Bruxelles aimerait des produits plus faciles à réparer pour mieux durer

Florian Innocente |

Rendre par la loi la réparation des matériels plus aisée afin d'allonger leur durée de vie, c'est l'objectif de la Commission européenne pour lutter contre le phénomène de "l'obsolescence programmée".

Un terme un peu fourre-tout et utilisé parfois à tort et à travers qui décrit ici des matériels informatiques, des logiciels, des biens électroniques ou de l'électroménager dont les conditions de réparation ou de mise à jour sont volontairement rendues plus compliquées par les fabricants et les éditeurs. Obligeant les consommateurs à jeter et remplacer plutôt que réparer et faire durer.

Dans son communiqué le Parlement européen liste toute une série de mesures préconisées par un rapport et qui figureront, peut-être, un jour, dans la loi.

  • les produits devraient être conçus pour être solides, facilement réparés et de qualité: des "critères de résistance minimum" devraient être fixés par catégorie de produit dès leur conception;

  • si la période de réparation est supérieure à un mois, la garantie devrait être étendue en fonction de ce délai;

  • les États membres devraient prévoir des mesures d’encouragement en faveur de produits durables et réparables, et encourager les réparations ainsi que les ventes en deuxième main - ce qui pourrait contribuer à créer des emplois et à réduire les déchets;

  • les consommateurs devraient avoir la possibilité d’opter pour un réparateur indépendant: les solutions techniques, de sécurité ou logicielles qui empêchent les réparations en dehors des circuits agréés ne devraient pas être encouragées;

  • les pièces essentielles du produit, telles que les batteries et LED, ne devraient pas être fixées au produit, à moins que cela ne soit justifié pour des raisons de sécurité;

    La batterie passablement maintenue collée dans un iPad Pro 10,5" - crédit iFixit
  • les pièces de rechange indispensables au bon fonctionnement du produit devraient être disponibles "à un prix proportionné à la nature et à la durée de vie du produit";

  • une définition à l’échelle européenne de "l’obsolescence programmée" ainsi qu’un système qui pourrait tester et détecter l’obsolescence programmée devraient être introduits, tout comme des "mesures dissuasives adaptées pour les consommateurs" (une question, soulevée lors de la discussion en 2014 d'un tel projet de loi en France était de savoir comment on pouvait, à coup sûr, prouver qu'un fabricant avait intentionnellement limité la durée de vie de son produit, ndlr).

Ces suggestions s'accompagnent de l'idée de créer un label qui traduise le niveau de durabilité, de conception soucieuse de l'environnement et de mise à jour ou réparation d'un bien matériel comme logiciel. Certaines demandes rappellent les critiques que formule iFixit lorsqu'il démonte un matériel. Le rapporteur de ce document parle ainsi de batteries qui ne doivent plus être collées mais vissées (lire aussi Le tout soudé, c’est fantastique !).

Cette initiative fait écho à d'autres actions, comme aux États-Unis où une dizaine d'États veulent contraindre par la loi les fabricants à améliorer la réparabilité de leurs produits, à supprimer tout ce qui peut y faire obstacle pour le consommateur et laisser des acteurs non agréés proposer leurs services en ayant accès aux documentations et pièces détachées officielles.

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