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Test du dock Thunderbolt Matrox DS1

Nicolas Furno

mardi 05 mars 2013 à 12:10 • 9

Matériel

Le Matrox DS1 est le tout premier dock Thunderbolt à être commercialisé. Son principe est simple et astucieux : profiter des capacités du port Thunderbolt pour réunir en un seul boîtier tous les connecteurs imaginables et ainsi enrichir son ordinateur portable souvent faiblement doté.

Sur le papier, c’est la solution idéale pour créer un poste de travail complet et ne brancher qu’un seul câble, ou plutôt deux avec l’alimentation. Apple propose un produit dans cet esprit, mais il faut alors débourser pas moins de 1000 € pour acheter un Thunderbolt Display, un écran 27 pouces donc doté de nombreux ports à l’arrière.

Le produit de Matrox est bien mieux situé sur le plan tarifaire. Vendu 250 € environ, le DS1 n’est pas bon marché, mais il est plus accessible que l’écran d’Apple et il a en outre l’avantage de fonctionner avec n’importe quel écran externe. Pratique pour ceux qui ont déjà investi dans un écran… Alors, est-ce la solution idéale pour exploiter au mieux le port Thunderbolt ? Éléments de réponse dans notre test.



Un boîtier bien construit, mais chichement doté



Le Matrox DS1 respire la solidité quand on le prend en main. Construit entièrement en métal, il n’a aucune pièce mobile qui pourrait compromettre son intégrité et l’ensemble devrait tenir sans problème quelques années. Sans retrouver le niveau de finition d’un Mac, c’est un boîtier très correct, mais on aurait aimé qu’il soit plus petit.

Notons à ce propos que l’on peut très bien l’utiliser à la verticale pour gagner de la place. Même si Matrox n’a pas prévu cette utilisation, comme le prouve la présence de patins en caoutchouc sur une seule face, cela reste une position envisageable, à condition toutefois de ne pas tirer sur les câbles ou alors en le calant de manière plus sure entre deux livres par exemple.



Les connecteurs supplémentaires sont la raison d’être du DS1. On en trouve deux à l’avant, mais l’essentiel est situé à l’arrière du produit pour cacher les fils qui s’accumuleront inévitablement derrière le boîtier. À l’avant, on a un port USB facile d’accès pour y brancher rapidement une clé USB ou un disque dur. On trouve aussi l’unique port Thunderbolt du produit, mais on y reviendra plus tard.

Derrière ce dernier port sur la photo, on note aussi la présence d’une LED de fonctionnement : verte quand le boîtier est en fonctionnement, elle vire à l’orange en mettant le Mac en veille et en rouge quand le câble Thunderbolt est déconnecté. Cet indicateur de fonctionnement ne peut pas être éteint sans débrancher la prise du DS1.



À l’arrière, le Matrox DS1 propose sept connecteurs différents. Tout à droite sur la photo, on distingue la prise d’alimentation qui fournit l’électricité nécessaire à ce boîtier assez consommateur du fait de la technologie Thunderbolt. À côté, une entrée et une sortie audio sous la forme de deux prises mini-jack, puis deux ports USB, un connecteur Ethernet et enfin une sorte pour écran. Sur notre modèle, il s’agit d’une prise DVI-D, mais le constructeur propose deux versions, l’autre étant équipé d’une prise HDMI. À vous de voir celui qui vous sera le plus utile, sachant que le prix est, grosso modo, le même.

Dans les deux cas, Matrox n’est pas très généreux en matière de connectique. Dans la boîte, outre le DS1 et quelques feuillets pour la garantie et des explications pour télécharger le manuel complet, il faudra se contenter de l’adaptateur secteur. Le constructeur ne fournit pas de câble HDMI ou DVI, ce qui est assez logique, mais pas non plus de câble Thunderbolt. Une pratique courante et qui oblige à prendre en compte la trentaine d’euros supplémentaire à ajouter au prix de l’ensemble.



Par rapport à l’écran d’Apple, le Matrox DS1 est doté d’une entrée et sortie son en plus, mais c’est quasiment son seul avantage sur la question des connecteurs. On retrouve le même port Ethernet Gigabit, un bon point, mais il faudra en revanche se contenter d’un seul port USB 3. Seul situé à l’avant du boîtier est en effet rapide, les deux autres à l’arrière se contentent d’être deux décevants ports USB 2. Dommage, même si c’est toujours mieux que les trois USB 2 du Thunderbolt Display : on aurait aimé malgré tout de l’USB 3 sur les trois connecteurs. Il faudra aussi faire sans FireWire, un connecteur qui a encore ses amateurs parmi les utilisateurs de Mac.

Plus gênant, le DS1 n’est équipé que d’un seul port Thunderbolt. L’un des avantages de cette norme est pourtant d’être chaînée, c’est-à-dire que l’on peut brancher sur un seul connecteur plusieurs appareils à la suite. Pour y parvenir, chaque appareil doit être conçu avec deux connecteurs, l’un en entrée et l’autre en sortie. Faute de ce duo, le boîtier de Matrox devra nécessairement être en fin de chaîne, ce qui n’est pas logique pour un Dock de ce type. Si on veut brancher un disque dur Thunderbolt, il faudra préalablement débrancher le DS1 : on aurait préféré avoir un deuxième connecteur pour y brancher directement le disque dur…

Matrox a en outre choisi de positionner l’unique Thunderbolt à l’avant. Cette position nous semble globalement inconfortable : on peut la comprendre si l’utilisateur vient poser son Mac sur un bureau devant et branche son câble sur le boîtier. Il nous semble pourtant plus aisé d’envisager le cas où le câble Thunderbolt est toujours branché au boîtier et où l’utilisateur vient simplement le relier à son Mac. Dans ce cadre, on aurait préféré un connecteur à l’arrière pour ne pas encombrer le bureau. Encore une fois, ce choix de positionnement n’aurait pas été gênant avec deux connecteurs répartis de part et d’autre du boîtier. En l’état, nous avons été constamment gênés, d’autant que le câble Thunderbolt est très rigide.



À l'usage : bugs, incompatibilités et performances décevantes



À l’usage, que vaut ce Matrox DS1 ? L’objectif n’étant de connecter qu’un seul câble tout en bénéficiant de performances du même niveau qu’en branchant les éléments directement à l’ordinateur, la question des performances est essentielle.



Le port Ethernet n’appelle à aucun commentaire particulier. Capable d’atteindre le gigabit, il s’est avéré d’après nos essais aussi rapide que l’adaptateur Thunderbolt vers Ethernet Gigabit vendu par Apple. L’installation est tout aussi simple, puisqu’il suffit de connecter le câble réseau au boîtier et le boîtier au Mac et OS X se charge du reste. L’interface réseau est automatiquement reconnue et l’ordinateur se connecte de lui-même sans autre action de votre part.



Il en va de même pour les deux mini-jack dédiées au son. Cette fois, le Mac les reconnaît comme une carte son USB et après branchement, il suffit de sélectionner dans les réglages la bonne sortie pour la prise casque et la bonne entrée pour la prise micro. La qualité n’est pas du niveau d’un appareil HiFi, mais ce n’est pas non plus son ambition. Pour des écouteurs ou de petites enceintes de bureau, le DS1 suffit largement.



Les choses se corsent pour le boîtier de Matrox quand on s’intéresse aux trois ports USB. Outre le fait qu’il n’y a qu’un seul connecteur USB 3 — situé à l’avant —, les deux ports à l’arrière ne sont pas non plus parfaits. Ils sont déjà étrangement construits et nécessitent souvent de forcer sur la prise USB que l’on veut insérer, ce qui ne rassure pas sur la longévité du boîtier, d’autant que les connecteurs ne semblent pas parfaitement fixés et ils laissent un peu de jeu.

Ces problèmes de construction ne sont pas les plus gênants. En revanche, l’instabilité de ces ports USB est pénible au quotidien. Régulièrement, rien ne se passera quand vous brancherez un disque dur ou un appareil iOS par exemple, ou alors il sera bien reconnu par le Mac, mais pas alimenté. Nous avons observé ce comportement qui semble aléatoire avec un simple iPhone 5 : régulièrement, le téléphone n’était pas chargé une fois branché et il faut alors soit inverser les prises USB, soit même débrancher et brancher à nouveau le DS1. Plus gênant encore, nous avons eu quelques Kernel Panic en branchant ou débranchant simplement un appareil USB. Le Mac redémarre alors de lui-même et même si on ne perd souvent rien avec OS X Mountain Lion, c’est un comportement vraiment gênant.

Quand les ports USB fonctionnent correctement, quelques tests réalisés avec un disque dur externe en USB 3 montrent des résultats comparables entre le Mac et le boîtier. Sur notre modèle de test équipé d'un disque 2,5 pouces à 5400 t/m, on atteint les limites du disque dur avant d'atteindre celles du boîtier de Matrox ou celles de l'USB 3. Nos confrères de Tom's Hardware ont mené une série de tests plus sérieux avec un MacBook Air et le DS1 et avec deux boîtiers externes en USB 3, l'un avec un disque dur traditionnel (3,5 pouces et 7200 t/m) et l'autre avec un SSD. Les différences sont très nettes avec ce dernier, puisque les vitesses sont jusqu'à deux fois meilleures avec le Mac par rapport au boîtier. La faute à l’utilisation d’un contrôleur médiocre d’après le site qui a également ouvert le boîtier. Au passage, le constructeur leur a précisé que la présence de deux ports USB 2 était lié à l'utilisation d'un adaptateur secteur trop petit. Trois ports USB 3 auraient nécessité une alimentation plus puissante…



La prise DVI de notre DS1 n’a pas plus fonctionné sans encombre. Nous avons d’abord essayé d’y connecter un écran Dell, un U2410 doté d’un écran 24 pouces avec une définition compatible sur le papier avec celle que le produit de Matrox peut gérer, soit 1920 x 1200 pixels (notons que le modèle HDMI est limité quant à lui au 1080p, soit 1920 x 1080 pixels). Au branchement, l’écran détecte bien la connexion, OS X indique aussi deux écrans, mais l’écran reste noir. Renseignements pris, il s’agit d’un bug connu par le constructeur et spécifique aux écrans de cette marque… Certains proposent de réduire la définition de l’écran pour afficher une image, mais cela n’a pas fonctionné sur notre exemplaire.

Nous avons eu plus de chance avec un ancien écran d’Apple, un 24 pouces doté lui aussi d’une prise DVI et de la même définition. Dans ce cas, la connexion se fait sans difficulté et l’écran est reconnu sitôt le boîtier relié au Mac. C’est bien, mais ce n’est pas suffisant pour un usage normal : difficile de recommander un produit qui pourrait ne pas fonctionner avec votre configuration. Matrox assure dans ses forums qu’une solution est en cours de développement, mais en attendant mieux vaut peut-être s’en tenir à la version HDMI ou éviter le DS1 si vous avez un écran Dell.

Conclusion : il est urgent d’attendre



Prometteur sur le papier, le Matrox DS1 s’avère plutôt décevant à l’usage. Vendu plus de 250 €, il est certes plutôt bien construit, mais souffre de nombreux handicaps. L’absence d’USB 3 généralisé est un problème, mais pas autant que l’unique connecteur Thunderbolt qui empêche son utilisation simplifiée dans une chaîne. La position de cet unique connecteur n’est en outre pas très pratique au quotidien à notre avis, même si cela peut convenir selon la disposition du Mac et du boîtier sur le bureau.



Au total, le sentiment qui se dégage est que ce boîtier n’est pas encore suffisamment mature. Il est prometteur, mais il n’est pas abouti tant sur le plan matériel que sur le plan logiciel. Pour ce dernier point, Matrox promet du mieux avec OS X 10.8.3 et il faudra voir avec le recul si le DS1 est effectivement plus stable. Un essai rapide sur la première génération d’iMac dotée de port Thunderbolt montre qu’effectivement, le DS1 se comporte un peu mieux du côté de la détection des périphériques USB et nous n’avons obtenu aucun Kernel Panic, même en débranchant le boîtier pendant des opérations de transfert en USB ou en Ethernet. Un bon point donc, mais il n’empêche que ce produit a plus de six mois de retard et n’est toujours pas opérationnel…

Ainsi, on conseillera plutôt d’attendre le successeur de ce premier boîtier Thunderbolt. On l’espère avec un deuxième connecteur Thunderbolt à l’arrière et de l’USB 3 sur tous les ports et une puce de gestion vraiment rapide. En attendant la sortie de ce produit, on attend également de pied ferme l’appareil de Belkin qui est en retard, mais qui doit toujours sortir dans les prochaines semaines. Le Thunderbolt Express Dock répond à quelques-unes de nos critiques, notamment sur les connecteurs, mais reste à voir s’il s’en sort mieux à l’usage…

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