assurer la position de l'ensemble sur la tranche du capot du portable, afin d'éviter tout accident. Ainsi placée, il est possible de se déplacer, le portable sur les bras, et d'interroger les passants dans la rue... C'est ce qu'Apple avait fait à l'occasion du festival de Cannes 2000. Mais avant que l'iSight ne soit fixé à son pied, il faut encore en passer par une manipulation qui n'a certes rien de bien compliqué.



Apple fournit deux adaptateurs en plastique qui permettent d'assurer la position de la caméra sur le socle retenu. Pour ce faire, il faut d'abord passer le câble FireWire dans la partie supérieure du socle, positionner ensuite l'extrémité du câble dans l'adaptateur qu'on aura pris soin au préalable d'ouvrir, avant de refermer le tout. Rien de bien difficile ; rien de bien évident non plus et Apple nous avait habitués à plus de clarté. Le fait même que la Pomme offre deux adaptateurs peut d'ailleurs laisser entendre qu'elle n'ignore pas que des doigts malhabiles pourraient mettre mal en point un exemplaire ou que des manipulations répétées pourraient le fatiguer. C'est une fois cette opération effectuée qu'on peut réellement se servir de l'iSight, qu'on n'aura pas oublié de connecter au Mac.









iSight au quotidien

On l'a dit, il suffit de brancher la caméra pour qu'elle soit immédiatement reconnue. Une remarque toutefois : il faut avoir téléchargé et installé au préalable iChat AV, la nouvelle version du logiciel de messagerie instantanée d'Apple. Or, cette application n'est disponible pour l'heure qu'en version bêta. Lorsqu'elle sera finalisée, il faudra la payer, ou acheter Panther, alias Mac OS X 10.3. On a du mal à croire qu'Apple ne fournit pas gratuitement le logiciel qui permet d'exploiter son matériel !

Par défaut, au branchement de la webcam, iChat AV se lance, un témoin lumineux vert s'allume alors sur le périphérique. On le remarque d'emblée, une nouvelle icône a fait son apparition à côté de son nom et de son avatar. Elle symbolise évidemment une caméra vidéo. D'ailleurs, les contacts qui possèdent eux-mêmes une caméra compatible voient leur nom suivi du même symbole. Un double clic sur ce bouton près de son avatar lance une fenêtre où apparaît l'image capturée par le périphérique. Un clic sur "Préférences" lance la fenêtre des Préférences d'iChat où une nouvelle option a fait son apparition. La mise au point (de 50 mm à l'infini, affirme Apple), la balance des blancs se font alors automatiquement et très rapidement. C'est ici que l'utilisateur peut définir quelques options. Il peut d'abord vérifier que le son fonctionne correctement, une barre témoin le permet immédiatement. Il peut encore définir la limite de la bande passante allouée à la diffusion du Flux (de 100 kbps à aucune limite). C'est là aussi qu'il choisira d'ouvrir ou non iChat au branchement de l'appareil et d'émettre ou pas une sonnerie répétée lors de l'invitation à une conférence. Enfin, s'il possède plusieurs entrées audio, c'est également là qu'il choisira d'utiliser le micro intégré à l'iSight ou un autre (celui intégré au portable, par exemple).

Par la suite, il suffit de double-cliquer sur la caméra d'un contact pour l'inviter à une vidéo-conférence. Libre à lui d'accepter ou de décliner cette invitation. L'iSight embarquant un microphone, il est aussi possible de se limiter à une conversation audio avec les utilisateurs n'étant pas équipés d'une source vidéo. Par ailleurs, il est encore possible d'inviter à une conversation audio ou vidéo unidirectionnelle quelqu'un qui n'a pas les périphériques nécessaires. Le contact en question vous verra et/ou vous entendra. C'est à l'utilisateur équipé de faire la démarche puisque pour qui n'a ni micro ni webcam, aucun symbole ne distingue alors le contact pourvu des périphériques évoqués. Si à moment ou à un autre de la conversation on ne souhaite plus être vu ou/et entendu, il suffit de cliquer sur les boutons idoines ou, sur la caméra elle-même, de tourner l'objectif vers la gauche pour que ce dernier soit obturé. L'effet est d'ailleurs assez joli.

Lors d'une vidéo-conférence, l'utilisateur voit certes l'image de son correspondant, mais aussi, plus petite et incrustée, la sienne propre. Il peut la redimensionner, dans une certaine mesure, en jouant sur une poignée qui apparaît lorsqu'il approche le curseur de la souris de cette vignette.



L'image délivrée par l'iSight est remarquable. La mise au point automatique n'a jamais été prise en défaut, pas plus que la balance des blancs. Certes, l'iSight n'est pas un caméscope numérique, mais l'image offerte est assurément l'une des meilleures proposées par un tel périphérique. Le débit qu'offre le FireWire permet d'avoir à l'écran une très bonne résolution, à raison de trente images par seconde. On est loin du timbre-poste qu'imposent certaines webcam USB. Les couleurs sont fidèles et l'on n'a pas le teint jaunâtre dont nous gratifient certaines concurrentes de l'iSight. Une remarque toutefois : aussi étonnant que cela paraisse, l'image que compose iChat est inversée. Impossible de comprendre pourquoi il en est ainsi. Une autre remarque : l'objet chauffe.



Quant au son, n'étant pas équipé d'instruments de mesure adéquats, nous ne pouvons qu'être d'accord avec le site d'Apple qui parle "d'une précision cristalline". En effet, la voix est parfaitement audible, le son débarrassé des bruits de fonds inutiles. Le micro intégré est incontestablement meilleur que celui qui équipe notre iBook. On remarquera toutefois que sur le Cube, sans qu'on sache non plus pourquoi, le micro n'est pas reconnu en tant que périphérique d'entrée dans les Préférences Système alors qu'il est pourtant actif dans iChat AV. C'est regrettable, d'autant que, on le sait, cet ordinateur, dépourvu d'entrée son dédiée, était le client idéal pour recevoir le flux sonore d'iSight. On soulignera également un dysfonctionnement aléatoire : parfois, dans iChat AV, le micro n'est plus reconnu. Il faut alors brancher et débrancher l'iSight jusqu'à ce que cela revienne.

Évidemment, il vaut mieux être équipé d'un Mac relativement récent. Apple préconise un G3 cadencé à 600 MHz minimum ou un G4, sous Mac OS X, cela va sans le dire. Sur notre Cube (G4 450 MHZ avec 768 Mo de mémoire vive et 16 Mo de mémoire vidéo), la fenêtre vidéo ouverte, la machine subissait un très net ralentissement. Sur notre iBook (G3 800 MHZ, 384 Mo de RAM et 32 Mo de mémoire vidéo), les ralentissements étaient nettement moins sensibles.

Ce qu'on peut faire, ce qu'on ne peut pas faire avec iSight

Quand bien même le FireWire autorise un assez bon débit des données, il n'est malheureusement pas possible d'exploiter directement la webcam avec iMovie. Le logiciel de montage d'Apple ne reconnaît pas le périphérique. C'est vraiment très regrettable, car, encore une fois, juchée sur l'écran d'un iBook, la caméra peut aussi filmer quelques scènes autres que des conversations. Sous Windows, il suffit de brancher une webcam, USB ou FireWire, pour que Windows Movie Maker reconnaisse le périphérique et permette d'enregistrer directement son flux. Espérons qu'Apple remédie donc prochainement à ce défaut.

En revanche, la caméra est reconnue sans problème par d'autres logiciels qui permettent d'en tirer parti. Nous en citerons deux : QuickTime Broadcaster, téléchargeable gratuitement depuis le site d'Apple, et EvoCam, un partagiciel à 20 $. QuickTime Broadcaster permet de diffuser sur un réseau un flux vidéo continu. Les options de paramétrage sont nombreuses. Le programme permet aussi, plus simplement, de réaliser des films au format MOV qu'il sera ensuite possible de récupérer dans iMovie pour les monter. Mais là aussi, un Mac musclé est nécessaire, faute de quoi il faudra sacrifier la qualité du son et de l'image. EvoCam permet pour sa part de diffuser sur Internet les images prises à intervalles réguliers par l'iSight. Le logiciel offre lui aussi un grand nombre de paramètres permettant d'inscrire ce qu'on veut en surimpression à l'image, de définir la cadence de prise de vue, etc.

Conclusion

Avec l'iSight, Apple offre une très belle webcam. Son esthétique est particulièrement "tendance". L'aluminium que les ingénieurs et designers de la Pomme semblent préférer à tout en ce moment, son objectif qui n'est en effet pas sans rappeler l'Hal de 2001, Odyssée de l'espace, la transparence du plastique de ses trépieds, tout cela concourt à faire de l'iSight un bel objet. Ses performances audio et vidéo, sa facilité de mise en œuvre concourent, elles, à en faire une des meilleures webcams du marché. Le tout en fait une caméra d'exception.

- 169,99 € sur l'Apple Store (France, Belgique), 229 CHF (Suisse).

Le choix de la rédaction

Les plus :

- La simplicité de mise en œuvre ; - L'esthétique de la caméra ; - Des performances et une image remarquables.

Les moins :

- IChat AV n'est pas fourni avec la caméra ; - Aucun logiciel permettant d'utiliser la caméra avec autre chose qu'iChat n'est proposé ; - iMovie ne reconnaît pas le périphérique ; - L'installation matérielle est fastidieuse et limite les changements possibles.
avatar oboulot | 

Elle fut Très en avance sur son temps cette caméra !

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