HTC/Apple : un remake de l'affaire Microsoft ?

Anthony Nelzin-Santos |
Sur Daring Fireball, John Gruber revient sur l'affaire HTC / Apple, et sur la comparaison émise par certains avec l'affaire Microsoft / Apple des années 1990. Pour lui, elle est plus ou moins un non-sens.

En effet, là où les démêlés actuels entre Apple et HTC portent sur la défense de brevets, la firme de Cupertino a précisément perdu contre Microsoft parce qu'elle n'avait aucun brevet à faire valoir : la cour avait statué, fin 1994, qu'« Apple ne pouvait pas obtenir une protection similaire à celle fournie par les brevets sur l'idée de l'interface graphique et de la métaphore du bureau », en partie parce qu'elle exploitait elle-même des travaux largement défrichés par Xerox.



L'affaire actuelle est tout à fait différente : comme l'a clamé haut et fort Steve Jobs lors de la présentation de l'iPhone en 2007 : « and boy, have we patented it » — cette fois, c'est du breveté, et des innovations de première main. Là où l'affaire Microsoft se portait sur des éléments de copyright, l'affaire HTC porte sur des brevets dont seules les autorités américaines pourront juger de la solidité, de la validité, et de la pertinence.

Les personnes sont elles aussi différentes. Quoiqu'en pensent les passionnés d'un camp ou de l'autre, Steve Jobs n'était plus aux commandes d'Apple lorsque celle-ci s'est empêtrée dans son procès contre la firme de Redmond. Le cofondateur d'Apple a même été particulièrement fin en réglant définitivement cette affaire pour sauver sa société lors de son retour aux affaires en 1997 : Apple ne se résume pas, loin s'en faut, aux (res)sentiments, mythiques ou réels, de Steve Jobs.

Dans un précédent article sur la question, Gruber citait un tweet de John Siracusa, d'Ars Technica : « pour moi, ces poursuites ne sentent rien de plus qu'une manifestation du sens de l'injustice de Steve Jobs ». On peut encore en revenir aux passionnés des deux camps, qui s'écharpent à savoir qui a raison et qui a tort.



Oui, il est possible qu'Apple, en attaquant Microsoft, ait fait état de sa frustration à voir ses nombreuses avancées en termes d'interface utilisateur reprises sans vergogne. Il est possible que la plaie ne soit pas tout à fait refermée, et que le même mécanisme soit en œuvre dans ces poursuites contre HTC — à la différence, encore une fois, que le système américain des brevets encadre les débats.

Un système des brevets que Gruber, parmi tant d'autres, dénonce, du moins pour les brevets logiciels. Le plus prudent reste de se retrancher derrière l'avis de la justice américaine, qui aura à se poser la question de la pertinence de ces brevets lors de cette affaire.

Tout en méditant sur la conclusion du rédacteur de Daring Fireball : si en 1984, Apple avait breveté son interface, et avait réussi à défendre ses brevets, certes Microsoft n'aurait pas son visage actuel, mais NeXt, l'autre société du fondateur d'Apple, n'aurait jamais pu exister. « Les bonnes idées sont faites pour être disséminées », rappelle Gruber ; Steve Jobs, en suivant Picasso, ne disait-il pas lui-même que « les bons artistes copient, [quand] les grands artistes volent » ?



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