Test de l'iMac Retina 5K 2017 (Core i5 3,8 GHz)

Anthony Nelzin-Santos |

Ça y est, c'est décidé, vous allez acheter un nouvel iMac gonflé à bloc. Comme d'autres, vous salivez sur votre clavier à la lecture de la fiche technique de l'iMac Pro, mais il ne sera pas disponible avant le mois de décembre de cette année, c'est-à-dire pas avant le mois de mars de l'année prochaine. Et puis il coûtera le prix d'une voiture d'occasion : non, ce ne serait pas raisonnable.

Heureusement pour vous, Apple propose déjà un nouvel « iMac le plus puissant jamais conçu », l'iMac Retina 5K à processeur Intel Core i5-7600K et carte graphique AMD Radeon Pro 580. Mieux : il ne coûte « que » 2 599 €, à peine plus d'un demi-iMac Pro, autant dire une paille ! La machine qu'il vous faut ? La réponse dans notre test.

L'imac Retina 5K est livré avec un Magic Keyboard compact et une Magic Mouse 2. Ajoutez 30 € pour le Magic Keyboard avec pavé numérique, 60 € pour recevoir un Magic Trackpad plutôt que la souris, ou 149 € pour recevoir trackpad et souris.

Un iMac est un iMac

Avant de parler de performances, il faut rappeler quelques évidences : cet iMac, aussi puissant soit-il, reste un iMac. Un iMac, c'est un ordinateur tout-en-un d'une finesse aussi vaine qu'impressionnante. Un iMac, c'est une pièce de design sous laquelle on doit caler de vieux bouquins pour ne pas souffrir des cervicales(*). Un iMac, c'est un ordinateur qui fait un bon jukebox grâce à ses haut-parleurs intégrés convaincants, mais une piètre cabine photographique à cause de sa webcam tout juste passable.

Mais un iMac, c'est d'abord et avant tout un écran. Et quel écran ! L'écran Retina 5K dominait le marché en 2014, et le domine encore aujourd'hui — il faut dire que ses rares concurrents ne sont plus disponibles. Pourquoi, alors, encore l'améliorer ? Parce que l'écran fait l'iMac : avant l'écran Retina, il y a eu le tube cathodique de l'iMac G3, la dalle plate de l'iMac G4, puis les « grands » écrans 24 et 27 pouces des iMac Intel.

Après s'être intéressée à la définition (5 120 x 2 800 px), puis à la colorimétrie (étalonnage à l'usine, codage des couleurs sur 10 bits), Apple s'est penchée cette année sur la luminosité. Comme celui de l'écran 5K Ultrafine de LG, le rétroéclairage de l'iMac Retina 5K atteint désormais 500 cd/m². Or le rétroéclairage des anciens modèles semblait « fuir » dans les coins, au point de faire virer la couleur d'un fond gris uniforme sur une zone de quelques dizaines de pixels carrés.

Qu'en est-il aujourd'hui ? Sonde à la main, ce qui était un petit défaut du modèle fin 2015 apparait comme un minuscule défaut du modèle mi-2017. Sans sonde ni loupe, hors des applications de mesure, il est impossible de le repérer. Par ailleurs, nos mesures réalisées à 250 cd/m² confirment la parfaite prise en charge de l'espace colorimétrique DCI-P3 et la profondeur des noirs, qui ne dépassent pas 0,3 cd/m².

L'iMac reste impressionnant de finesse.

Bref, l'écran Retina 5K de 2017 est encore meilleur que l'écran Retina 5K de 2015, qui était déjà le meilleur écran jamais utilisé par Apple et l'un des tous meilleurs écrans « grand public » du marché. Ne reste qu'à réduire les bordures qui l'entourent, mais cela demandera sans doute de revoir la conception du châssis de la machine, une perspective que la présentation de l'iMac Pro repousse aux calendes grecques.

Mais cet iMac est un iMac puissant

Si vous pouviez facilement démonter cet écran, vous pourriez voir l'alimentation et la carte-mère de l'iMac, encadrées des hauts-parleurs et surmontées d'un disque dur et… d'espace vide. Une carte-mère qui comporte cette année des processeurs Intel Core i5 de septième génération, autrement connue sous le nom de « Kaby Lake », et des cartes graphiques AMD de la série Radeon Pro 5XX.

Vous connaissez la musique : le processeur Intel Core i5-7600K de cette année, doté de quatre cœurs cadencés à 3,8 GHz et d'un Turbo Boost à 4,2 GHz, est un peu plus rapide que le processeur Intel Core i5-6600K d'il y a deux ans, doté de quatre cœurs cadencés à 3,3 GHz et d'un Turbo Boost à 3,9 GHz. Intel ne nous a pas habitué à des grands bonds, mais à force de petits sauts, un Core i5 à 3,8 GHz s'acquitte aujourd'hui des tâches ne demandant qu'un seul cœur aussi rapidement qu'un Core i7 à 4 GHz il y a trois ans.

C'est toujours 240 € d'économisé, le prix de l'option Core i7-7700, un processeur doté de quatre cœurs cadencés à 3,6 GHz, qui fonctionnent comme huit cœurs logiques grâce à la fonction Hyper-threading. Résultat : un gain de performances de 12 % à 100 % selon les usages, pour un surcoût de 9 % seulement, cela peut valoir le… coût si vous utilisez régulièrement des applications capable de tirer parti d'un grand nombre de cœurs comme Final Cut Pro ou Logic.

Les machines utilisées dans les comparaisons suivantes. Cliquer pour agrandir
Nos traditionnels tests applicatifs. L'iMac Retina 5K haut de gamme arrive en tête du classement des machines de série, mais cède le pas face aux machines dotées de l'option Core i7. Remarquez l'écart entre l'iMac que nous testons aujourd'hui et les MacBook Pro d'un prix similaire. Cliquer pour agrandir
Le test synthétique Geekbench, qui donne logiquement les mêmes conclusions.Cliquer pour agrandir

Reste que le processeur Intel Core i5 ne démérite pas : il a passé tous les obstacles de nos tests avec une facilité déconcertante. Si l'on a senti une limite, c'est plutôt du côté de la mémoire. La dotation de série, 8 Go en deux barrettes de 4 Go, suffit largement à la plupart des usages, mais pas à des usages très exigeants comme notre test dans Logic. Or le Fusion Drive a beau être rapide, l'usage de la mémoire virtuelle se fait sentir dans ce cas il est vrai très particulier.

Un Fusion Drive de 2 To, d'ailleurs, et non plus seulement d'un téraoctet. Un petit geste de la part d'Apple qui ne nous empêchera pas de faire la fine bouche : alors qu'un disque 3 To ne vaut que 20 € de plus qu'un disque de 2 To, et que cette machine vaut déjà 2 599 €, l'option 3 To coûte 120 €. Le Fusion Drive reste cher — il faut dire qu'Apple utilise des SSD NVMe de premier choix, qui frôlent maintenant 3 Go/s en lecture, pour un confort d'utilisation encore accru.

Le Fusion Drive de 2 To (un disque de 2 To et un SSD NVMe de 128 Go fourni par Samsung) frôle 3 Go/s en lecture, et dépasse 700 Mo/s en écriture.

Mais revenons à la RAM. L'iMac Retina 5K accepte désormais 64 Go en quatre barrettes de 16 Go, une dotation qui vous coûtera 1 680 € chez Apple… ou 500 et quelques euros ailleurs. Rien ne vous empêche d'étaler la dépense, en gardant les barrettes de 4 Go d'origine, puisque la RAM est encore accessible sur ce modèle, par le biais d'une trappe sous le pied. (Ce qui n'est le cas ni sur l'iMac 21,5 pouces, ni sur le futur iMac Pro.)

Derrière le pied, la trappe permettant d'accéder à la RAM. On ne peut y accéder sans débrancher la machine : le bouton permettant de la déverouiller se cache derrière le cordon d'alimentation. Une mesure de sécurité qui n'en a pas l'air.

Une « vraie » carte graphique ! Dans un Mac !

Si le processeur fait un petit bond, la carte graphique fait un grand saut. Bien décidée à investir le marché de la création de contenus en réalité virtuelle, Apple ne lésine plus sur les graphismes de l'iMac. Ces bonnes intentions feront-elles une véritable politique ? L'avenir le dira. Aujourd'hui, force est de constater que la puce AMD Radeon Pro 580 à 8 Go de VRAM GDDR5 est aussi puissante qu'une carte AMD Radeon RX 580… car elles possèdent peu ou prou les mêmes composants.

Le test synthétique Cinebench montre que les progrès réalisés en matière graphique sont plus importants cette année qu'à l'habitude.

Autrement dit, la carte graphique de l'iMac Retina 5K haut de gamme offre un niveau de performances à mi-chemin entre la Nvidia GTX 1060 et la Nvidia GTX 1070, le genre de composants qui motivent la création d'un Hackintosh. Cela veut dire que l'on peut jouer tout à fait confortablement sur cette machine en poussant les options graphiques à fond : on atteint sans peine 60 i/s en définition native 1440p dans un jeu « ancien » comme Tomb Raider, et 50 i/s en 1080p dans un titre plus récent comme F1 2016.

La possibilité de jouer en définition native plutôt qu'en 1080p, et la présence d'éventuels ralentissements obligeant à baisser les options graphiques, dépendent totalement des exigences du jeu et de la manière dont il a été codé. Tomb Raider, F1 2016, Batman: Arkham City (GOTY), Warhammer 40000: Dawn of War III… nos titres de référence ont tous été portés sur Mac par Feral. Les performances ne varient pas énormément d'un titre à l'autre, et l'ensemble donne une idée du niveau moyen de prestations, ici très satisfaisant.

Il faut installer ARK: Survival Evolved pour mettre à genoux la Radeon Pro 580, qui arrive à peine à afficher les menus de ce jeu réputé pour son terrible manque d'optimisation. À l'inverse, il faut installer The Witness pour voir ce dont elle est capable : ce jeu de casse-tête en monde ouvert exploite Metal, l'API graphique d'Apple, et peut donc extraire toute la substantifique moelle de la carte AMD.

Le test synthétique Valley Benchmark, qui se rapproche du comportement d'un jeu, montre à quel point les progrès sont importants.

On retrouve cette dichotomie dans les applications professionnelles : l'iMac Retina 5K atteint un niveau de performances autrefois réservé au Mac Pro… mais bien inférieur à celui d'un PC équivalent lors de l'utilisation d'applications multiplateforme et/ou open source comme LuxRender. Il faut espérer que l'effort envers le monde de la production de contenus en réalité virtuelle soit récompensé par une adoption plus franche de Metal — ou les cartes graphiques désormais puissantes des iMac seront sous-exploitées, par une ironie assez cruelle.

Avec ce nouveau processeur et cette nouvelle carte graphique viennent deux ports Thunderbolt 3 au format USB-C, qui remplacent les deux ports Thunderbolt 2 aux côtés des quatre ports USB 3.1 au format USB-A. Ces deux ports vous permettront bien sûr de transférer des données très rapidement et d'utiliser tout un tas d'adaptateurs et de docks, mais aussi de brancher deux écrans 4K ou un écran 5K compatible.

Les ports de l'iMac Retina 5K mi-2017, de gauche à droite : entrée et sortie audio combinée, carte SDXC, quatre USB-A, deux Thunderbolt 3, un Ethernet Gigabit.

Vous ne pourrez toutefois pas utiliser l'iMac lui-même comme « écran cible » : la norme Thunderbolt 3 intègre DisplayPort 1.2, qui prend en charge les écrans 4K à 60 Hz et les écrans 5K à deux dalles, et non pas DisplayPort 1.3, seule capable de prendre en charge les écrans 5K à dalle unique. Les ports Thunderbolt de l'iMac Retina 5K sont néanmoins capables de charger un MacBook Pro, maigre consolation.

Un iMac très cool

Avant de conclure, abordons un aspect de l'iMac Retina 5K souvent négligé, alors qu'il est crucial : la dissipation thermique. Avec une température ambiante de 28 degrés, ni le processeur ni la carte graphique n'ont montré le moindre signe de faiblesse, cette dernière ne dépassant jamais 78 degrés dans nos tests synthétiques. Mieux : la charge passée, les composants retrouvent rapidement une température « normale », preuve de l'efficacité du système de refroidissement de l'iMac.

Les ventilateurs soufflent, évidemment, mais il faut vraiment tendre l'oreille pour les distinguer parmi le bruit ambiant d'un bureau. La grande coque en aluminium n'est jamais chaude, sauf autour de l'extraction, cachée par le pied (et pour cause : elle est brûlante). Cette efficacité thermique fait écho à l'efficacité énergétique : l'iMac Retina 5K consomme 1,2 W en veille, environ 180 W à pleine charge avec le rétroéclairage de l'écran au maximum.

Les entrées d'air, tout le long du bord inférieur. L'air chaud est expulsé derrière le pied, près de la charnière.

Une machine du même calibre consommait plus de 350 W en 2010, et frôlait les 200 W en 2014. Cela peut paraître un peu abstrait, mais l'ensemble participe au confort d'utilisation : on n'a pas l'impression de travailler face à un convecteur électrique, on ne doit pas mettre des bouchons d'oreille avant de lancer Photoshop, et on ne perd pas son calme face à la facture d'électricité. Le concept de l'iMac n'a jamais été grossier, mais il a atteint un degré de raffinement extrême, d'autant plus appréciable que la transition aux écrans Retina n'avait pas été tout à fait fluide.

Mais concluons donc. Cet iMac Retina 5K à processeur Intel Core i5-7600K et carte graphique AMD Radeon Pro 580 est bien l'iMac « le plus puissant jamais conçu », ou du moins l'iMac de série le plus puissant jamais conçu. Il n'est pas parfait : on peut toujours trouver à redire, sur le prix des options ou bien sur les déboires d'Intel, qui expliquent la sortie retardée de cette machine et les limites du Thunderbolt 3.

Mais il en faudra plus pour gâcher notre plaisir : l'écran Retina 5K ne cesse de s'améliorer alors qu'il était déjà excellent, les performances graphiques font un bond spectaculaire. Reste à exploiter cette puissance, avec des applications à la mesure de ces composants puissants… et prenant en charge des technologies comme Metal, ce qui n'est pas forcément le cas des outils multi-plateforme.

(*) Parce que son pied ne se règle pas en hauteur. Rappelons l'existence d'une version « avec kit de montage VESA intégrée », livrée sans le pied original mais vendue 50 € de plus. Si la chose vous intéresse, lisez notre aperçu de l'iMac fin 2012 avec kit de montage VESA intégré, toujours d'actualité.

Note

Les plus :

  • Superbe écran Retina 5K
  • … Mais progression plus franche des graphismes
  • Adoption des dernières technologies (Kaby Lake, Thunderbolt 3, DDR4)
  • Confort d'utilisation

Les moins :

  • Potentiel parfois sous-exploité…
  • Prix de certaines options (RAM, VESA)
8.5
10

Prix :

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