Jeff Johnson appelle « au boycott immédiat de l’Assistant d’évaluation d’Apple ». Le développeur de StopTheMadness, parmi d’autres petites applications améliorant la confidentialité des sessions de navigation dans Safari, déplore la dégradation du traitement des rapports de bugs. Fermeture sans sommation, demandes invasives, interface déplorable… les griefs sont connus de longue date sans que cela semble émouvoir Apple.
Le développeur ne veut pas empêcher le signalement des bugs « sur les réseaux sociaux, les blogs et les podcasts » ou avec les systèmes spécifiques aux projets open source comme WebKit. Son ire porte précisément sur l’Assistant d’évaluation, ou Feedback Assistant en anglais, qui remplace progressivement le portail construit au-dessus du système RADAR utilisé par les ingénieurs d’Apple. Soyons bien clairs : l’ancien système n’était pas bien meilleur, nos contacts nous ont souvent rapporté l’existence d’un bug de QuickTime qui trainait depuis plus de vingt ans et n’a été « résolu »… qu’avec la disparition de l’application.
« Ouvre un radar » a longtemps été synonyme de « laisse tomber » et il faut bien dire qu’« ouvre l’Assistant d’évaluation » n’est pas loin de signifier la même chose. Cette application pour iOS et macOS, ouverte aux développeurs comme aux bêta-testeurs enregistrés, est accompagnée d’un portail web, qui ne peut plus (depuis quelques semaines) être utilisé pour créer de nouveaux rapports. Ni l’application ni le portail ne proposent de fonctionnalité de recherche des rapports créés par d’autres développeurs, si bien que l’on peut soumettre des doublons.
Les ingénieurs d’Apple exigent que les rapports de bugs soient accompagnés d’un sysdiagnose, un rapport système contenant de nombreuses informations personnelles, « une violation flagrante de la vie privée ». Les rapports sont souvent fermés sans n’avoir jamais été triés et sans que leur auteur ne puisse les rouvrir, même si le bug n’a pas été résolu. Pendant le cycle des bêtas, les ingénieurs d’Apple déchargent sur les épaules des développeurs tiers la responsabilité de vérifier la persistance d’un bug.
Une conduite qui pousse Johnson à dire qu’il s’agit moins d’un boycott que « d’une grève », puisqu’« Apple fait appel aux développeurs pour assurer un grand travail d’assurance qualité non rémunéré. » « Apple a besoin de nos rapports de bugs », qui demandent des heures voire des jours de travail quand les développeurs créent des projets permettant de reproduire le problème à coup sûr, « mais traite les développeurs comme des laquais ». Le développeur se lamente du manque de « respect » et de « courtoisie » qui transpire de l’Assistant d’évaluation.
Johnson ne croit pas qu’il faille améliorer l’application, ou pas seulement, mais changer le système. Les bugs affectent les développeurs en premier lieu, bien sûr, « mais nous devons généralement trouver des solutions de contournement puisque nous ne pouvons pas compter sur Apple pour les corriger dans les temps. » En conclusion, « Apple a plus à perdre que les développeurs » d’un pourrissement de la situation. Reste à savoir si ce boycott trouvera le moindre écho…