Accord Netflix-Comcast : la neutralité du Net mise à mal

François Tsunamida |

Après des années de résistance, Comcast a fait plier Netflix. La société a accepté de payer pour que ses abonnés puissent voir leurs vidéos avec une vitesse de connexion plus rapide. Cet accord remet en cause le principe de la neutralité du Net que promeut la Federal Communications Commission (FCC), l'équivalent américain de l'ARCEP, et de nombreux défenseurs d'un internet ouvert. La somme n’a pas été rendue publique et l’accord porte sur plusieurs années. L’accord a été critiqué par de nombreux activistes pour son manque de transparence sur un sujet de société de plus en plus fréquemment sous les projecteurs de l’actualité.

Il s’agit d’une première pour Netflix, qui défend depuis plusieurs années le principe de neutralité du net selon lequel les fournisseurs d’accès internet ne doivent pas décider de leur propre chef d’attribuer des vitesses des données différentes suivant les sites web. Ainsi, chaque site internet devrait avoir le droit à la même vitesse de diffusion des données auprès des utilisateurs que son voisin, et au même principe de non-intervention de la part des « fournisseurs de tuyaux » par lesquels transitent les informations.

Netflix propose un service de VOD par abonnement à ses abonnés à 8 $ (5,82 €) par mois qui comprend de nombreux films et séries. La société américaine a commencé dans un premier temps par louer des DVD commandés sur internet et expédiés par voie postale à ses clients. En 2010, elle passe à une distribution numérique des films qu’elle propose sous forme de flux continus (streaming).

Son succès (44 millions d’abonnés actuellement, dont 34 aux USA) devient tel qu’une technologie aussi consommatrice de bande passante que le streaming de films en haute définition entraine des protestations des fournisseurs d’accès comme Verizon ou Comcast. Ils considèrent que Netflix pénalise leurs services et leur coute de l’argent. Ils désirent donc recevoir des compensations pour cette utilisation intensive de leur bande passante.

Il faut souligner qu’aux heures de pointe de la soirée, Netflix représente plus de 30 % du trafic internet en Amérique du Nord. En 2013, la popularité de Netflix est telle que 33 % des Américains âgés de 20 à 50 ans y sont abonnés.

Le câblo-opérateur américain Comcast, de son côté, a récemment atteint une taille monstrueuse en achetant un concurrent Time Warner Cable pour 45 milliards de dollars (soit environ 32,7 milliards d’euros). Si l’achat ne subit pas le véto des organismes fédéraux antitrust pour la situation quasi monopolistique qu’il va créer, l‘entité Comcast-Time Warner Cable contrôlera 30 % du marché de la télé payante américaine avec presque 34 millions d’abonnés. Son poids réel sera plus important face à la taille beaucoup plus réduite et émiettée des autres câblo-opérateurs.

La multiplication récente des plaintes de clients aurait contraint Netflix à passer par les fourches caudines de Comcast-Time Warner Cable. La dégradation de la qualité des vidéos streamées pour certains clients de la société de VOD a été causée par des fournisseurs d’accès internet à haut débit. Ils ont décidé de ralentir les connexions de leurs clients aux serveurs de Netflix pour faire pression sur ce dernier.

Officiellement, l’accord qui vient d'être passé concerne l’interconnexion des réseaux de Netflix et de Comcast-Time Warner Cable, et ne porte pas sur des questions de discrimination de vitesse du transfert des données. La différence entre ces deux sujets est, dans les faits, assez ténue… Selon l’arrangement passé, Netflix fournira désormais ses programmes directement à ses abonnés qui sont également clients du fournisseur d’accès Comcast-Time Warner Cable. L’accès au réseau du câblo-opérateur sera direct, et ne passera plus par un opérateur de transit tiers comme auparavant.

Jusqu’à présent, Netflix a conclu deux accords similaires avec Cox Communications et Cablevision, mais a réussi à le faire sans devoir les rémunérer. À terme, il est probable que Netflix doive mettre à nouveau la main à la poche pour rétribuer d’autres fournisseurs haut débit comme Verizon ou AT&T. Dans les faits, il s’agit bel et bien de la mise en place aux USA d’un « Internet à deux vitesses », où les plus gros acteurs pourraient payer pour voir leurs services acheminés plus rapidement que les petites sociétés qui n'ont pas le portefeuille aussi rempli. Au final, cela pourrait engendrer un grave déséquilibre qui nuirait à la concurrence et à l'émergence de nouveaux acteurs.

La réglementation fédérale américaine est aussi en train d’évoluer. Au mois de janvier dernier, la cour d’appel du District de Columbia (Washington DC) saisit par Verizon a rejeté l’Open Internet Order édicté par la FCC. Celui-ci assimilait les fournisseurs d’accès à des fournisseurs de télécommunications génériques (« common carriers ») en leur imposant de rester neutres, alors que légalement, ils n’en font pas partie et ne devraient donc pas se plier aux règlements de la FCC. La cour de justice a cependant décidé qu’en cas d’accès limité ou dégradé à des services ou sites internet, le fournisseur se devait d’en avertir ses clients. La FCC va donc devoir revoir le texte de son Open Internet. Outre-Atlantique, beaucoup s’inquiètent des conséquences de cette décision judiciaire. Ils se demandent si cela signifie que la neutralité du Net est bel et bien terminée, craignant que bientôt les FAI puissent ralentir les vitesses d’accès aux données comme bon leur semble, pour exiger des sites populaires et demandeurs de bande passante une « participation financière ».

En France également, la neutralité du Net est un sujet brûlant. Free a souvent été au centre des débats, que ce soit pour blocage de la publicité ou pour les débits de YouTube — l'ARCEP a finalement conclu après une enquête de six mois qu'il n'y avait pas « de pratiques discriminatoires dans les modalités d’interconnexion et d’acheminement de trafic de données entre les deux sociétés. » De même, les politiciens se penchent de plus en plus souvent sur le sujet. Des projets de loi ont été déposés et le gouvernement y a fait référence dans sa feuille de route sur le numérique. Depuis 2009, l'ARCEP réfléchit aussi à la question et organise des consultations. Une loi qui énoncerait ce qu’un fournisseur d’accès a légalement le droit faire avec les données qui transitent par son réseau est attendue cette année.

avatar MrSoul | 

Encore énerve raison de dire "monde de merde !"

avatar pMWd | 

Ça ne me paraît pas aberrant que les gros consommateurs de bande passante qui en retirent un bénéfice commercial rétribuent les fournisseurs d'accès. Cela demande juste une politique équitable et précise, non?
On sait qu'à l'inverse de la voix, les données coûtent très cher or c'est sur la voix que les fournisseurs font la majeure partie de leur chiffre. Ça ne peut pas durer éternellement il va bien falloir inverser le modèle.

avatar Mathias10 | 

@pMWd :
Je suis ok sur ce point. Le futur des FAI c'est d'être de simple fournisseurs de data. Il faut absolument adapter leur business modèle à cette mutation du marché sous peine de voir leurs chiffres s'éffondrer très rapidement dans un futur proche.

La neutralité du net ne sera rien s'il n'y a plus personne pour "soutenir" l'infrastructure mondiale.

avatar zearnal | 

Ah, je suis content de voir des gens qui réfléchissent au delà "des gros méchants opérateurs qui veulent conquérir le monde" :-)

Comme il est dit ici, la tendance va à la consommation de plus en plus de bande passante, nécessitant, de la part des fournisseurs, de plus en plus d'infrastructure et les investissements qui vont avec.

De part cette tendance, et l'accroissement de cette tendance, il devient inconcevable qu'un fournisseur de contenu utilise les investissements des fournisseurs d'accès sans aucune rétribution. Si personne ne veut faire cette rétribution, on en viendra à des blocages comme entre Google et Free, et ça se n'est bon pour personne, ni pour Google, ni pour Free et surtout ni pour le client (que nous sommes).

La méthode intelligente est que les deux parties discutent et se mettent d'accord. La chose qu'il ne faudrait pas c'est que NetFlix ne soit correctement distribué que par un et un seul opérateur, et c'est là qu'intervient la FCC et les autorités de régulation.

Au lieu d'une mise à mal de la neutralité du net, j'y vois plutôt une indispensable évolution prenant en compte les usages (pas si nouveau que ça) grandissant et nécessitant de plus en plus de bande passante et d'investissements (et encore, on a pas la 4K sur nos offres ADSL).

Dans notre intérêt à nous, consommateur, je pense indispensable que fournisseurs de contenu et fournisseurs d'accès se mettent d'accord sur une participation des fournisseurs de contenu aux investissement induis par leurs activités.
Si ce n'est pas fait, devinez qui va porter la totalité de ces investissements .... nous consommateurs, et ceux qui ne pourront/voudront pas payer n'accéderons à quasiment aucun service. Là on pourra bel et bien dire adieu à la neutralité du net.

Finalement que Netflix s'accorde avec Comcast, ce n'est peut être pas si mal pour la neutralité du net, non ?

avatar patrick86 | 

@pMWd :

Le modèle économique d'Internet est simple : on paie à la bande passante.

L'opérateur n'a pas à taxer le contenu, son travail est de transporter, rien de plus. Il n'a pas à regarder le contenu.
Celui qui a du contenu à diffuser paie une bande passante. POINT. Il n'a pas à être taxé en fonction de ce qu'il diffuse.

Inverser le modèle c'est revenir au Minitel et TUER Internet.
C'est revenir au modèle de facturation aux deux bouts. Modèle dans lequel on facture celui qui a du contenu à diffuser et celui qui veut recevoir le contenu.

Sur Internet, on paie pour une bande passante donnée, point.
C'est d'ailleurs ce qui se passe avec les forfaits mobiles : on a un quota de données qui ne tient pas compte du sens de circulation (montant/descendant).

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Dans le cas présent, les opérateurs veulent faire payer les gros diffuseurs de contenus et tuer les petits qui ne peuvent pas payer. C'est là qu'est le problème.

C'est aller vers un modèle dans lequel :
- quand on veut accéder au service qui a passé un accord avec l'opérateur, ça passe bien, c'est fluide ;
- quand on veut accéder au serveur d'un petit hébergeur qu'a pas les moyens de passer un accord pour que son contenu soit bien transporter, ça rame, ça déconnecte tout le temps, ça marche pas.

C'est ça que vous voulez ?

avatar zearnal | 

Il pas question, dans ce cas, de filtrage.
Dans l'absolu, on ne peut pas imaginer des fournisseurs de contenu utiliser "à l'infini" les ressources d'un fournisseur d'accès sans que celui-ci ne participe au financement des infrastructures.

Sinon, pour un utilisateur, quand il aura consommé 3 VOD, il n'aura plus de bande passante pour faire autre chose, au nom de la neutralité du net ? Est-ce ça aussi que vous voulez ? Un blocage en fonction de la bande passante utilisée ?

La vision de notre amis @patrick86 est un peu idéaliste et ne tien aucunement compte des contraintes industrielles qui sont, elles, très réalistes.

avatar patrick86 | 

"Dans l'absolu, on ne peut pas imaginer des fournisseurs de contenu utiliser "à l'infini" les ressources d'un fournisseur d'accès sans que celui-ci ne participe au financement des infrastructures."

On paie une BANDE PASSANTE, c'est-à-dire une quantité de données qui transite vers le réseau de l'opérateur. C'est ÇA la participation au financement du réseau utilisé.

"Sinon, pour un utilisateur, quand il aura consommé 3 VOD, il n'aura plus de bande passante pour faire autre chose, au nom de la neutralité du net ? Est-ce ça aussi que vous voulez ? Un blocage en fonction de la bande passante utilisé ?"

Je pense que tu confond bande passante et quota de données.
La bande passante c'est pareil que le débit, puisque si j'ai 20 Mbits/s sur ma connexion, je ne pourrais jamais faire transiter plus de 20*3600*24*30 Mbits par mois sur cette connexion.
Si j'ai besoins de faire transiter plus, je paye plus. C'est normal.

La bande passante ou débit de la connexion limite la quantité de données qu'on peut faire passer. On ne peut pas utiliser nos connexions Internet à l'infini.

avatar zearnal | 

"On paie une BANDE PASSANTE, c'est-à-dire une quantité de données qui transite ...."

Un peu plus loin

"Je pense que tu confond bande passante et quota de données ..."

On est alors bien d'accord que c'est la même chose, et que donc, mon raisonnement est le bon. La quantité de données qui serait utilisable pas un client et la quantité de données totale qui est achetée par le fournisseur de contenu à son fournisseur d'accès sont intimement liées : Moins il y aura de "bande passante" achetée par le fournisseur de contenu, moins il y aura de "quota" alloué aux clients de ce fournisseur.

Tu oublies aussi les améliorations matériels pour arriver à fournir un débit suffisant pour servir du streaming HD sur 30% de trafic nord américain. Cela a un coût aussi.

Comme tu le dis, la véritable bande passante induit aussi une notion de vitesse (octet par seconde), mais il n'en demeure pas moins que pour servir prés d'un tiers du trafic nord américain en streaming HD sans lag et dans de bonnes conditions, les fournisseurs d'accès doivent faire des évolutions dans leurs infras et cela ne peut se faire "gratuitement".

avatar thierry37 | 

Neutralité du net. Oui pour chercher sur Google ou voir un site web.

Là, vu que c'est que pour fournir des films en streaming à des clients qui paie, ça me dérange beaucoup moins.

Netflix paie pour un débits supérieur, pour ses clients.
Si on ne veut pas, on ne s'abonne pas chez netflix.

Oui. Je comprends que ça ouvre la porte à d'autre dérives.

avatar stefhan | 

Merci MacGé pour les explications.

avatar Hurrican | 

Ici, Netflix, se fait passer pour le gentil et parle de neutralité en mettant en avant la conséquence (ralentissement du débit), mais en omettant la cause, c'est à dire la quantité de données qui transite...
Les fournisseurs d'accès ne sont pas des services publics et Netflix est un client. S'il consomme beaucoup il doit payer plus. Et s'il ne paye pas, il est logique que le fournisseur bride la quantité de données transmise.
C'est trop facile çà ! Mais on pourra dire la même chose de Google et Youtube... Free en sait quelque chose, qui voudrait leur faire payer le trafic, à raison.

avatar YARK | 

Râlâlâh ! Mé kékcékce monde où tout le monde veut du bas prix ? Pour pas dire du gratuit ?
Ben non, un service doit être payé à sa juste valeur et permettre de rétribuer à sa juste valeur les différents intervenants.
Internet, monde de brutes.

avatar Aughta | 

Oui, c'est la porte ouverte à de potentiels dérives, mais rien ne sert de diaboliser cette pratique. Je viens de finir de lire votre article, et je suis surpris par le ton employé. faut se calmer deux minutes et se laisser le temps de réfléchir. Il n'y a aucun fond dans cet article. Ce dont on a besoin c'est d'articles pédagogiques, pas d'un discours paranoïaque et complotiste comme la presse sait si bien le faire ces derniers temps. De l'investigation, du fond, de la réflexion, de l'équivoque, pas de journalistes qui tiennent le même discours adulescent que les libristes.

avatar CorbeilleNews | 

Imaginez la même chose sur les autoroutes lors des départs en vacances ?

C'est çà que vous voulez : payer plus pour utiliser la voie de gauche ?

A ce rythme on y va ...

avatar zearnal | 

On paye déjà plus pour utiliser toutes les voies ...

avatar zearnal | 

Pour reprendre l'analogie des autoroutes, la situation serait plutôt celle-ci :

Les transporteurs/livreurs font transiter de plus en plus de camion sur les autoroutes. Il y a tellement de camion, que les sociétés d'autoroutes sont obligées de construire de nouvelles voies.
Les transporteurs/livreurs circulent toujours plus nombreux sans rien ou quasiment rien payer au autoroutes.
Il y arrive donc un moment où les autoroutes auront assez d'investir sans quasiment aucun retour sur ces investissements. (on est toujours dans l'analogie là)
A cela, il y a deux solutions : Soit on bloque le trafic en fonction du nombre de voies (la neutralité autoroutière :) mais l'automobiliste et les clients de transporteurs vont perdre en service ), soit transporteurs et autoroutes se mettent d'accord sur une participation pour financer une partie de modifications que l'activité transporteur engendre.

Pour moi, on est plutôt dans cette situation.

avatar Malcolmm | 

Là où s'arrête l'analogie c'est quand les FAI jouent sur les distributeurs de média pour faire leurs pub un peu comme si les sociétés (qui ont le monopole)autoroutières criaient , "wahou aujourd'hui on a doublé voire triplé notre trafic de poids-lourd venez nombreux vous aussi vous mêler aux semi-remorques" !

avatar USB09 | 

@Hurrican

Si on suit votre raisonnement Google devrait payé une dîme à chaque pays du monde, ça revient cher.

avatar Aughta | 

USB09 : On parle de sociétés privées, pas d'Etats. Votre commentaire est stupide.

avatar Gurbix | 

Complètement d'accord avec Patrick. Le fournisseur de contenu n'a pas a payer le FAI. Le FAI est déjà rémunéré par le client. Le fournisseur de contenu ne fait que mettre à disposition du contenu aux internautes.

Si ses infrastructures ne suivent pas le besoin des clients, ils doivent les mettre à jour : c'est le service que les clients payent. S'ils b´ony pas le cash pour le faire, soit ils changent leurs forfaits (forfait à la quantité de DATA par exemple) soit ils augmentent leurs tarifs.

avatar zearnal | 

Si ce n'est pas le fournisseur de contenu, c'est bel et bien le client qui va payer pour la mises à niveau des infrastructure des services (qu'il consomme d’ailleurs).

Là, c'est la porte ouverte aux abonnements internet à 80/90/100 Euro dont même les plus démunis pourront s'acquitter à n'en pas douter (c'est ironique).

Pour moi, la neutralité du net n'est pas incompatible avec une participation des fournisseurs de contenu au financement des infrastructures qu'ils utilisent. C'est, toujours pour moi, la solution la plus intelligente et la moins impactante pour le client final.

avatar Gurbix | 

@zearnal :
Il ne faut pas non plus se leurrer, si le FAI fait payer le fournisseur de contenu, le fournisseur de contenu va te le réfacturer.

La mise à jour des infrastructures est déjà payée par le client. Au lieu de racheter time Warner, comcast devrait dédier ses ressources à rendre un meilleur service à ses clients en upgradant son matériel.

avatar zearnal | 

@Gurbix :

Le raisonnement se tient, mais Netflix a déjà un prix et une base de client.
S'il augmente son prix (ou s'il augmente trop), il perdra ses clients. De la même manière, s'il n'améliore pas les infrastructures pour distribuer correctement ses produits, il perdra ses clients aussi.

Pour moi c'est du gagnant/gagnant/gagnant entre les fournisseurs (contenu et accès) et les clients pour qui, et pour le moment, aucune augmentation de tarif n'a été annoncée du côté de Netflix (ça arrivera peut être, sans doute mais on en sait rien).

Après, il n'y a pas "d'entorse" à la neutralité du net car, moyennant finance, Netflix peut se connecter directement sur les infras Comcast, ce qui fluidifie grandement le trafic. En ce sens, il n'y a pas de filtrage.

Pour ce qui est de Comcast, le rachat de TW est un projet de croissance organique qui a un retour sur investissement et lui ouvre des marchés. Tout le contraire d'un upgrade infrastructure qui permettrait à Netflix et aux autres de se "goinfrer" sans pour autant que cela rapporte la moindre chose à Comcast.

Au delà de tout intégrisme idéologique sur la neutralité du net, ce sont des projets industriels qui se comprennent aisément. D'ailleurs Netflix l'a parfaitement compris.

Attention, cette opération entre Netflix et Comcast est aussi sous le contrôle de la FCC, donc on peut penser qu'ils ne peuvent pas faire tout et n'importe quoi non plus.

avatar Ali Baba | 

@zearnal :
Dans tous les cas ces le client qui paie. Je ne vois pas la différence entre payer Netflix plus cher parce qu'il paie ton FAI, et payer directement ton FAI plus cher.

Sauf que dans le premier cas, si t'es chez un concurrent de Netflix qui n'a pas signé un gros contrat avec ton FAI, ça ramera pour toi tandis que dans le second tu es libre de choisir le service.

Bien évidemment il n'est pas question d'augmenter le tarif du FAI pour tout le monde. Seuls ceux qui consomment beaucoup de vidéo devraient le faire.

avatar Iron Bull | 

Le fournisseur du contenu paie déjà un FAI, celui qui lui fourni la bande passante en amont. Le fournisseur ne devrait pas payer le FAI du client pour que le client (qui paie déjà son FAI) accède de façon normale au contenu.

Ce qui ce passe dans le cas de Netflix, c'est que lorsque le client a Comcast comme FAI, Netflix est prié de l'utilisé également comme FAI en amont, payant en effet Comcast pour l'utilisation de leur infrastructure.

Si les ententes de ce type ce multiplient, Netflix devra payer des abonnements à plusieurs FAI, qui devraient être ajustés selon leur utilisation. L'abonnement X de Netflix sera utilisé lorsqu'un client aura le FAI X et l'abonnement Y sera utilisé avec un client possédant le FAI Y.

C'est loin d'être aussi dommageable que la perte de la neutralité du net qui est prédite.

avatar Gurbix | 

D'ailleurs AMHA c'est pas vraiment pour la bande passante qu'ils sont pas contents, mais plutôt pour avoir la voie libre avec le rachat de Time Warner Cable

avatar iRobot 5S | 

Qu'ils fassent payer Google alors ! Google shearch Youtube, gmail, gmaps ça génère du trafic non ?

avatar zearnal | 

C'est justement ce que Free essaie de faire.

avatar Vassili_K | 

"Je suis FAI, j'ai décidé de me positionner sur un segment tarifaire agressif, mes rentrées d'argent via les abonnements ne me permettent pas de fournir le service vendu et contracté, j'ai besoin d'améliorer mes infrastructures, donc je vais faire la manche auprès des sites à fort succès afin de voir si il y a moyen de gratter un billet, si ça ne marche pas je menace, de toute façon c'est ça ou bien me remettre en cause et ça JAMAIS".

C'est irresponsable, immature et consternant.

avatar Nesus | 

Je ne comprends pas que l'on s'énerve pour ça alors que tout le monde accepte les autoroutes. Ça me dépasse.

avatar Malcolmm | 

L'autoroute tu te déplaces (avec de plus une limitation de vitesse imposée) pour aller d'un point à un point sur internet (jusqu'à présent du moins chez moi) c'est l'info qui se déplace et la pub de mon FAI se fonde sur le max d'infos (toujours plus rapidement) qu'il va me faire parvenir.
Nesus peut être que toi tu te déplaces sur internet mais pas moi,navré je n'en suis pas encore à l'ère Matrix mais je me soigne.

avatar Gurbix | 

En gros ils commencent par faire payer les gros, et comme après toutes les infrastructures sont en place, on va distinguer le trafic de chaque fournisseur de contenu, puis finalement faire payer les hébergeurs qui vont faire payer tous les petits sites de PME.

Ce type de filtrage avait échoué avec AOL qui voulaient contrôler tout le trafic internet des clients(personne ne voulait de leur navigateur trop restrictif) mais finalement je crois que ça va bien finir par arriver via ce genre de mesures.

Si certains FAI veulent faire ça pourquoi pas, mais je les éviterai, en espérant que ça ne se généralise pas.

avatar ERICKL | 

@Zearnal :
l'internaute paye au FAI un débit (donc un quota de transfert de données sur 30 jours). Les clients du FAI financent déjà l'infrastructure pour assurer le service vendu.

Quand on vend une ligne 20 Mbits, on fournit à un transfert à 20 Mbits 7/7 24/24... quelques soit le type de données. Si le FAI ne peut supporter les transferts de ses abonnés (VOD ou autres), c'est qu'il vend un service qu'il ne peut assurer.
Taxer le type de contenu sur un transfert déjà payé par le client, n'est ni plus ni moins qu'une forme de raquette (comme la mafia qui réclame sa part de revenu sur un commerce situé dans son quartier).

avatar gregos.us | 

Bonjour,
Je souhaitais apporter quelques commentaires de l’intérieur.
J'habite Cupertino et je suis abonné Comcast (TV+Internet) et à Netflix.

Il faut savoir que Comcast fait déjà payer ses abonnés pour avoir un débit raisonnable. Les formules sont différentes comparées à la France. Par exemple, pour un abonnement ADSL, suivant le prix que vous payez, le débit (théorique) va de 3 Mbps à 50 Mbps (voir ici: http://www.comcast.com/cable-internet-packages.html).
Etant donnée que ma famille et moi pratiquons le streaming via Netflix tous les jours avec parfois 2 ou 3 connexions simultanées, je paye cher pour avoir un bon débit ($150 /mois pour TV+Internet).

Et effectivement malgré se surcout, Comcast ne joue pas vraiment le jeu et aux heures de grandes connexions entre 17h et 22h, il faut parfois attendre 15 minutes pour qu'une video démarre avec Netflix.
En revanche, si j'essaie de me connecter sur des sites pas vraiment légaux (pour tester uniquement) pour regarder une vidéo en steaming, cela marche très bien.
Pour résumer Comcast a les mêmes pratique que Free en France avec YouTube.

Donc Netflix n'a pas vraiment le choix si il ne veut pas que ses abonnés résilient leur abonnement, il doit payer Comcast.

Quant à moi, je suis pris entre le marteau et l’enclume, je n'ai pas de choix. Car ici, pour s'abonner à Internet, on a pas vraiment le choix, c'est Comcast ou AT&T avec les mêmes formules très chères avec des Box pas vraiment compétitives et les mêmes pratiques commerciales.

Le fond du problème c'est les contenus. Comcast et AT&T sont des fournisseurs Internet mais aussi des fournisseurs de contenus, ils proposent aussi du streaming. Ils essaient sont d'affaiblir la concurrence.

Ici comme en France, la régulation me fait bien rire, laisser des fournisseurs Internet proposer des contenus c'est un peu comme si en France, on laissait les sociétés d'autoroutes avoir leur propre station essence et faire payer un droit d'installation (sans limite de prix fixer par la loi) aux autres sociétés d'essence.

avatar Gurbix | 

@gregos.us :
Wow c'est dingue, les mecs te vendent un service qu'ils ne sont pas en mesure de fournir, à des tarifs exhorbitants, avec en plus un engagement de 2 ans... C'est pire que ce que je pensais.

avatar Gurbix | 

D'ailleurs en plus c'est plus de 2 fois le tarif français pour du double play au lieu de triple play. Je comprends même pas que les mecs fassent la manche aux fournisseurs de contenu avec des tarifs pareils.

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