La fragmentation de macOS continue avec High Sierra

Florian Innocente |

macOS High Sierra ne semble pas rencontrer un enthousiasme débordant auprès des utilisateurs de Mac. Lancée le 25 septembre, cette version pointe à la quatrième place du classement StatCounter pour les parts de marché au niveau mondial des différents macOS.

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Avec 5,6% sur le mois d'octobre, il est à égalité avec Mavericks, il est devancé par l'ancien Yosemite (14,26 %) puis El Capitan (21,7 %) et son prédécesseur Sierra (47,67 %). StatCounter comptabilise les visites réalisées sur les sites web qui utilisent son outil de mesure. Malheureusement il n'est pas possible de comparer avec Sierra sur la même période il y a un an.

C'est mieux chez Mike Bombich, éditeur de Carbon Copy Cloner, mais ce n'est pas un raz de marée. Bombich observait il y a une semaine que High Sierra était utilisé par un peu plus de 25 % de ses clients. Sierra domine avec un peu moins de 50 % et le duo Yosemite avec El Capitan est au niveau du nouveau système.

Mike Bombich nous a précisé que ses dernières statistiques datant d'aujourd'hui sont identiques à ce graphique, High Sierra n'a guère progressé, sinon d'à peine 0,5 %

Les freins techniques à une mise à jour vers High Sierra ne sont pourtant pas nombreux. Non seulement il est gratuit mais il demeure compatible avec la même série de machines qui faisaient tourner Sierra l'an dernier. Pas besoin d'avoir le fin du fin du matériel Apple pour l'installer, High Sierra ratisse très large. Il est accepté sur des MacBook et iMac qui remontent à 2009 et à 2010 pour les autres familles.

En l'absence de données venant d'Apple il est impossible d'avoir un état des lieux précis du rythme d'adoption de cet OS.

Cependant, si les changements apportés sont bien plus nombreux qu'on peut le penser - l'auteur de notre livre sur High Sierra peut en témoigner — il y en a peu qui captent l'attention ou peuvent donner une envie pressante de mettre à jour. D'autant que certaines ne donnent pas encore la pleine mesure de leurs possibilités (les nouveaux formats d'images et de vidéo, Metal 2, la VR, etc).

Le va-et-vient d'Apple sur l'utilisation d'APFS — au départ prévu pour tous puis temporairement réduit aux seuls SSD — a peut-être aussi brouillé le message et surtout inquiété. On parle là de la clef de voute du mécanisme qui gère tous les fichiers stockés sur nos machines.

Pour ceux qui avaient quelques dispositions pour mettre à jour mais qui ont préféré tout de même observer la situation, il y eu de quoi froncer des sourcils ces dernières semaines. Les bugs dans Messages, dans le chiffrement des volumes externes APFS, avec l'installeur de ce macOS, des nouveautés mal goupillées ou un dysfonctionnement rigolo comme celui de la Calculette.

Même si l'on n'est pas concerné par tous — et que le bug est un élément constitutif de toute mise à jour logicielle petite ou grande… — cela fait mauvais effet et peut générer une certaine méfiance.

Reste que voir entre quatre sinon cinq grandes versions de macOS encore activement utilisées, alors que la dernière en date peut fonctionner sur des machines vieilles de 7 ans, a de quoi surprendre.

Cela donne à macOS un air de fragmentation comme on le connaît chez Android. Un comble alors qu'à la différence de Google, Apple est maitre de bout en bout de cette plateforme, depuis le logiciel jusqu'au matériel en passant par la distribution des mises à jour.

On peut y lire une forme d'indifférence de la part d'Apple à l'égard de cette plate-forme. Au moins sur le plan logiciel puisque les Mac, eux, continuent de se transformer — par exemple avec l'invention de la Touch Bar ; avec le prochain iMac Pro ; avec les promesses pour le Mac Pro et récemment sur le Mac mini. Par contre, autre exemple, le contraste est saisissant entre la mue opérée par l'App Store dans iOS 11 et l'absence totale de changements et d'améliorations dans le Mac App Store depuis des années. On pourrait citer également Messages, toujours à la traine sur Mac comparé à son cousin sur mobiles.

L'innovation (ou l'envie d'innover) aujourd'hui chez Apple est moins à chercher du côté de macOS que d'iOS. C'est compréhensible, parce que l'iPhone est le premier poste de revenus pour la Pomme et parce que le smartphone en général est devenu en quelque sorte l'ordinateur de tout le monde.

Par conséquent, à l'intérêt modéré que l'on sent chez Apple à l'égard de macOS répond un désintérêt chez les utilisateurs. Ils ne trouvent plus d'incitations fortes à mettre à jour leur Mac alors que, paradoxalement, tout est là pour les y encourager.

  • Nous avons ouvert un sondage sur cette question de la migration vers High Sierra, pour savoir si vous l'avez déjà faite ou si vous avez préféré la reporter.
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