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Apple/Adobe : une vieille histoire d'amour/haine

Arnaud de la Grandière

Thursday 11 February 2010 à 15:29 • 16

AAPL

Ces derniers temps, nombre de sites dédiés au monde des nouvelles technologies se penchent avec insistance sur la dégradation des relations entre Apple et Adobe, pour lesquelles Flash est devenu la pomme de la discorde. Si jusqu'ici les désaccords restaient feutrés, ils ont nettement monté d'un cran depuis l'arrivée de l'iPad. Pourtant, les relations entre Apple et Adobe n'ont à vrai dire jamais relevé du long fleuve tranquille…

La confrontation entre Apple et Adobe couve, à vrai dire, depuis leurs tout débuts. Adobe a bâti son empire sur le Mac, grâce à ses fonctionnalités dédiées à la PAO que Windows a mis bien du temps à intégrer. Apple a donc longtemps eu une relation privilégiée avec cet éditeur qui lui a fourni nombre de "killer apps" pour le Macintosh : Photoshop, Illustrator, Premiere ont fait les grandes heures du Mac sans qu'aucun équivalent ne soit à la hauteur du côté de Windows… au moins jusqu'au jour où Adobe en a proposé une version pour les utilisateurs de PC.

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Mais la concurrence entre Apple et Adobe remonte même aux propres origines de cette dernière : après avoir mis au point le langage PostScript en 1982, Adobe a créé un format numérique de police de caractères, nommé Type 1. Mais le coût de la licence étant particulièrement élevé, Apple décida plus tard de sortir un format concurrent de polices vectorielles, nommé TrueType, et alla même jusqu'à en offrir une licence d'exploitation à Microsoft, ce qui mit à mal le standard d'Adobe. Celui-ci finira par fusionner avec TrueType lorsqu'Adobe et Microsoft mirent conjointement au point le standard OpenType.

Plus près de nous, Apple a réalisé un coup de Jarnac dans le domaine de l'édition vidéo, en sortant Final Cut. Pour la petite histoire, c'est feue Macromedia qui avait développé ce produit mais qui a finalement cherché à s'en défaire car il ne correspondait pas à son nouvel angle d'attaque dédié aux outils de production pour Internet. Macromedia a proposé Final Cut à Adobe, qui a décliné l'offre, et à Apple, qui l'a volontiers acceptée. Un peu plus tard, l'ironie du sort a voulu qu'Adobe doive fusionner avec Macromedia, récupérant ainsi Flash. La mainmise de Final Cut sur le Mac a d'ailleurs poussé Adobe à arrêter en 2003 la version Mac de Premiere (pourtant né sur Mac dans la foulée de QuickTime), pour finir par la rétablir en 2007. Bref, la collaboration mêlée de concurrence, ça n'a rien de nouveau entre Apple et Adobe.

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Les choses ont cependant pris un nouveau tournant depuis l'arrivée de l'iPhone. Apple a mis sur pied une véritable plateforme dont elle maîtrise tous les tenants et les aboutissants, et a maintenu le standard Flash à l'écart de sa chasse gardée. Cette attitude n'a d'autre résultat que d'affaiblir une autre plateforme, celle constituée par tout l'écosystème qui entoure Flash. En excluant Flash de sa plateforme iPhone OS, Apple met à mal l'adage qui veut que les contenus Flash soient exécutables indifféremment sur toute plateforme, ce qui en faisait un choix par défaut pour nombre de créateurs de sites web qui souhaitaient fournir de l'interactivité et des contenus dynamiques à leurs visiteurs.

Ceux-ci devraient donc dorénavant faire sans Flash s'ils souhaitent atteindre le public constitué par les utilisateurs d'iPhones. Si jusqu'ici les tensions restaient palpables mais contenues, l'iPad les aura fait éclater au grand jour : avec ce nouvel appareil, Apple s'investit plus lourdement encore dans sa plateforme constituée par le couple iPhone OS/App Store, et Adobe, si elle peut concevoir de laisser lui échapper ce marché potentiel, n'en verra pas moins son hégémonie sur le web remise en question plus encore, et c'est bien ça qui lui pose un réel problème (voir notre article Quand Adobe et Apple se disputent le web).

Naturellement, dans les différentes nébuleuses gravitant autour d'Apple et d'Adobe, il existe de nombreux doublons parmi leurs différentes technologies. Le dernier en date : Adobe propose également une plateforme basée sur le standard ouvert ePub pour les eBooks, mais y inclut son propre système de DRM maison, tout comme ce que prépare Apple pour son iBooks store…

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