Insolite : il achète un Mac Pro en 2017

Christophe Laporte |

Le Mac Pro est l’objet de toutes les crispations entre Apple et sa communauté de longue date. C’est avant tout un symbole, mais un symbole important, les ventes de la station professionnelle étant depuis quasiment dix ans très faibles dans le mix des ventes de Macintosh.

Comme certains, Chris Adamson attend depuis longtemps une mise à jour des Mac Pro, une révision qui ne vient toujours pas (lire : Le Mac Pro fête ses trois ans sans mise à jour). Ce développeur, qui a écrit plusieurs livres sur le développement iOS (son prochain sort bientôt) et qui fait pas mal de vidéo (Motion, Wirecast), appartient sans doute à la cible que vise Apple avec cette station de travail.

Joyeux Noël

Mais ne pouvant plus attendre, il a fini par craquer et donc s’acheter une machine vieille de trois ans avec un budget de l’ordre de 4 000/5 000 $. Il le raconte dans un billet intitulé, non sans ironie, "Capitulation".

La raison qui a poussé Chris Adamson à céder tient dans l'ancienneté de son matériel actuel : son Mac Pro 2008 n’était pas capable (sans bidouille) de faire fonctionner la dernière version de macOS. Un remplacement qu’il effectue à contrecœur, vous l'aurez compris.

Il déclare volontiers que son Mac Pro 2008 est sans doute la meilleure machine qu’il ait eue. Pendant les six premières années de son cycle de vie, il n’a pas pensé une fois à la remplacer. Pendant ce temps, il a vu les iPhone et les iPad se succéder sur son bureau.

Son nouvel environnement de travail

Alors, avant de changer de machine, Adamson a envisagé toutes les options : prendre un iMac ou un MacBook Pro, acheter un Mac Pro format tour plus récent, passer sur Windows et garder un Mac mini uniquement pour le développement avec Xcode…

Malgré tout, cet utilisateur Mac de longue date est relativement content de son achat. Il regrette juste de n'avoir pu acheter un processeur 8 cœurs. Il a complété son Mac Pro avec une station de stockage OWC Thunderbay 4 et un écran Samsung 28” 4K. Le passage au « Retina » est l’un des points qu’il apprécie le plus. Son autre bonne surprise est le niveau de performances de sa nouvelle machine. Il ne s’attendait pas à une telle différence avec son Mac Pro de 2008.

D’ailleurs, sur le plan des performances du CPU, il comprend presque la décision d’Apple ne pas avoir (encore) mis à jour le Mac Pro, tant les progrès effectués par Intel sont minimes ces dernières années.

À ce sujet, le géant des semi-conducteurs a présenté hier de nouveaux processeurs qui sont dans certaines batteries de tests moins puissants que la génération précédente ! Par contre, comme il le dit avec beaucoup de justesse, en ce qui concerne la carte vidéo, c’est sans doute bien différent.

Crise de confiance

Outre la décision de remplacer son Mac Pro, Chris Adamson en a pris une autre qui est à la fois symbolique et stratégique, pour lui en tout cas. Il a revendu ces jours-ci toutes ses actions Apple. C’est la première fois qu’il n’est plus actionnaire de la société californienne depuis 1998.

Cette décision illustre parfaitement son ressenti du moment vis-à-vis d’Apple. Il estime que ce n’est plus la société dans laquelle il a cru il y a 8 ans et qui lui a permis de faire une très belle plus-value (il disposait d’au moins 1 000 actions mais il n'entre pas dans les détails). Il trouve à l’Apple actuelle beaucoup plus de ressemblances avec celle du début des années 90, dirigée par John Sculley puis Michael Spindler.

Il reprend l’idée que nous évoquions dans l’un de nos articles récents sur l’identité d’Apple (lire : La transition incomprise d'Apple). Si la marque à la pomme a changé de nom en 2007 pour refléter son nouveau positionnement électronique grand public, l’Apple de 2017 en est à un point où même cette définition n’est plus pertinente. Il voit le californien davantage comme une société de mode et de produits de luxe. Sa définition colle plus ou moins à l’informatique vestimentaire qui, avec l’Apple Watch et les AirPods, constitue la grande priorité d’Apple pour ses prochaines années.

Les rumeurs sur la mort du Mac Pro sont exagérées

Aura-t-on un nouveau Mac Pro en 2017 ? Il y a des doutes sur la volonté d’Apple de poursuivre sur ce marché. Les propos de Tim Cook, assurant qu’Apple avait « de super ordinateurs de bureau dans sa feuille de route » n’ont pas totalement convaincu et ont été même mis en doute à la lumière d'un article de Bloomberg publié juste après.

Pourtant, il y a quelques éléments qui laissent à penser que le Mac Pro devrait connaître tôt ou tard une révision. Tout d’abord, si Apple comptait enterrer le Mac Pro, cela aurait été le moment idéal de le faire en fin d’année dernière. Quitte à se mettre à dos une partie de sa communauté, autant le faire une bonne fois pour toutes, plutôt que de laisser pourrir la situation plus longtemps encore.

D’autre part, à plusieurs reprises (#1, #2), on a trouvé des traces dans le système montrant qu’Apple travaillait sur un nouveau Mac Pro. Enfin, il faut bien prendre en compte la philosophie d’Apple concernant sa station de travail : plus que le processeur ou la carte graphique, ce qui fait la philosophie de cette machine, c’est le Thunderbolt.

Avec des débits pouvant atteindre jusqu’à 40 Gbit/s, soit le double de la bande passante du Thunderbolt 2, le Thunderbolt 3 peut ouvrir de nouvelles opportunités aux stations de travail d’Apple. Bien plus que ce qu'un simple changement de processeur et/ou (à un moindre niveau) de cartes graphiques permettent d’offrir. Encore faut-il qu'Intel fournisse à Apple un processeur répondant à son cahier des charges (lire : Toujours pas de nouveau Mac Pro à cause du Thunderbolt 3 ?).

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