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Antidote RX face au Petit ProLexis 3

La redaction

Tuesday 18 December 2007 à 18:07 • 3

Logiciel

Si à ce jour, aucun logiciel n’a réussi à emprisonner les mystères de la grammaire française dans un tissu d’algorithmes, le Québécois Antidote de l’éditeur Druide Informatique et le français ProLexis de la société Diagonal sont pour l’heure les plus sagaces de l’univers Mac sur ce terrain.

Quoi de neuf ?

Depuis la sortie d'Antidote RX, Druide ne cesse de sortir des mises à jour gratuites afin d'améliorer son logiciel. Ainsi, Antidote RX5, sorti à l'occasion de l'Apple expo, prenait en compte les architectures multiprocesseurs, embarquait des dictionnaires –une constante au fil des versions- plus riches et offrait la prise en charge de nouveaux logiciels, notamment ceux de la suite CS3 ou aussi OpenOffice et NeoOffice, pour citer les plus marquants.

Le cas du Petit ProLexis est plus complexe. Comme son nom le suggère, il est la version simplifiée de ProLexis, un correcteur de référence dans le monde de la presse et de l’édition, mais son prix (à partir de 300 €) ne le destinant pas vraiment à une diffusion grand public, son éditeur a mis au point une version allégée à tarif plus compétitif. À moins de 100 €, il est donc placé en concurrence frontale avec Antidote.

Pour autant, son moteur de correction n’est pas au rabais puisqu’identique à son aîné. Ce qui les distingue se situe plutôt dans le mode opératoire : alors que le « grand » ProLexis balaie d’un coup tout le texte à traiter pour n’en faire ressortir qu’une liste de mots et signes suspects, le Petit ProLexis procède plus traditionnellement en soulignant les éventuels trublions au bon ordre orthographico-grammatical dans une fenêtre d’édition qui lui est propre.

Sa version 3 bénéficie d’un net enrichissement côté dictionnaires (l’un des grands atouts de son concurrent) avec désormais toute la panoplie des synonymes, locutions, citations et quantité de noms propres et noms communs qui font gagner du temps sur des vérifications fastidieuses.

Mais au rang des nouveautés remarquables, il y a aussi le module de correction en temps réel des principales fautes. À noter une compatibilité avec Leopard parfaitement assurée grâce à un patch à télécharger sur le site de l’éditeur.

Intégration ou pas ?

D’un côté comme de l’autre, le processus d’installation des logiciels ne pose aucune difficulté particulière, si ce n’est qu’il faut disposer d’une connexion internet pour le renvoi d’un code d’activation lié à la machine ; faute de quoi les logiciels ne fonctionnent qu’en mode démonstration pour une durée limitée.

Fidèle à sa politique, Antidote reste une application autonome dont les stratégies sont très variables pour communiquer d’un logiciel à l’autre. Dans le meilleur des cas, il installe un menu


Exemple avec InDesign CS3




Autre exemple d'intégration avec Word


Un menu contextuel permet d'appeler à tout moment Antidote. Le logiciel se chargera alors d'analyser la portion de texte sélectionnée. Si le logiciel est pris en charge par Andidote, les modifications seront immédiatement répercutées. Si ce n'est pas le cas, il vous faudra coller le texte corrigé dans votre application de départ.



On peut également appeler Antidote via les services de Mac OS X


La liste des applications compatibles est disponible dans ce document au format PDF.



À l’inverse, le Petit ProLexis sur le modèle de son aîné fonctionne réellement à l’intérieur d’applications hôtes, mais pour faire un effet de gamme, il s’intègre à un nombre beaucoup plus limité d’applications. Notez qu'à chaque fois que vous lancez une application compatible le Petit ProLexis, vous verrez l'icône du logiciel de Diagonal apparaître lors du chargement, une intrusion qui devient vite agaçante.


Exemple sous Word


Vous trouverez sur cette (page) la liste des applications prises en charge par le Petit ProLexis. L’éditeur a clairement choisi de réserver le monde de la PAO au grand ProLexis.

Le sens leur reste interdit

Sur la qualité de correction proprement dite, ils font jeu égal à l’épreuve de plusieurs centaines de fautes plantées sciemment dans différents documents. Leurs limites aussi restent inchangées et tournent le plus souvent autour de leur incapacité à comprendre le sens des phrases ; par exemple, une expression à la Devos comme : « la mère est démontée » ne les choquera pas.


À remarquer quand même ici un éclair de génie d’Antidote sur le mot « sol », mais cela relève de l’exception


Attention aux croche-pieds !

Entre les deux compétiteurs, la différence va se jouer ailleurs. Notamment sur le chapitre des fausses détections, autrement dit, cette propension des correcteurs à signaler des erreurs qui n’en sont pas. Pour l’évaluer, il suffit de leur soumettre des documents exempts de fautes et d’observer les pseudo-erreurs relevées. Sans surprise là encore, Petit ProLexis est le plus stoïque et Antidote le plus enclin à sonner inutilement le tocsin.


Si Antidote est aujourd’hui bien moins sujet à ce travers qu’il ne l’était à ses débuts, le moteur ProLexis conserve un net avantage. Or il ne faut pas négliger la capacité des fausses détections à semer le doute chez un utilisateur manquant d’assurance. Là même où il a besoin d’être rassuré, on lui fait des crocs-en-jambe !

La correction à pied d’œuvre

En dépit des progrès d’Antidote, la vitesse de traitement du logiciel de Diagonal reste supérieure, mais on ne peut réellement l’apprécier, car le Petit ProLexis « pagine » son analyse, d’où la mention « Analyser la suite du texte » en bas de la fenêtre de correction (voir écran suivant). À noter au passage que cette pagination est pénalisante si l’on a besoin de se rendre ponctuellement à la fin du document pour vérifier par exemple une note. Antidote de son côté donne accès à l’intégralité du texte dans sa fenêtre d’édition.

Le processus de correction proprement dit est assez semblable de part et d’autre. Pour chacun, il faut cliquer sur les mots soulignés afin d’accéder aux propositions du correcteur. Dommage qu’Antidote, à l’inverse de son concurrent, ne propose toujours pas la correction automatique des multiples occurrences d’une même erreur.


Observez le bouton à droite de « Corriger », il s’incrémente tout seul en fonction de la répétition des erreurs


En ce qui concerne la correction automatique des dates (y compris en confrontant les jours et les années), Petit ProLexis se met à niveau avec Antidote. En revanche, ce dernier ne suit pas son concurrent sur la typographie que Petit ProLexis sait en partie traiter automatiquement (mais de manière plus restreinte que le Grand ProLexis). Le logiciel de Druide se contente de relever les erreurs, mais l’action de l’utilisateur reste requise pour chacune. Du coup, alors qu’Antidote semblait avoir un avantage sur le terrain des logiciels de PAO grâce à sa meilleure communication, c’est Petit ProLexis qui se trouve presque le plus adapté pour nettoyer typographiquement les textes (une tâche cruciale). Reste qu’il faut passer par les services de Mac OS X.

Flagrant délit de déviation orthographique

Avantage aussi à la saisie avec le nouveau module de correction « temps réel » désormais commun aux deux ProLexis, petit et grand. Quand l’option est activée, une petite fenêtre surgit pour redresser à la volée les fautes les plus évidentes que l’on peut commettre en tapant.

La boite de réglages ci-dessous donne une idée claire du champ d’action de ce module.

Au passage, on regrettra par moment l'interface un peu vieillotte du Petit ProLexis


Un peu surprenante au début, cette fonction pourrait se révéler appréciable si elle ne ralentissait pas sensiblement sur certaines configurations la vitesse de frappe. Antidote, quant à lui, possède certes une fonction de correction automatique des erreurs les plus flagrantes, mais elle n’agit pas qu’a posteriori.

Suivez les guides

Chapitre éducation, Antidote reste cependant très fort avec une batterie de guides extrêmement complets grâce auxquels il est possible de passer complètement des Bescherelle et autres précis de grammaire.



Avec son « explorateur du français », Petit ProLexis demeure clairement un ton en-dessous tant le propos reste généraliste et faute d’un appel contextuel lors de la correction comme le propose Antidote.



La guerre des dicos

Avec son « DicoMalin» Petit ProLexis 3 comble de façon plus cohérente son retard sur les dix foisonnants dictionnaires d’Antidote. Diagonal ne prétend en rien concurrencer le Grand Robert mais produit au contraire des définitions aussi concises que possible. La démarche est bienvenue parce qu’en cours de correction, l’utilisateur a rarement besoin qu’on lui expose d’entrée toutes les subtilités d’un mot ou d’un concept qu’il ignorait jusqu’alors.



Pour sa part, Antidote est parfois si prolixe qu’il incite à la dispersion. Mais les amoureux du français ne sauraient le lui reprocher, bien au contraire.



Les « à-côtés » de la correction

En marge des synonymes, définitions et conjugaisons, Antidote déploie une analyse stylistique incroyablement luxueuse (parfois un brin normative) qui ouvre des perspectives toujours très enrichissantes sur la manière dont on rédige.



Petit ProLexis de son côté aligné une série de jeux de langues plus ou moins classiques (Scrabble, le mot le plus long) ou modernes (© Composio) de nature « scotcher » les amateurs pour de longues heures devant une minuscule boite de dialogue.



Le dernier mot
Au final, il est difficile de donner le dernier mot à Antidote ou à Petit ProLexis tant les deux sont également séduisants pour des raisons différentes. D'un côté, on appréciera peut-être plus Petit ProLexis pour son souci d’optimiser le temps de correction, de l’autre, Antidote est sans doute plus appréciable si l’on se soucie avant tout de la qualité de son écriture, lorsque la tenue correcte exigée des phrases ne suffit plus.

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