Europe : Google fait face à une amende record et un démantèlement [màj]

Mickaël Bazoge |

Google est formellement accusé par la Commission européenne d’abus de position dominante sur la recherche en ligne. Ce nouveau rebondissement, au terme d’une enquête de cinq ans sur les pratiques du moteur de recherche, ne présage pas d’une sanction comme le rappelle Le Monde, mais Google n’en risque pas moins une colossale amende pouvant aller jusqu’à 10% de son chiffre d’affaires annuel — soit la bagatelle de 6 milliards d’euros ! Bruxelles a également la possibilité, encore plus problématique pour l’entreprise américaine, d’exiger un démantèlement du groupe ; ce qui est d’ailleurs le vœu du Parlement européen, qui a voté en novembre dernier la séparation entre l’activité de recherche et celle des services commerciaux (les fameux liens sponsorisés qui sont au cœur du modèle économique de l’entreprise).

La « notification de griefs » envoyée à Google par la Commission s’accompagne d’une enquête formelle concernant cette fois Android, qui pourrait être à l’origine d’infractions à la loi antitrust. De bien mauvaises nouvelles pour Google, accusé par la trentaine de plaignants — parmi lesquels Microsoft — de mettre un peu trop en avant ses propres liens commerciaux et ses services, au détriment de ceux de la concurrence.

Le moteur de recherche a maintenant deux mois (plus un mois supplémentaire au besoin) pour répondre aux accusations de Bruxelles. La Commission européenne ne devrait donner sa décision finale qu’aux environs de la fin de l’année, au mieux. Ce laps de temps sera sans aucun doute mis à profit par Google pour négocier une entente avec le régulateur européen, histoire de s’éviter l’amende et le démantèlement. L’entreprise a déjà par le passé tenté d’amadouer ses accusateurs en améliorant la présentation de ses résultats de recherche, mais ces efforts (jugés parfois contre-productifs) n’ont abouti à rien.

Un mémo interne a circulé chez Google concernant cette affaire, dans lequel le patron du service juridique de l’entreprise, Kent Walker, explique qu’il s’agit d’une opportunité pour le moteur de raconter sa version des faits et que le document de la Commission n’est qu’une copie de travail. « Nous avons des arguments à faire valoir, notamment pour la mise en place de nouveaux services pour les utilisateurs et pour améliorer la concurrence ». Google représente 80% du marché de la recherche en Europe.

Mise à jour — La Commission européenne a officiellement adressé sa communication des griefs à Google. Le régulateur « craint que les utilisateurs ne voient pas nécessairement les résultats les plus pertinents en réponse à leurs requêtes, ce qui porte préjudice aux consommateurs et aux services de comparaison de prix concurrents et entrave l’innovation ». En ligne de mire, le moteur de comparaison de prix Google Shopping, que le moteur de recherche « avantage ou a avantagé ». Un comportement qui peut « détourner artificiellement le trafic des services de comparaison de prix concurrents » et priver ces derniers de la possibilité de faire concurrence avec Google.

Margrethe Vestager, Commissaire à la concurrence.

La Commission dresse des conclusions préliminaires très sévères pour Google, qui depuis 2008, « positionne et met en évidence » son moteur de comparaison des prix sans tenir compte de son niveau de performance. Le moteur de recherche n’applique pas à son service le système de pénalités qui frappe les services concurrents. Or, ces pénalités sont susceptibles de déclasser les autres comparateurs dans les pages de résultats de recherche.

Bruxelles note que le traitement de faveur qu’applique Google à son service « a des effets négatifs pour les consommateurs et l’innovation ». « Les concurrents sont aussi moins incités à innover, car ils savent que même s’ils fournissent le meilleur produit possible, ils ne bénéficieront pas de la même visibilité que le produit de Google ».

La Commission estime que « pour mettre fin à un tel comportement, Google devrait traiter son propre service de comparaison de prix de la même manière que ceux de ses concurrents ». Le ou les services les plus pertinents doivent apparaître dans les résultats de recherche de Google.

Google est loin d’en avoir terminé avec l’exécutif européen. Trois autres points sont toujours en cours d’examen par la Commission : copie de contenus web concurrents ou « moissonnage », publicité exclusive et restrictions indues imposées aux annonceurs.

avatar rikki finefleur | 

La dernière trouvaille de nos politiques.
Mettre des boites noires sur tous les serveurs et tout enregistrer..
Noius sommes désormais des citoyens , très surveillés, très historisés , et sans aucun contre pouvoir.

Voilà qui va faire avancer l'internet en nos frontières, et le développement des industries du software en france...
Heureusement on a notre UE ploutocrate.
Fuyons ! on comprend pourquoi les étudiants partent désormais à l'étranger.

avatar lmouillart | 

Il est clair que Google au même titre qu'un Apple ou Microsoft à une attitude prédatrice à l'égard des services concurrents au sein de son propre système.

Google pourrait très bien proposer : des services intégrables avec des sortes de "ballot screen" qui demandent à l'utilisateur de choisir une première fois un service de : recherche, carte, comparaison de prix, maps, office ...

Le gros souci de ces commissions c'est qu'elles arrivent souvent bien trop tard vis-à-vis des faits, et que pendant ce temps la concurrence meurt et ne peut finalement se positionner qu'avec des pratiques similaires :
Dans le cas de Microsoft : il faut voir comment Apple et Google on pu se positionner au détriment de concurrents (moins intégrés): Be, Mandrake, SuSE, Symbian, ...

Bref si des actions doivent être mises en oeuvre c'est d'ici moins d'un an, pas dans 5 ou 10.

avatar rikki finefleur | 

Lmouillart
Donnes moi la liste des sociétés européennes qui ont investi sérieusement dans le web ces 10 dernieres années.
La liste risque d’être mince.
Car pour être leader, il faut déjà investir et prendre des risques..

Le pire c'est que des pme comme materiel.net , LDLC, sont en concurrence directe avec des boites comme amazon qui utilisent des paradis fiscaux. Donc des distorsions de concurrence énormes.
Car il est plus facile de se développer en ne payant pas d'impots que de payer des impôts , impots logiques en contrepartie des services rendus.

avatar lmouillart | 

Le soucis n'est pas qu'au niveau de Google VS société Européennes mais aussi vis à vis des sociétés américaines.

Les noms qui me viennent en tête ? Critéo, Microsoft, les trucs style kelkoo, etc ...

Le problème ce n'est pas Google en temps que tel, idem pour Apple ou Microsoft, le soucis c'est leur politique, leur position, et leur comportement vis à vis de la concurrence.

avatar rikki finefleur | 

Que goog soit en domination, je n'en doute pas..

Mais qui en ce monde propose des équivalents gratuits de maps, de street view , de site de video , d'os mobile etc.. ?
Personne..
Car personne n'a souhaité investir..

Quel ballot screen va t-on mettre a la place d'android, street view , maps etc.. Personne car encore une fois, aucune société n'a voulu investir sur ce secteur.. car pas assez rémunérateur à court terme.

Après il est facile de critiquer en jouant les gros bras, contre celui qui a misé sur ces secteurs.
Mais bien représentative de l'UE avec son administration, et le chaos du chomage qui en tient lieu.

avatar lmouillart | 

Je ne connais pas toutes les petites boîtes (surtout en incluant l'Europe, puis le monde) qui officient dans ces domaines, mais on peut aussi citer pour la France mappy.

Le souçis c'est pas que Google propose ses services, ni même qu'ils soient mieux que les autres, mais qu'aux clients Google, Google va proposer en priorité des services Google.

L'enquête sur Google vise justement à défendre (s’il y a lieu), la concurrence entre entreprises et la diversité de services de qualité au niveau des clients/utilisateurs.

PS : Les USA ont parfois eux aussi démantelé des sociétés, j'ai en tête :
AT&T, Standard Oil, en Europe on a essayé lors des privatisations de casser les monopoles issus des sociétés nationalisées afin de mettre en place une concurrence dynamique.

PS1: Le démantèlement est une des conditions nécessaires dans le cadre d'une économie de marché, car celui-ci tend à la consolidation.

avatar rikki finefleur | 

Je comprends bien tes écrits et je suis d'accord avec toi ..
Mais ou est la concurrence ?
Simple il n'y en a pas..
Car google fait de la qualité mêlant, de la nouveauté , du gratuit, de l'investissement..

Mais victoire orange se félicite de ce qui arrive à google.
Comme quoi la médiocrité frappe déjà à la porte.
Orange étant connu pour avoir copié pas mal de concept, avec des ratages pour la plupart et aucune innovation.. Orange préférant ces actionnaires aux prises de risques.

Démantèlement , mais pour quel resultat au total ?

Car personne n'a essaye de challenger vraiment goog, ce qui n'a pas empêché goog de se casser la figure sur les domaines ou ils n'étaient pas bon, exemple les réseaux sociaux.

avatar lmouillart | 

A titre personnel, je verrais bien suivant l'issue des investigations Européenne et si l'abus est motivé :
Une scission de Google en 2 ou 3 entitée, mais de périmètre équivalent (plutôt qu'une scission par activité), avec interdiction pendant X années de commercer entre elles. Un abandon de la marque Google et toutes les marques associées. Et comme condition de ne pas dépasser pour chacune d'elle un certain % de marché pendant X années.

Pourquoi ? Tout le monde sait que Google est ultra performante, et sur un certain nombre de domaines, je pense que seul Google peut concurrencer rapidement et réellement Google.

Une fois en place ces sociétés seraient donc en concurrence les unes et les autres.

avatar rikki finefleur | 

Vivons de la médiocrité et empêchons les boites qui osent proposer des services gratuits que chacun peut ou non utiliser..

Vive bull, Thalès et orange.
Au moins ces trois dernières ne risquent ni d'investir, ni d'innover, ni de proposer des services gratuits (rires)..

avatar bnonyme | 

Moi je m'en tape de Google, j'utilise ixquick : https://ixquick.com/fra/?
J'oubliais, c'est gratuit et cela ne trace personne :-)

avatar lmouillart | 

Ixquick est un métamoteur qui utilise Google Search, Bing etc ...

Il n'y a pas de secret soit c'est subventionné, soit c'est sous subvention privée (par des investisseurs - ixquick), soit cela vie de la pub, soit c'est payant. Les services peuvent être un mix d'un peu tout.

Par ailleurs on peut noter que le fait qu'Ixquick soit sous capital privé fait qu'aucune information financière n'est disponible (on fait mieux niveau transparence).

C'est pareil pour DuckDuckGo d'ailleurs.

Il faut mieux utiliser Exalead de Dassault Système, c'est un vrai moteur. Dassault Système est en Europe (Française), et les comptes sont accessible.
C'est financé par des liens sponsorisés (pour une utilisation non commerciale) pour le reste c'est payant.

avatar rikki finefleur | 

Concernant Exalead, je connaissais.
Faisons un test bidon
Tu prends la phrase "panneau électrique" sur Exalead et sur goog, et dis moi quels sont les meilleurs résultats..

Il y a encore des années lumières, sur la pertinence et la qualité du résultat entre les 2.
Donc si il faut désormais se contenter de la médiocrité, effectivement, l'UE est en bon chemin.

avatar bnonyme | 

@lmouillart
"Ixquick est un métamoteur qui utilise Google Search, Bing etc ..."
ils le disent clairement, la différence est qu'ils ne transmettent pas l'adresse ip à Google et consorts"

avatar malcolmZ07 | 

Il suffit de faire une recherche sur YouTube ensuite la même recherche en mode privé pour remarque que les résultats ont perdue en pertinence et crédibilité depuis un certains moment.

avatar Philactere | 

@malcolmZ07 :
Ça c'est le gros travers général du tracking et de l'agrégation sur les comptes identifiés. On ne finit par te servir que ce que tu connais déjà et apprécie. Plus tu avances, plus tu es cerné et plus le champ de vision proposé se réduit. Tant pis pour les curieux qui aimeraient l'inattendu ou la découverte.

avatar tbr | 

Et si, admettons cette hypothèse, Apple devenait l'entreprise la plus riche au mon...

— Déjà fait !

Parce qu'elle fabrique les produits les plus sympas, cools, funs, géniaux, "in"

Et que, grâce à ces faits, elle était en position de dominer tout le marché de l’informa...

— Déjà f... Enfin, pas encore. La concurrence est rude dans certains des secteurs dont elle s'occupe mais d'autres sont son pré-carré.

Devra-t-on la démanteler pour permettre aux autres (médiocres ?) d'atteindre le nirvâna ?
En gros, doit-on détruire celle qui a réussi non pas par la triche mais par la qualité ?

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