Apple accélérerait son expansion hors de la Silicon Valley

Nicolas Furno |

On parle souvent de la dépendance d’Apple à la Chine, où tous ses appareils sont produits, moins de sa dépendance à la Silicon Valley, où ils sont tous conçus. Dans sa dernière newsletter, Mark Gurman revient sur ce sujet et évoque les plans de l’entreprise pour réduire cette dépendance, vécue de plus en plus comme un problème pour attirer les meilleurs talents. Selon le journaliste de Bloomberg, Apple accélérerait ainsi son expansion hors de Californie, en ouvrant de multiples bureaux et campus dans le reste des États-Unis et même du monde.

L’Apple Park, l’immense campus d’Apple construit à Cupertino, symbole de sa politique de centralisation qui serait en perte de vitesse (photo Daniel L. Lu, (CC BY-SA 4.0)).

Le phénomène n’est pas nouveau et cela fait des années maintenant qu’Apple crée des branches et antennes partout dans le monde. Nous avions établi il y a quelques années une carte alors exhaustive de toutes les installations de recherche et développement de l’entreprise de Tim Cook. Depuis, la firme a continué à s’étendre et si l’on en croit Mark Gurman, elle passe désormais à la vitesse supérieure.

Les dirigeants d’Apple seraient désormais tous convaincus que se restreindre à la Silicon Valley devient un inconvénient pour la firme. Des employés actuels se plaindraient de ne pas gagner suffisamment pour vivre dans cette région où le niveau de vie est l’un des plus élevés au monde, alors même que les salaires versés par Apple sont dans le haut du panier. Des employés auraient quitté l’entreprise pour cette raison et les recruteurs auraient du mal à trouver les bons profils, notamment sur le plan de la diversité.

Face à ces difficultés, les dirigeants actuels d’Apple seraient d’accord pour casser l’hégémonie de Cupertino et ouvrir encore plus de bureaux hors de la région. Outre les avantages en termes de recrutement, ce serait aussi l’occasion de faire des économies importantes, les salaires pouvant être moins élevés ailleurs. Plusieurs cadres d’Apple auraient poussé ce changement de politique depuis des années, selon le journaliste :

  • Johny Srouji, le responsable des puces maison, aurait contribué à créer des bureaux en Floride, dans le Massachusetts et au Texas, mais aussi en Israël, son pays d’origine, en Asie et plus récemment en Allemagne, dans l’Oregon et à San Diego ;
  • Eddy Cue, à la tête des services en ligne, aurait poussé pour ouvrir plusieurs antennes à Los Angeles et un bureau à Nashville (deux haut-lieux de création musicale et cinématographique) ;
  • Jeff Williams, responsable des opérations chez Apple, aurait poussé en interne à une plus grande ouverture pour réduire les coûts de fonctionnement de l’entreprise ;
  • Deirdre O’Brien, responsable des ressources humaines, serait une grande avocate de l’ouverture en faveur d’une plus grande diversité de recrutement.

Face aux demandes des employés et à celles des responsables, Apple aurait ainsi changé de politique et se serait lancée dans une vaste politique d’ouverture. On en a vu quelques signes dernièrement, à l’image de l’immense campus prévu à Austin, Texas, où 10 000 personnes pourront travailler à terme ; ou de celui de Caroline du Nord, qui accueillera au minimum 3 000 personnes. Ces deux installations vont coûter deux milliards de dollars à la firme, mais ce n’est qu’une petite partie d’un investissement massif, surtout aux États-Unis.

Le futur campus d’Apple à Austin, prévu pour ouvrir en 2022.

Mark Gurman rappelle aussi que le plan de retour au bureau, un programme hybride avec deux jours de télétravail possibles par semaine, fait grincer beaucoup de dents. Certains employés sont déçus de ne pas pouvoir rester en télétravail et ce phénomène serait renforcé pour tous ceux qui doivent revenir dans la Silicon Valley. Même si l’entreprise ne semble pas prête à négocier son programme hybride, elle pourrait se rapprocher physiquement de ses employés, en tout cas en Amérique du Nord.

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