Dans un long sujet, nos confrères de Semi Accurate (généralement très bien informés) lancent une accusation contre Qualcomm : la société tricherait dans les benchmarks de ses Snapdragon X, dont la version Plus a été annoncée hier.
Mise à jour : Qualcomm a réagi, avec une réponse assez succincte pour le moment : « Nous sommes convaincus de nos performances et nous sommes impatients que les consommateurs puissent bientôt mettre la main sur les appareils Snapdragon X Elite et X Plus ».
Charlie Demerjian explique d'abord que les présentations faites à la presse manquent de détails techniques, ce qui est un problème. Les amateurs de produits Apple ne tiqueront pas (la marque tend à donner peu de détails) mais pour les autres fabricants, d'Intel à Qualcomm, c'est assez rare de se retrouver avec si peu de détails. La marque américaine ne donne par exemple pas du tout d'informations sur le GPU des Snapdragon X en dehors de la puissance en téraflops ou évite d'indiquer comment sont organisés les cœurs. Ce n'est pas anodin : la variante Plus possède dix cœurs (douze dans les modèles Elite) et la façon dont ils sont désactivés et organisés peut avoir un impact significatif sur les performances.
Mais il jette surtout un pavé dans la mare : les résultats communiqués par Qualcomm depuis plusieurs mois seraient faux. Ce n'est pas totalement une première de la part de Qualcomm, et nous l'avons indiqué régulièrement dans nos actualités : la société tend à présenter aux journalistes des systèmes sur puce intégrés dans des appareils maison, sans laisser la possibilité de choisir les tests. Sur les smartphones, c'est un défaut habituel : les résultats obtenus sur le smartphone de référence que Qualcomm propose chaque année pour mettre en avant son flagship sont plus élevés que sur les modèles du commerce qui arrivent quelques mois plus tard. Dans les PC portables, le biais semblait déjà présent : il semble logique que Qualcomm soigne le refroidissement et optimise ses appareils de test pour les meilleures performances, quand les fabricants qui intègrent la puce ont parfois d'autres priorités.
Mais pour Semi Accurate, le problème est plus important : les différents intégrateurs qu'ils ont pu interroger n'arriveraient pas à s'approcher de ce que Qualcomm obtient, avec des différences visiblement importantes. Ils indiquent que les résultats seraient parfois 50 % plus faibles que ce que Qualcomm a pu montrer. Certains parleraient même de « Celeron » pour qualifier les puces (le nom des CPU d'entrée de gamme d'Intel, notoirement lents). De plus, les performances sur l'émulation x86 seraient largement surévaluées et les résultats proches de ceux obtenus avec Rosetta 2 chez Apple seraient faux. Nos confrères parlent aussi d'une source chez Qualcomm qui aurait indiqué que la société triche.
Il faut par ailleurs noter que pour le moment, personne n'a pu réellement montrer des essais indépendants sur les PC portables équipés d'une puce Snapdragon X : Qualcomm a certes invité quelques journalistes à Hawaï pour présenter les PC, mais les tests étaient limités aux programmes installés sur les machines, et il s'agissait des modèles de référence. Les premiers vrais tests des PC ne devraient pas arriver avant le 20 mai, pour une sortie en juin. Nous verrons à ce moment-là si les allégations de Semi Accurate sont vraies et si les puces Snapdragon X tiennent leurs promesses.
Qualcomm dévoile un peu plus ses Snapdragon X, avec plusieurs variantes Elite et Plus