États-Unis : une candidate démocrate veut démanteler les mastodontes du numérique

Mickaël Bazoge |

La toute puissance des mastodontes de la Silicon Valley sera sans nul doute un des thèmes majeurs de l’élection présidentielle américaine de 2020. Elizabeth Warren, une des nombreuses candidates du Parti démocrate, a mis les pieds dans le plat aujourd’hui au travers d’un billet qui ne fait pas dans la demi-mesure : « Il est temps de démanteler Amazon, Google et Facebook ».

Si d’aventure la candidate à la candidature devenait présidente, son administration mettra en place de « profonds changements structurels dans le secteur technologique afin de promouvoir la concurrence ». Les entreprises technos ont « beaucoup trop de pouvoir sur notre économie, notre société et notre démocratie », explique Elizabeth Warren qui déroule quelques uns des maux provoqués selon elle par ces géants du numérique : « Ils ont bétonné la concurrence, exploité nos informations privées pour faire du profit et ils ont modifié les règles du jeu à leur avantage. Ce faisant, ils ont nui aux petites entreprises et freiné l’innovation ».

Si la sénatrice américaine ne fait pas référence à Apple dans son texte, le constructeur de Cupertino est lui aussi visé par ce projet, selon un porte-parole de la campagne Warren qui le confirme à CNBC. Le principe est le suivant : les entreprises qui génèrent des revenus de 25 milliards de dollars (ou plus) et qui opèrent une plateforme de distribution connectant des vendeurs tiers aux consommateurs devront s’abstenir d’y distribuer leurs propres produits.

Dans l’exemple d’Apple, les applications développées par le constructeur ne pourraient être distribuées sur l’App Store. Il faudra que la Pomme se sépare de sa boutique, qu’elle crée une nouvelle entreprise indépendante par exemple. Par ailleurs, les plateformes devront respecter des normes de traitement équitable, raisonnable et non discriminatoire envers leurs utilisateurs. Enfin, elles ne pourront pas transférer ni partager des données avec des tiers.

Une entreprise qui ne respecterait pas ces dispositions sera condamnée, l’amende pouvant aller jusqu’à 5% du chiffre d’affaires annuel. Avant que ces mesures ne soient mises en œuvre, il faut encore qu’Elisabeth Warren remporte la primaire démocrate, puis qu’elle batte Donald Trump en 2020. Mais ces propositions ont un écho particulier de ce côté-ci de l’Atlantique, où la Commission européenne veille de plus en plus au mauvais grain : de nouvelles règles ont d’ailleurs été établies pour équilibrer le rapport de force entre les plateformes et les tiers.

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