PowerMail 4.1.2

Vincent Absous |
Depuis qu'il a été proposé en bêta publique aux utilisateurs en septembre 2000, Mac OS X est livré avec une application de courrier électronique tout simplement baptisée Mail. Depuis octobre 2001 et la disponibilité de sa suite bureautique Office sous Mac OS X, Microsoft propose lui aussi une application, en partie, dédiée au courrier électronique, Entourage. Pourtant, Mail et Entourage ne sont pas les seules applications disponibles, quand bien même elles sont le plus souvent évoquées. D'autres logiciels cherchent à séduire l'utilisateur. C'est l'une de ces alternatives, PowerMail, de CTMDevelopment, que nous vous présentons ici.

Installation et découverte

Passons rapidement sur l'installation. L'archive téléchargée, il suffit de glisser le répertoire contenant l'application et différents éléments vers le dossier ad-hoc sur le disque dur. À remarquer, le fichier .dmg contient deux versions, l'une pour Mac OS Classic, l'autre pour Mac OS X. Pour l'heure, l'éditeur continue de proposer des mises à jour pour les deux systèmes. Toutefois, le labo portera, lui, sur la version Mac OS X.

Au premier lancement, un répertoire "Mail" sera créé dans le dossier de l'utilisateur. On regrettera que ce dossier ne soit pas d'emblée placé dans le dossier "Documents". Toutefois, il suffit de le déplacer manuellement et de le mettre où l'on veut. Ce dossier contient lui-même un répertoire "PowerMail Files" où sont conservés les éléments propres à l'utilisateurs, dont la base de données de sa messagerie et celle de son carnet d'adresses. C'est donc ce répertoire qu'il faudra prendre soin de sauvegarder régulièrement.



Quelques mots sur l'interface du programme. Évidemment, en ce domaine, tout est affaire de goût personnel. Pour autant, il est impossible de nier que l'apparence de PowerMail est encore fortement marquée par Mac OS 9. Les icônes de la barre d'outils, notamment, ne répondent pas aux critères esthétiques d'Aqua. Certains apprécieront, d'autres penseront peut-être qu'un ravalement de façade ne serait pas malvenu.



On remarquera toutefois que cette interface est marquée au coin de la simplicité. Deux éléments essentiels la composent : la barre d'outils et la fenêtre des messages.



Première remarque : la barre d'outils se place où l'on veut à l'écran et une option du menu Fenêtre permet de l'afficher à la verticale ou à l'horizontale. Deuxième remarque : selon qu'un message reçu est sélectionné ou que l'utilisateur travaille sur un message à envoyer ensuite, les éléments actifs de cette barre ne seront pas les mêmes. De toute façon, les boutons qui la composent amènent aux fonctionnalités les plus courantes d'un logiciel de messagerie : nouveau message, ajouter une annexe (c'est ainsi que le logiciel appelle les pièces jointes), enregistrer, répondre à l'expéditeur, transmettre, réadresser, effacer, chercher, accéder au carnet d'adresses, rechercher les nouveaux messages et envoyer. Bref, rien qui n'appelle de remarques particulières, sinon sur les vocables employés par PowerMail qui renvoient de toute façon à des fonctionnalités usuelles.



La fenêtre des messages est modulable mais par défaut affiche trois plans : une liste à gauche qui présente trois éléments : la boîte de réception, la boîte d'envoi et une Corbeille où sont stockés les messages appelés à être supprimés plus tard. C'est dans cette zone que l'utilisateur créera ses dossiers personnels. Un deuxième plan liste les messages contenu dans une boîte. Enfin, une troisième zone affiche le contenu du message. Cet agencement peut être modifié par l'utilisateur qui peut choisir, par exemple, de ne pas afficher la troisième zone (il faudra alors double-cliquer sur un message pour en afficher le contenu dans une nouvelle fenêtre) ou de raccourcir la première de façon à afficher sur toute la largeur de la fenêtre cette même troisième zone. À noter qu'il est même possible de désolidariser les trois zones entre elles et de les placer où l'on veut alors à l'écran.








La liste des messages affiche un certain nombre de colonnes (lu, sujet, de, envoyé le, taille, compte). Il est possible de personnaliser ces paramètres et de supprimer ou ajouter des colonnes (une fois qu'on aura défini une règle de message pour classer les courriers reçus avec chaque compte, la colonne "Compte" n'aura plus de raison d'être, par exemple). Pour ce faire, on passera par le menu Affichage > Options d'affichage, où l'on cochera les colonnes qu'on veut voir ou non apparaître pour une boîte particulière ou pour toutes les boîtes.



Prendre en main PowerMail

L'une des premières choses que voudra faire l'utilisateur sera sûrement de récupérer depuis son ancien logiciel de courrier électronique sa base de données comportant et ses messages et ses contacts. Tout se passe depuis le menu Fichier > Base de données > importer.



L'assistant d'importation, dans une fenêtre là encore marquée par l'esthétique de Mac OS 9, propose quatre options : importer ses messages, son carnet d'adresses et migrer depuis une version antérieure de PowerMail ou depuis Claris Emailer.

L'importation des messages est possible depuis les logiciels les plus courants (Outlook Express, Entourage, Eudora, Netscape Communicator, Mail, etc.). Il est possible d'importer la totalité des messages ou de ne sélectionner que les boîtes aux lettres voulues. Si l'on choisit la première option, depuis Mail, notamment, l'importation certes ne pose aucun problème mais, dans le dossier créé alors dans la liste de gauche, il faudra s'attendre à trouver un véritable chantier. L'importation du carnet d'adresse se fait depuis un fichier au texte tabulé, depuis un fichier LDIF ou depuis le Carnet d'adresses de Mac OS X (nous reviendrons sur l'étroite association de ce dernier avec PowerMail).

PowerMail permet évidemment, comme ses concurrents, de gérer plusieurs comptes mail. Il permet aussi, comme Entourage et à la différence de Mail, de gérer plusieurs identités. C'est peut-être plus important sous Mac OS 9 que sous Mac OS X qui est lui-même un système multi-utilisateurs. Une petite déception toutefois, on bascule de l'une à l'autre identité non par le truchement d'une fenêtre offrant le choix mais, en fait, en sélectionnant dans une fenêtre de navigation classique le dossier à ouvrir. Ce n'est pas très ergonomique et, surtout, il n'y pas pas de protection : l'ouverture de telle ou telle identité se fait sans préciser de mot de passe. Entourage s'en sort bien mieux sur ce point.

Créer un compte

La gestion des comptes mail est simple. Par défaut, PowerMail s'est appuyé sur les renseignements portés dans le Panneau Internet des Préférences Systèmes pour créer un premier compte. Dans la fenêtre des comptes (Menu Réglages > Comptes...) ce premier compte s'appelle "Réglages Internet". Pour chaque compte créé dans cette fenêtre, trois onglets sont disponibles : Identité, Réception et Envoi. Chacun de ces onglets permet aussi d'accéder à des options avancées.









La création d'un ou de plusieurs comptes est aisée et n'appelle aucun commentaire particulier. Les trois captures ci-dessus suffisent à comprendre la démarche. Les options sont les mêmes que celles proposées par les autres clients de messagerie et PowerMail reconnaît les protocoles de réception POP3 et IMAP4. Il faut en revanche souligner la possibilité de lier une signature à un compte. Mail ne le permet pas, c'est pourtant très pratique. Le compte créé, on pourra préciser quels comptes on veut voir relevés systématiquement ou pas. Pour ce faite, il faut combiner les touches Pomme et K (habituelles sous Mac OS Classic) ou passer par le menu Connexion > Connecter... Une fenêtre s'affiche alors qui permet de sélectionner les comptes POP à vérifier à chaque relève du courrier. Sinon, c'est la combinaison Alt+Pomme+K qui lancera la relève des nouveaux messages sans avoir à passer par cette étape.

À la différence de Mail, encore lui, mais comme Entourage, PowerMail ne crée pas de boîte au lettre spécifique pour chaque compte. Les messages arrivent donc tous, par défaut, dans la même boîte de réception. Dans la liste des messages, c'est la colonne "Comptes" qui permet alors simplement de les classer. Pour autant, ce principe est un peu léger et le recours aux filtres permet de recréer des boites en fonction des comptes et en fonction de ses besoins.

Créer des filtres

Ce que d'autres appellent des règles de messages, PowerMail l'appelle des filtres. Le nom change mais la réalité désignée est la même. Grâce aux filtres, l'utilisateur classe on courrier, élimine les courriers indésirables et gère donc plusieurs comptes sans perdre le nord.



Les options proposées sont relativement complètes. Depuis la fenêtre Filtres (menu Réglages > Filtres...) il est possible, entre autres, de demander au logiciel de classer le message reçu dans un dossier particulier, de répondre automatiquement, de jouer un son, de définir une alerte, d'affecter une "étiquette" ("personnel", "travail", etc.). La définition des règles est suffisamment complète pour permettre de faire face à presque toutes les situations. On regrettera néanmoins qu'il faille, à part, créer un dossier vers où ranger tels ou tels messages avant de créer définitivement une règle. Entourage, par exemple, permet, lui, de créer ce nouveau dossier lors de la définition du filtre.

Le système de filtre sera aussi très utile pour lutter contre les courriers indésirables. En effet, si Mail intègre un système de lutte contre le spam relativement efficace, PowerMail ne propose rien de tel et il faut en passer par le filtre en allongeant notamment, au fur et à mesure du temps, la liste des expéditeurs dont il faut immédiatement jeter les courriers. On complétera au besoin la définition de la règle en précisant que si l'expéditeur "n'est pas dans le carnet d'adresses", son message doit être éliminé.

Relever son courrier

On l'a déjà dit, relever son courrier se fait soit par une combinaison de touches (Alt+Pomme+K) soit par un clic sur le bouton idoine de la barre d'outils. Une pression prolongée sur ce même bouton aura pour effet de faire apparaître la liste des comptes. L'utilisateur pourra sélectionner alors le compte qu'il veut voir relevé.

Par ailleurs, il est également possible de procéder au relevé de manière automatique. Une fois encore, c'est dans le menu Réglages (> Connexions périodiques et configurations...) que cela se passe.

La fenêtre de configuration se présente comme celles des Filtres ou des Comptes. À gauche, la liste des configurations créées, à droite trois onglets : Connexions Périodiques, Options et Configurations. Un coup d'oeil sur les trois onglets suffit à comprendre la finalité de chacun.



Avec PowerMail, il est possible de relever le courrier au démarrage, toutes les x secondes, minutes ou heures, pour un compte, deux comptes, trois compte, ou pour tous les comptes. On relèvera par exemple le compte principal toutes les cinq minutes et le compte "MacG" toutes les minutes. C'est également dans ce premier onglet qu'on règlera l'envoi du courrier sortant, etc.



Le deuxième onglet permet de spécifier les options de réception : connexions simultanées ou successives aux différents serveurs POP ou SMTP, refus de télécharger des messages excédant un poids défini.



Il est enfin possible, grâce au troisième onglet, de définir pour chaque compte le mot de passe d'authentification auprès du serveur SMTP ou, le cas échéant, le serveur qui doit être contacté pour l'envoi de courrier avec tel ou tel compte.

Ce n'est pas tout

Jusqu'à maintenant, PowerMail ne propose véritablement rien qu'on ne trouve déjà chez l'un ou l'autre de ses concurrents. En revanche, il offre une fonctionnalité qui semble pour le moins inédite, celle des Coupures de texte (menu Réglages > Coupures de texte...). Le nom donné à cette fonctionnalité n'est pas des plus éclairant. Pourtant, cette dernière pourrait bien faire pencher la balance en faveur de ce logiciel, ne seraient quelques limitations qu'on verra plus loin.



Que sont les "Coupures de texte" ? Tout simplement des textes saisis au préalable et qu'on insère d'un clic de souris dans le corps du message, à l'endroit où se trouve le curseur. On perçoit assez rapidement l'intérêt d'une telle fonctionnalité quand on est amené à formuler le même texte un certain nombre de fois. On saisit donc au préalable les extraits dans l'éditeur évoqué ci-dessus.



Lors de la rédaction d'un message, il suffit de sélectionner dans la liste qui s'affiche au besoin la coupure désirée pour que le texte s'insère automatiquement dans le message.

La fonction recherche

Il n'y a pas de bon logiciel de courrier électronique qui n'intègre une puissante fonction de recherche dans la base de données des messages archivés. Deux méthodes sont proposées à l'utilisateur. La première consiste à "rechercher par contenu" dans le "message courant" ou dans "tous les dossiers" ou "dans les dossiers sélectionnés," voire dans "les messages sélectionnés", une chaîne de caractères, c'est-à-dire un mot, des mots, une phrase. Une autre méthode, proche de celle que propose Mail, est offerte. Pour ce faire, il faut afficher la barre d'outils "Afficher seulement" (menu Affichage > Afficher seulement). Cela fait, il est possible de rechercher dans un champ particulier (Sujet, De, À, De ou à).

Le carnet d'adresses

Il n'y a pas non plus de bon logiciel de courrier électronique qui ne s'appuie sur un carnet d'adresses complet. Mail a le Carnet d'adresses de Mac OS X, Entourage a son propre et réussi gestionnaire de contact, PowerMail propose une solution qui n'est pas entièrement satisfaisante. Certainement parce que le logiciel fonctionne à la fois sous Mac OS 9 et sous Mac OS X, l'intégration de l'Adress Book fourni avec le système n'a pas été poussée jusqu'au bout par CTMDevelopment. Nous disons "n'a pas été poussée jusqu'au bout" car, en effet, PowerMail connaît le Carnet d'adresses.

Il est déjà capable d'importer les données pour renseigner son propre carnet. Comme pour ce qui est des messages, cela se passe dans le menu Importer (Fichier > Base de données > Importer...). L'utilisateur précisera qu'il veut importer le Carnet d'adresses Apple. Une fenêtre permet de préciser quelques options d'importation :



Cela fait, un coup d'oeil sur ce gestionnaire de contact désormais rempli montre qu'il est limité par rapport à ceux d'autres courrielleurs. Les seules informations disponibles sont les nom et prénom, l'adresse e-mail et les commentaires. Pas de date d'anniversaire (il n'y a pas de fonction agenda), pas d'adresse postale, de numéro de téléphone, etc. Pour autant, dans bien des cas, ce que propose PowerMail sera suffisant.



En revanche les Préférences du logiciel permettent de synchroniser manuellement ou automatiquement le carnet d'adresses avec celui de Mac OS X, dans un sens ou dans l'autre. Il est aussi possible en double-cliquant sur un contact de lancer en fait le logiciel d'Apple.



Quelques défauts

On passerait facilement sur la pauvreté du carnet d'adresses intégré si PowerMail ne présentait pas pourtant d'autres défauts. On l'a dit, son interface, sous Mac OS X, est vraiment datée. Autant le logiciel est beau sous Mac OS 9, autant son hésitation entre Aqua et Platinum est dommageable sous Mac OS X.

L'affichage des textes est également un problème. Mettre côte à côte l'affichage du même message par Mail et par PowerMail, ne fait qu'accuser les faiblesses du second dans ce domaine. Comme c'est le cas avec Entourage, le lissage des caractères a beau être activé, le rendu est tout à fait différent.

Quant à lire les messages au format HTML, PowerMail saura s'y prendre avec plus ou moins de réussite selon la complexité du code et à condition que cela ait été réglé dans les Préférences (rubrique Affichage HTML). Dans certains cas, le message est parasité par le code HTML, dans d'autres il s'affiche très mal. Il n'est d'ailleurs pas possible de rédiger de message à ce format. Les puristes répondront que ce serait de toute façon une hérésie... Peut-être... On aurait néanmoins aimé avoir le choix.

Choisir PowerMail ?

La question se posait avant le 24 août dernier, avant qu'Apple ne livre avec Mac OS X 10.2 un Mail très nettement amélioré. En effet, Entourage existait certes mais n'était vendu que dans le cadre de la suite Office. Malheureusement, à ce moment-là, le logiciel souffrait d'une relative instabilité qui en rendait l'utilisation difficile. Intrinsèquement, PowerMail est un bon produit, aujourd'hui dans une position délicate. Payant lui aussi, Entourage fait mieux ; gratuit, Mail fait presque aussi bien. Surtout, à l'heure d'Aqua, l'interface et le rendu de PowerMail semblent d'un autre âge. En fait, il demeure avant tout une alternative très intéressante à Outlook Express sous Mac OS 9. Son portage sous Mac OS X permet donc surtout à ceux qui l'utilisaient déjà sous l'ancien système de ne pas perdre leurs habitudes.

CONNEXION UTILISATEUR