Le monde des serveurs est un peu particulier pour les concepteurs de CPU : les clients potentiels n'ont pas du tout les mêmes besoins que le grand public. Et Arm l'a bien compris : la société propose depuis quelques années maintenant les cœurs Neoverse à ses clients, qui peuvent ensuite concevoir des systèmes sur puce pour les serveurs. Des cœurs qui viennent de passer en version 3, comme l'indique Anandtech.
De façon basique, les Neoverse V visent les performances, et ils sont basés sur les cœurs Cortex X — les plus performants dans les smartphones — avec quelques modifications pour s'adapter à un environnement professionnel. La V1 était basée sur le Cortex X1, la V2 sur le Cortex X3 et la (future) V3 sur le (futur) Cortex X5, une puce très attendue. Arm vise donc les performances, mais dans une optique professionnelle : alors que les systèmes sur puce de smartphones n'intègrent habituellement qu'un cœur Cortex X, il est possible de combiner 64 cœurs Neoverse V3, et de mettre deux composants sur le même socket, soit 128 cœurs par puce. Arm annonce évidemment la prise en charge de la DDR5, de la mémoire HBM et du PCI-Express 5.0. Dans les clients des puces Neoverse V, on peut noter Nvidia ou Amazon, avec ses Graviton.
De fortes attentes sur le CPU ARM Blackhawk, alias Cortex X5
La seconde puce annoncée, le cœur N3, vise un marché différent. Les puces Neoverse N dérivent jusqu'à maintenant des cœurs Cortex intermédiaires, ceux de la gamme Cortex A700. Ce sont les cœurs employés le plus dans les smartphones, avec un compromis entre performances et consommation. Arm annonce des systèmes sur puce avec moins de cœurs (jusqu'à 32 tout de même) mais une consommation assez faible, de l'ordre de 40 W au maximum. Comme pour les variantes précédentes, Arm a fait quelques ajustements sur la gestion de la mémoire cache (d'une plus grande capacité dans les Neoverse). Arm devrait aussi lancer un cœur Neoverse E3, basé sur les cœurs basse consommation (Cortex A500) mais il n'y a pas de détails actuellement.
Apple n'utilise a priori pas ses propres puces
Le point étonnant de tout ceci, c'est qu'Apple n'emploie pas ses propres puces dans ses serveurs, en tout cas pas publiquement. Pourtant, les cœurs employés dans les puces Apple Silicon trouveraient facilement une bonne place dans ce domaine : les cœurs « performants » dépassent largement les résultats des Cortex X pour une consommation plus faible, et les cœurs basse consommation demandent moins d'énergie que les Cortex A700 pour des performances du même ordre de grandeur.
Bien évidemment, il y a deux écueils importants ici. Premièrement, les systèmes sur puce d'Apple combinent des cœurs CPU avec des GPU et offrent finalement peu de mémoire au total. Concevoir un système sur puce qui contient beaucoup plus de cœurs avec une gestion externe de la mémoire — la variante unifiée n'est pas nécessairement importante dans ce cas — n'est pas nécessairement simple ni rentable. Et deuxièmement, Apple a abandonné le monde des serveurs il y a de nombreuses années, et il n'est pas certain que concevoir des puces uniquement pour les serveurs des (nombreux) services d'Apple soit la priorité de Tim Cook.