Labo de Logic Pro 7.1
Le premier logiciel de musique que j’ai acheté, il y a 16 ans, s’appelait Notator et il tournait sur Atari ST. Il a été mon compagnon de composition durant des années. Et, au fil des évolutions, il a migré sur Mac et PC, il a changé de nom, puis il a été racheté par Apple. Aujourd’hui, il s’appelle Logic Pro, il en est à la version 7.1, et n’a plus grand-chose à voir avec son ancêtre.
Depuis sa version 6, il y a déjà quelque temps, Logic est devenu un monstre : alors qu’auparavant, il ne possédait pas d’instruments virtuels – on devait acheter ceux-ci à part, au format VST, et ça pouvait coûter fort cher – la version 6 a intégré tous les instruments produits par son fabricant de l’époque Emagic : le sampler EXS-24, le piano électrique EVP-88, l’orgue hammond EVB3, les synthés ES1 et ES2, le vocoder EVOC 20, notamment. La version 7 a repris la même philosophie en y ajoutant de nombreuses nouveautés. Un monstre, donc : le carton contient deux DVD pleins à craquer pour l’installation et 1600 pages de manuels. Dès lors, je ne vais pas vous le présenter dans son ensemble, mais juste mentionner les principales nouveautés.
Les grands plus
En matière de plug-in, la nouveauté la plus intéressante introduite avec la version 7.0 s’appelle Sculpture, un synthétiseur qui utilise, comme générateur de base, une simulation de corde ou de barre vibrante. On peut choisir la matière qui la constitue (nylon, métal, bois, etc.) ainsi que son environnement (air, eau, etc.). Puis on peut exciter cette corde avec trois objets, de différents types et placés à différents endroits : marteau, archet, pincement, etc. Ces objets peuvent aussi amortir ou gêner la vibration de la corde.
Notons que si Sculpture sait bien imiter les guitares ou le clavecin, il peut aussi générer des sons qui n’ont rien en commun avec un quelconque instrument à cordes existant. La grande force de l’engin vient, à mon avis, du fait que si la corde vibre encore lorsqu’on ajoute une nouvelle note, la vibration de celle-ci interagit avec la première. Les sons de Sculpture sont dès lors extrêmement évolutifs, organiques et d’une richesse incroyable. D’accord, cet instrument mange beaucoup de ressources du processeur, mais les sons qu’il produit prennent tellement de place qu’on se contentera, dans la plupart des cas, d’en user avec parcimonie. Sur une boucle répétitive, par exemple, l’évolution harmonique des sons peut donner des résultats surprenants. Prévoyez tout de même quelques heures de travail pour en tirer autre chose que les presets d’usine : la bête n’est pas simple à dompter, quoi qu’en dise le manuel.
Le deuxième instrument qui sort du lot s’appelle Ultrabeat et c’est en quelque sorte une grosse boîte à rythme. 24 voix sont assignées aux 24 premières notes du clavier (depuis le Do1). Une 25e voix couvre trois octaves à partir du Do3. Pratique pour les sons de basse. Chaque voix est constituée de deux oscillateurs et d’un générateur de bruit, l’oscillateur 2 pouvant lire des échantillons en plus des formes d’ondes classiques. Le son passe alors dans circuit de synthé traditionnel : filtre, enveloppes, LFO.
Ultrabeat contient également un séquenceur pas à pas, un peu à la manière d’une bonne vieille Roland TR-808. Personnellement, je n’y vois pas vraiment d’intérêt, habitué que je suis aux outils traditionnels de Logic qui sont parfaits pour générer des boucles, mais peut-être d’autres voudront-ils créer des rythmes complets dans Ultrabeat. Si les échantillons proposés d’usine sont bons, l’imitation de batteries acoustiques ou de percussions naturelles n’est pas la tasse de thé d’Ultrabeat. En revanche, dans le domaine des sons électroniques, c’est le genre d’outil qui peut faire mal. Mais prévoyez un peu de temps pour l’apprivoiser : certains paramètres sont bien cachés, comme les boutons de routage des oscillateurs au travers du filtre (au début, j’ai cru que c’était des vis, des fausses vis, pour faire joli). Et n’oubliez pas qu’un plein écran ne représente qu’une seule des 25 voix disponibles.
Un détail d’Ultrabeat. Ce que je croyais être des vis sont en fait des boutons de routage des oscillateurs au travers du filtre. Il faut cliquer dessus pour qu’ils s’activent (en rouge).
Au niveau des plug-ins d’effets, j’adore le Guitar Amp Pro, un simulateur d’ampli de guitare qui possède 11 modèles d’amplis et 15 modèles de haut-parleurs que l’on peut combiner à l’envi. Dès que vous avez pensé à placer un Guitar Amp Pro sur un EVP-88, vous ne l’enlevez plus jamais (à moins d’avoir recours à des plug-ins externes ou à un vrai Fender Rhodes). Encore une combine qui va donner du fil à retordre à votre processeur.
Je ne peux pas résister non plus à vous parler de Space Designer, la réverbe à convolution de Logic, même si celle-ci était déjà intégrée à la version 6. Un mot peut-être sur le principe de la convolution, hyper à la mode en ce moment dans le domaine des réverbérations numériques : première étape, on relève l’empreinte sonore d’une salle en produisant un impact sonore très bref, genre coup de pistolet, et en échantillonnant l’évolution du son au cours du temps. On crée alors un fichier qui contient cette évolution. Deuxième étape, pour faire sonner un son quelconque comme s’il était produit dans la salle choisie, on applique ce modèle d’évolution à chacun des points du son. Mise en oeuvre au sens strict, la convolution nécessite une quantité incroyablement élevée de calculs. En pratique, à défaut de confier nos réverbes aux ordinateurs de la NASA, on utilise des algorithmes psychoacoustiques qui permettent de soulager le processeur sans trop y perdre au niveau sonore. C’est donc ce que fait Space Designer. Et de fort belle manière ! Si une bonne Lexicon tient toujours la concurrence (mais à quel prix), les autres réverbes intégrées de Logic se trouvent reléguées au rang de gadgets ridicules.
Si vous désirez faire tourner un morceau sur une autre machine que celle sur laquelle il a été créé (ce qui arrive fréquemment lors de prises de sons réalisées en plusieurs endroits ou de mixages confiés à un autre studio), il faut penser à ne rien oublier : les fichiers audio, les réglages des instruments virtuels, les samples de l’EXS24, etc. Eh bien, Logic 7 possède une fonction pour vous simplifier la tâche : le gestionnaire de projets. Il s’occupera de tout, s’assurera que tous les fichiers sont là. Il pourra aussi vous aider à faire de la place sur votre disque dur en effaçant les fichiers inutiles tout en veillant à ce que ceux-ci ne soient pas utilisés par un autre morceau. Voilà un outil génial !
Bon, il est temps de vous dire comment nous allons faire pour utiliser tout ça en même temps. Parce que les gens de Logic y ont pensé, avec ce qui s’appelle le traitement audio distribué. Si vous avez un deuxième Mac sous la main, ou même plusieurs, vous pouvez les relier à votre ordinateur principal par un câble Ethernet (via un routeur, au besoin). Un petit logiciel appelé Logic Node, livré avec Logic Pro et installé sur ces machines, permettra à Logic de partager la puissance de calcul entre les processeurs. Le mode d’emploi est exigeant quant à la configuration minimale nécessaire : les processeurs doivent être des G5 et la carte Ethernet doit avoir une bande passante d’un Gb/sec. L’idée est géniale, mais pas toute simple à mettre en œuvre : il faut d’abord désigner les machines présentes sur le réseau, puis définir pour chaque piste si l’on désire qu’elle soit traitée par le processeur principal ou par un processeur externe (un node). On confiera aux nodes les pistes audio qui consomment beaucoup, mais qui peuvent supporter une certaine latence. Les instruments virtuels que l’on désire jouer en direct devront rester sur le processeur interne. Dommage que le système ne puisse pas lui-même s’occuper de cette répartition.
Les petits plus et les petits moins
Logic Pro 7 offre aussi quantité de petites améliorations qui rendent la vie plus agréable. Il est par exemple possible d’enregistrer simultanément plusieurs instruments virtuels différents, ou des pistes audio et des instruments virtuels. C’est utile si vous enregistrez un groupe complet, avec deux claviers qui pilotent des plug-ins de Logic, par exemple. Logic inclut également une série de pistes globales qui gèrent l’une le tempo, une autre la signature rythmique, une encore les marqueurs, etc. Vraiment pratique.
Deux plug-ins d’équalisation méritent aussi d’être mentionnés : Linear Phase EQ modifie le spectre sans toucher la phase, comme son nom l’indique. C’est utile surtout pour le mastering. Match EQ analyse la courbe de fréquences d’un fichier audio donné et applique cette courbe à un autre fichier,le but étant par exemple d’unifier plusieurs morceaux d’un album ou de « repiquer » le spectre d’un mixage de référence.
J’ai essayé ce dernier cas de figure avec assez peu de succès. En revanche, Match EQ m’a sauvé la vie dans une autre situation : je mixais un morceau contenant une vraie batterie et je voulais ajouter un passage au charleston à l’intro que le batteur n’avait pas joué. J’ai créé ce passage avec un son de batterie de l’EXP24 (le sampleur de Logic), j’ai demandé à Match EQ de faire correspondre la piste du vrai charleston à celle que je venais de jouer et, miracle, on n’y entend que du feu.
Un détail un peu plus technique, mais à relever tout de même : depuis sa version 7.1, Logic peut unifier automatiquement la latence entre les pistes. Petite explication : lorsque vous attribuez plusieurs plug-ins d’effet sur une piste, ou que vous la faites passer par différents sous-groupes, elle sonnera avec quelques microsecondes de retard par rapport aux autres. Auparavant, cette latence pouvait créer des problèmes de déphasage, et cela prétéritait Logic par rapport à la concurrence (Cubase, notamment), qui incluait déjà la correction automatique. Avec la fonction « Compensation de retard de Plug-in », tout rentre dans l’ordre à ce niveau-là. Logic retarde certaines pistes et envoie tout en même temps dans la carte son.
Quelques petits moins, tout de même : dans la fenêtre d’environnement, vous pouvez afficher le volume des pistes audio soit en dB, soit en valeurs numériques (de 0 à 127), mais pas les deux à la fois. Alors si vous avez choisi le mode numérique, vous ne saurez pas de combien vous devrez reculer le fader si l’indicateur de «margin » vous dit que votre piste sature de 1.5 dB ; et si vous avez choisi le mode dB, vous ne saurez pas à quelle valeur correspond la position du fader si vous voulez insérer un changement de volume dans la fenêtre d’arrangement. C’est comme ça depuis Logic 3 (au moins), et c’est curieux que ça n’ait jamais été corrigé.
Mentionnons aussi le gel des pistes audio (« freeze », en anglais) : une fonction vraiment pratique qui crée un fichier audio de la piste que vous avez choisie (typiquement un instrument virtuel auquel vous avez ajouté des effets), de sorte que celle-ci nécessite beaucoup moins de ressources en lecture. C’est LA fonction à utiliser pour les sons générés par Sculpture puis passés au travers de Space Designer. Mais ce qui me dérange, c’est que même si la piste à geler ne joue que durant 4 mesures au milieu d’un morceau, le gel de piste va scanner tout le morceau, de la première à la dernière seconde (et gare à vous si vous avez placé la fin du morceau à la mesure 2035). De plus, une piste gelée l’est toujours en entier : impossible de ne geler qu’un passage particulièrement chargé et de laisser la même piste libre à un autre endroit pour d’éventuelles modifications. Parfois, il vaut mieux faire un « bounce » de la piste et créer une piste audio pour lire le résultat, comme dans Logic 4. Dommage, on y était presque.
Quand j’ai reçu Logic 7.0, il y a un peu plus d’une année, je vous avoue que j’ai été un peu déçu malgré toutes les qualités que j’ai mentionnées plus haut. C’est que tout y était insupportablement lent. Entre le moment où je pressais sur « enregistrement » et le moment où celui-ci démarrait, il s’écoulait une ou deux interminables secondes ; les ascenseurs étaient presque inutilisables tant ils faisaient sauter l’image dans tous les sens. Et, le pire, la plupart des plug-ins tierce-partie que je possédais depuis Logic 6 ne fonctionnaient plus sans émettre d’affreux craquements.
Il faut dire qu’à l’époque, je travaillais sur un G4 QuickSilver monopresseur qui arrivait en bout de course. Depuis, j’ai investi dans un G5 bipro, avec 3,5GB de RAM, et entre-temps j’ai acheté la version 7.1 de Logic, qui a été optimisée. Avec cette configuration, c’est le rêve. Tout est à nouveau fluide, presque autant que ne l’était Notator sur mon Atari cadencé à 7MHz (il fallait que je la glisse, celle-là), et la différence de vitesse de traitement est époustouflante : alors que sur le G4 je pouvais tout juste utiliser une instance de « Space designer », maintenant je peux en insérer cinq ou six sans problème, tout en ayant en parallèle une trentaine de pistes audio et plusieurs instruments virtuels. Ceci pour dire que si vous voulez bénéficier de toute la puissance de Logic, et d’un confort d’utilisation acceptable, vous aurez absolument besoin d’une machine de course. Pas de salut si vous ne possédez pas un G5. Dommage pour les utilisateurs de portables… ou une raison de plus d’attendre le PowerBook Intel.
Depuis sa version 6, il y a déjà quelque temps, Logic est devenu un monstre : alors qu’auparavant, il ne possédait pas d’instruments virtuels – on devait acheter ceux-ci à part, au format VST, et ça pouvait coûter fort cher – la version 6 a intégré tous les instruments produits par son fabricant de l’époque Emagic : le sampler EXS-24, le piano électrique EVP-88, l’orgue hammond EVB3, les synthés ES1 et ES2, le vocoder EVOC 20, notamment. La version 7 a repris la même philosophie en y ajoutant de nombreuses nouveautés. Un monstre, donc : le carton contient deux DVD pleins à craquer pour l’installation et 1600 pages de manuels. Dès lors, je ne vais pas vous le présenter dans son ensemble, mais juste mentionner les principales nouveautés.
Les grands plus
En matière de plug-in, la nouveauté la plus intéressante introduite avec la version 7.0 s’appelle Sculpture, un synthétiseur qui utilise, comme générateur de base, une simulation de corde ou de barre vibrante. On peut choisir la matière qui la constitue (nylon, métal, bois, etc.) ainsi que son environnement (air, eau, etc.). Puis on peut exciter cette corde avec trois objets, de différents types et placés à différents endroits : marteau, archet, pincement, etc. Ces objets peuvent aussi amortir ou gêner la vibration de la corde.
Notons que si Sculpture sait bien imiter les guitares ou le clavecin, il peut aussi générer des sons qui n’ont rien en commun avec un quelconque instrument à cordes existant. La grande force de l’engin vient, à mon avis, du fait que si la corde vibre encore lorsqu’on ajoute une nouvelle note, la vibration de celle-ci interagit avec la première. Les sons de Sculpture sont dès lors extrêmement évolutifs, organiques et d’une richesse incroyable. D’accord, cet instrument mange beaucoup de ressources du processeur, mais les sons qu’il produit prennent tellement de place qu’on se contentera, dans la plupart des cas, d’en user avec parcimonie. Sur une boucle répétitive, par exemple, l’évolution harmonique des sons peut donner des résultats surprenants. Prévoyez tout de même quelques heures de travail pour en tirer autre chose que les presets d’usine : la bête n’est pas simple à dompter, quoi qu’en dise le manuel.
Le deuxième instrument qui sort du lot s’appelle Ultrabeat et c’est en quelque sorte une grosse boîte à rythme. 24 voix sont assignées aux 24 premières notes du clavier (depuis le Do1). Une 25e voix couvre trois octaves à partir du Do3. Pratique pour les sons de basse. Chaque voix est constituée de deux oscillateurs et d’un générateur de bruit, l’oscillateur 2 pouvant lire des échantillons en plus des formes d’ondes classiques. Le son passe alors dans circuit de synthé traditionnel : filtre, enveloppes, LFO.
Ultrabeat contient également un séquenceur pas à pas, un peu à la manière d’une bonne vieille Roland TR-808. Personnellement, je n’y vois pas vraiment d’intérêt, habitué que je suis aux outils traditionnels de Logic qui sont parfaits pour générer des boucles, mais peut-être d’autres voudront-ils créer des rythmes complets dans Ultrabeat. Si les échantillons proposés d’usine sont bons, l’imitation de batteries acoustiques ou de percussions naturelles n’est pas la tasse de thé d’Ultrabeat. En revanche, dans le domaine des sons électroniques, c’est le genre d’outil qui peut faire mal. Mais prévoyez un peu de temps pour l’apprivoiser : certains paramètres sont bien cachés, comme les boutons de routage des oscillateurs au travers du filtre (au début, j’ai cru que c’était des vis, des fausses vis, pour faire joli). Et n’oubliez pas qu’un plein écran ne représente qu’une seule des 25 voix disponibles.
Un détail d’Ultrabeat. Ce que je croyais être des vis sont en fait des boutons de routage des oscillateurs au travers du filtre. Il faut cliquer dessus pour qu’ils s’activent (en rouge).
Au niveau des plug-ins d’effets, j’adore le Guitar Amp Pro, un simulateur d’ampli de guitare qui possède 11 modèles d’amplis et 15 modèles de haut-parleurs que l’on peut combiner à l’envi. Dès que vous avez pensé à placer un Guitar Amp Pro sur un EVP-88, vous ne l’enlevez plus jamais (à moins d’avoir recours à des plug-ins externes ou à un vrai Fender Rhodes). Encore une combine qui va donner du fil à retordre à votre processeur.
Je ne peux pas résister non plus à vous parler de Space Designer, la réverbe à convolution de Logic, même si celle-ci était déjà intégrée à la version 6. Un mot peut-être sur le principe de la convolution, hyper à la mode en ce moment dans le domaine des réverbérations numériques : première étape, on relève l’empreinte sonore d’une salle en produisant un impact sonore très bref, genre coup de pistolet, et en échantillonnant l’évolution du son au cours du temps. On crée alors un fichier qui contient cette évolution. Deuxième étape, pour faire sonner un son quelconque comme s’il était produit dans la salle choisie, on applique ce modèle d’évolution à chacun des points du son. Mise en oeuvre au sens strict, la convolution nécessite une quantité incroyablement élevée de calculs. En pratique, à défaut de confier nos réverbes aux ordinateurs de la NASA, on utilise des algorithmes psychoacoustiques qui permettent de soulager le processeur sans trop y perdre au niveau sonore. C’est donc ce que fait Space Designer. Et de fort belle manière ! Si une bonne Lexicon tient toujours la concurrence (mais à quel prix), les autres réverbes intégrées de Logic se trouvent reléguées au rang de gadgets ridicules.
Si vous désirez faire tourner un morceau sur une autre machine que celle sur laquelle il a été créé (ce qui arrive fréquemment lors de prises de sons réalisées en plusieurs endroits ou de mixages confiés à un autre studio), il faut penser à ne rien oublier : les fichiers audio, les réglages des instruments virtuels, les samples de l’EXS24, etc. Eh bien, Logic 7 possède une fonction pour vous simplifier la tâche : le gestionnaire de projets. Il s’occupera de tout, s’assurera que tous les fichiers sont là. Il pourra aussi vous aider à faire de la place sur votre disque dur en effaçant les fichiers inutiles tout en veillant à ce que ceux-ci ne soient pas utilisés par un autre morceau. Voilà un outil génial !
Bon, il est temps de vous dire comment nous allons faire pour utiliser tout ça en même temps. Parce que les gens de Logic y ont pensé, avec ce qui s’appelle le traitement audio distribué. Si vous avez un deuxième Mac sous la main, ou même plusieurs, vous pouvez les relier à votre ordinateur principal par un câble Ethernet (via un routeur, au besoin). Un petit logiciel appelé Logic Node, livré avec Logic Pro et installé sur ces machines, permettra à Logic de partager la puissance de calcul entre les processeurs. Le mode d’emploi est exigeant quant à la configuration minimale nécessaire : les processeurs doivent être des G5 et la carte Ethernet doit avoir une bande passante d’un Gb/sec. L’idée est géniale, mais pas toute simple à mettre en œuvre : il faut d’abord désigner les machines présentes sur le réseau, puis définir pour chaque piste si l’on désire qu’elle soit traitée par le processeur principal ou par un processeur externe (un node). On confiera aux nodes les pistes audio qui consomment beaucoup, mais qui peuvent supporter une certaine latence. Les instruments virtuels que l’on désire jouer en direct devront rester sur le processeur interne. Dommage que le système ne puisse pas lui-même s’occuper de cette répartition.
Les petits plus et les petits moins
Logic Pro 7 offre aussi quantité de petites améliorations qui rendent la vie plus agréable. Il est par exemple possible d’enregistrer simultanément plusieurs instruments virtuels différents, ou des pistes audio et des instruments virtuels. C’est utile si vous enregistrez un groupe complet, avec deux claviers qui pilotent des plug-ins de Logic, par exemple. Logic inclut également une série de pistes globales qui gèrent l’une le tempo, une autre la signature rythmique, une encore les marqueurs, etc. Vraiment pratique.
Deux plug-ins d’équalisation méritent aussi d’être mentionnés : Linear Phase EQ modifie le spectre sans toucher la phase, comme son nom l’indique. C’est utile surtout pour le mastering. Match EQ analyse la courbe de fréquences d’un fichier audio donné et applique cette courbe à un autre fichier,le but étant par exemple d’unifier plusieurs morceaux d’un album ou de « repiquer » le spectre d’un mixage de référence.
J’ai essayé ce dernier cas de figure avec assez peu de succès. En revanche, Match EQ m’a sauvé la vie dans une autre situation : je mixais un morceau contenant une vraie batterie et je voulais ajouter un passage au charleston à l’intro que le batteur n’avait pas joué. J’ai créé ce passage avec un son de batterie de l’EXP24 (le sampleur de Logic), j’ai demandé à Match EQ de faire correspondre la piste du vrai charleston à celle que je venais de jouer et, miracle, on n’y entend que du feu.
Un détail un peu plus technique, mais à relever tout de même : depuis sa version 7.1, Logic peut unifier automatiquement la latence entre les pistes. Petite explication : lorsque vous attribuez plusieurs plug-ins d’effet sur une piste, ou que vous la faites passer par différents sous-groupes, elle sonnera avec quelques microsecondes de retard par rapport aux autres. Auparavant, cette latence pouvait créer des problèmes de déphasage, et cela prétéritait Logic par rapport à la concurrence (Cubase, notamment), qui incluait déjà la correction automatique. Avec la fonction « Compensation de retard de Plug-in », tout rentre dans l’ordre à ce niveau-là. Logic retarde certaines pistes et envoie tout en même temps dans la carte son.
Quelques petits moins, tout de même : dans la fenêtre d’environnement, vous pouvez afficher le volume des pistes audio soit en dB, soit en valeurs numériques (de 0 à 127), mais pas les deux à la fois. Alors si vous avez choisi le mode numérique, vous ne saurez pas de combien vous devrez reculer le fader si l’indicateur de «margin » vous dit que votre piste sature de 1.5 dB ; et si vous avez choisi le mode dB, vous ne saurez pas à quelle valeur correspond la position du fader si vous voulez insérer un changement de volume dans la fenêtre d’arrangement. C’est comme ça depuis Logic 3 (au moins), et c’est curieux que ça n’ait jamais été corrigé.
Mentionnons aussi le gel des pistes audio (« freeze », en anglais) : une fonction vraiment pratique qui crée un fichier audio de la piste que vous avez choisie (typiquement un instrument virtuel auquel vous avez ajouté des effets), de sorte que celle-ci nécessite beaucoup moins de ressources en lecture. C’est LA fonction à utiliser pour les sons générés par Sculpture puis passés au travers de Space Designer. Mais ce qui me dérange, c’est que même si la piste à geler ne joue que durant 4 mesures au milieu d’un morceau, le gel de piste va scanner tout le morceau, de la première à la dernière seconde (et gare à vous si vous avez placé la fin du morceau à la mesure 2035). De plus, une piste gelée l’est toujours en entier : impossible de ne geler qu’un passage particulièrement chargé et de laisser la même piste libre à un autre endroit pour d’éventuelles modifications. Parfois, il vaut mieux faire un « bounce » de la piste et créer une piste audio pour lire le résultat, comme dans Logic 4. Dommage, on y était presque.
Quand j’ai reçu Logic 7.0, il y a un peu plus d’une année, je vous avoue que j’ai été un peu déçu malgré toutes les qualités que j’ai mentionnées plus haut. C’est que tout y était insupportablement lent. Entre le moment où je pressais sur « enregistrement » et le moment où celui-ci démarrait, il s’écoulait une ou deux interminables secondes ; les ascenseurs étaient presque inutilisables tant ils faisaient sauter l’image dans tous les sens. Et, le pire, la plupart des plug-ins tierce-partie que je possédais depuis Logic 6 ne fonctionnaient plus sans émettre d’affreux craquements.
Il faut dire qu’à l’époque, je travaillais sur un G4 QuickSilver monopresseur qui arrivait en bout de course. Depuis, j’ai investi dans un G5 bipro, avec 3,5GB de RAM, et entre-temps j’ai acheté la version 7.1 de Logic, qui a été optimisée. Avec cette configuration, c’est le rêve. Tout est à nouveau fluide, presque autant que ne l’était Notator sur mon Atari cadencé à 7MHz (il fallait que je la glisse, celle-là), et la différence de vitesse de traitement est époustouflante : alors que sur le G4 je pouvais tout juste utiliser une instance de « Space designer », maintenant je peux en insérer cinq ou six sans problème, tout en ayant en parallèle une trentaine de pistes audio et plusieurs instruments virtuels. Ceci pour dire que si vous voulez bénéficier de toute la puissance de Logic, et d’un confort d’utilisation acceptable, vous aurez absolument besoin d’une machine de course. Pas de salut si vous ne possédez pas un G5. Dommage pour les utilisateurs de portables… ou une raison de plus d’attendre le PowerBook Intel.