En pleine pénurie de composants, Tesla confirme son statut d’exception

Nicolas Furno |

Tesla a annoncé ses résultats financiers pour le troisième trimestre 2021 et comme prévu, ils sont excellents. Le constructeur spécialisé dans l’électrique a même dévoilé un chiffre d’affaires record, avec 13,7 milliards de dollars amassés en trois mois, le meilleur chiffre de son histoire. Ses bénéfices atteignent ainsi 1,6 milliard de dollars et cela fait maintenant deux ans que le constructeur n’a pas eu de pertes à déplorer.

Graphique The Verge.

La performance est d’autant plus impressionnante que l’industrie automobile est frappée de plein fouet par la pénurie des composants électriques et informatiques. Tous les gros constructeurs traditionnels sont touchés, à l’image de Renault qui a été contraint de fermer deux usines en France cette semaine à cause d’un manque de semi-conducteurs. On estime que le constructeur français pourrait « perdre » entre 300 et 500 000 véhicules cette année à cause de cette pénurie, ce qui devrait à nouveau le plonger dans le rouge, après une année 2020 déjà difficile.

Personne n’est épargné, sauf Tesla qui fait figure de village d’irréductibles gaulois en ce moment. Ce n’est pas une surprise toutefois, le constructeur a déjà eu l’occasion d’expliquer comment il s’en sortait. Là où l’industrie automobile traditionnelle repose sur des pièces fournies prêtes à l’emploi par des partenaires, la firme américaine a conçu ses véhicules comme des ordinateurs, où le logiciel prime sur le matériel. Renault ne peut pas changer n’importe quel composant du jour au lendemain et d’autres modifications sur le véhicule sont souvent nécessaires. Tesla de son côté peut en général opter pour un composant différent et se contenter de modifier son logiciel pour le gérer.

Le constructeur avait ainsi révélé qu’il avait procédé à pas moins de 19 changements de composants sur le deuxième trimestre 2021. On ne sait pas ce qu’il en est sur le troisième, mais Tesla avait déjà indiqué au début du mois qu’il avait vendu plus de 240 000 véhicules, un record là encore. On apprend par ailleurs qu’il a atteint le rythme de production annuel du million de voitures sur la fin du trimestre, soit autour de 20 000 par semaine. Une étape symbolique pour une entreprise qui a commencé à produire la Model S, sa première voiture de grande série, il y a moins de dix ans.

Photo fournie par Tesla des presses hydrauliques installées à l’intérieur de son usine chinoise de Shanghai. La croissance de la production est largement liée à cette usine en 2021.

Au-delà des chiffres du trimestre, plusieurs indicateurs sont plutôt bons pour Tesla et son avenir. D’une part, sa marge sur la vente de ses voitures dépasse les 30 %, un record permis à la fois par le retour à la vente des Model S nouvelle génération qui sont vendues nettement plus cher, mais aussi par l’usine chinoise qui a exporté toutes les ventes en Europe sur le dernier trimestre. D’autre part, la part des crédits carbone ne cesse de diminuer, ce qui veut dire que l’entreprise gagne de plus en plus d’argent grâce à ses propres véhicules.

Tesla envisage d’améliorer encore ses marges à l’avenir, mais aussi d’augmenter sa production. Le constructeur réitère à cette occasion son espoir de produire les premières Model Y allemandes avant la fin de l’année, même s’il lui manque toujours les dernières autorisations. L’usine d’Austin au Texas devrait elle aussi lancer sa production de la Model Y d’ici la fin 2021, mais comme à Berlin, ce sera en 2022 que la production de masse devrait réellement commencer.

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