Les « pure players du e-commerce » en France sont la raison du courroux de plusieurs fédérations de commerçants qui espèrent obtenir, dans l'immédiat, l'interdiction par le gouvernement du Black Friday 2020 prévu à la fin du mois.
Dans une tribune parue ce week-end dans le JDD, quatre fédérations de commerces physiques — certaines concurrentes entre elles en temps normal, comme la fédé des magasins de centre-ville et celle des centres commerciaux — se sont temporairement alliées dans la dénonciation d'une « scandaleuse inégalité de traitement préexistante entre les commerçants physiques et les marchands du web, au péril des premiers et au profit exclusif des seconds. ». Les seconds sont nommés : Amazon et Alibaba.

La Confédération des commerçants de France (CDF), la Fédération Française des Associations de Commerçants (FFAC), la Fédération Nationale des Centres-Villes « Vitrines de France » (FNCV) et le Conseil National des Centres Commerciaux (CNCC) veulent obtenir une réouverture des boutiques physiques dès le 12 novembre « dans le respect des protocoles sanitaires » et l'annulation pure et simple du Black Friday prévu le 27 novembre (mais qui a pour habitude maintenant de démarrer quelques jours avant et de s'étirer au lundi suivant avec le Cyber monday) :
En période de « guerre sanitaire », il faut savoir établir une « convention de Genève » de la concurrence. Celle-ci n’existe plus ; seul le monopole des « pure players » subsiste […] Ce summum du cynisme et de l’indécence ne peut et ne doit pas durer un jour de plus !
En parallèle à l'événement ponctuel que représente le Black Friday, les signataires énumèrent plusieurs requêtes pour rétablir une concurrence qu'ils estiment faussée. Pêle-mêle ils réclament une équité fiscale ; la prise en compte de l'empreinte carbone de ces vendeurs qui fonctionnent exclusivement sur la livraison ; un moratoire sur la création d'entrepôts, etc.
Pour éviter de voir cette action taxée de procès des anciens contre les modernes, les signataires assurent vouloir accélérer la « digitalisation du commerce » (sic) qualifié de « priorité stratégique depuis longtemps ». Une transformation de leur activité qu'ils entendent mener dans le cadre d'une « concurrence loyale et franche ».
En milieu de semaine dernière, le DG d'Amazon France, Frédéric Duval, évoquait sur BFM TV le risque d'une possible interdiction de ce grand rendez-vous consumériste, mais il souhaitait néanmoins son maintien, malgré la fronde grandissante de politiques et de commerçants remontés à bloc par le nouveau confinement :
J'ai très envie qu'il y ait un Black Friday sur Amazon à la fin du mois de novembre. C’est un moment où les Français font des économies. C’est un moment où les Français préparent Noël et je ne vois pas pourquoi on priverait les Français de cette fête de promotion. Je ne vois pas pourquoi on priverait les entrepreneurs français et les fournisseurs français de cette manne qui est celle du Black Friday.

Une référence aux entrepreneurs et aux fournisseurs français qui fait écho à la mise en avant de ceux-ci sur le portail d'Amazon sous la bannière « Soutenons les entreprises françaises » avec une sélection d'acteurs hexagonaux et par des séminaires en ligne quotidiens pour aider les boutiques et PME à rejoindre sa place de marché.